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| | Sujet: A mon avis Ven 6 Mar - 5:17 | |
| Iki posa son bob sur le comptoir et scruta avec assiduité le mur qui lui faisait face. Une grosse carte y était accrochée sur laquelle des plats tous plus alléchants les uns que les autres faisaient office d’une magnifique pub mensongère. Les effluves qui sortaient des cuisines lui brassaient l’estomac, heureusement vide. La journée avait été épuisante, le levé horriblement avancé, et le repas sonnait le glas d’une révolte intestine. Le soleil perçait le ciel bleu de sa déjà haute position et Iki ronchonnait de devoir plisser les yeux devant cette inadmissible agression. Il était midi et à ce moment précis, il devait être dans son lit entrain de réviser il ne savait quelle science de la vie. Un boulet de canon était apparu et l’avait extirpé sans peine d’un pieu bordélique. Il s’appelle Yasu, et c’était un boulet en mousse, ce genre de cataclysme naturel dont on ne peut s’opposer.
Le pire était sûrement que jamais on ne voulait s’y opposer.
Le bonhomme dans un tablier originairement blanc s’avança vers eux deux, leur sourit et disparut. Iki levait un sourcil d’incompréhension avant de saisir la pertinence d’une telle réaction. Il allait sûrement lui chercher le super menu best-of spécial shinobi : gratuit, en fait. Il sortit un tube blanc de sa poche, le posa sur ses lèvres et l’alluma. La fumée emplit le petit comptoir et se répandit dans l’air libre. La respiration du chuunin était bruyante mais elle ne lui évoquait rien. Yasu avait lâché depuis déjà de nombreux mois à le persuader d’arrêter tout apport nauséabond de nicotine et d’autres produits toxiques en tout genre. Une nouvelle fois il lui avait expliqué ce que la vie méritait, ou non, de connaître, et face à une appétissante éloquence, elle avait ouvert la bouche, sans que les mots ne sortent, l’avait refermé, sans qu’un mot ne vienne renforcer sa maigre désapprobation.
[Kidu] - Vous prendrez quoi ?
Iki leva doucement sa tête et s’assura que ni Yasu, ni le cuistot ne perdait rien de la scène. Peu à peu son regard toucha le bonhomme qui fit une mine renfrognée. Deux trompes de fumées sortirent de ses narines et sa mâchoire se raffermit comme mâchant un trop nerveux morceau de viande. Il ne l’aimait pas beaucoup et si ses repas étaient exécrables, sa boisson, elle…
Son visage se détendit subitement, un sourire guilleret se dessina sur ses deux lèvres et son dos se redressa doucement.
[Iki] - Du Saké… s’il, vous, plait.
Il avait accentué les trois derniers mots comme si c’était pour lui un véritable effort. A vrai dire, s’en était un. Il se tourna discrètement et exécuta un clin d’œil grossier et trop poussé pour être digne d’un signe dont ne savait quelle réussite. Yasu soupira, et d’une voix grésillante demande un plat trop épicé pour plaire au Chuunin. Iki s’étira de tout son long laissant à l’appréciation de ses comparses de la mi-journée et à quelques hasardeuses mouches le délicat jugement de la propreté de sa cavité buccale et posa ses coudes sur le comptoir, ronchon.
[Iki] - Tu as vraiment des gouts étranges tu sais ?
[Yasu] - C’est infecte ici, je n’ai rien à perdre.
[Iki] - Palet détérioré et bouffe immonde, franchement, tu penses à ton estomac ?
Il se rapprocha doucement de l’Anbu, plissa les yeux et décrit la jeune femme de haut en bas avant de se plonger de tout se plein sur son visage, et dans son regard qui relevait le défi. Chouette challenge, mais Yasu ne gagnait jamais à ce genre de petits jeux stupides qu’Iki aimait provoquer. Enfin ne gagnait-elle jamais avec lui.
[Iki] - Tu es un… monstre.
Elle soupira.
[Yasu] - Tu n’as pas pensé que la médiocrité de ce restaurant pourrait inverses purement et simplement les saveurs ? Et que le plat affreux qui soit devienne ici un succulent entremet ?
[Iki] - Remarque, je n’ai jamais vu un monstre si peu… poilu.
[Yasu] - Dis, tu m’écoutes quand je te parle ?
Iki se releva subitement. Les pas du cuisinier faisaient un désagréables suintement sur le carrelage mal-lavé. Ajoutez à cela l’odeur mal-léché du bonhomme, s’il avait été un petit cochon en attente de feu et d’huile, le loup l’aurait repéré de loin, de très loin. Iki avait un méchant appétit de carnivore qui vagabondait dans les terres sablonneuses de l’est sans trouver un lapin à se mettre sous la dent. Non, il n’avait pas faim.
Mais il aimait plutôt la métaphore.
Le bruit, l’odeur, le tout lui indiqua que l’homme arrivait. Sans se retourner il leva son bras et d’un doigt tendu lui indiqua de s’arrêter. Lui ordonna de s’arrêter. Kidu s’exécuta sans broncher et profitant de l’opportunité de voir un peu d’action dans son bar-restaurant de pugilats en manque d’amour retrouvant leurs esprits dans la bière et le saké, violant avec infamie et sans pitié aucune les pommes de terres pas tout à fait cuites et rotant avec soin lorsque l’appétit leur était coupé, il resta posé là comme un gros tas de quelque chose dont on cherchait encore le nom tellement c’était laid, et gros, et… désagréable rien qu’à l’imaginer. Petit cochon demande loup, c’est urgent.
[Iki] - Tu sais, moi et les poils, moins t’en as, mieux je me porte.
[Yasu] - …
[Iki] - Tu es tendancieusement idiote. Non pas que je ne respecte pas tes gouts tant qu’ils ne franchissent le rayon de dix mètres qui me séparent d’eux, mais croire que la médiocrité ravive la flamme de la beauté chez ce qui est médiocre dans la beauté… C’est fantasmatique. Et totalement déluré.
Le Namikaze intensifia son regard et soupira. Un sourire se teint sur son rictus tendu et son bras retomba sur le bar. Il se retourna vivement vers le gras bonhomme de l’air de dire « Ce saké ! Il vient ?! » et s’empara du verre qu’on lui tendait. Yasu quant à elle prit ses deux baguettes et piqua dans son assiette. D’un œil discret Iki l’épiait, se demandant comme il était possible de prendre plaisir à attraper deux morceaux de bœuf qui trempait dans une soupe rouge acariâtre, reluisant d’une épique dont il ne voulait pas entendre le nom. L’odeur lui suffisait, amplement. Pourquoi était-il obligé de passer tous ces moments-là avec elle ? Yasu avait toujours une très conne copine, oui, une copine, une pote. Officiellement c’était un espèce de mélange entre professeur et ange gardien, un truc mixé qu’Okugane lui collé sur le front à l’encre invisible. Okugane est vraiment un vicieux personnage. C’est le mal, et cela lui sied bien. Mais dans l’ombre de la toute puissance divine incarnée par ce mécréant sans conscience morale, ses relations avec la jeune femme étaient bien plus complexes.
Yasu était son amie, et il l’appréciait. Mais les matinées qui ne sont pas faites pour être vécues, sont en toute logique faites pour être dormies. Et on ne réveille jamais un ours qui hiberne. Jamais… Iki n’avait jamais refusé qu’elle partage avec lui ses matinées frivoles sur les toits de Konoha, alors que le soleil peinait à se lever. Mais entre les rideaux de cette journée-ci, l’astre était déjà bien haut. Alors onze heure, midi ou seize heure, où est l’importance ? Oui, Yasu avait toujours été une très bonne copine, mais comme toute jeune femme, il s’avérait parfois relativement… chiante. Un jour, il coucherait avec elle, histoire qu’elle soit vraiment mal à l’aise, et là les cartes seraient tirées.
L’idée d’aimer une personne qui mange du bœuf épicé dans une soupe d’hémorroïdes ne lui convenait pas vraiment…
Kidu remplit une quatrième fois le verre d’Iki qui l’avala avec la même rapidité que les trois précédents. D’un bâillement ample et long, il se mit à ronchonner intérieurement. Quelle journée de merde, oh oui, quelle journée pourrie.
[Iki] - On est censé faire quoi, maintenant que je suis mal réveillé, que je n’ai pas assez dormi et que je viens de m’enfiler quatre verres de Saké sans ressentir les effets d’une seule des nombreuses gouttes d’alcool que j’ai ingurgité ?
Il leva les yeux au ciel et se pressa de terminer sa phrase alors que Yasu avalait difficilement sa bouchée.
[Iki] - Tu sais que le piment a des effets sur le système digestif…
[Yasu] - On va faire comme tous les autres jours.
[Iki] - D’abord ça te donne des rougeurs, ensuite ça passe très vite dans l’estomac, ça pénètre dans le sang et là… et là…
Et là, seul Dieu le tout Puissant savait ce qui allait se passer ; Iki prit la ferme décision de demander cela à Okugane, la prochaine fois qu’il le rencontrerait. Dieu tout Puissant…
[Yasu] - Bibliothèque, salle d’entraînement, petit bisou sur la joue, et gros dodo.
[Iki] - Soit tu vomis tout ce que tu viens de manger, soit je vais tout de suite au lit, et sans le bisou.
Elle haussa les sourcils. Une envie pressante de lui crier si, une nouvelle et dernière fois, il l’écoutait vraiment lui parvint, mais elle se calma et prit sur elle. Son visage devenait de plus en plus rouge, Iki aurait presque eu peur. Mais non, c’était bien fait.
[Iki] - La dame de la bibliothèque n’aime pas quand on pète, il suffirait que tu forces pour que tu relâches tout pour les pompes c’est embêtant, ton haleine risque de me faire fondre la joue et, fort heureusement, je dors seul. Tu vomis et je vais dormir de dégout, ok ?
Yasu souffla bruyamment mais renonça rapidement. Le chuunin fut pris d’une immense satisfaction de supériorité rhétorique, ce qui en soit n’avait rien de bien original. Alors, tu vas vomir, oui ou merde ? L’Anbu sortit quelques pièces, les envoya d’un geste mou du poignet et s’empara d’Iki par le col pour le trainer dehors. Sous l’effet d’un alcool qui ne lui en faisait aucun, Iki eut juste le temps d’attraper son bob et de saluer avec une ironie grotesque le bonhomme qui l’avait servi. Toujours avec le sourire…
[Yasu] - Faut qu’on voit un docteur.
[Iki] - Tu sais qu’il faut vivre en couple pour régler des problèmes… de couple. A moins que tu prennes à cœur les problèmes d’estomac.
[Yasu] - Disons que pour une fois, tu auras l’estomac dans le crâne. |
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| Sujet: Re: A mon avis Sam 7 Mar - 20:46 | |
| Parler et parler encore, il n’y avait que l’alcool pour me faire ainsi papoter. Je restais le même, seule ma haine s’atténuait, remplacée par un dédain affligeant. Lorsque je ne déteste pas, j’ignore, allez savoir ce qui est mieux pour les autres ; mais cette question ne me vient jamais à l’esprit. Entre les gens je me sens vide, comme quelque chose qui s’évacue, une passion, un amour de la vie que j’ai eu, il y a longtemps. Dans mon esprit les prémices se dessinent puis s’effacent dans le même temps. On cherche toujours à savoir qui l’on est, mais on ne trouve pas toujours. Même Yasu subissait mes remontées, et d’habitude elle ne réagissait jamais. Je suis un monstre ; oui et alors ? Nous sommes ce que nous sommes, personne ne peut le nier. Pourtant tout le monde change autour de moi.
Pourquoi suis-je toujours moi ?
Iki marchait la tête baissée dans les ruelles de Konoha. Yasu le devançait d’un pas à peine et se perdait dans ses pensées. Quelque chose n’allait pas, l’habitude avait inscrit dans leur vie une routine déconcertante, mais si agréable. La scinder si violemment était difficile à absorber. Iki avait toujours vécu ainsi, oui, pourquoi changerait-il ? Ici personne ne l’aimait vraiment, on l’utilisait comme un objet acheté et un jour on le jetterait, comme un jouet défectueux. La sympathie qu’Okugane avait essayé d’exercer à son égard n’avait d’égal que son hypocrisie. Cet homme était l’archétype de ce qu’Iki refusait de comprendre, et d’aimer.
La marche lente des pieds d’Iki continuait de s’étendre sur les pavés. Ereinté par les efforts de la veille, Iki ne regardait même plus où son corps le menait, il ne faisait que suivre. Le soleil le berçait et l’agressait en même temps, au loin les pointes des grands arbres verts recouvraient l’horizon. Derrière cette masse naturelle, vers l’astre, Kawazi l’attendait. C’est tout ce qu’il espérait, son dernier recours. Aspirer à une vie meilleure. Il écrasa le mégot sur le mur de pierre et remit une cigarette entre ses lèvres. Sa main fouina dans sa poche et en sortit un briquet brun qui illumina l’ombre chaude des hauts montants qui paraient la rue d’un côté comme de l’autre. La fumée s’envolait, tournant sur elle-même. Comme lui.
Yasu l’avait pris par le col et l’avait trainé dehors. On ne peut que se plier à plus fort que soit. Elle lui était supérieure en tout point, une motivation de chaque instant, une joie de vivre qu’Iki n’arrivait pas à cerner, à comprendre et à reproduire. Si sensible qu’il était d’une simplicité étonnante de la faire avouer ses tristesses. Yasu était une Anbu, elle devait tuer sans trembler, elle tuait sans trembler, il en était certain. Il imaginait sa mine froide cachée par son masque blanc colorié d’un rouge sang, enfonçant ses mains dans le corps de sa victime. Elle ne pleure pas, elle ne rit pas, elle tue et c’est déjà bien assez comme ça. Mais cela n’a rien d’exceptionnel, quiconque possède un minimum de conscience saurait qu’il suffit d’être une bête pour faire le travail proprement.
Redevenir humain reste, cependant, un défi intéressant.
La jeune femme s’arrêta subitement. Mince, qu’elle est belle quand elle est sérieuse. Une vraie mère qui montre son petit côté humain tout à fait charmant lorsque la vie de son protégé n’est pas ce qu’elle devrait être. Tu t’en fais trop pour moi, femme, va me faire à manger ! Oui, le bonheur est une simple question de subjectivité…
Elle ouvrit une porte trop nettoyé pour ne pas être louche et s’engouffra dedans. Iki la suivit, une moue immonde le dévisageant. La plaque qui était accrochée sur le mur ne faisait que confirmer ses craintes, mais soit, il s’y plierait.
Quelques bouilles affreuses plongeaient leur regard vide de pensées dans des journaux ennuyeux dans ce qui semblait être une salle d’attente. On aurait dit le couloir de la mort, attendant la sentence divine, le cœur en ruine, l’âme en peine et les regrets creusant peu à peu les parois de votre tête. Oh oui, les salles d’attentes ne sont jamais qu’un entrepôt de gens qui… attendent. Et pour cette raison, elles sont exécrablement désespérantes. Lire sur leur visage à tous l’effroi de l’avenir, la peur du présent, les remous du passé lui donnait la gerbe.
[Yasu] - Assis-toi là.
Voila la chaise électrique. Iki s’y posa doucement et s’étala libérant ses jambes de la contrainte qui lui infligeait une marche lente et agonisante. Son cou grésilla lorsque sa tête tourna pour dévisager l’homme qui siégeait à côté de lui, et sa mine défragmentée par un soupçon de piment. Yasu ne l’emmenait pas n’importe où, et cela ne présageait rien de bon, certes. Pourtant il les épia tous, les uns après les autres, et il se regarda, lui-même. Il était assis dans cette salle d’attente. Il était comme eux.
La vérité n’est jamais bien facile à admettre. Que faisait-il ici ? La même chose que tous les autres : découvrir ce qui peuple les songes et de quoi ils sont faits.
Un homme dans un vêtement atypique de bon père de famille avec une grosse paire de lunette sortit doucement de la porte qui fermait le long couloir, serra la main d’une femme aux étranges convulsions qui pourtant semblait vouloir sourire et se pencha doucement à la vue de l’Anbu. Ils discutèrent quelques secondes et d’un geste de la main, maman fit signe à son enfant qu’il pouvait approcher. Yasu était ridicule parfois, mais c’était Yasu, une femme…
[Yasu] - Je te laisse. Okugane t’attends à la mairie après.
Après quoi ? La fin du monde, sûrement.
[Rayku] - Bonjour jeune homme.
Salut mon vieux. Iki ne broncha pas et insista d’un regard stoïque auprès de Yasu afin de comprendre… ce qui se passait vraiment.
Rayku, puisque c’était le nom qui gisait sur sa plaque de bronze à l’entrée se décala et d’un geste de la main lui indiqua le chemin. Haussant les épaules avec une intolérable mais nécessaire moue, Iki hésita quelques secondes. Rentrer dans les entrailles de l’enfer… Avait-il vraiment le choix ? Yasu était une personne de confiance, cela ne signifiait pas que le chuunin placerait chez elle toute sa marmaille ; il n’avait pas d’enfants, et il ne les placerait jamais. Rayku referma derrière lui la porte et s’installa derrière son bureau, tendant une chaise à Iki du bout des doigts.
Je ne m’assoirais pas, pleutre.
[Rayku] - Vous n’êtes pas quelqu’un qui se fait dicter sa conduite, n’est-ce pas Iki ?
Iki sourit pleinement, montrant ses grandes dents aiguisées. D’ici deux ou trois secondes, je le dévorerais…
[Iki] - Sauf quand la nécessité le demande. Vous êtes un fin psychologue.
Le bonhomme s’assit confortablement dans son grand siège de roi du monde de la subtilité morale et des problèmes de couple en tout genre.
[Rayku] - Je *suis* psychologue.
Tombé dans la gueule du loup. Les trois secondes étaient passées et Iki n’avait qu’une envie : s’effondrer sur le fauteuil. Mais c’était insupportable de se savoir décrit de part en part, percé par un simple coup d’œil, désemparé devant tant d’expérience. Une science abjecte qu’était la psychologie, regarder les hommes comme des sujets dont le but est de trouver le maximum de problèmes, et de les résoudre tous, un à un, pour former la normalité. Iki comme tous les autres avait ses problèmes, et c’était sûrement ce qui faisait de lui, un être unique. Que restera-t-il à l’adolescent lorsqu’il comprendra que la masturbation c’est mal, au mari lorsqu’il assumera ses infidélités et que sa femme les lui pardonnera, parce qu’il faut savoir pardonner mon ami, parce que rien n’est tout beau, le monde est cruel, pardonne mon frère, pardonne et la vie te souriras.
Foutaises.
[Rayku] - Mais je n’ai aucun mérite, sinon celui d’avoir votre dossier. Il y a de ces gens qui vous connaissent, c’est dingue.
D’un bras assuré l’homme lui tendit la chemise de carton qu’Iki ouvrit violemment, zyeutant chacun des papiers barbouillés d’une écriture tourbillonnante. Son sourire éteint se raviva. La signature, tout en bas de chaque feuille, cette signature, ce nom, il la connaissait. Presque par cœur. Nous sommes tous des psychologues dans l’âme…
[Iki] - C’est dingue oui. Comme quoi on m’attache beaucoup d’importance. Vous m’excuserez, je dois y aller.
Comment Yasu avait-elle pu lui faire ça ? Iki n’aimait pas les autres, mais il détestait plus que tout que ces mêmes gens s’intéressent à lui. Il ne tenait qu’à lui-même de vivre sa propre existence, et comme bon lui souhaitait, tant qu’elle n’influençait pas ses missions et la résolution des ordres qu’on lui faisait parvenir. Il la retrouverait.
Tout fuse dans ma tête, et l’autre écervelé qui me regarde avec son air triomphant…
[Rayku] - Vous ne devriez pas faire ça, ce n’est qu’un examen de routine. A moins que vous ayez envie de parler de quelque chose…
Iki soupira et alluma une cigarette sans vraiment savoir s’il le pouvait, ou non.
[Iki] - Mmh, Docteur, je ne sais rien de ma naissance, j’ai été élevé dans une communauté qui n’a rien d’un village ninja, on m’a fait importer comme une vulgaire marchandise, un objet diabolique pour combler les fantasmes d’un élite en érection, je hais ce village et tout ceux qui le peuplent, je suis raide dingue de l’Anbu qui me sert de nounou et de maman à la fois, et je suis manipulé par un imbécile qui devrait donner son corps à la science pour qu’on découvre enfin le gêne de l’hypocrisie latente. Si en deux secondes vous avez le temps de dire ce qui cloche chez moi plus que chez les autres, peut-être qu’un jour mes enfants vous remercieront.
Il écrasa de colère sa cigarette sur le bureau de bois lustré et s’apprèta à quitter la pièce lorsque Rayku le retint poliment lui tendant un flacon blanc et un morceau de papier. Pour Yasu ? Soit. Reposant son bob sur ses laconiques mèches brunes, Iki fit un léger clin d’œil à son médecin préféré et sortit furibond du long couloir de la mort.
Le soleil ici est agressif. Il vous arrache de votre sommeil ombré et vous prend à la gorge sans ne vous laisser aucune porte de sortie. Le soleil est partout, et Iki en avait un à retrouvé. Il balança le flacon et le papier à Yasu et s’engagea dans la ruelle.
[Yasu] - C’est pour toi.
Et merde… |
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| Sujet: Re: A mon avis Dim 8 Mar - 18:03 | |
| Je regardais le petit flacon d’un ton agressif. Entre mes mains, ce si petit objet signifiait énormément de choses. Le papier qui se tenait entre mes deux doigts indiquait effectivement mon nom, et c’était avec peine que je soupirais doucement, n’ayant plus à craindre, n’ayant plus à croire où supposer. J’étais dans une belle merde, et d’un certain côté, je ne pouvais en vouloir qu’à moi-même. Peut-être que dès le commencement, j’avais mis ma vie de travers sans que la vie ne me mette, elle, ne me renverse. J’avais toujours pris les chemins que je désirais, je les devançais et ma marche surpassait tout ce que la nature pouvait opposer comme relief. Et pourtant, aujourd’hui j’ai vu un homme à qui je n’ai que deux mots, et qui ne me retient pas en m’envoyant un paquet cadeau. Empoisonné. La vie est définitivement cruelle, je ne l’aime pas. Mais je m’aime assez pour ne pas en mourir. Yasu me regardait avec cet air étrange, désolée d’on ne sais trop quoi. Sur chaque papier, il y avait la signature d’Okugane, cette petite réunion venait de sa petite personne, l’Anbu n’y était pour rien. Absolument rien. C’est ce que je voulais croire. Ce ne serait pas la première fois que tous les deux nous faisions manipuler par cet homme. Un jour j’y mettrai fin, et nous partirons, dans une petite maison à la campagne. On invitera les potes au tour d’un bon feu de joie avec des saucisses qui grilleraient dessus. La vie faisait que non, les barbecues n’étaient pas là pour me plaire, que la seule passion qui coule dans mes veines, c’est le sang. L’adrénaline du combat. Iki rangea le flacon transparent au fond de sa poche. [Yasu] - Tu devrais les prendre…Son ton triste et déçu n’arrangeait en fait rien à la grotesque situation qu’ils vivaient tous les deux. [Iki] - Il y a tout un tas de chose que je devrais faire. Une manière comme une autre de se refuser. [Yasu] - Tu sais très bien ce qui arrivera si tu ne les prends pas. [Iki] - Qu’est-ce que c’est ? Elle s’arrêta un instant. Sa gorge sèche la tiraillait et ses mains moites l’empêchait de voir claire, de trouver les bons mots. Le silence de ses pas, la disparition de son ombre, Iki baissa la tête et posa son pied à côté de l’autre. [Yasu] - Antidépresseurs… je crois. La flamme virevoltante d’un briquet alluma le bout de la cigarette. La fumée mélancolique qui en sortait l’aurait fait pleurer. Mais Iki ne savait pas vraiment ce que c’était alors ses joues restaient sèches, ses yeux devenaient rouge sans que ni colère ni tristesse n’en sorte. Sa main plongea dans sa veste, l’autre tenait la clope du bout des doigts. Deux assassins, un dans chaque main. Son doigt fit gicler le capuchon rond et blanc, deux autres s’emparent d’une granule. Il fallait bien que ça arrive, un jour où l’autre… Iki n’attendit pas que Yasu se remette en marche. Elle semblait autant perturber que lui, et pourtant c’était bien sa gorge qui avalait le produit nauséabond qui ferait de sa vie un éternel cauchemar. Il tira sur le tube blanc, et repartit. En quel honneur, il s’en doutait. Okugane, malgré son dégout pour lui prenait attention de sa trouvaille. Iki n’avait rie d’un super héros, il était lui-même, et ce qu’il était n’avait de beau que son efficacité. L’alcool qui coulait dans ses veines se dissipait peu à peu, mais sa vision du monde ne changeait pas. Il redeviendrait juste plus froid, son regard se plierait à la faiblesse de ce monde, et il agirait toujours en conséquence. Les passants ne lui adressaient pas un regard, comme s’ils savaient ce qu’il était, ou simplement parce qu’ils n’étaient bien généreux. La joie de vivre s’était atténué sur Konoha, elle avait disparu. Asahi avait fait des ravages, Asahi avait emporté des corps avec lui, il était apparu, s’était ouvert à eux, et était reparti avec la même passion, celle de marquer les hommes au fer rouge. Aucun signe sur leurs frêles corps, sinon les larmes qui tombent devant les pierres tombales des défuntes victimes ; mais tant de souffrance et de peur. Iki aurait pu être attendri, les gens ici étaient bien humains, ils craignaient la mort comme tous les autres. Et pourtant il les trouvait un peu plus pitoyable qu’à l’accoutumée. Son poignet laissa tomber la cendre qui s’était accumulé au bout du foyer. Chaque pas était une nouvelle danse, mélancolique, nostalgique. La faible brise qui emportait les quelques mèches qui dépassaient de son bob sonnait fausse, emportant avec elle les cris des morts. Elle le réveille chaque matin, s’engouffrant dans la large fenêtre que le jeune homme laisse ouverte chaque nuit. Humide la rosée disparue, sèche les landes boisées, amère les tristesses passées… Ni le soleil ne le ciel bleu ne pouvaient redonner aux hommes ce qu’ils avaient perdu quelques jours auparavant. La nature leur prend tout, et elle croit le rendre bien. Non, tout n’est qu’arrière-plan, décor langoureux auquel ils s’habituent tous. A l’école des Six Lions le soleil était le même, le bleu tout aussi profond, les vents chauds et fins, les forêts épaisses et vertes. Mais cela faisait partie d’un tout. Les portes de la Mairie s’ouvrirent à son passage. Iki lança sa cigarette sur le trottoir et pénétra dans ce lieu macabre où l’administration régnait. Dans les couloirs sa marche résonnait déjà, chaque pas claquant un peu plus fort sur les grands murs. Elancé, assuré, le chuunin avançait rapidement dédaignant toute personne sur son passage. Son regard s’était posé au loin, sur la porte de bois qu’il trouverait un peu plus loin et rien, à ce moment-là, ne pourrait l’empêcher de l’atteindre. Il posa sa main sur la poignée, plongea l’autre dans sa poche, et il ouvrit. Un homme se tenait contre la vitre, un dossier en main et paraissait apprécier la teinture du plafond cosmique. Pas un nuage à l’horizon, ce serait une nouvelle belle journée, un sourire, et la joie et la bonne humeur se diffuseront dans Konoha. Okugane avait de ces méthodes assez médiocres. [Okugane] - Elles sont rares, les personnes qui ne frappent pas à ma porte avant d’entrer…Mais il restait un excellent politicien. Iki posa fermement le flacon sur la table remplie de paperasses et se tint droit devant ce qui semblait être, son patron. [Iki] - Qu’est-ce que ça signifie ? [Okugane] - Mais le timbre du Conseil est toujours un peu plus mielleux que le tien…Iki avança d’un pas et soupira d’un léger suintement de la gorge. Son regard insista, perçant celui d’Okugane qui faisait foi de la même antipathie à son égard ; une fausse compassion, une hypocrisie gênante que le chuunin avait appris à cerner au fil du temps. [Okugane] - Ce qui va te rendre plus fort encore, je suppose…[Iki] - Avec ça je pourrais vous botter les fesses ? Le juunin rompit toute émotion sur son visage. Trois ans qu’Iki utilisait les mêmes sarcasmes, et si celui-ci voyait clair dans son petit jeu moralisateur, le gradé ne supportait qu’après une longue prise sur soi-même le caractère bouillonnant de son subordonné. C’était lui qui l’avait fait venir des Six Lions, lui encore qui avait monté tout ce projet. Il était son seul supérieur, il était le seul à lui donner des ordres, à en entendre ses compte-rendu. Iki était ce genre d’homme à n’en faire qu’à leur tête, et à prendre un ordre trop poussé pour une menace à leur petite personne. Il souffla, silencieusement. [Okugane] - Tu botteras celle que je te demanderais de botter. En attendant, j’ai quelque chose pour toi. [Iki] - Je ne crois pas que vous ayez bien compris. Je n’ai pas besoin, de ça. [Okugane] - Votre dernier exploit durant l’interruption… du tournoi Chuunin Exam nous a contraints à faire exposer votre dossier à un docteur. Pour le moment c’est ce que nous avons trouvé de mieux. Ce n’est pas un conseil, Iki, c’est un ordre. D’une main rageuse il récupéra le flacon. Un jour je partirais, un jour tu m’oublieras, c’est plus qu’une promesse, c’est un serment. Tu l’as inscrit toi-même dans mon sang, bonhomme. [Okugane] - Après les … combats qui ont bouleversés notre village, je n’ai pas de mission en terre extérieure à te proposer. Cependant j’ai bien quelque pour toi. Dès aujourd’hui, tu es officiellement en charge d’une équipe. Le mot leur a été passé, sur le parvis de la mairie dans.. vingt minutes. [Iki] - C’est le moment où je dois vous remercier là non ? C’est sûrement la pire chose qui me soit arrivé, après notre rencontre, bien évidemment. [Okugane] - Je sais, mais je n’ai pas les mains libres là-dessus. Et toi non plus, d’ailleurs. L’homme se retourna sans ajouter un mot de plus et contempla à nouveau son égocentrique de village. Iki souffla doucement et ferma la porte derrière lui avec une moue pâteuse. Quel sentiment avoir ? Le genin était certainement l’espèce sur ce monde la plus immonde, barbare et brouillon. Ce n’était pas sa première équipe, mais ses deux dernières expériences n’avaient pas été très… heureuses. Oh non, pour lui tout allait bien, c’était pour eux… En suivant |
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| Sujet: Re: A mon avis Lun 9 Mar - 5:00 | |
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