Trois semaines, c’est à peu de chose près le temps qu’il nous a fallu pour construire un semblant de maison. En effet, jusque-là, c’était très sommaire : quatre murs, un toit de fortune et des futons d’occasion pour lits. Ça n’était clairement pas la plus belle des maisons de Konoha, ni la plus confortable, mais c’était la nôtre. Enfin, la nôtre à soixante pour cent. Il avait fallu négocier de l’aide de quelques Isatsu pour le savoir-faire en termes d’architecture. L’important était d’avoir une maison solide qui ne nous tombe pas sur le coin de la tronche, sauf que nous n’avions aucun savoir-faire dans le domaine. En échange de leur aide, nous étions engagés à travailler leurs champs tous les soirs la semaine prochaine. Au moins ça fera travailler les bras.
Il était donc temps de s’installer. À défaut d’avoir des meubles et des murs pour séparés les pièces, nous avions prévus un espace suffisamment large pour délimiter de futures pièces. Des poutres porteuses étaient même déjà présentes. Pour le moment, on se contentait de séparer salon et chambres avec des paravents. Il était aussi possible d’abattre un mur pour agrandir dans le futur. L’idée était pour le moment d’avoir un toit, puis d’aviser quand la maison deviendrait trop petite.
Le sol était constitué de planches de bois pour la plus grande partie de la maison, ce qui surélevait le sol. Il n’y avait que l’entrée qui était plus basse et dont le sol était fait de paille tressée. Haruhi voulait absolument une entrée « comme les riches », elle trouvait ça beaucoup plus classe. Le projet prévoyait des tatamis dans les chambres, mais cela attendra d’avoir des murs terminés et un peu plus d’argent à investir. Les murs extérieurs étaient en bois, et renforcés par une couche de terre à l’extérieur. Cela protègerait et isolerait un minimum la maison. Une autre couche avait été appliquée à l’intérieur, après avoir recouvert les murs de paille pour les isoler. Tout notre argent était partit dans le bois et la paille, il ne restait donc plus grand-chose pour le toit. Il y avait donc pour le moment des poutres horizontales qui supporteraient une future charpente et un toit potentiellement aménageable.
Kuroko – Je continue de penser qu’Haku devrait dormir dehors. C’pas lui qui a retourné ces foutus champs pendant trois semaines.
Haku – Peut-être, mais c’est moi qui ait négocié pour qu’on n’ait plus à dormir à l’académie. Alors je dors dehors, et tu dors à l’académie.
Haruhi – Vous allez tous les deux dormir dans une fosse commune si vous continuer de rien foutre pendant des heures. Le temps c’est de l’argent.
Kuroko – C’est con, le temps c’est du temps. Et l’argent c’est de l’argent. Tu oses prétendre avoir fait notre éducation avec cette philosophie à deux balles.
Elle se retourne et me souris. C’est le signal, un mot de plus et je perds un testicule.
Kuroko – Peace, je m’excuse, tu es la meilleurs.
L’installation prit quelques heures. Il fallait terminer de construire un foyer sûr où l’on pourrait faire brûler des braises pour la cuisine. Nous n’avions pas encore réellement de matériel de cuisine, tout juste quelques bols en bois taillés et une vieille marmite en fer, mais c’était la première chose à terminer dans cette maison. Chez nous, une seule règle d’or. Quand on parle de nourriture, on ne compte pas. Mieux vaut dormir sur le sol le ventre plein que dans un palais le ventre vide. Il faudrait négocier des couteaux aux Senjagos, tailler plus d’assiettes et des couverts, et essayer de récupérer plus de marmites voir une grille de cuisson. Puis commencer à chasser aussi, si on veut éviter de devoir tout acheter aux Isatsu. Ils sont sympas, mais j’aime autant manger ce que je chasse.
Un véritable programme donc. Mais pour le moment, il fallait prévenir les invités. Après tout, c’est notre première maison. La tradition dit qu’il faut « pendre le crémier » ou quelque chose du genre. Tout ce que je sais, c’est qu’Haruhi nous a autoriser à inviter chacun trois personnes, à condition qu’elles amènent de quoi manger. Elle veut bien nous faire plaisir, mais il faudrait voir à ne pas nourrir des étrangers gratuitement. C’est la raison qui m’amenait dans les quartiers Aisu, à quelques minutes de notre maison.
Après quelques minutes à chercher quelqu’un qui ne cracherait pas à la tronche si je l’abordais, j’ai eu les informations que je cherchais. Visiblement mes invités logeaient dans un sous-quartier dans le quartier. Je ne comprends pas vraiment comment marche l’organisation chez les Aisu, j’ai l’impression qu’ils ont tous un balais dans le cul et le cerveau d’une huitre. Pourquoi vous séparer les gens selon des castes ? Ces mecs ont des sabres, ils peuvent bien vous trucider s’ils veulent, et vous les mettez bien tous ensemble… Sont cons ces claniques.
Enfin, au moins j’ai trouvé la maison d’intérêt. Une maison modeste, mais qui témoigne d’une certaine richesse. La porte est ouverte, je rentre sans me poser de question. Après tout, je connais le propriétaire. Et puis ce n’est pas une entrée par effraction s’il n’y a pas d’effraction. Après avoir fait glisser une porte en papier (truc de bourge), je me retrouve sur une terrasse qui donne sur un petit jardin. Là se trouvent un père et sa fille, une gamine de mon âge, tous les deux en train de pratiquer le sabre.
- Spoiler:
Ils ont dû m’attendre, parce qu’ils stoppent leur échange de coup. L’homme, je le connais. C’est Musashi. Je réalise que je ne l’avais jamais vraiment décrit le personnage physiquement. Maintenant, le problème est réglé. Notez qu’il ne tient pas vraiment un chat dans la main partout où il va.
La fille par contre, c’est un mystère. Un mystère plutôt agréable à l’œil d’ailleurs. Sur une échelle de un à dix, je lui accorderais un bon « plutôt mon type ». De longs cheveux à la couleur incertaine, à mi-chemin entre le roux et le châtain clair. Ils cachaient un cache-œil (Mouhahaha, l’ironie) du côté gauche. Au lieu de lui donner un air de victime, ça la rend menaçante, et d’autant plus attirante. Pour vêtements, elle porte simplement un short et un haut assez ample, ainsi qu’une bande sur le poignet gauche. Probablement des vêtements d’entrainement. À ceci s’associe une casquette qui devrait gêner son champ de vision, mais qui ne semblait pas l’affecter lors de l’échange de coup.
Mirai – C’est qui ce blaireau ?
Ah, et en plus elle a le langage ordurier. Clairement, pleine de charme.
Kuroko – C’qui le blaireau, tronche de citrouille ?
Sans attendre, elle reprend mon sabre en main, prête à me décapiter. Les filles sont si susceptibles. Heureusement, la main de Musashi vient saisir le bras de la jeune fille pour la retenir.
Musashi – Mirai, on ne tue pas les invités. Range les affaires. Et dans la réserve cette fois-ci, par jetées au milieu du salon.
Elle dégage sa main de force avant de rengainer son sabre.
Mirai – Tu pourrais au moins me défendre. T’façon personne ne s’occupe de moi dans cette maison de… GRRR !!
À mesure qu’elle s’éloigne, l’ai l’impression d’entendre de plus en plus de jurons. Elle n’a clairement ni l’apparence ni la manière des autres Aisu que j’ai rencontré. Sauf peut-être d’Azami, mais elle, c’est différent. C’est juste une peste. Musashi rengaine à son tour son sabre, puis me rejoint et m’invite à s’assoir dans son salon. Invitation que je décline.
Kuroko – Je vais faire vite. Désolé d’avoir euh…
Musashi – De m’avoir complètement laissé tomber ces trois dernières semaines, d’avoir aussi peu de respect pour mon enseignement, et pour moi, de…
Kuroko – C’est déjà assez humiliant comme ça. Enfin bref, j’avais besoin de faire le point sur ce que je faisais à Konoha, et tout un tas de chose. Maintenant que c’est fait, j’aimerais qu’on puisse reprendre où on s’est arrêté.
Musashi – C’est tout ?
Kuroko – Non, pour acheter tes services, je t’invite à manger dans ma nouvelle maison ce soir. Hey, oui, nous sommes propriétaires maintenant. Nouveau bourge de Konoha. Tu as même le droit d’amener deux personnes. Par contre chacun ramène sa bouffe.
Musashi – Donc tu m’invites à manger ma nourriture chez toi ?
Kuroko – Exactement. Mais en échange, on reprend les entrainements. C’est un deal en or.
Musashi – Il va falloir travailler tes talents de vendeur… Mais je viendrai.
Il se lève, et s’incline pour me saluer. Je lui renvoi la politesse en m’inclinant plus bas. Parait-il que c’était poli chez les bourges. Puis il m’accompagne jusqu’à sa porte, en m’expliquant qu’il viendrait avec sa famille, probablement avec un plat typiquement Aisu. C’est au moment de partir que je recroise la boule de nerf croisée plus tôt. Elle se contente de m’écraser le pied au passage, avant de s’enfermer dans une chambre.
Kuroko – Rassures moi, c’est pas…
Musashi – Si, c’est ma fille. Elle est comme toi. En plus compliquée, plus énervée et plus douée…
Kuroko – Plus douée, ça reste à prouver… Pis de toute manière, je reste le plus cool.
Musashi – Ca, ça reste à prouver.
Pas de soucis l’ancêtre, je ne vais pas tarder de commencer à le prouver.