La nuit Kumo se vidait, laissant place aux créatures nocturnes et aux quelques shinobis ayant pour tâche de maintenir l'ordre. Depuis mon arrivée au pouvoir, il n'y avait eu aucun incident notable. Le nombre de nouvelles recrues était ridicule, le village manquait largement de renommé et beaucoup ne pensaient pas profitable de rejoindre notre communauté. Cette situation finirait par poser problème, car la paix ne pourrait pas être acquise sans que nous puissions exercer une large influence sur les activités liées au chakra. C'était là la première étape de mon plan. Kumo serait alors la pièce centrale d'un large corps militaire. Afin que cette première étape puisse être accompli, Kumo devra faire les bons choix. Les samouraïs d'Hayashi seront les premiers à convaincre. Je ne m'inquiète pas vraiment les concernant, je pense que mon passé de samouraï saura leur prouver ma sincérité.

Ma déambulation nocturne se concluait par une rapide inspection des défenses, je n'aimais pas vraiment toute cette rigueur militaire, mais je savais que c'était quelque chose qui fonctionnait et que je me devais en tant que Kage de montrer un minimum l'exemple.

Le lendemain, Kokei et moi nous mettrons en marche vers Hayashi. Cette escapade sera l'occasion parfaite pour en apprendre plus sur sa personnalité. Kokei me semble être une force de la nature, un être capable de vous briser en deux, pourtant mes discussions avec lui m'ont amené à penser qu'il n'est peut-être pas aussi dur qu'il n'y paraît.

[Daiki]« Vous êtes encore là »

[Secrétaire]« La paperasse s'entasse, je ne peux pas décemment laisser cette endroit dans un tel état »

[Daiki]« Vous n'êtes pas obligé d'en faire autant, je vous ai déjà dis que j'avais l'habitude de vivre dans le désordre. »

[Secrétaire]« En tant que Raikage, vous ne pouvez pas laisser traîner des papiers importants n'importe où »

Elle me dévisageait d'un œil sévère derrière ses lunettes rondes. Ma propre secrétaire me faisant la leçon, vous parlez d'un comble.

[Daiki]« Faites donc comme bon vous semble, j'ai encore deux trois papelards à regarder de toute façon.»

Je me posais sur le fauteuil qui faisait face à mon bureau, j'y découvrais deux cendriers pleins et un tas de parchemins que j'avais ramené de la cité interdite. Il ne me restait plus grand chose à tirer de tout ça, et puis les moines avaient tendance à mettre du religieux partout pour expliquer ce qu'ils ne comprenaient pas. J'allumais la dernière clope de la journée, je la savourai accoudé au rebord de la fenêtre de mon bureau.

[Daiki]« De vous à moi. Vous pensez que j'ai ma place ici ? »

[Secrétaire]« Je ne suis qu'une fonctionnaire, que voulez-vous que je vous dise. Si le Daimyo vous a mis là, c'est qu'il avait une bonne raison. »

[Daiki]« On me donne toujours cette réponse vous savez. Bref, je ferai mieux d'aller dormir un peu, et vous aussi d'ailleurs. »

[Secrétaire]« Comme il vous plaira Raikage-sama. »

Elle quitta la pièce dans un silence de mort. Je tirais une dernière fois sur ma cigarette, puis m'installais aussi confortablement que possible dans le fauteuil de mon bureau.

Les premiers rayons du Soleil me traversèrent les paupières, mon cou était rigide et j'avais l'impression d'avoir été passé à la moulinette. Le fauteuil n'était pas vraiment confortable, mais il m'avait contenté pour la nuit. Je me dirigeais alors vers mes appartements privés, afin d'y prendre une douche et de me préparer au voyage. J'emmenais avec moi le strict nécessaire, des vivres, ma lame et mes clopes.

Alors que le village commençait doucement à s'animer, je me dirigeais vers les portes, où Kokei était censé me retrouver pour la mission qui nous attendait. En réalité il était déjà là, en tenue.

[Daiki]« Prêts pour la mission ? »

Nous allions traverser une bonne moitié de la forêt de Kinoko, cela prendrait plusieurs jours de marche, je pourrais également en profiter pour le tester sur le chemin.

HRP:

Kokei semblait motivé par la mission, je n'en attendais pas moins du Genin, ce dernier avait su montrer sa détermination lors de notre combat. Pour ma part je me sentais encore un peu hésitant, je  ne possédait aucun talent de pédagogue, mais l'idée de transmettre une part de mon savoir à Kokei me réjouissait pourtant.

« La forêt de Kinoko est un endroit fréquenté, on y trouve des marchands, des voyageurs, des religieux. Bref, c'est un point de passage important. Par conséquent j'ai choisi un itinéraire qui ne suit pas bêtement les sentiers. En situation réelle il serait dangereux de voyager ainsi à découvert, l'ombre est le meilleur allié du shinobi, il ne faut pas l'oublier »

Je ne connaissais pas les aptitudes de Kokei dans ce domaine, mais je pensai que ce serait un bon début que de lui inculquer les bases de la stratégie. J'éteignais également ma cigarette, la dernière, je devrai ensuite attendre notre arrivée au campement Hayashi.

« Il ne faut rien laisser au hasard, un ennemi aura tôt fait de remarque l'extrémité rougeoyante d'une cigarette. La stratégie est un jeu mortel, un mauvais choix et tu risques de perdre des hommes inutilement, cependant, cela signifie également qu'il faut être prêt à sacrifier des hommes pour réussir. Quelques morts peuvent conduire à une victoire facile, le contraire est également vrai, il faut donc se montrer prudent. »

Je montrai la carte à Kokei avec le trajet que nous nous apprêtions à utiliser pour arriver jusqu'à Hayashi. Celui-ci contournait le plus possible la route, le voyage serait ainsi plus long mais surtout cela permettrait de tester mon élève.

« Bon en route. Nous marcherons de front, places-toi à ma droite. »

J'entamai le voyage à un rythme élevé, mes muscles s'étaient quelques peu ramolli depuis mon accession au poste de Kage, mais je gardai de bons restes des mois passés dans les montagnes. L'armée avait également contribué à me forger un physique d'athlète, des jambes fines et agiles avec des bras d'épéiste. Je portai Hisshi à la ceinture, la lame avait légèrement commencée à s'émousser avec le temps, il faudrait que je la fasse réparer tôt ou tard. Kokei n'avait aucun mal à rester à mon niveau, malgré qu'il soit plus jeune, son physique était pourtant déjà plus important que le mien.

Après plusieurs heures de marche rapide, je m'arrêtai au premier point  prévu. S'était l'emplacement d'un petit autel dédié à Shiun. Je regardai la statue avec l'oeil d'un étranger observant la culture du peuple local. La religion n'était pas mon école, elle ne m'avait jamais rien apporté de concret, mais je me posais tout de même quelques questions concernant le rituel que j'avais subi le jour où j'étais devenu Kage. Des pouvoirs me furent donnés, c'est certain, mais comment cela était-il donc possible sans une action divine.

« Crois-tu que les dieux existent Kokei ? Tu connais déjà mon opinion sur la question, mais j'aimerai connaître la tienne. »

Je posais la question sans réellement savoir où cela me mènerait, la plupart des kuméens étaient croyants. Mais pas moi, enfin du moins, jusqu'à preuve du contraire.