- Histoire du personnage -
Née la veille d'une bataille sanglante entre le clan Aisu et l'un des principaux clans marginaux de l'île la plus au sud de Shimatori, Uuki Aisu a vu le jour dans les bras de parents aimants et protecteurs. A l'instar de l'épopée guerrière de son père, combattant pour la survie de leur clan, elle ne s'est jamais vu privée d'amour. Dorlotée le jour par sa mère, Takemi Aisu, et protégée la nuit par son père, Oroki Aisu, le jeune nourrisson des glaces écuma ses journées dans l'insouciance aux côtés d'autres enfants.
A l'âge de six ans, elle prit la mer en direction de Mage depuis l'île au sud de Shimatori, aux côté de son clan. Toujours baignée d'amour, elle grandit dans la joie de sa famille, comblée par sa naissance. Ses parents ne souhaitaient que son bonheur et s'évertuaient à la rendre heureuse, malgré les événements. Mais à huit ans, elle assista à sa première scène d'horreur.
Une nuit, un éclaireur s'était trop approché d'un de leur camp retranché et fut capturé. Il fut décidé que sa capture servirait d'exemple aux autres clans et sa décapitation s'en suivit à l'aube du jour suivant. Un coup de hache suffit pour écourter sa vie. Rendue publique, sa mort traumatisa la jeune fille aux pieds de laquelle vint rouler la tête de la sentinelle ennemie. Cette nuit là, une marée de questions émergea dans sa tête, mêlée à un flot de larmes interminable.
Le lendemain, le clan disparaissait du bois pour prendre position plus à l'est, dans un canyon. Une journée durant ils marchèrent. En chemin, la jeune enfant s'interrogea sur tous ces changements de camps auxquels elle n'avait jamais prêté attention jusque là. Si elle comprit l'aspect nomade de son clan, elle ne trouva de réponse sur sa raison.
Le canyon n'était plus qu'à deux heures de marche mais la nuit tomba bien vite sur l'archipel. L'horizon rosé d'Umijitaka se dissipait à vue d'œil tandis que les derniers nuages de brumes enveloppaient le ciel. Pris au dépourvu, le clan décida d'achever son périple pour se poster à l'orée de la plaine qu'ils venait de traverser. Si belle fût elle de jour, menaçante elle paraissait une fois le soleil couché. Les tentes furent rapidement installées et les premières patrouilles de garde mises en place. L'obscurité régnait mais les torches du camp flambaient à travers le noir absolu.
Fsshhh. Un bruissement de feuilles du bosquet voisin s'échappa soudainement aux abords d'une tente. Pffssst !! ROAAAAAA !!!! Un coup de dague tranchante venait de percuter le flanc d'un guerrier Aisu en plein repos. Ssssht t t t t t. Une salve de flèches s'en suivit, perforant et déchirant abdomens et toiles dans les tentes. La patrouille était tombée. En moins d'une minute ce fût l'effervescence dans le campement. Les Aisus venait de commettre l'erreur de franchir le territoire d'un autre clan. Celui-ci répliquait. Agitation, bousculades, fracas, cris et angoisse marquèrent cette nuit qui fut la plus meurtrière depuis longtemps.
A l'aube, le calme était revenu mais des cadavres par dizaines jonchaient le sol. Il n'y avait plus d'herbe mouillée, seulement du sang ruisselant sur la neige fraîche. D'innombrables pertes étaient à déplorer mais au final, le clan était vainqueur. Telle était la vision réconciliante du chef. Mais la jeune fille des glaces ne voyait pas les choses comme tel, pleurant ses défunts parents, gisant au sol. Les oiseaux ne chantèrent pas ce matin là et ce jour marqua son esprit à jamais.
Son oncle, Muuka Aisu, prit la relève et décida de la protéger. La tribu nomade reprit son chemin. Aucun deuil ni cérémonie n'eurent lieu. Aucun cadavre ne fût purifié ou enterré. Le champs de bataille resta un champs de bataille. Au sein des Aisus, seule la vie a de la valeur. C'est à ce prix que se battent cruellement ces guerriers et qu'ils usent de leur lames. Et c'est à ce prix que combattit Oroki Aisu, pour préserver la vie de sa fille au détriment de la sienne.
-Je vais te dire quelque chose Uuki. Pourquoi la glace fond-elle ?
-Euh.. je ne sais pas Oncle Muuka, répondit-elle déroutée.
-C'est pour mieux geler autre part. La glace disparaît sous la chaleur, se transforme en eau et se condense puis se reforme ailleurs avec le froid. Notre clan suit ce cycle. C'est ce qui fait notre force et notre résistance, ne l'oublies jamais.
Les années passèrent. Les batailles s’enchaînèrent sur Mage et les pertes du clan avec mais l'arrivée d'un étranger du nom de Jiri Tereitsu bouleversa sa chute. Des navires en provenance d'on ne sait où débarquèrent sur l'île avec à sa tête un homme au visage tuméfié mais plein de bons sens. Il eut foi envers le clan et lui offrit armes et équipements. Avec son aide, les Aisus poursuivirent leur reconquête de l'archipel et entamèrent une ascension vers la puissance, si longtemps réclamée et pourtant méritée. S'élevant parmi les plus craints de tout Umijitaka, le clan se dévoua en retour à l'étranger.
Les victoires sifflaient et le peuple maudit grandissait mais Jiri avait des projets. L'île seule de Mage ne lui suffisait pas. Sa soif de grandeur poussa alors la tribu maudite à entamer des expéditions vers l'île voisine de Shimatori. De nouveaux combats eurent lieu, cette fois face à des indigènes, habitués à la rudesse des falaises aux oiseaux. Ce ne fût pas de tout repos mais rage et acharnement lui permirent d'annexer Shimatori en quelques semaines.
C'est empreint d'un tragique passé, au contexte affligeant et sans fin, qu'Uuki fêta sa quinzième année en compagnie de son oncle à Shimatori, tous deux envoyés en campagne. La situation à Umijitaka s'avérait toujours aussi peu florissante, mais à cette occasion, elle s'offrit l'honneur de dépecer son centième cadavre humain. La jeune aiguillonneuse manquait encore d'expérience au combat mais s'assurait à chaque fois de s'occuper des cadavres. Elle charcutait avec dévouement chaque défunt jusqu'à ce que la terre s'imprègne de son sang afin que le souvenir qu'ici ont combattus et vaincus les Aisus se perpétue à travers les racines. Mais ce n'est pas un rituel. Si la plus part du temps elle s'applique à mettre en charpie les corps inanimés de ses ennemis, lorsqu'elle n'en a pas le temps, elle entaille simplement la gorge et les poignets pour que continue à couler le sang.
Finalement, un matin d'automne, l'avant-poste de Muuka, situé stratégiquement dans l'escarpement d'une falaise, fût pris à parti par un groupe d'indigènes farouchement armés. Les Aisus présents luttèrent avec courage, même la toute jeune guerrière Uuki combattit, mais le nombre restreint de guerriers renversa la donne. C'est lorsqu'un second groupe d'Aisus arriva que les indigènes prirent peur mais le campement était déjà détruit et... Muuka gravement blessé. Aucun médecin n'étaient présents. Le poumon perforé, Muuka respirait difficilement mais parvint à articuler :
-Souviens toi Uuki. Ton père était la glace, aujourd'hui le soleil brille... je m'évapore mais toi, tu es notre neige, prémisse d'une nouvelle ère pour le clan..
Ces mots furent les derniers pour le vaillant barbare. Le repos éternel lui était accordé, il venait de faire de sa nièce une ardente guerrière. Le soleil au zénith tintait dans le ciel. Une brise glaciale flirtait avec le haut des falaises de Shimatori et c'est les cheveux au vent qu'Uuki se promit de suivre les pas de son père et de son oncle.
- Portrait physique -
Véritable furie avide de sang, Uuki n'a pas attendu d'être une femme pour devenir une combattante à part entière. Bleue aux cheveux courts, elle possède un visage pâle aux traits fins, un petit nez et des yeux bleus. Vêtue d'un manteau gris aux manches coupées et au col garni d'une fourrure, elle cache un physique frêle aux formes encore peu marquées. Son pantalon bien qu'épais ne recouvre pourtant que la moitié de son tibias et une cicatrice est partiellement visible sur le flanc intérieur de son mollet droit.
Petite (1m60), Uuki n'en est pas moins vigoureuse. Vive et agile, elle usera avant tout de son esprit plutôt que de son physique, préférant la ruse à la force.
- Portrait psychologique -
Si altruisme, gentillesse et gaieté emplissaient son coeur dans son enfance, elles se sont aujourd'hui éteintes au profit de la colère et de la vengeance. Son corps, déjà marqué par la souffrance, est à l'image de son âme, meurtrie et haineuse. Virulente par son caractère, effrayante dans ses propos, elle n'en est pas moins fragile par l'esprit, ruinée par le passé de son clan, ce qui en fait l'une de ses faiblesse et paradoxalement sa principale motivation.
- Religion -
"Une religion ? J'en ai pas, lança sévèrement la gamine aux cheveux bleux.
-Je ne prie qu'avec mes saïs ! poursuivit-elle froidement.
- RP de départ -
TAP... TAP. Voilà qu'Uuki foulait pour la première fois de sa vie le port de Kiri. Le bois du quai résonna sous ses pas. Le bateau en provenance de Shimatori venait d'accoster.
Chamboulée depuis la fin tragique de son mentor et oncle, Uuki avait décidé de rejoindre les rangs de Kiri et de devenir une shinobi à son service. Aguerrie en matière de survie, elle espérait trouver dans ce village un nouveau foyer où s'entrainer, apprendre et vivre en paix avec son clan.
Le ponton en bois sur lequel elle venait d'accoster s'étirait dans le village mais la brume voilait son extrémité. Elle leva les yeux, admirant ce nouveau décor. L'architecture du village lui était familier de par son clan mais Uuki semblait tout de même perdue. Haussant la tête par dessus l'épaule pour contempler une dernière fois l'île de Shimatori, elle ne vit que brouillard et mer agitée. Soudain, elle fût accosté par un vieux pêcheur.
"Qu'est ce que tu fais ici toute seule ma p'tite ? Il ne fait pas bon de rôder ici à ton âge !
-Je viens d'arriver. Je cherche le chef du clan Aisu.
-Mmmmh, connais pas. Tu viens d'arriver alors ? Viens par là, je vais t'aider."
Se rapprochant rapidement de la gamine, il empoigna son bras pour la tirer vers son embarcation.
"Lâchez-moi vieux pouilleux !"
La jeune Aisu se débâtit comme elle le pouvait. Le vieil homme malgré son âge avait les bras solides et une poigne de fer, certainement aguerri par la pêche en haute mer. Dans un élan brutal, il manqua de déchirer son manteau en fourrure, dévoilant un saï à sa ceinture.
"Hé ! Mais pourquoi t'as ca gamine ? T'es pas en mesure de te servir de ça à ton âge !"
Il se pencha pour extraire la fourche attelée à la ceinture de la jeune fille. Tête à hauteur de son coude, Uuki ne manqua pas de lui filer un coup de genou précis dans le menton, alors libérée de son étreinte. Elle dégaina son saï et s'élança sur le vieux pêcheur abasourdi lorsqu'elle fut stoppé net.
GLING, GLING ! Son arme se déroba de sa petite main, sous l'emprise d'un gantelet en cuir lourd. Une main puissante serrait la sienne. Un homme venait de surgir de nulle part et se tenait presque dans son dos.
"Tu ferais mieux de ranger ça, tu n'es pas d'ici, tu pourrais être prise pour une bandit ou une voleuse. Qui es-tu ?
Elle répondit, se débâtant tant bien que mal :
-Je m'appelle Uuki. J'appartiens au clan Aisu, lâchez-moi !"