[Contremaître]
Nom ?[Wei]
Wei.Prénom ?Wei.Wei Wei ? Te fous pas de ma gueule gamin.Une violente tape claqua derrière le crâne du captif.
Mais c'est pas des conneries ! On m'appelle juste Wei chez moi. Chez toi ? L'homme éclate de rire.
Votre petit terrain de jeu c'est terminé maintenant. Cet îlot appartient désormais au village caché de Kiri. Il reprend un air sérieux.
Ton nom, gamin ?Qu'est-ce que ça peut faire si j'ai un nom ou pas ? Une fois à Kiri, je serais juste un chiffre de plus que vous enverrez en première ligne et qui sera malheureusement mort pour sa sainte et belle patrie du pays de l'eau. Ne te moques pas de nous sale chien ! C'est grâce à nous si l'archipel va se pacifier ! Quand vous serez tous morts c'est sûr que ...Silence ! De nouveau une violente claque.
Tu m'exaspères gamin. Avance avec les autres de ton espèce.D'un coup sec sur les chaînes, il tira le jeune captif de force pour qu'il avance. Un coup de pied aux fesses dissuada Wei de ne pas suivre les directives du contremaître.
La trentaine de personnes progressaient à travers l'île de Mage. Les trois quarts marchaient normalement, libres de tous mouvements tandis que le reste avançaient péniblement, pieds et poings liés. Le visage tuméfié, les vêtements en lambeaux, ces derniers avaient passé un sale moment. Les tâches de sang parsemant les corps meurtris prouvaient l'intensité du combat qu'ils avaient mené, et des coups qu'ils avaient encaissés.
[Hiroshi]
On l'a dans le cul là ... Et profond.L'un des amis de Wei arriva à ses côtés.
J'aurais pas dit mieux ... Ils nous sont tous tombés dessus en quelques secondes, j'ai rien vu venir. Et après ...Ils nous ont exterminés. Éliminer les plus faibles et capturer les autres. Nous. On s'est fait avoir comme des bleus ...Wei soupira lourdement. Le regard fixé sur ses chaînes, il sentait son destin lentement lui glisser entre les doigts.
Mourir ou vivre en esclave ? Quel dilemme de luxe ...[Watanari]
Il était évident que nous tombions un jour ou l'autre. Quoi ?Le captif qui venait de leur adresser la parole s'arrêta quelques instants pour permettre aux deux jeunes de le rejoindre.
Bien sûr. Depuis l'arrivée de cette enflure de Teiretsu, l'archipel n'est plus ce qu'il était. Lui et ses envies de pacifier notre pays nous ont donné beaucoup trop d'adversaires pour que nous puissions continuer de vivre tranquillement selon notre mode de vie. Mais si on avait été plus vigilant en envoyant des éclaireurs ...On se serait quand même fait exterminer. Crois-tu vraiment que nous avions la moindre chance contre tous les ennemis de notre tribu ? D'un côté, toutes les tribus indépendantes sont en guerre les unes contre les autres et de l'autre, la création de Kiri et son armée nous donne beaucoup trop de fil à retordre pour réussir à gagner notre lutte de survie. Vous allez bientôt la fermer !? On avance et en silence chiens !Excusez-nous messire. Rétorqua t-il d'une manière grandiloquente.
Je ne faisais que l'éloge de votre puissance ! Je disais à mes deux compères à quel point Kiri et ses shinobis nous étaient supérieurs. Tant en nombre, en capacités qu'en gérance. Nous ne sommes que de pauvres barbares se battant les uns les autres pour un peu de bière ou une femme. Des chiens tuant leurs propres frères pour éviter de partager un bout d'os. Et votre maîtrise du chakra ! Que les dieux m'entendent, je suis sûr que vous les ferez bientôt eux aussi tomber des cieux ! Je suis fier d'avoir été vaincu par un adversaire tel que vous, vous me surpassez sur tous les points ! Je serai heureux de participer à l'élévation au sommet de votre belle Kiri.Ouais ouais ... Avance mon gars, tu la verras bientôt. Tu veux partager sa tente toi ou quoi ? Montre lui ton cul directement tant que t'y es. Wei chuchota, l'air exaspéré.
Si tu veux vivre mon garçon, il faut savoir mettre son égo de côté parfois. Lécher le cul de ton ennemi te permettra toujours de lui planter plus facilement une dague dans le dos. Nous nous sommes déjà compris en nous rendant. Tes parents ...Mes parents sont morts Watanari ... Ça fait des mois qu'on a retrouvé le corps de mon père et celui de ma mère est certainement au fond de l'eau, attaché tout comme nous à un gros rocher. Ça ne m'étonnerait même pas si on finissait comme eux. Le contremaître, les oreilles aux aguets et voyant que les prisonniers étaient en train de faire des messes basses, stoppa le convoi et s'éleva sur une pierre pour contempler tout le groupe qu'il dirigeait. Plongeant son regard dans celui des captifs, il éleva la voix pour se faire entendre de tous.
Écoutez moi bien bande de chiens. Je sais pas ce que vous tramez mais je vous ferais respecter vos engagements. Grâce à maître Teiretsu, vos vies sont encore sauves et vous aurez l'honneur de vous battre à présent pour la nation de l'eau. Il y a encore quelques heures, j'étais en train d'exterminer vos chiens d'amis qui n'ont pas voulu se soumettre à l'autorité de Kiri. Si vous êtes encore là, c'est parce que vous avez juré allégeance au Daimyo de l'eau et que vous êtes prêt à renier votre passé pour rejoindre notre armée et éliminer les tribus barbare de l'archipel, ou tout du moins les pacifier ... Il ricane avant de reprendre.
Plus sérieusement, je vous ferais respecter votre engagement jusqu'au bout. Si ça ne tenait qu'à moi, vous seriez déjà tous morts depuis un moment maintenant. Je vous préviens tout de suite: je vous aurais à l'oeil, tous autant que vous êtes. Trahissez nous et vous regretterez de ne pas être morts cette nuit. J'espère qu'on s'est tous bien compris.D'un signe de la main, il remit le convoi en marche. Ne voulant pas se faire tuer sans pouvoir se défendre convenablement contre l'homme qui venait d'insulter les siens et sa famille de coeur, Wei resta silencieux mais avec quelques arrières pensées sanguinaires envers cet homme prétentieux et imbu de sa personne.
Après quelques heures de marche intensive, le troupeau et ses bergers arrivèrent aux portes du village caché de la brume. Wei n'avait jamais été aussi près de ces murs et voir un tel édifice le dégoûtait de toute la puissance qu'avait accordé Jiri Teiretsu aux autres clans de l'archipel. Ils avaient accepté de renier leurs traditions, leur mode de vie pour obtenir plus de forces. Même si la tribu de Wei n'était pas si différente que les autres dans le sens où elle cherchait à persister en affrontant les autres et en essayant de dominer l'archipel, jamais elle n'avait accepté d'alliance remettant en cause son intégrité.
La défaite de cette nuit était amère pour le garçon. Il avait été soumis par plus fort que lui et se retrouvait désormais comme un esclave. Préférant la vie à la mort, il s'était résigné à rejoindre Kiri mais savait qu'un jour il retrouverait sa liberté, la vraie, pas celle que Teiretsu veut faire miroiter aux Aisu ou Yamanaka. Prenant son mal en patience, il allait écouter le conseil du vieux Watanari. Conseil que les parents du garçon auraient certainement donnés s'ils étaient encore parmi les vivants ...
Wei et ses frères s'arrêtèrent dans l'enceinte du village. Les "nouveaux alliés" qu'ils s'étaient fait durant la nuit s'approchèrent lentement, comme s'ils allaient passer à l'attaque.
[Shinobi de Kiri]
Nous allons maintenant procéder à votre libération. Pour le bien de votre nouvelle patrie et de ses habitants, nous vous prions de bien vouloir rester calme et de ne pas faire d'esclandre. Devant la déesse Tsukimoto, vous avez jurés fidélités à la nation de l'eau et à maître Teiretsu. En tant que représentant officiel de la justice, vous êtes désormais des citoyens de Kiri. Vous pourrez toutes et tous suivre les enseignements du village et vous trouvez un logement à votre guise dans cette enceinte. En tant que fiers et braves guerriers de la nation, la pacification d'Umijitaka est une priorité pour faire prospérer nos concitoyens vers le sommet. Que les Eaux soient avec vous !Wei sentit sur lui le regard du contremaître qui pesait sur ses épaules. Il savait que ce beau discours d'accueil n'était qu'une façade pour la population ou les crétins mais rien de tout cela n'était réellement vrai. Ses frères et lui étaient considérés comme des loups dans la bergerie et baisser sa garde n'était pas de mise. Il fallait éviter l'erreur de cette nuit et ne pas finir englouti par les eaux.
Un homme, clés à la main s'approcha de lui. En quelques cliquetis, les chaînes de fer tombèrent lourdement au sol, remettant l'orphelin en "liberté". Il se frotta les poignets et les mollets, rongés par l'étreinte de ses anciennes chaînes.
Umijitaka sera libre, réellement. Pensa t-il avant de rejoindre le peu de familles qu'il lui restait.