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| [Mission rang D] Une offrande | |
| | Sujet: [Mission rang D] Une offrande Lun 24 Déc - 2:09 | |
| ??? - Entrez donc !
Mû - Je... Non, merci.
D'un sourire poli, il parvint à se débarasser de l'invitation pressante du moine, qui se dépêchait de rejoindre ses dieux et ses autels. Mû ne savait pas bien pourquoi il refusait d'entrer dans le temple. Assis au bord du lac, il voyait dans le reflet de l'onde les lumières, chassant les ténèbres, uniquement pour les croyants. S'il s'élevait plus haut que n'importe quel autre édifice du village, les feux des lanternes du temple ne portaient pas sur toutes les habitations, et ceux qui ne venaient pas courber l'échine devant les idoles devaient trouver leur propre lumière. Il voyait également le reflet de la lune, belle et brillante, qui, elle, offre son éclat à tous, du plus vil au plus fervant pélerin. L'odeur de l'encens, émanant du lieu de culte, était trop forte pour être plaisante : trop de cierges étaient allumés, trop de parfums différents pour trop de miracles réclamés. Le jeune homme se vit en dernier, et comprit finalement à quel point ces derniers jours avaient été éprouvants pour lui. Une fois arrivé, on lui souhaita la bienvenue de manière expéditive, et on le pria de se tenir prêt à obéir. Un toît, à peine plus grande qu'une cabane, lui fût assignée, vers le centre village. Il n'avait pas besoin de plus, et appréciait étonnement l'étroitesse des murs : ils tenaient chaud, et l'isolaient du reste. C'est ce dont il avait besoin : pas une grande cage, mais un minuscule bout d'une autre dimension, la sienne, où rien ne pouvait l'atteindre. Personne ne devait le déranger...
La nuit était désormais bien sombre : des nuages venaient voler les rayons de lune. Il valait mieux rejoindre son toît, et c'est ce que fit Mû, à contre-coeur. Une fois entre ses murs, il savait qu'il ne cesserait de repenser à ces meurtres de sang froid, que lui seul semblait condamner. Plusieurs fois par jour, il allait laver ses mains dans le lac, mais il ne sentait pas partir la crasse et la moîteur du sang. Même l'odeur venait le hanter. Dans état quasi végétatif, il resta pendant des heures allongé, à ressasser les mêmes doutes et regrets... Jusqu'à ce que le sifflement d'un kunaï ne le sorte de sa torpeur. Le bruit sec de l'acier qui se plante dans le bois, puis plus rien.
Mû décida de ne pas bouger : peut-être voulait-on le faire sortir pour qu'au prochain tir, sa chair prenne la place du bois. Il attendit, trois bonnes minutes, comptant les secondes dans sa tête. Lorsqu'il se décida enfin à sortir, il remarqua un papier, suspendu à la poignée de l'arme. Une fine ficelle violette le faisait léviter. Il s'en saisit, et commença à en lire le contenu. Des ordres de mission. Sa première. Ca ne changeait pas grand chose, mais il se sentait soulagé, de finalement servir, d'avoir une tâche constructive à accomplir : il commençait à croire qu'on l'avait emmené içi pour qu'il se juge lui-même, jusqu'à la fin des temps.
Sa nuit avait pour une fois été relativement calme, et il mit du temps à se lever, et à se préparer. Il avait besoin de cette bouffée d'air, de sortir de l'enceinte du village. Se dirigeant vers le lieu du rendez-vous, il ne put s'empêcher de remarquer l'afflux vers le temple. Certains shinobis priaient eux-aussi, et il pouvait entendre, de loin, certains mots des sermons des moines.
??? - ... puissent les dieux vous ramener...
Un petit rictus vint lui courber les lèvres : était-ce vraiment nécéssaire ? La force et la technique valaient plus que la protection d'hypothétiques divinités à ses yeux, et des combattants confirmés ne pouvaient honnêtement croire qu'une prière de plus ou de moins les sauveraient, une fois leur heure venue. Il continua sa route, en se demandant si ces dieux soit disant omnipotent n'ont pas sauvé ses victimes parce qu'ils n'étaeint pas croyants. |
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| Sujet: Re: [Mission rang D] Une offrande Mer 26 Déc - 16:50 | |
| Un contrat simple : il n'avait eu qu'à aider aux préparatifs d'une énimème fête religieuse. Bien sûr, la force d'un shinobi, supérieure à la moyenne, l'avait aidée dans sa tâche, mais il se demandait si être un ninja ne se résumait pas finalement à prendre n'importe quelle tâche, pourvu qu'elle rapporte. Toujours était-il que sa bourse se voyait alourdie de quelques ryos, et qu'il avait pu se concentrer sur quelque chose d'autre que son expérience traumatisante. Porter des caisses d'encens, attacher des rubans en hauteur ou encore couper du bois de chauffe, il accomplit chacune de ces tâches avec brio, s'ajoutant lui-même quelques difficultés supplémentaires (le célèbre "sans les mains" en tête de liste). Du zèle, que les moines n'approuvaient pas mais que ses "collègues" trouvaient épatant. Vint le soir de la fête, et, une fois n'est pas coutume, Mû se trouvait à l'intérieur du temple, finissant ses travaux en allumant les lanternes sur le toît. Il redescendit d'un saut agile, tournant sur lui-même en l'air pour attérir accroupi, une main sur le sol et l'autre dans l'air : une pose plus théâtrale que pratique.
Moine – J'aimerais vous rappeler que vous vous trouvez dans un lieu de culte.
Mû – Désolé, dit le jeune homme malgré son sourire espiègle.
Moine – Bien. Vous avez accompli vôtre devoir mon garçon. Kara vous sourira, si vous continuez de l'honorer ainsi. Vous pouvez rentrer.
L'homme de foi qui supervisait les travaux de Mû se retourna d'un geste, se dirigeant vers l'entrée du temple.
Mû – Et pour ma paie ?
Moine – Nous verrons cela après le festival.
Hallucinant, c'était le mot qui lui venait à la bouche. Comment peut-on passer sa journée à prêcher l'honnêteté et la générosité, et faire faux bond à l'heure de l'addition.
Mû – Ingrat.
Il avait bien attendu d'être seul pour laisser le mot lui échapper. Qu'allait-il faire en attendant ? Il avait déjà diné, la cuisine du temple étant ouverte aux bonzes et aux travailleurs du festival. Et il ne se sentait pas d'humeur à un quelconque éffort physique. Il savait également que s'il retournait dans sa forteresse de solitude, la joie simple causée par l'effort s'évanouirait aussi vite qu'elle était arrivée. Alors que le tambour résonnait, annonçant le début des festivités, entraient les comédiens et musiciens qui égayeraient plus tard l'ambiance.
Mû – Hm... Ca vaut bien que je jette un coup d'oeil.
Deux heures plus tard, il se trouvait toujours en ce lieu, qu'il avait fui depuis son arrivée au village. Il voyait maintenant d'un autre oeil les "fanatiques" du nord : ceux qui se trouvaient içi cherchaient uniquement la paix et le bonheur dans leur piété. Alors que commençait la pièce, relatant certains mythes relatifs à Shiun, un joueur de mandoline, d'une trentaine d'année, contait aux enfants une version édulcorée de l'établissement de Kumo. Il y était question des actes héroïques du Daimyo, élu des Dieux, protégeant l'oracle et établissant le village avec ses guerriers de lumière, les soldats formant l'armée régulière et les shinobis. Quid des innocents, massacrés pour leur manque de foi ?
Mû – Où est le sang versé ? Les blessures, les larmes, les fils qui ne reviennent jamais, chantonna-t-il en triturant les poils de sa barbe de trois jours, d'un ton désintéréssé et neutre qui contrastait d'avec la lourdeur et la passion dans ses propos.
Le barde se retourna vers le jeune homme, et, le fixant, joua avec chaque corde, une à une, produisant ce son souvent utilisé pour emphaser les répliques cinglantes.
??? - Les enfants, voici un guerrier de lumière, un protecteur du village. Messire shinobi, nous feriez-vous l'honneur de vous joindre à nous ?
Mû – Oui, enfin, vous savez...
Enfant – Wouah, vous êtes grand monsieur !
Se retournant vers le public du barde, le jeune homme vit la joie, teintée de curiosité et d'admiration dans les yeux des bambins. Celui qui venait de s'exclamer affichait un sourire chaleureux, à vous faire fondre le plus glacial des coeurs ; et contagieux avec ça. La volonté de montrer la vérité, de faire voir la cruauté dérrière toute cette croisade sainte s'évanouit en un instant, et Mû ne put s'empêcher de se laisser gagner par cette gaieté mièvre que transmettent souvent les enfants.
Mû – Et oui ! Mais ce n'est rien, comparé aux ogres et aux démons qui traînent dans les grottes. Ceux-là même qui mangent les enfants qui n'écoutent pas leurs parents...
Dernière édition par Mû le Ven 28 Déc - 1:13, édité 1 fois |
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| Sujet: Re: [Mission rang D] Une offrande Ven 28 Déc - 1:11 | |
| Il s'était laissé prendre au jeu, et avec l'aide du barde, avait conté à ses enfants les histoires des dangereuses créatures, que les ninjas ont pour devoir d'exterminer. Lorsque le dernier des chérubins fut parti, rappelé par ses parents, le joueur de mandoline empoigna la théière qui se trouvait au pied de sa chaise, et remplit une première coupole.
??? - Saké ?
Mû – Pourquoi pas ?
Le musicien versa donc le contenu de la théière dans une seconde coupole, qu'il tendit à Mû.
Mû – Je croyais qu'on ne pouvait pas boire dans le temple, dit-il d'un ton amusé.
??? - Ce que les moines ne savent pas ne peut pas leur faire de mal. Et puis, je doute que Shiun me foudroie pour avoir savouré un bon saké sous son toît.
Le ninja porta le liquide à ses lèvres, et malgré la force de l'alcool qui lui tira tout de même une petite grimace, il apprécia la saveur qui se répendait sur ses papilles. Il se détendit, s'affalant sur sa chaise, les yeux rivés sur le dernier acte de la pièce.
??? - C'était une jolie rime, tout à l'heure.
Mû se retourna, offrant au trentennaire son regard le plus interrogateur.
??? - "Où est le sang versé, les blessures, les larmes, les fils qui ne reviennent jamais." Même si le contexte ne s'y prêtait pas, ce n'était pas si mal, pour un non-initié.
Le jeune homme bût une nouvelle lampée avant de répondre.
Mû – J'ai lu quelques recueils de poésie auparavant. Et je trouve mon petit couplet tout à fait à propos.
Cette dernière phrase était sortie plus aggressivement qu'il ne l'avait conçue dans son esprit ; mais il s'en fichait. Après tout, que savait un musicien de la réalité du conflit ? Avait-il eu, lui, à tuer des gens pour en sauver d'autre ?
??? - Je ne voulais pas vous vexer, dit-il avec sagacité. Mais dans ce cas, pourquoi ne pas l'avoir continué ? Etiez-vous à court d'inspiration ?
Mû – Non ! Je...
Il était effectivement à court d'inspiration, mais dans ses justifications. Son esprit était embrouillé, et il préferait croire que le saké l'empechait de raisonner, plutôt que d'admettre qu'il n'avait pas vraiment d'arguments.
??? - Vous croyez que je ne suis qu'un ignorant qui parle de ce qu'il ne sait pas, n'est-ce pas ?
Le regard surpris de Mû et son absence de réponse répondirent affirmativement à cette question.
??? - C'est vrai. Je n'ai pas à accomplir vos missions secrètes. Je ne tue pas, mais je sais que vous aurez à le faire, tôt ou tard. Une guerre sainte reste une guerre.
Mû – Vaut-elle vraiment le coup ?
Trop tard, la question lui avait échappé. Il scruta les alentours, à la recherche d'une réaction, mais personne ne semblait avoir entendu ses propos déplacés. Se retournant vers le barde, il eût un petit haut-le-coeur lorsqu'il vit la lumière se refléter sur la plaque de métal, marquée du signe de Kumo, qui dépassait du kimono du musicien. Celui-ci eût un sourire moqueur à l'expression de Mû.
??? - Vous ne croyez pas en ces dieux, n'est-ce pas ?
La situation était dangereuse. Mû ne savait pas où en voulait venir cet homme ; mais comme le dit le proverbe, in vino veritas, et l'alcool agissait comme un sérum de vérité. Après tout, qu'avait-il à perdre ? Il ne sentait pas d'aggressivité, ni de menace dans la question du joueur de mandoline. Il ne voyait pas de raison de mentir.
Mû – Non, répondit-il simplement.
??? - Shinobi... Ce n'est pas une voie facile, surtout lorsqu'on choisit de rester humain malgré cette condition.
L'homme, avatar du mystère, s'arrêta sur ce dernier mot, bût une gorgée et laissa échapper un rot sonore, ce qui ne manqua pas de lui attirer les foudres d'un bonze passant à côté d'eux.
??? - La foi n'est pas indispensable dans nôtre exercice ; mais elle peut aider, et même aider grandement. Savoir pourquoi nous combattons, c'est ce qui nous permet de passer au-dessus de tout finalement.
Mû repensa à sa famille. Au final, devenir shinobi, c'était pour eux qu'il l'avait fait. Il se souvenait de pourquoi il était parti, et qu'à l'époque, il s'était résolu à faire tout ce qui était en son pouvoir pour retrouver sa mère.
??? - Nous tuons, nous volons, nous pillons. Nous restons dans l'ombre et usons de la trahison. La seule chose qui nous différencie des criminels de bas étage, c'est nôtre conscience. Nous sommes les méchants, mais nous le sommes pour une bonne raison, dit-il placidement.
Ses mots raisonnèrent comme un écho dans la tête du jeune homme. "Une bonne raison". Il ne savait pas si utiliser Kumo pour l'accomplissement de son but était une bonne raison, mais c'était au moins une raison. Cela ne justifiait pas ses actes et exactions, mais elles avaient au moins un sens. Un petit silence, de ceux qui suivent une révélation, s'était installé. Ils se levèrent et applaudirent, singeant les autres spectateurs.
Mû – Vous parlez de vols et de pillages, moi tout ce que j'ai fait c'est couper du bois.
Les deux hommes se regardèrent dans les yeux pendant un bref moment... puis éclatèrent d'un rire sincère et partagé. Lorsque le moine l'appella, Mû ne traîna pas et se faufila entre les pélèrins et les spectateurs qui sortaient du temple et allaient féliciter les comédiens.
Moine – Merci encore mon garçon, lui dit-il en lui tendant une petite bourse en cuir.
Mû – De rien, c'est mon job, répondit-il, les deux mains dérrière la tête.
Il tendit sa main, et attrapa l'escarcelle. Le moine finit, difficilement, par relacher son emprise, et laissa le jeune homme seul. Se dirigeant vers la sortie, il s'arrêta devant une urne, pendant quelques secondes, puis sortit une pièce du petit sac en cuir, et la laissa tomber dans ce réceptacle à offrandes. Il vit un croyant, s'agenouiller et réciter une prière à voix basse ; mais cette fois-ci, il n'avait pas ce regard hautain, cette condescendence qu'il éprouvait lorsqu'il observait ces naïfs qui espéraient des miracles provenants de dieux inventés. Il avait compris : ce n'est pas une question de faits, mais une question de foi. |
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| Sujet: Re: [Mission rang D] Une offrande Ven 4 Jan - 13:12 | |
| Mû : +21XP - +10XP et +25£ (mission de rang D - réussite) [Le gain en réputation et en prestige ne sont plus d'actualité pour l'instant.] |
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| Sujet: Re: [Mission rang D] Une offrande | |
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