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 [Mission de rang D] En cadence !

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Senritsu Isatsu

Senritsu Isatsu


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MessageSujet: [Mission de rang D] En cadence !    [Mission de rang D] En cadence !  EmptyDim 21 Nov - 20:09

Chapitre 2 : Grandir
Intermède : Mission de rang D - En cadence !

Spoiler:




Mon Dieu... dans quoi me suis-je fourrée ?

[Chorégraphe] - Allez, en cadence ! Une deux trois quatre, une deux trois quatre... Hé, la licorne là bas, c'est n'importe quoi ! On dirait un thon qui bondit de la rivière ! Je veux de la grâce, tu comprends, de la grâaaaaaace !

C'est à moi qu'il parle ? ELle va voir la grâce de mon poing dans sa figure, madame Pas de Dance à la con !

[Sunn] - Arrête, on est en mission je te rappelle. Etsuthon, mmmfffff...

Rectification : j'ai deux personnes à tuer, là maintenant tout de suite...

[Etsuko] - Oh toi ça va !

Mais pourquoi a-t-il fallu que je tombe sur cette mission ? Y en avait un tas d'autres, bien plus banales, nan, il a fallu que je choisisse celle dans laquelle j'allais m'humilier devant des centaines de personnes... Et cet abruti, il a fallu qu'il prenne la même mission que moi, bien entendu !


*** Plus tôt dans la matinée ***


Et pourtant, la matinée m'avait l'air prometteuse, ensoleillée, chaude pour un printemps normalement frisquet. On dit que l'homme est une créature d'habitudes, et je ne pouvais que confirmer cette théorie. J'avais décidé de justifier mon rang de shinobi en allant chercher une mission de rang D, après être passée chercher mon Bentô dans ce magnifique restaurant de la place marchande, et avoir mangé quelques pains de sucre dans la boulangerie du coin de la rue, une tasse de thé à la main. Je commençais enfin à ne plus me perdre dans les ruelles du village des nuages, aussi découvris-je que j'habitais presque à deux pas de l'Académie. Je n'osai m'imaginer le nombre de kilomètres excédentaires parcourus depuis ces quelques semaines passées dans cet endroit qui n'avait de village que le nom. Qu'il soit sinueux, escarpé certes, tournicoté, à plusieurs étages, mais immense quand même. L'illusion se rompt quelque peu lorsqu'on finit par trouver au bout de maintes tentatives la bonne ruelle qui embouche sur la bonne place qui donne un accès direct à ce que vous cherchez. Arrivée au tableau des missions de rang inférieur, j'entamme une lecture rapide de ce qu'on nous offre pour la journée. Atteindre tôt le précieux panneau a l'immense avantage de vous laisser libre choix à la mission que vous voulez réaliser. Il faut savoir également jouer de discrétion, car les missions urgentes de rang D sont données par les bureaux qui gèrent également les ordres de plus haute importance. Il s'agit donc d'attraper rapidement le bon papier, se faufiler ensuite jusqu'à l'office des validations, recevoir le coup de tampon, tout en ne se faisait pas repérer par les pimbêches procédurières qui affectent les missions comme on vend un poisson à la criée. Devant le panneau, comme je vous disais donc, j'avais encore l'embarras du choix. Pour l'heure matinale, nous étions déjà deux trois shinobis à détailler les papiers qui nous enverraient à l'aventure. Récupérer un chat perdu, aider en cuisine, j'avais déjà donné, il me fallait du créatif, quelque chose qui bouge mais qui demande aussi de la réflexion. Rien de bien alléchant jusqu'à présent, à moins que...

Citation :
Mission de rang D

Intitulé : Premiers pas dans le monde de l'Art

Descriptif : La magnifique troupe Shirouto a besoin de vous ! Nous sommes à la recherche de deux shinobis talentueux, vifs et créatifs, afin d'aider notre metteur en scène à préparer la spectacle qui aura lieu demain soir devant le Grand Temple de Kumo, à l'occasion de la fête du printemps. Si vous correspondez au profil, n'hésitez pas, nous vous attendons le plus tôt possible !

Akiko, assistante du génialissime Buntaro Benkei, metteur en scène de la troupe Shirouto

En voilà, un ordre de mission qui vend du rêve ! Je me voyais déjà agencer la scène, diriger les acteurs, trouver la dernière ligne de l'acte dramatique où le héros meurt pour sauver l'héroïne, ahlalala, le bonheur... Et être payée pour ça en plus, le pied ! Ni une ni deux, j'arrachai la feuille... au même moment qu'un autre inconnu. Il y a parfois des situations vraiment stupides, comme celles que je vivais à l'instant. Se retrouver nez à nez avec un autre shinobi, et tenir un morceau de papier comme s'il s'agissait des dernières créations du marché de la mode, sans en démordre, ça a le mérite de vous donner une bouffée d'adrénaline, à défaut de vous faire passer pour quelqu'un d'adulte et de raisonnable.

[???] - Désolé ma chérie, mais c'est marqué "talentueux, vif et créatif" sur cet ordre de mission, c'est donc pour moi, tu comprends.

Chérie ???? Mais pour qui il se prend cet abruti ?

[Etsuko] - Nan mais tu vas te calmer mon bonhomme, ou la chérie elle va subitement faire découvrir une direction intéressante à la pointe de sa chaussure !

[???] - Haha, tu n'oserais pas, poulette... AOUCH !

Il l'avait mérité, et maintenant qu'il était à terre, direction l'office des validations de l'autre côté de la pièce... L'objectif était double : fuir la scène du crime, car il me semblait indéniable que j'avais commis un crime de testicule étant donné le bruit de mon coup dans son entrejambe, mais surtout s'enregistrer pour la mission avant qu'il se relève et ne la réclame à son tour.

[Pimbêche du bureau] - Il est noté sur mon carnet que cette mission recquiert deux shinobis à plein temps pour aujourd'hui et demain. Il vous faut trouver un partenaire.

[???] - Vous avez le deuxième partenaire devant vous madame !

Comment avait-il fait pour se relever aussi vite ? Serait-il déjà... non... émasculé ? Il ne put s'empêcher de me montrer un sourire narquois en ajoutant dans un chuchottement répugnant.

[???] - Mes amis m'appellent "Balls of Steel", tu ne peux pas rivaliser ma chère.

Surnom que je supposais auto-octroyé, à la suite d'un nombre incommensurable d'attentats testiculaires de la part d'autres demoiselles qui ont voulu garder leur dignité en punissant comme il se doit un malotru de la pire espèce...

[Pimbêche du bureau] - Bon, je n'ai pas que ça à faire, votre nom monsieur.

[Sunn] - Sunn, Sunn Aelin, Genin de Kumo affecté à l'équipe 8

Et pour fêter sa victoire, il tourna les épaules vers moi tout en me tendant la main, solennellement, tout en ajoutant, après un coup d'oeil sur le registre de la dame :

[Sunn] - Enchanté de faire votre connaissance, mademoiselle Toshiya. Puisse cette mission nous être profitable sur tous les plans.

J'aperçus que finalement mon assaut lui avait laissé certaines séquelles, notamment cette petite larme qui coulait le long de son oeil droit, et ces traits tirés comme s'il luttait contre une douleur insupportable pour tenir debout. Voilà qui était bon à savoir. "Balls of steel", espèce de petit péteux, tu vas souffrir !

[Pimbêche] - Allez zou, du balai, au travail !

A ce moment précis, je sentis que j'allais subir une longue, trèèèèèès longue journée, parmi les plus longues de ma courte existence...


Dernière édition par Etsuko Toshiya le Mer 5 Jan - 3:58, édité 5 fois
Senritsu Isatsu

Senritsu Isatsu


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MessageSujet: Re: [Mission de rang D] En cadence !    [Mission de rang D] En cadence !  EmptyMar 23 Nov - 19:31

[Sunn] - Oh mais Toshiya, ce serait pas le clan d'assassins au Sud du village ? Je connais deux trois des membres de ta famille, tu sais. J'en connais du monde à Kumo, ouaaais.

[Etsuko] - ...

[Sunn] - Et sinon tu t'habilles toujours comme ça ? On dirait un garçon, avec ta cape toute défoncée. Et puis cette couleur verte, ça met pas tes yeux en valeur...

[Etsuko] - ...

[Sunn] - J'ai acheté ma veste en soldes à un marchand du quartier Est, j'ai fait une super affaire, c'est du bon tissu, elle me tiendra chaud des années, j'ai le sens du business, héhé.

[Etsuko] - ...

[Sunn] - Au fait ne t'inquiète pas pour la mission, ça va le faire, avec moi tu cours aucun danger. J'ai déjà accompli plusieurs missions de rang C tu sais ? Bon, deux c'est pas beaucoup, certes, mais ça fait plusieurs quand même, héhé !

[Etsuko] - ...

[Sunn] - Bon c'est sûr...

[Etsuko] - LA FEEEEERME !

Mon bras avait machinalement fait le chemin de son col jusqu'au mur le plus proche où je le plaquais, l'air furieuse. Il s'était laissé faire, avec un sourire jubilatoire qui décupla mon agacement. En cas de guerre, si j'étais membre de l'état major, j'enverrais une équipe de gens comme ça en territoire ennemi pour détruire l'adversaire en les saoulant de paroles inutiles. Même s'ils se faisaient attraper, ils n'auraient qu'à parler de leur vie totalement ennuyeuse et hop, le camp adverse se suiciderait aussitôt...

[Etsuko] - Ecoute moi bien. On doit faire cette mission ensemble, mais il n'est pas marqué dans l'ordre de mission que nous devons nous parler, faire ami ami, ou même s'apprécier. Et là, tu me gonfles, tu peux pas savoir. Alors tu arrêtes maintenant de parler de ta vie inintéressante et tu me lâches le grapin, compris ?

[Sunn] - Ola ola, ok ! Message reçu... Faut pas s'énerver pour si peu !

Si peu ? Ce cloporte représentait une arme de destruction massive à lui tout seul... Et ces ruelles qui n'en finissent pas... Au moins, j'étais sure d'aller dans la bonne direction, car Sunn s'était déjà rendu au Temple de Kumo, là où la représentation allait avoir lieu.

[Sunn] - Puisqu'on peut pas discuter, on va s'entraîner !

Et aussitôt, il décida de marcher sur les mains, sous le regard ahuri ou méprisant des passants qui comprenaient qu'il était avec moi... J'étais rouge comme une pivoine, de honte, d'énervement, à la pointe de l'envie de meurtre. Mais au moins, il ne parlait plus, c'était bon signe...

Autre bonne augure que celle de l'entrevue de notre arrivée. En effet, l'esplanade, située juste devant le grand temple, disposait de suffisamment d'espace pour une représentation de théâtre, largement. Je m'attardai sur le temple au fond, quelque peu cachée par les échaffaudages de la scène qui commençait à apparaître devant nous. Une merveille d'architecture, aux pierres blanches, agencées dans la plus pure tradition Kuméenne, gardée par des shinobis que je devinais peu amicaux. L'impression de toute puissance du village se résumait à elle seule dans cet édifice imposant, non par sa taille, mais par son harmonie et cette impression implacable qu'il suscite dès le premier coup d'oeil. Toutefois, je n'aurais pas le luxe de visiter cette merveille, car mon objectif, notre objectif, se situait quelques dizaines de mètres plus proche. D'ailleurs, nous n'aurions même pas à chercher notre interlocteur, c'est lui, ou plutôt elle, qui fonça sur nous à la manière d'un sprinter surentraîné.


[???] - Vous êtes nos deux recrues shinobis de dernière minute je présume ? Je m'appelle Akiko, assistante du grand Buntaro Benkei, de la troupe Shirouto.

[Etsuko] - Bonjour, Etsuk...

Mais je n'eus pas le temps de finir mon prénom que l'autre imbécile m'expulsa d'un coup d'épaule pour prendre la parole, tout en attrapant au vol la main de l'assistante...

[Sunn] - Bonjour bonjour ! Sunn Aelin, Genin de ce merveilleux village, et voici ma seconde, Etsuko.

[Akiko] - Euh hum... enchantée de même. Puisque les présentations sont faites, nous allons rejoindre Buntaro-sama dans la caravane sans tarder. Il y a encore beaucoup à faire avant la représentation de demain soir.

Nous rejoignîmes, au sprint également, la fameuse caravane. La petite porte de bois entrouverte nous mena à un gros monsieur joufflu, aux vêtements amples et dépareillés, affublé d'un bérêt trop grand pour lui qui tombait n'importe comment sur un visage grassouillet. L'assistante vint lui chuchoter quelque chose à l'oreille, puis il entreprit de se lever de son rocking chair pour nous saluer à l'extérieur. De toute évidence, il n'y avait de place que pour son gros postérieur dans la caravane.

[Buntaro] - Bonjour bonjour mes amis ! Voici de bien belles recroues pour notre spectacle de demain ! Oune belle demoiselle, et un vaillante jeune homme !

Une poignée de mains rapide, puis il referma la porte aussitôt, sans nous laisser le temps de nous présenter, ni de papoter pour connaître notre rôle dans la préparation de la pièce. Pendant ces quelques secondes d'absence, Akiko l'assistante avait eu le temps d'aller chercher deux pièces de tissu qu'elle nous lança à la va-vite.

[Akiko] - Alors pour Etsuko, le costume de la licorne, et pour Sunn, le joli soleiiiil !

Même Sunn ne sut quoi répondre en étendant cette sorte de drap jaune avec des pics cousus sur les hanches et les épaules. Mon costume n'avait pas plus fière allure... Une sorte de cheval mal fait, très mal fait, horriblement mal fait, avec une corne sur la tête...

[Etsuko] - Excusez moi Akiko-san, mais nous étions censés aider le metteur en scène, pas...

[Akiko] - Mais c'est exactement ce que vous faites, voyons ! Nos deux acteurs sont malades, il a fallu les remplacer au pied de la lettre. Vous êtes shinobis, donc agiles, jeunes et dynamiques ! Allez hop hop hop, je vais vous présenter à la chorégraphe !

Tandis qu'Akiko nous poussait par le dos pour contourner la caravane, j'observais Sunn qui essayait de deviner de quel côté il fallait enfiler cette chose jaune qu'il avait dans les mains. Il semblait plutôt heureux, son sourire un peu niais qui lui pendait au visage le faisait penser du moins.

[Sunn] - Un rôle solaire ! C'est sur, Bentaro-sama a dû comprendre tout de suite à qui il avait affaire. Après tout, je rayonne de charisme et de talent n'est-ce p... AOUCH, nan mais ça va pas ?

Une claque derrière la tête, y a que ça de vrai pour lutter contre la débilité profonde...
Derrière la caravane, l'emplacement des gradins accueillait pour le moment la troupe qui apparemment répétait une chorégraphie. On nous somma d'enfiler rapidement nos costumes, ce que je fis avec la plus grande hésitation, mais lorsque je remarquai qu'absolument tout le monde portait quelque chose d'horrible, je me dis que de toute façon, j'allais fondre dans le décor, et que je n'avais qu'à mieux lire les ordres de mission avant de les accepter. Bref, j'avalai ma fierté, et mon honneur pour ressembler à une peluche mal cousue, et je me faufilai dans la foule selon les ordres d'une chorégraphe qui ressemblait à une vilaine marâtre à la voix de crécelle. Dans un chaos d'expressions et de termes incompréhensibles pour moi, elle nous donna des instructions qu'évidemment, nous allions échouer, incapables de bouger convenablement, de toute façon, dans nos costumes de peluche.

Nous étions le matin, tôt, beaucoup trop tôt, et j'allais passer la journée habillée ainsi à enchaîner sauts de licorne et pas chassés tout en évitant de me tordre une cheville et en entendant les pouffements de rire insupportables assénés par mon imbécile de coéquipier. Que dire de la pièce en elle-même ? Il parait que certaines oeuvres d'art sont si belles à contempler mais si complexes qu'on les trouve moche parce qu'on est ignorants. La vue d'ensemble de cette... "chose' que nous réalisions en temps réel me donnait vraiment l'impression d'être la dernière des ignorantes. Amonceler des personnes aux costumes ridicules, leur donner des textes stupides à souhait, et saupouder le tout d'effets spéciaux dignes d'un spectacle de marionettes pour enfants de trois ans, et bien non, ça ne fait pas une pièce de théâtre... Le spectateur averti verra donc dans notre démarche artistique et esthétique développée une succession de personnages peu convaincants aux répliques ridicules, évoluant dans un scénario abracadabrantesque sans saveur ni cohérence. Une véritable jouissance d'une heure et demi, dans laquelle j'apparais trois fois dans un rôle primordial. La première pour faire apparaître le héros, où je hénis sauvagement mais d'une façon civilisé, selon les goûts du metteur en scène, la seconde où je suis là mais je ne comprends pas pourquoi et où je ne bouge pas ni ne dis quoi que ce soit, la dernière, horrible, dans laquelle je tue le méchant, oui, moi, pas le héros, et où mon cavalier arrive avec sa grosse dinde de princesse pour s'envoler dans les airs. Affligeant... Sunn n'était pas en reste, et j'y tenais d'ailleurs une revanche particulièrement savoureuse. Ligoté dans un amas de cordes qui le soutenaient en l'air, il restait là les trois quarts du spectacle à ne rien faire sinon bouger ses bras et jambes pour "montrer les rayons qui réchauffent le coeur du héros, voyons !". Bien fait pour lui, haha !

Alors que nous "travaillions" la scène finale, dans laquelle je tuais donc le méchant grace à ma corne dorée puis portais les deux gros tas pour les emmener loin, monsieur le metteur en scène décida de montrer sa face rubiconde, et d'un oeil furieux, nous interrompit d'un coup :


[Buntaro] - Non non non ! Ca né va pas dou tout ! Je veux de la loumière, des effets speciaaaales. Toi, la licorne ! Tou devrais cracher de la loumière comme ça, sbaaaaaam, sur la scène, et tou toues le méchant, et hop, le héros arrive, il monte sour toi, et la princesse aussi, et tou t'envoles !

[Etsuko] - Euh, Buntaro-san, je ne suis pas capable de....

[Buntaro] - Tatatata ! Tou es shinoubi n'est-ce pas ? Alors tou me trouves un moyen ! Sinon pas de salaire à la fin, c'est bueno compris ?

Sincèrement, je ne sus pas, et je ne saurai jamais, pourquoi je n'ai pas envoyé mon costume de licorne dans la tête de cet abruti avant de partir et de les laisser se débrouiller avec leur pièce à la noix et leurs acteurs ridicules déguisés en peluches de cirque.

[Sunn] - Chouette chouette, tu vas t'envoler, c'est la classe ! En fait c'est toi qui as eu le super rôle. Moi je reste en l'air avec un treuil du début à la fin...

J'allais de nouveau lui balancer un low-kick dans les roubignoles, mais à vrai dire, j'oscillais à l'instant même entre le désespoir et le laisser aller, aussi je n'eus même plus la force de m'énerver sur lui. Nous attendîmes la fin des répétitions, à la tombée de la nuit, pour se réunir, de nouveau habillés normalement.

[Etsuko] - Pour l'envol, ça devrait le faire. Avec des cordes, comme toi, on peut gérer ça. Mais la ligne de lumière... je vois pas du tout.

Apparemment, Sunn m'avait l'air concerné aussi. Il avait décidé d'arrêter les blagues débiles, et de se consacrer à la recherche d'une solution potable. Nous n'avions aucune connaissance en chimie ou en effets spéciaux, aussi, il fallait compter sur ce que nous savions faire, ce qui signifiait :

[Sunn] - De quels jutsus disposes-tu pour le moment ?

[Etsuko] - Mmm, je suis d'affinité Raiton, et j'ai appris quelques jutsus déjà, mais rien qui ne ressemble à ça.

Une autre impasse, à moins que la solution ne vienne, comme une récompense pour l'avoir supporté, de celui qui m'avait fait vivre un cauchemard aujourd'hui :

[Sunn] - Oui, mais il se peut qu'une technique y ressemble, et nous avons tout la nuit pour que tu l'apprennes ! La représentation a lieu demain après midi, ne perdons pas de temps !

Après tout, il n'avait pas tort, autant essayer de cette manière, ça valait le coup de tenter. Je n'avais sincèrement pas envie d'avoir passé la journée déguisée en licorne tout ça pour que le gros tas ne nous valide pas nos services rendus et que nous ayions des comptes à rendre à l'Académie. Toutefois, je n'avais aucun moyen de rencontrer Gekko là tout de suite. La seule solution, vu l'heure tardive, était de tenter la bibliothèque pour y trouver un répertoire et y dénicher un jutsu semblable à ce que nous devions accomplir comme effet spécial... Direction, la bibliothèque !



Senritsu Isatsu

Senritsu Isatsu


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MessageSujet: Re: [Mission de rang D] En cadence !    [Mission de rang D] En cadence !  EmptyDim 5 Déc - 17:12

*** A la bibliothèque... ***

Nos pas feutrés par l'épaisseur du tapis rouge nous permirent de presser la cadence. En tout et pour tout, une heure nous restait pour trouver dans l'immensité de ces lieux l'ultime but de notre convoitise. Mais le problème était double : que chercher, avant de savoir comment ? Une fois rentrés dans le hall, je me rendis compte que je n'avais jamais pénétré dans ces lieux, et que j'avais eu bien tord. Il y régnait une atmosphère totalement différente de celles que j'avais pu traverser dans mon périple au village des nuages. Un monde de silence, de calme, presque religieux, où la seule maxime est celle du savoir, le seul maître, le Grand Dieu Livre. Celui qui recèle le mystère primordial de la connaissance, garde enfoui en son sein les trésors les plus inestimables de l'humanité, qui guérit l'homme tout comme il l'achève, le mal et le remède à la fois, l'outil de mort et de vie, la sève essentielle, et le poison fatal. Mon envolée lyrique s'ornait d'une parure de boiseries anciennes, jouets d'un jeu de clair obscur subtil auquel s'adonnaient les grandes vitres élancées, et les rideaux poussiéreux à demi fermés. Mi serre, mi chateau, le palais du papier s'étendait devant mes yeux ébahis par un tel spectacle. Comment avais-je osé courir en de tels lieux, quel prophane pourrait se le permettre ? Je stoppai ma course, tout comme celle de Sunn, et sans qu'il n'ait le temps de répliquer, je lui plaçai mon doigt tendu sur les lèvres, et chuchottai doucement :

[Etsuko] - Marchons, ce sera mieux.

Il acquiesça sans bruit, et nous reprîmes à une allure plus allègre. Je me sentais mal et bien à la fois, sur ce bateau livre qui tanguait sur l'espace immense de mes cinq sens. Je caressais les livres des yeux, avant de les frôler du doigt, puis, un peu grogy, j'allais de l'avant, le doigt se faisait paume, puis main, dans un même élan. Au delà de cette trinité, l'oreille se délectait alors de ces crissements sourds, semblables au bruit du pain qui gonfle dans le four, craquelant de tout son long sous sa propre force extensive. Puis, enfin, le goût inoubliable de l'air imprégné de cire et de la poussière mêlées, qui vous rentrent dans la bouche pour ne plus vous quitter de la journée. Nous arrivâmes au bureau de l'accueil, où une jolie dame d'une quarantaine d'années, aux grosses lunettes et au sourire rouge carmin nous accueilla en chuchotant :

[Bibliothécaire] - Que puis-je pour vous mes enfants ?

Le ton de sa voix me fit penser à celui de Dame Tezuka. Cet air mielleux, guilleret, plein de pédagogie et de savoir faire pour laisser son interlocuteur à l'aise. En plus, elle sentait bon, comme si elle avait passé tellement de temps en ces lieux que sa peau elle-même s'était imprégnée des effluves mystiques de la cire et des pages millénaires. Je regardai Sunn, d'un air sévère, pour éviter qu'il ne me coupe la parole, puis je pris la parole :

[Etsuko] - Bonjour madame, nous sommes à la recherche d'un manuel d'art shinobi spécialisé dans la maîtrise de la foudre. Vous serait-il possible de nous aider à le trouver au plus tôt ?

Les sourcils de mon interlocutrice se renfrognèrent, et un petit rictus de désappointement apparut soudain.

[Bibliothécaire] - Il est tard demoiselle. Je suis occupée et la bibliothèque ferme dans trois quarts d'heure. Repassez demain, voulez-vous ?

Sunn l'interrompit aussitôt :

[Sunn] - Vous ne comprennez pas madame. Nous avons vraiment besoin de ce livre ce soir...

S'ensuit une explication abracadabrantesque de cinq minutes résumant notre journée, nos efforts, et notre désarroi, dans une tonalité d'un lyrisme époustouflant. Sans aucun doute, Sunn était l'un des meilleurs menteurs embobineurs que j'avais eu l'occasion de voir à l'oeuvre. Néanmoins, cela semblait efficace : la bibliothécaire craqua au bout de quelques secondes d'un regard implorant, et nous somma de la suivre. Nous entrâmes dans le dédale de livres pour n'en ressortir qu'une bonne dizaine de minutes plus tard, en possession d'un exemplaire de notre recueil salvateur.

[Bibliothécaire] - Ce livre n'est pas empruntable cependant. Je dois donc le récupérer dans une demi heure. Dépêchez vous d'y trouver votre bonheur.

A mesure que ses talons s'éloignaient de la table que nous avions pris d'assaut pour ouvrir le manuscrit, nous tournions les pages à une vitesse de plus en plus effarante. Par chance le livre nous donnait des mouvements et des illustrations de l'effet attendu, si bien que nous n'avions pas à lire les descriptions des techniques pour comprendre qu'elles n'étaient pas adaptées à ce que nous voulions faire. Dix minutes, et toujours rien, on avait vu absolument tou, de la colonne de foudre au zig zag serpentant, mais toujours pas de fente de lumière comme nous le souhaitions. Vingt minutes, et Sunn se tortillait sur sa chaise passant parfois des pages en oubliant de les lire... Nous n'avions presque plus de temps, et les talons de la bibliothécaire résonnèrent de nouveau à une trentaine de mètres de nous. C'était fini, nous n'y arriverions pas...

[Sunn] - Eureka !

Il pointa son doigt sur une technique qui semblait correspondre aux volontés de monsieur le metteur en scène gras du bide :

[Etsuko] - Raiton Daishino – L'Éclair Fendu... Oui ça me parait pas mal. Vite, il faut lire les explications avant qu'elle arrive ! Mémorise bien... hé, qu'est ce que tu fais ?

[Sunn] - On a pas le temps, alors employons les grands moyens !

Et ni une ni deux, il arracha la page de la technique, avant de refermer le livre d'un grand geste et d'enfourner le papier dans sa poche. Un souffle de temps plus tard, nous revîmes la tête de la bilbliothécaire apparaître au coin d'une étagère de plans urbains du village caché.

[Bibliothécaire] - Il est l'heure les enfants. Vous pourrez toujours consulter le livre demain, si jamais il vous manque des informations.

[Etsuko] - Oh ce ne sera pas nécessaire, nous avons tout ce qu'il nous faut.

Je ponctuai ma réponse d'un grand sourire, puis nous commençâmes à nous diriger vers la sortie, après avoir remercié chaleureusement notre sauveuse. Par chance, elle ne remarqua rien. Arrivés sur les marches extérieures du bâtiment, je n'eus qu'une envie, que j'assouvis sur le champ.

[Sunn] - Aie ! Mais t'as fini de me prendre pour un mannequin d'entraînement ? Il y a un pti coeur qui bat sous cette montagne de muscle, madame l'aggressive !

[Etsuko] - Tu n'avais pas à arracher une page du livre ! C'est un manque de respect hallucinant, en plus d'avoir trahi la confiance de la bibliothécaire !

Je me sentais comme une pilleuse de tombe, une impie profanant un sanctuaire interdit, et qui en paierait tôt ou tard les conséquences.

[Sunn] - Je te signale que si je n'avais pas fait ça, adieu la mission, c'était même pas la peine de se pointer demain matin à la répétition générale. J'ai fait un choix, je ne le regrette pas, car il était mesuré et lucide. Et puis merde, être shinobi c'est aussi ça. Certains moyens sont moches, voire inacceptables, mais nous sommes formés pour réussir nos missions. Si tu n'es pas capable de comprendre ça, il va falloir grandir dans ta tête.

Il me tint le bout de papier que j'attrapai après quelques secondes d'un regard hébété vers lui. Je ne l'avais jamais vu s'énerver, et c'était pas joli à voir. Peut-être avait-il raison, la mission avant tout, et les précautions de politesse ensuite... Etait-ce ça être shinobi ? Grandir, ça voulait dire perdre ce respect et cette innocence qui fait que nous sommes bons ? Etre quelqu'un de bien, et shinobi à la fois, était-ce possible ?

[Sunn] - T'as rien à répondre ? Très bien, je vais me coucher. Bon apprentissage.

[Etsuko] - Attends !

J'hésitai encore avant de poursuivre, mais il avait raison. Il était temps de grandir.

[Etsuko] - Je vais avoir besoin de ton aide pour apprendre ce jutsu...

Il tourna les talons de nouveau, faisant apparaître à ma vue une mine resplendissante.

[Sunn] - Avec plaisir ! Allons chez moi !

J'avais comme l'affreuse sensation de m'être fait avoir...
Senritsu Isatsu

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MessageSujet: Re: [Mission de rang D] En cadence !    [Mission de rang D] En cadence !  EmptyMar 4 Jan - 22:02

Spoiler:


La lumière du soleil à travers les persiennes de bois vint chatouiller doucement mes paupières. J'ouvris doucement les yeux, encore engourdie par ce micro sommeil qui m'avait fatigué plus que reposé. Je gesticulai doucement, reprenant mes repères, les paumes sur le sol pour me relever d'un bond, mais une main se posa doucement sur mon épaule.

[Sunn] - Dors encore un peu, la répétition générale n'a lieu que dans une heure. il faut que tu te reposes.

Mes pupilles papillonnent vers la voix que je reconnais aussitôt. Les souvenirs morcelés de la veillée tardive reviennent en moi, se réunissent, et je retrouve alors le fil général de mes pensées. Une douleur me lance soudainement aux mains. Assise, je les regarde, bandées et pas jolies jolies à voir. J'ai bien trop forcé hier soir afin d'apprendre le jutsu que nous avions trouvé à la bibliothèque. Daishino, l'éclair fendu, un immense mât de foudre s'abattant tel un long fouet sur le sol, lui laissant une traînée noirâtre comme preuve de son passage. L'effet spécial que nous avions trouvé était parfait pour remplir les exigences du metteur en scène, mais son apprentissage s'était avéré bien plus compliqué que ce que nous pensions. Tout était plus facile quand Gecko m'expliquait le principe, dirigeait mon entraînement du regard, et que je comprennais presque instantanément mon erreur d'un simple coup d'oeil. Pour cette session, Sunn avait joué les coachs remplaçants, et ce n'était clairement pas une prédisposition chez lui. Mais il n'y pouvait pas grand chose. Il ne comprenait rien au maniement de la foudre, de l'utilisation de chakra comme appât, de cette relation si complexe, entre amour et haine, puissance et autodestruction. Sa spécialité c'était la médecine, et les encouragements. Malheureusement, énoncer de gentilles paroles n'aide pas à cerner la maîtrise d'une force qui nous dépasse. Je me rappelais maintenant plus précisemment de l'erreur qui avait conduit à ma blessure. Ce mât, que j'avais fait apparaître de mes paumes, mais que je n'avais su maîtriser, et qui dans une rage vengeresse, comme pour me punir de mon impudence, s'était retourné contre moi en un souffle de temps. C'était du superficiel, mais j'avais eu très peur, je ressentais encore la chair de poule à l'évocation simple de cet éclair qui retombait sur moi et m'avait frôlé de quelques centimètres. Toutefois, cette dernière tentative m'avait permis d'assimiler la façon d'appréhender l'éclair fendu. Quelques tentatives plus tard, j'étais enfin parvenu à créer quelque chose de convaincant.

Ce matin, en revanche, je ne savais pas si l'état de mes mains allait me permettre de réaliser la moindre prouesse Raitonesque. Je n'avais pourtant pas le choix : soit je réussissais, soit nous aurions quelques difficultés à calmer notre commanditaire...



[Sunn] - Et voilà du thé. Attention c'est chaud.

Il m'avait presque fait peur, accroupi aussi soudainement devant moi. Son sourire radieux illuminait son visage, comme si rien n'allait se passer, que tout était normal.

[Etsuko] - Comment fais-tu ?

Déjà de retour dans sa petite cuisine caché derrière un bar américain, il tourna la tête nonchalamment.

[Sunn] - Hein ? De ?

[Etsuko] - Pour rester si souriant

[Sunn] - Ah ! A quoi cela nous avancerait si je tirais une tête d'enterrement ? Autant transmettre des ondes positives tu ne crois pas ?

Un demi sourire apparut malgré moi sur mon visage, alors que je regardais la coupelle de thé, que j'attrapais du bout des doigts pour éviter mes paumes brûlées.

[Etsuko] - Si. Tu as certainement raison...

Décidemment, sa bonne humeur m'était contagieuse. Pendant qu'il partit sous la douche, j'en profitai pour me lever, et gambader dans l'appartement que je n'avais qu'aperçu dans la pénombre de la nuit. Je me dirigeai vers le cordon de la fenêtre afin d'éclairer les lieux d'une façon naturelle. Je fus surprise par la simplicité, mais aussi le bon goût de mon hôte. Je m'attendais à un appartement bordélique, pas forcément très propre, digne d'un garçon en somme. A la place s'offrait à moi un espace épuré, rutilant, décoré sobrement de quelques posters et de plantes vertes. J'allai les observer. Glissant les longues feuilles vertes entre mes doigts, je pus constater que Sunn en prenait visiblement soin. Mon nez me fit tourner les talons vers la poêle, dans laquelle quelques raviolis de légumes bouillaient dans un mélange d'eau, d'huile et de soja. Un panneau coulissant sur le côté menait à sa chambre, que je n'eus pas le temps d'explorer car il était déjà de retour. Je reçus aussitôt une serviette en pleine figure.

[Sunn] - A ton tour, princesse !

Il fallait vraiment qu'il arrête avec les surnoms miteux...


*******


Répétition générale. Tout se passe relativement bien. J'ai plus ou moins compris les essentiels de mon rôle de licorne-magique-du-gentil-prince-qui-va-tuer-le-méchant-à-sa-place-parce-que-c'est-qu'une-grosse-tarlouze-finalement. Arrive la scène finale que j'esquive merveilleusement, prétextant qu'on ne pouvait pas reproduire l'effet spécial plus d'une fois, mais qu'il était prêt à être utilisé. La première assertion était vraie. La seconde, je ne savais pas trop quoi en penser encore. Mes mains me faisaient moins mal. J'arriverais sans peine à composer les taôs. Je craignais plus pour la maîtrise de l'éclair une fois crée. Je n'avais pas le droit à l'erreur. Trop long, et il se répandait sur les spectateurs. Trop instable et il toucherait les acteurs. Trop court et il ferait un flop monumental.

Je regardais défiler les aiguilles sur le cadran de l'horloge installé sur la caravane du metteur en scène avec une appréhension folle. Assise dans les coulisses, à quelques minutes de la représentation, habillée dans mon costume, je n'avais plus qu'à prier pour que tout se passe bien. Sunn me rejoignit dans la loge des acteurs.


[Sunn] - Alors, tu es prête ?

[Etsuko] - Je ne sais pas... De toute façon, c'est trop tard pour faire mieux, alors autant en sourire, et envoyer des ondes positives, c'est ça ?

Pour la première fois, nos sourires se croisèrent. Je n'arrivai pas à le tenir plus de quelques secondes avant que mes joues rosissent et que la maquilleuse arrive en panique pour réparer la coloration disgracieuse ! Définitivement, ils étaient tous complètement barrés dans cette troupe.

[Etsuko] - Non madame, ça va aller, de toute façon j'ai une tête de licorne ! On verra pas mes joues, oui, je suis sure, merci !

Sunn m'attrapa alors par la main, m'extirpant de ma rubicondicité impromptue qui me fait même dire des néologismes lorsque je raconte de nouveau cette mission...

[Sunn] - Viens voir ça, ça va te motiver !

Il me tira jusqu'au grand rideau qui nous séparait du public qui arrivait peu à peu. Je ne savais pas que les festivités du Printemps seraient aussi populaires à Kumo No Kuni. Je me retrouvai nez à nez avec une foule immense de Kuméens dont le nombre augmentait encore... J'eus l'impression qu'une boule, non, qu'un énoooorme boulet de plusieurs tonnes tombait dans mon estomac.

[Etsuko] - Euh... merci Sunn, c'est très... motivant...

Dans quoi m'étais-je fourrée, bon dieu ? A quoi allais-je ressembler si je loupais ce foutu jutsu que j'ai mis tant de mal à apprendre la veille ? Ce foutu jutsu qui me valait des paumes à la mode carbonisées et une page arrachée dans un livre de la bilbiothèque du village...

Le temps des réflexions, de toute façon, était révolu. La première scène commençait dès maintenant. J'allais chercher mon masque de licorne, et me tins prête pour mes trois premières apparitions. Celles là, je ne m'en souciais absolument pas. Cachée par mon drap blanc et mon masque, je n'avais qu'à marcher droit devant moi, le gentil prince obèse sur mes épaules et à m'en aller de la scène, ou bien rester sur place et attendre que ça se passe. Je ne voyais meme pas vraiment les spectateurs, aveuglée par le masque trop grand pour moi dont les trous pour les yeux arrivaient au niveau de mon front. Par contre, j'avais une vue sublime sur Sunn, dans son rôle de soleil endormi en haut du rideau rouge, qui gesticulait de temps en temps pour montrer qu'il est là, mais dont les spectateurs se souciaient autant qu'un moucheron sur une vitrine. Le temps passait, passait, je m'endormais, tout comme les pauvres Kuméens, qui s'étaient traînés pour un spectacle aussi navrant. Si nous ne recevions pas des tomates pourries avant la fin de la pièce, nous pouvions considérer que c'est un franc succès, sincèrement. Puis enfin, vint la dernière scène, qui se déroula à peu près de la manière suivante :



[Le méchant] - Ahahah, tu ne reverras jamais la princesse, prince Tekashi !

[Le gentil prince Tekashi qui pèse trois tonnes sur mes épaules] - Non ! Princesse Shibusa, je vais vous sauver ! Vile pourriture, l'heure de ta défaite a sonné !

Spling / Cling / Clang / Pong / AAAAAAAAH !

Alors là, c'est le moment où le gentil prince se fait transperser par le méchant, dans un soubresaut scénaristique absolument extraordinaire d'un point de vue post lyrique narcissique. Mais heureusement, sortie de nulle part, vraiment de nulle part, une gentille fée vient sauver le prince et donner des super pouvoirs à moi, la licorne légume qui poireaute depuis une heure et demi que ça se termine.


[La Gentille Fée dont on sait pas pourquoi elle est là mais elle est là quand même] - Prince Tekashi, vous voici guéri. Toi, créature de la forêt à la corne magique, aide ton cavalier et pourfend la vilainie !

Nous en étions au moment fatidique, celui où je devais remplir mon rôle. A partir du moment où la fée était apparue, je malaxais déjà une dose suffisante de chakra et la faisais venir tranquillement dans mes mains, qui composaient les taôs sans précipitation. Mes bras sortirent par une fente dans le drap qui se situait au dessous du masque, puis je lançai le jutsu, espérant avoir assimilé les différentes phases de sa conception.

[Moi, en licorne magique] - Huuuuuuuue !

Je joue bien la licorne n'est-ce pas ? Un mince trait de lumière partit de la paume de mes mains tendues au ciel. La douleur me lançait mais elle était supportable, voilà une nouvelle réconfortante. Le trait s'épassit peu à peu, formant une colonne de filins électriques, que je déversai en ligne droite grâce à une ligne de chakra nourrissante posée au même moment dans le mouvement de mes mains. Enfin, contrôler la direction, faire atterir l'éclair juste devant le méchant, sans le toucher... Loupé ! Le jet était un peu trop long, et l'acteur apeuré se prit une jolie décharge qui l'expulsa au sol à un demi mètre. Il n'avait pas l'air en état de choc. Après tout, je n'y avais mis qu'une force minuscule, et même si la foudre l'avait touché, il n'aurait qu'un peu de mal à se lever. Or, il n'en avait pas besoin puisque j'étais censé l'avoir tué. Tout semblait parfait donc. La scène se finit bien, les acteurs terminant leurs apparitions jusqu'à la dernière ligne. Le rideau se ferma sur ma prestation extraordinaire, ou pas, qui nous valut la colère du méchant, mais les compliments du metteur en scène, jusqu'à en oublier que le reste de la pièce était une catastrophe du début à la fin et que les spectateurs nous huaient plus ou moins depuis les bancs... Je préférai oublier la suite. Notre grand metteu en scène vint nous féliciter, enfin non, vint se féliciter lui même pour son travail d'avant-garde digne d'un artiste révolutionnaire. Sans tarder, attrapant Sunn par les épaulettes de son sublime costume, qui lui semblait vouloir profiter de la petite fête organisée en l'honneur de notre "réussite", nous nous esquivâmes vers les ruelles brumeuses d'une après midi au soleil descendant. Quelques embranchements plus tard, ce fut le tour de nous séparer mon partenaire de fortune, ou d'infortune plutôt. Je ne sus trop quoi dire, aussi je le regardai simplement, attendant une réaction de sa part, qui ne tardrait pas. J'eus raison : bras derrière la tête, le sourire en coin, il m'apostropha :

[Sunn] - Ah, en voila une jolie journée qui se termine ! Comment vont tes mains au fait ?

Je ne m'en étais pas souciée depuis quelques temps. C'était signe que tout allait mieux. La douleur lançante était devenue lascinante, il ne faudrait attendre que quelques jours avant que ne subsiste plus qu'une petite marque, et plus rien la semaine suivante.

[Etsuko] - Ca pourrait aller mieux, mais pas de soucis à se faire je pense.

[Sunn] - Tant mieux. Laisse moi les regarder...

Il attrapa mes deux poignets et les tournai au ciel. A la manière d'un docteur, il feignit de les osculter, comme pour vérifier que tout allait bien. Puis il remonta lentement son visage à ma hauteur, un grand, et doux, sourire aux lèvres.

[Sunn] - Oui décidément, une très bonne journée... Une mission accomplie, et une magnifique rencontre...

Je décrochai mes mains de leur perchoir d'un mouvement sec, et tournai les talons, la tête dans le col de ma cape, puis me mis à courir vers la rue opposée à celle de son chemin. Je ne le vis pas, mais je suis sure qu'il tendit la main en l'air, et j'entendis peu après la silhouette baignée d'un coucher de soleil qui luisait derrière lui :

[Sunn] - Au revoir Etsuko ! A la prochaine !

Je me contentai d'un bras dans les airs également pour répondre à ses salutations, sans me retourner. De toute façon, en cet instant, j'étais tout bonnement incapable de faire autre chose. Cet imbécile machin blond m'avait fait rougir, et trahir à la fois. Sokai, mon coeur est-il toujours le tien, toi qui n'es plus là ? Est-ce te blesser que de laisser l'étincelle d'une flamme l'embraser de nouveau ? Je me sentais encore trop faible pour songer à résoudre le dilemme, et d'un trait, j'évacuai l'image de mes pensées. J'y songerais plus tard, j'avais d'abord quelque chose à faire, de bien plus important.

Par chance, j'arrivai quelques minutes avant la fermeture de la bibliothèque. Deux jours de suite que dame chance m'avait donné un coup de pouce, il fallait que je songe à la remercier comme il se doit. Je retraversai le hall boisé avec un doux sentiment de déjà-vu. Arrivée à l'accueil je tombai nez à nez avec celle que j'étais venu voir.


[Bibliothécaire] - Ah, mais tu es la demoiselle d'hier, n'est-ce pas ?

J'acquiesçai la mine déconfite, le regard vers le bas. Je n'étais pas fière de la raison de ma venue, mais je savais que je ne me l'aurais pas pardonné si je n'étais pas venue.

[Bibliothécaire] - Tu as le don d'arriver à quelques minutes de la fermeture, dis-donc. Que puis-je faire pour toi, si ça ne prend pas trop de temps, je pourrai peut-être t'aider.

[Etsuko] - Je suis venue vous présenter mes excuses.

En même temps, je sortis la page déchirée de ma poche, et la posai sur le comptoir.

[Etsuko] - Nous étions hier en mission. L'apprentissage du jutsu sur cette feuille déchirée en conditionnait la réussite. Je n'étais pas d'accord pour âbimer le livre, mais j'ai laissé faire. Je viens donc vous présenter mes excuses et vous demander si je peux me racheter d'une quelconque manière.

La dame arqua un sourcil à la lueur de mes explications, et sa colère primaire s'abandonna peu à peu au profit d'un regard neutre, sans tonalité propre.

[Bibliothécaire] - Je te remercie pour ta franchise. Tôt ou tard, j'aurais découvert votre acte, et je pense que je n'aurais pas été aussi clémente que ce que je vais te proposer maintenant.

J'osai lever le regard vers la dame, la mine un peu plus rassurée qu'auparavant.

[Bibliothécaire] - Nous pouvons nous targuer au village des Nuages d'avoir parmi les meilleurs restaurateurs de livres anciens au monde. Votre méfait pourra être corrigé, la coupure est nette, et récente. Mais elle va demander du travail. Je veux donc que tu viennes pendant une semaine, à compter de demain matin huit heures tapantes, travailler pour le service de restauration, afin d'apprendre à réparer ton erreur. Cela te convient ?

[Etsuko] - Vraiment ? Avec plaisir madame !

Tu avais tord, Sunn. Dans la vie, on a toujours le choix, y compris celui de réparer des bêtises et de rester honnête, peu importe la tâche qui nous est confiée. A la fin de cette semaine, je pourrais considérer que ma mission serait réellement terminée. Lorsque toutes les traces que j'aurai laissées se seraient effacées, à la manière de ceux qui m'ont éduqués, à la manière d'un futur assassin.



*** FIN ***
Sho Nagoshi

Sho Nagoshi


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MessageSujet: Re: [Mission de rang D] En cadence !    [Mission de rang D] En cadence !  EmptyMer 5 Jan - 17:48

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    : Une mission amusante à lire, surtout à cause des chamailleries incessantes entre Etsuko et Sunn ^^ continue comme ça =)
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