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 Le début de la fin.

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Yachiru Susuka

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MessageSujet: Le début de la fin.   Le début de la fin. EmptyMer 28 Nov - 3:29


Le paysage s’ouvrait sur des kilomètres de plaine verdoyante sous un ciel clairsemé. Le panorama n’offrait aucun relief, même mineur, la plaine et seulement la plaine, voilà ce qui accrochait le regard des voyageurs de passage dans la région. Cette plaine interminable, les fermiers habitués à la parcourir été comme hiver l’avaient baptisée le lac de jade, car d’après une légende locale, elle dissimulait un gigantesque lac souterrain dont l’eau avait la couleur de cette pierre précieuse. Seuls vestiges de cette légende, pour peu qu’on la prit au sérieux, étaient les nombreux cours d’eau, rivières, ruisseaux, écoulements, qui serpentaient parmi les herbes sauvages sur un joyeux fond de clapotis. La seule route praticable dans tout cet environnement ressemblait à un sentier où une charrette rudimentaire aurait vite fait de s’y sentir à l’étroit. Elle sinuait de gué en gué, sans jamais perdre le nord de vue.

C’est par cette route qu’une caravane marchande s’incrusta durablement dans le paysage. Elle comptait une trentaine de membres au total, pour une demi-douzaine de charrettes brinquebalantes. Tout ce petit monde se déplaçait dans un méli-mélo d’éclats de rire, de musiques et de chansons, qui aurait pu s’entendre à des centaines de mètres à la ronde si seulement le relief ne leur avait pas opposé un vent de face peu amène de les laisser s’exprimer pleinement. Après s’être affranchi de trois passages à gué, la joyeuse troupe s’arrêta sur la rive sud du plus gros cours d’eau de la région. La rivière en question devait mesurer, au bas mot, une bonne soixantaine de mètres à son plus large pour une trentaine au plus court. Disposant leurs charrettes de manière à se prémunir un tant soit peu du vent, le plus gros de la troupe s’affaira à sortir silex et herbes sèches, casseroles et coffrets à vivres, à épices, en vue de régaler les ventres affamés. Le reste se divisa entre le déploiement des tentes de fortune et le nettoyage du linge sale en aval de la rivière, après plusieurs jours passés à ne plus pouvoir en supporter l’odeur infecte.

« Tu as entendu ? » S’étonna soudain Natsu Honori, une belle adolescente aux cheveux auburn, jusque là occupée à frotter vigoureusement, un à un, tous les vêtements sales de sa maisonnée à l‘aide du savon naturel qui ne la quittait jamais.

« Entendu quoi ? » Demanda Orihime Gamo, sa voisine, de deux ans son aînée, aux interminables cheveux noirs rigoureusement noués dans son dos.

Natsu Honori eut beau tendre l’oreille, le cri qu’elle avait cru entendre ne trouva le moindre écho susceptible de lui répondre. La première pensée qui lui vint à l’esprit était qu’elle avait probablement rêvé, la seconde, que le vent capricieux de la région lui avait sans doute joué un tour en se faufilant parmi les herbes, alors même que les commérages habituels se répandaient peu à peu tout autour et que la voix puissante de Yoshiteru couvrait sans mal celle pourtant plus mélodieuse de Takumi.

« Non rien. »

Une dizaine de minutes plus tard, et contre toute attente, c’est Suzune, sa petite sœur, qui accourait, haletante, en l’implorant de la suivre.

« Il faut que tu viennes voir ça grande sœur ! Je crois que j’ai trouvé une femme morte, là-bas, déclara-t-elle, affolée, en pointant son doigts en direction de l’ouest. Viens vite ! »

L’empressement de la si calme Suzune convainquit sa sœur de quitter son poste et de suivre le chemin tracé parmi les hautes herbes par son précédent passage. Ce qu’elle trouva au bout de ce chemin la laissa sans voix. Étendue au milieu d’un cercle d’herbe écrasée, le corps d’une femme vêtue d’un haut de kimono assorti à un pantalon grenat gisait sans vie. Un large chapeau de forme conique lui couvrait le visage. Malgré une épaule dénudée et une vue saisissante sur son nombril et la naissance de sa poitrine, le corps de la victime n’offrait aucune trace de lutte, pas une seule salissure qui aurait pu expliquer son malheur. Frappée qu’elle était par la cruauté de ce destin qui laissait des femmes mourir seules au milieu de nul part, Natsu Honori se jugea le courage d’en avoir le cœur net. D’abord, elle s’agenouilla en remontant les manches de son kimono. Ensuite, elle fit un nœud dans ses cheveux et releva sensiblement le couvre-chef de la malheureuse. Un menton si fin, des lèvres roses aguichantes si on faisait fi des gerçures qui en entaillaient la chair, la nature était réellement mal faite, songea Natsu avant de basculer sa tête sur le côté et de se pencher pour amener son oreille tout près de la bouche entrouverte qui s‘offrait à elle. Pas un souffle d’air, pas une goutte de chaleur, rien, cette femme était bel et bien morte.

« Pousse-toi de là, bredouilla soudain la morte. Tu m’fais de l’ombre. »

Natsu bascula si vivement en arrière qu’elle se retrouva les pieds en l’air. Le bas de la mâchoire de Suzune se trouvait quelque part aux limites de son cou, sous le poids de la stupéfaction. La morte était en vie.



Dernière édition par Chizuka Onô le Sam 8 Déc - 13:21, édité 2 fois
Yachiru Susuka

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MessageSujet: Re: Le début de la fin.   Le début de la fin. EmptyVen 30 Nov - 1:14


« M-mais… vous êtes en vie ! » S’exclama la petite inconnue qui la dévisageait d’un air ébahi. 

« T’es du genre perspicace toi, j’me trompe ? » Rouspéta Chizuka en s’étirant au point de faire craquer ses omoplates et ses bras engourdis. 

L’autre, celle qui avait eu le toupet de se pencher sur elle comme on se penche sur un vulgaire animal abandonné, se relevait avec hâte et attirait la petite dans ses bras. Chizuka ne chercha pas à comprendre pourquoi elle la regardait de cette manière là. On aurait dit qu’elle n’avait jamais vu de femme de sa vie. Ou plutôt qu’elle était face à quelque chose de très dangereux. Chizuka ne s’en formalisa pas. La cuite qu’elle avait prise la nuit passée avait plongé son cerveau dans une incroyable cacophonie. Parce qu’il n’aurait pas été judicieux de sa part de se mettre debout aussi rapidement après s’être réveillée, elle ôta d’abord son chapeau pour laisser le soleil inonder son visage.

« Quel jour on est ? » Demanda-t-elle en prenant le soin de garder ses yeux fermés pour ne pas se brûler les rétines au soleil. 

« Mardi, répondit la plus âgée, après une longue minute de silence. Est-ce que vous allez bien ? Ma sœur vous a trouvé là, allongée, nous pensions qu’il vous était arrivé malheur… que vous étiez m… »

« Morte ? Coupa Chizuka en relâchant la tension accumulée au cours de ses exercices d’étirements. Il est pas né celui qui m’tuera au milieu de nul part et abandonnera ma carcasse aux vautours ma p’tite. »

Se sentant mollassonne, mais en bien meilleure disposition après plusieurs minutes de bain de soleil, Chizuka s’aida de ses bras pour se mettre debout, et une fois ses appuis bien encrés dans le sol, se plaça dos au soleil pour ouvrir doucement ses yeux. Ce qu’elle vit lui fit aussitôt froncer les sourcils. A perte de vue, elle ne distinguait que de l’herbe et encore de l’herbe, partout. En usant de sa main droite comme d’une visière, elle pivota à 360° pour se rendre compte que son constat était le même où qu’elle porta son regard, à l’exception du panache de fumée grise qui remontait à quelques mètres de là et des silhouettes qu’elle croyait deviner tout autour. Elle eut beau farfouiller dans sa mémoire, Chizuka n’avait pas le moindre idée d’où elle se trouvait exactement et même de ce qu’il s’était passé pour qu’elle en soit arrivé là. La seule évidence, c’est qu’elle avait bu, bien bu.

« Où est-ce que t’a encore atterrit ma pauv’ fille ? » S‘interrogea-t-elle à voix haute.

« On est au lac de jade, dans le pays des Rivières », lui répondit la plus jeune des deux fouineuses qui s’étaient permises de la réveiller.

Chizuka eut beau menacer sa mémoire des pires atrocités, le trou était béant. Elle n’arrivait réellement plus à se souvenir comment elle avait atterri ici. Aux dernières nouvelles, c’est le pays de la Cascade qu’elle cherchait à rejoindre depuis qu’elle avait fui Konoha. Elle se souvenait vaguement être partie vers le sud, oui, pour marquer un genre de diversion parmi les forêts denses, mais comment s’était-elle aventurée si loin au sud sans en garder le moindre souvenir ? Voilà une question qu’elle ne manquerait certainement pas de se poser encore et encore jusqu’à trouver une réponse convenable. Avisant les deux petites, la plus vieille avait des cheveux auburn, un visage fin et des yeux d’une belle couleur verte, Chizuka lui donna dans les quatorze ans, peut-être quinze. La plus jeune devait avoir dans les dix ans et possédait la même nature de cheveux, mais coupés au ras des épaules, et le même visage qui lui fit dire qu’elles étaient très probablement sœurs ou parentes, d’une façon ou d’une autre. Seule la couleur de leurs yeux différait, la petite les avait noisette, comme les siens. Mais impossible de deviner ce qu’elles pouvaient faire là, elles aussi.

« Merci. Et vous, qu’est-ce que vous faîtes là ? Où sont vos parents ? »

La petite se libéra des bras de l’aînée et pointa la colonne de fumée.

« Nous sommes toutes les deux les filles d’un marchand itinérant, répondit l’aînée. Notre caravane marchande s’est arrêtée ici pour la nuit. Mais nous nous rendons au village de Ryokan, un peu plus au nord, pour le grand marché de la Moisson. Je m’appelle Natsu Honori et voici ma petite sœur, Suzune. Et vous, comment doit-on vous appeler ? »

« Azuko Mori », mentit Chizuka sans même prendre le temps de réfléchir. Mentir était devenue une mécanique évidente pour elle et trouver de faux noms, un jeu d’une simplicité presque agaçante.

Le marché de la Moisson, elle en avait déjà entendu parler. C’était à l’époque où elle était encore placée sous la protection de son mentor, à l’école du Poing Ivre. Avant, bien avant, qu’elle n’intègre le village caché de Konoha et qu’elle ne le quitte. Tout alcoolique qu’ils étaient, les membres de l’école du Poing Ivre ne pouvaient ignorer l’existence du marché de la Moisson pour une seule et excellente raison : les meilleurs alcools venus des quatre coins du globe s’y retrouvaient empilés par barils entiers. Après la cuite qu’elle avait prise, Chizuka n’était pas tentée d’en reprendre une autre aussi mémorable et surtout aussi vite. En revanche, qui disait marché de la Moisson, disait forcément la présence de membres de l’école, peut-être même de certains qu’elle pourrait reconnaître. Elle n’avait rien à perdre, de toute façon, à s’aventurer plus au nord, puisque c’était de toute façon le nord qu’elle souhaitait atteindre. Au mieux, son souhait se réaliserait, au pire elle pourrait toujours refaire quelques stocks et poursuivre tranquillement sa route.

« Une caravane marchande aurait vite fait d’être attaquée, même dans une plaine totalement ouverte, commenta-t-elle en se penchant pour ramasser son chapeau. Vous avez de quoi vous protégez ? »

« La plupart des associés de mon père sont des hommes robustes, répondit la dénommée Natsu. Ils protégeraient de leur vie leur famille et leur marchandise s’il le fallait. »

Risible, pensa Chizuka. Depuis quand les marchands faisaient d’excellents guerriers ? Cette pauvre fille délirait. Qu’un groupe de brigands leur tombe dessus et elle verrait de ses propres yeux que l’apparente robustesse d’un homme ne signifiait rien, et elle n’imaginait même pas si ces mêmes hommes devaient tomber nez à nez avec un groupe d’individus peu scrupuleux ouvert aux sciences du chakra. Ils finiraient enterrer six pieds sous terre avant d’avoir pu seulement cligner des yeux. Chizuka y vit une opportunité de contenter cet estomac qui ne cessait de ronchonner dans l’attente d’un repas copieux et non de litres d’alcool doux.

« J’n’en doute pas, déclara-t-elle en vissant son couvre-chef sur le sommet de son crâne. Se montreraient-ils efficaces pour autant ? J’en doute. Amène-moi à ton père. J’ai mieux à lui proposer. »

Yachiru Susuka

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MessageSujet: Re: Le début de la fin.   Le début de la fin. EmptySam 1 Déc - 15:16


Après un court moment de réflexion où elle observa à tour de rôle sa sœur et le campement au loin, Natsu y consentit d’un hochement de tête. Chizuka opina à la suite et toutes les trois se mirent en marche, les deux petites lui ouvrant la voie. Même parmi les herbes hautes, qui offraient une couverture bienvenue face au vent, Chizuka se sentit tanguer, chanceler, comme si elle était sur la proue d’un bateau empêtrée dans une tempête de tous les diables. Pourtant, force était de constater que le déniveler était proche de zéro et que la terre était bel et bien ferme sous ses sandales.

« Tout va bien ? » L’interrogea Natsu en zieutant le mouvement de ses jambes.

« Oui, bougonna Chizuka en écartant ses bras pour se donner un bien meilleur équilibre. Le mal de terre sans doute. »

« De terre ? S’étonna Natsu, une main devant la bouche sans doute pour dissimuler un sourire moqueur. Vous êtes vraiment quelqu’un d’étrange. »

Chizuka haussa les épaules pour lui signifier qu’elle se fichait pas mal de ce qu’elle pouvait penser. Le sol était inégal sous ses pieds, c’était un fait. Un fait qui s’était manifesté il y a bien longtemps déjà et qui, depuis, ne cessait de la suivre où qu’elle aille. Son mentor disait à ce sujet, que c’était une des conséquences qu’on pouvait prêter à la consommation trop régulière de cette boisson que les membres de l’école du Poing Ivre surnommaient le Marteau. A chaque fois que Chizuka essayait de se souvenir quand elle avait pu en avaler en quantité si astronomique pour en avoir été ainsi marquée, elle tombait nez à nez sur un vide incommensurable. Au mieux, son mentor avait du délirer, lui aussi, au moment des faits. Au pire, elle était plus atteinte qu’elle se le figurait.

Après quelques centaines de mètres, le trio déboula dans une vaste prairie où filait une grande rivière. Ce n’est toutefois pas le gué à proximité qui intéressa Chizuka mais bien la communauté qui s’était regroupée autour d’un feu conséquent, en cela protégé du vent par un bouclier de charrettes alignées les unes à la suite des autres. Les regards suspicieux qui se posèrent sur elle, elle les balaya sans difficulté pour analyser clairement la situation. A vue d’œil, elle compta une trentaine de personnes dont une douzaine d’hommes à priori. Le reste n’était constitué que de bonnes femmes et enfants. Elle avisa Natsu et sa sœur Suzune juste à côté d’elle et se demanda si l’aînée ne prêtait pas une trop grande confiance à ces hommes dont la langue était davantage entraînée que leurs bras ou leurs jambes.

« Papa ! » S’écria la plus petite en s’élançant vers un homme d’une assez belle carrure si on exceptait la barrique qui lui encerclait le ventre.

« Azuko, voici mon père, Yasuhiro Honori, lui annonça Natsu. Père, je vous présente Azuko Mori, elle a demandé à vous rencontrer. »

Yasuhiro Honori devait avoir dans les quarante, peut-être quarante cinq ans, jugea Chizuka on observant seulement les rides de son visage. L’homme avait sans doute beaucoup voyagé au cours de son existence, elle le dénota au teint basané de sa peau et aux gerçures qui entaillaient très profondément ses lèvres d’ailleurs très fines. Son regard était d’un vert aussi étincelant que celui de sa fille aînée. Ses cheveux d’un noir d’encre. Le choix des étoffes qui l’entouraient de toute part et les innombrables bijoux qui cerclaient autant son cou que ses doigts boudinés, le classait d’un simple regard dans le cercle très fermé des princes marchands. Eux seuls pouvaient se permettre d’être aussi voyants. Chizuka n’était pas en reste, quoi que le grenat de sa tenue eut perdu de sa superbe avec les aléas que pouvait comporter sa vie d’errance. Mais même comme ça, elle ne pouvait en rien se comparer aux puissants rois marchands dont on disait que les plus riches disposaient de centaines de caravanes comme celle-ci à travers le continent tout entier. Yasuhiro Honori ne devait pas être de cette race-là, il aurait sinon disposé d’une meilleure garde à ses côtés.

« Je ne vous demanderai pas d’où vous vient cette mine effroyable ni comment vous en êtes venus à rencontrer mes filles, je crois le deviner au premier coup d’œil, s’exclama le marchand en la regardant comme on regarde un tas de détritus. Vous avez demandé à me rencontrer et me voilà devant vous maintenant. Je n’ai que peu de temps à vous consacrer, alors soyez brève. »

Chizuka réajusta son kimono en recouvrant l’épaule et son nombril jusque là dénudés. Des hommes qui se pensaient plus importants que quiconque, elle en avait rencontré une pléiade. Celui-ci n’était pas de ce genre là, simplement prétentieux.

« Ok. Alors écoutez bien. J’ai compté douze hommes sur c’camp, dont la moitié ne pourrait pas courir sur deux cent mètres à pleine foulée sans s’étouffer dans leur propr’ glaires. Si j’en avais envie, j’pourrais tous vous coller une rouste mémorable et vous voler le plus gros de vot’ butin sans qu’vous puissiez y faire quoi que ce soit. Heureusement pour vous, j’suis pas disposé à vous voler. C’est pas mon genre. Vot’ fille m’a dit que vous vous rendiez au village de Ryokan pour le grand marché de la Moisson. Si vous m’offrez simplement le couvert tous les jours jusqu’à destination, j’veux bien vous accompagnez jusque là-bas et protégez vot’ caravane. Une fois à Ryokan j’vous laisserai et vous n’essayerez pas de me retenir non plus. Est-ce que ça vous convient ? »

Yasuhiro Honori soutint longtemps son regard puis éclata d’un rire si tonitruant que Chizuka redéploya ses bras pour stabiliser son équilibre précaire. Elle s’y était attendue, la suffisance conduisait toujours à ce genre de réaction. Yasuhiro ne devait voir en elle qu’une pauvre femme aux allures de souillonne, non une guerrière accomplie. Qu’à cela ne tienne. Elle lui ferait regretter de se payer sa tête.

« Merci pour cette très bonne blague, mademoiselle. Vraiment très bonne. Maintenant, laissez-nous, repartez d’où vous venez, nous avons mieux à faire que de gaspiller notre nourriture en la donnant à une pauvre fo… »

Chizuka l’interrompit en lui agrippant le bras. Natsu et Suzune s’écartèrent vivement, soudain terrifiées par elle.

« Mais que faites-vous ! S’écria Natsu. Vous êtes folle ! A L’AIDE ! »

En détaillant le terrain dans un rayon de 180°, Chizuka compta onze hommes s’armer de bâtons, de lances, et même de katana, ce qui en laissait nécessairement un dans son angle mort. Elle sourit. Voilà l’opportunité qu’elle attendait.

« Écoute et r’garde grand-père, murmura-t-elle à l’oreille du marchand. Peut-être que tu viendras à r’voir ton jugement d’ici quelques secondes. »

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MessageSujet: Re: Le début de la fin.   Le début de la fin. EmptyJeu 6 Déc - 17:10


Sans attendre de réponse de la part du prince marchand, Chizuka se retourna et marchant vers le paquet d’adversaires médiocres qui essayaient de l’encercler, retroussa les manches de son kimono en continuant de tanguer. En cette démarche chaloupée résidait son principal atout : l’imprévisibilité de ses mouvements. Où allait-elle poser son pied gauche à la suite du droit ? Comment se déplacerait-elle face à un cercle de fiers et braves hommes armés alors qu’elle ne disposait que de son corps pour cogner ? Les questions de ce type devaient se multiplier en nombre dans l’esprit de ces opposants. Chizuka espérait pour eux qu’ils trouveraient quelques réponses pour rendre la partie un peu plus amusante, au lieu de quoi elle ne tirerait absolument aucun plaisir à envoyer un par un ces importuns mordre la poussière.

« Voyons voir, ma p’tite, si tu sais encore te servir de tes dix doigts… »

Un premier homme la chargea, d’apparence robuste malgré des jambes plutôt fines pour son gabarit. Un centre de gravité trop haut, songea Chizuka en évitant son coup de bâton latéral et d’enchaîner sur un coup de poings en plein dans les côtes et un coup de pied retourné dans son genou. L’homme chancela en poussant un grognement. Genou fragile, conclut Chizuka en bloquant son bâton à deux mains avant de lui enfoncer un coup de genou sous la ceinture. Un premier corps s’écroulait au sol en se tenant l’entrejambe tandis qu’elle faisait tournoyer à grande vitesse le bâton entre ses doigts. Elle avait vu, elle avait vaincu.

Deux autres inconscients se jetèrent sur elle, chacun armé d’une longue lance, trop longue, pensa Chizuka en remarquant la manière dont leur posture dénotait un effort colossal sur leur bassin pour courir tout en brandissant l’arme afin de frapper d’estoc. Ridicule. Elle ne voyait en ces hommes que des fermiers qui pensaient pouvoir manier des armes de cet acabit comme on manie des fourches. La réalité était bien différente et c’est sans difficulté qu’elle roula simplement sur le côté et brisa d’une bonne partie de ses forces le bâton sur la nuque du premier puis de projeter son coude en plein visage du second en laissant simplement son dos glisser sur la hampe. Le premier s’écroulait, inconscient, le second s’agenouillait, le nez en sang.

« Et de trois, déclara Chizuka en soupirant bruyamment. D’aut’es volontaires ? Oui toi ? Jolie arme qu’tu tiens là. T’sais t’en servir ? »

Le plus fin du groupe, constata-t-elle, et le plus jeune sans doute. L’homme qui s’avança face à elle devait être à peine plus âgé qu’elle. Il avait des épaules menues, un visage roublard rehaussé par des yeux bleus en amande et tenait en main un beau katana pour ce que Chizuka pouvait en voir de sa position. A ses questions, il répondit très simplement en serrant la mâchoire, un signe qui ne pouvait la tromper quant à sa personnalité. Elle le dégoûtait et il ne pouvait supporter qu’elle s’amuse avec lui. Un mâle dominant qui croyait dominé, en somme. Elle n’avait plus qu’à le déconcentrer encore un peu, fragilisé un peu plus son esprit pour mieux l’atteindre de plein fouet le moment venu.

« Pas très bavard. Dommage, dit-elle en dessinant un arc de cercle avec son pied d’appuis, le gauche. Relève ta garde ou tu risques de finir avec la lame plantée dans l’poitrail. »

Nouveau mouvement de la mâchoire. C’était le signe qu’elle attendait. Cette fois-ci, Chizuka chargea et elle chargea fort de son poing droit. La garde trop basse du prétendu bretteur lui permit d’envoyer la lame piquer le sol tandis que la paume chargée de chakra, elle enfonçait son poing dans le plexus du malheureux. Le souffle coupé net, il chancela sur place, les yeux exorbités avant que Chizuka ne le finisse d’un uppercut légèrement décalé pour ne pas lui fracasser littéralement ce qui lui servait de mâchoire. Quatre hommes étaient maintenant au sol. Deux lances, un bâton brisé et un katana gisaient entre eux. Chizuka ne ressentait aucun plaisir à combattre ces hommes butés. Elle espérait d’ailleurs que la raison leur reviendrait très vite. Jusqu’à présent, elle n’avait pas frappé pour enlever la vie, mais seulement pour neutraliser. Ce qui était une nuance qui lui permettait d’avoir l’ascendant psychologique sur ses prochains assaillants, d’où qu’ils viennent, même dans son dos comme se fut le cas ensuite

Les pas de course survolant le sol titilla ses oreilles. Le temps de se retourner, l’homme était déjà sur elle. Avec une pointe de surprise elle vit son poing mourir dans la paume d’une petite montagne, de trois voir quatre têtes de plus qu’elle. L’homme la toisa de toute sa hauteur et commença à exercer une pression sur son poing, comme pour le broyer à la seule force de ses doigts. Peut-être croyait-il tenir une guêpe dans sa main ? Chizuka ne s’en formalisa pas et chercha à lui faire perdre l’équilibre. Une entreprise hautement plus rentable que celle d’essayer de cogner ce mur avec si peu d’élan.

Pour y parvenir, Chizuka s’aida de son autre main, chargée de chakra, pour faire tordre le bras qui retenait son autre main prisonnière. La montagne serra les dents et très vite se mit à suer comme un goret, mais sans se résoudre à lâcher prise. Chizuka entendit, dans son dos, des pas se précipiter vers elle de tous les côtés. Elle était condamnée si elle ne trouvait pas une solution immédiate. L’expérience acquise dans sa jeunesse lui rappela ce vieil adage, cher aux membres de l’école : qu’un ennemi te tienne dans ses filets, et tu seras plus proche que jamais de le faire tomber. Il ne lui fallut pas plus pour réagir, se cramponner au bras musculeux de sa cible pour contrebalancer le poids de son corps, et tel un serpent, s’enrouler autour pour lui décocher un violent coup de pied dans la mâchoire. La montagne oscilla, sonnée, puis lourdement, s’écroula dos au sol, libérant par la même occasion Chizuka de son emprise.

« STOP ! »

Tous les regards se tournèrent instantanément vers Yasuhiro Honori qui, les sourcils froncés, ne regardait plus Chizuka comme il l’avait fait jusqu’à maintenant.

« J’en ai assez vu, ça suffit ! Vous autres, laissez vos armes, ordonna-t-il aux sept rescapés. Le couvert et vous protégerez notre caravane jusqu’au village de Ryokan, c’est ça ? »

En nage, le souffle court, Chizuka acquiesça.

« C’est entendu. Venez. »

Daimyo du Feu

Daimyo du Feu


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MessageSujet: Re: Le début de la fin.   Le début de la fin. EmptySam 22 Déc - 1:32

Chizuka Ono

+30 XP

Intervention MJ - Toucher Saoul : L'expérience accumulée par les quelques mouvements lancés par Chizuka lors de sa rencontre avec les hommes de main lui permet de mieux cerner les secrets de son art.
Si tu le souhaites, tu peux obtenir gratuitement une technique du répertoire du poing ivre au choix, sous condition de cohérence avec ton niveau et le grade de la technique.

J'ai pris énormément de plaisir à lire ton RP et à vrai dire je suis un peu jaloux. J'ai longtemps pensé à faire de Takuan un alcoolique notoire membre de l'école du poing ivre, et je constate avec admiration que tu es bien plus douée que moi pour écrire dans un tel contexte. Vraiment désolé pour le retard, un petit cafouillage du staff, nous ne nous étions pas mis d'accord encore pour les nukenin, qui est un statut qui est encore assez vague et instable pour le moment.

Takuan
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