Hana se sentait particulièrement excitée lorsque, ce midi-là, elle se dirigea droit vers le terrain d’entraînement plutôt que de se rendre sur la place de Konoha, où son sensei Kumaro avait l’habitude de lui donner rendez-vous, à elle et à ses coéquipiers, chaque matin. La veille, avant qu’ils ne rentrent tous chez eux, fourbus et épuisés, Kumaro leur avait déclaré :

Kumaro – Demain matin, je serais occupé et je ne pourrai pas m’occuper de vous. En revanche, l’après midi, vous ne resterez pas à rien faire ! Yahei et Mizuki, le Daimyo vous confiera une mission de rang D, vous irez directement le voir. Hana, nous, on en profitera pour aller s’entraîner. Il y a quelque chose que tu as besoin de maîtriser pour … disons… dynamiser ton arsenal… Je t’attendrais aux alentours de midi.

Dynamiser son arsenal… Hana avait tourné encore et encore cette phrase dans sa tête, toute la nuit durant, mais elle n’avait pas réussi à comprendre vraiment ce que son maître voulait dire par là. Mais, comme chaque fois que se profilait à l’horizon la possibilité d’accroître ses connaissances en genjutsu, elle senti l’enthousiasme pétiller en elle à mesure que s’approchait l’heure du rendez vous.
Elle parti avec une avance confortable, non qu’elle craignait particulièrement d’être en retard, mais elle avait un goût prononcé pour les flâneries hasardeuses au gré des rues, et elle aimait l’idée d’avoir devant elle le temps de s’arrêter quelques instants là où elle le voulait. Quittant le quartier Uchiha, elle se dirigea vers la place du marché, réalisant ainsi un large détour sur sa trajectoire, et la jeune kunoichi se paya même le luxe de prendre une soupe chaude dans l’échoppe minuscule du marchand itinérant. Ce jour serait un bon jour, songeait-elle alors, en observant l’attroupement des villageois sillonnant la place sous un soleil doux.
Hana porta le bol à ses lèvres pour boire les dernières gouttes du breuvage, paya, et se dirigea enfin vers le lieu du rendez vous. Elle était à l’heure, mais Kumaro était déjà là, en avance, comme à son habitude.

Kumaro – Hana ! Bien dormi ? Tu te sens en forme ?

Hana – Reposée et motivée !

Le Chuunin eut un sourire.

Kumaro – C’est tout ce que je demande. Bien, suis moi, on va aller au bord du terrain.

Intriguée, Hana se laissa guider jusqu’à la bordure de la zone d’entraînement, où coulait un minuscule ruisseau.

Kumaro – Bien, j’imagine que tu dois te demander pourquoi je t’ai mené ici… C’est assez simple en fait. As-tu déjà entendu parler des chocs psychiques ?

Hana – J’ai du lire quelque chose dessus ou en entendre parler parce que je connais l’expression, mais…

Kumaro – Je vais t’expliquer ça simplement. Regarde ce ruisseau, et imagine que l’eau symbolise la vie, l’esprit, de ton adversaire.

Hana fronça les sourcils mais ne fit pas de remarques, se contentant d’observer le filet d’eau d’un air songeur.

Kumaro – Maintenant regarde bien ce que je vais faire.

Le Chuunin ramassa une pierre qui traînait sur le côté, et la déposa au milieu du lit ruisseau. Il recouvrit ensuite le tout de plusieurs poignées de petits graviers. Le barrage artisanal ainsi constitué forma une petite flaque d’eau, tandis que le filet d’eau se tarissait. Soudain, d’un coup de pied, Kumaro désagrégea le barrage, et toute l’eau retenue s’échappa d’un coup.

Kumaro – Tu as compris ?

Hana – Euh… Non… Pas vraiment…

Kumaro – Qu’est-ce que j’ai fais ?

Hana – Vous avez… bloqué l’eau, et après, vous l’avez libéré ?

Kumaro – Pour être très précis, j’ai agi de tel sorte que j’ai diminué la puissance du ruisseau, puis l’eau a progressivement repris sa force, jusqu’au point de rupture du barrage où, d’un coup, le courant a été plus fort qu’à l’accoutumé. C’est le principe du choc psychique. Un attaque dévastatrice à double tranchant : terrible pour l’adversaire à court terme, mais qui peut lui être avantageuse à long terme.

Hana – Mais… A quoi est-ce que ça peut bien servir d’aider l’adversaire ?

Kumaro – Crois moi, on ne l’aide pas, mais ta question est juste. On ne gagne pas un combat en s’appuyant sur un choc psychique en effet : on diminue ses capacités grâce à des genjutsus « classique », comme la Morsure de l’Âme que tu connais déjà, et on l’achève avec le choc psychique. Tu comprends ?

Hana – Je crois… Et ce choc psychique, ce sera … ?

Kumaro – Ta technique la plus dévastatrice pendant un petit moment. On l’appelle « Fléau », le Saigai. Et crois moi, ce n’est pas une technique à prendre à la légère.

Hana – Comment ça ?

Kumaro – Le Saigai est puissant, mais ce qui le rend particulier, c’est la difficulté de son apprentissage. En soit, il n’est pas compliqué, mais son utilisation diffère tellement de ce à quoi le genjutsu nous habitue que c’est en déstabilisant. Le genjutsu est un art délicat qui apprend à ses utilisateurs à distiller avec précision du chakra dans le but d’agir sur les perceptions de l’adversaire. Mais le Saigai, lui, c’est une bombe. Un déferlement de chakra. Il n’est pas nécessaire de gérer cette énergie avec précision, mais en contrepartie, il faut être capable d’en envoyer une vague énorme dans l’esprit adverse, et ça, crois moi, c’est loin d’être évident. C’est équivalent à l’idée d’essayer de devenir ambidextre du jour au lendemain. C’est extrêmement ardu, mais quand on a pris le coup, ça va tout seul.

Hana – Je… Oui, je comprends… sauf votre métaphore de « devenir ambidextre », je ne la trouve pas claire…

Kumaro – Oublie ça, ce n’était pas ma meilleure comparaison… Met toi plutôt au travail !

C’était loin d’être évident.
Hana utilisait comme « cible » de son entrainement des petites sphères composée de l’écorce d’un arbre dont elle avait oublié le nom, et qui était particulièrement réceptif au chakra. En faisant déferler sur cette cible de fortune son énergie, elle obtiendrait des réactions suffisantes pour passer à l’étape d’après. Mais elle n’en était pas encore là.
« Il faut que j’utilise une telle masse d’énergie, et – quoiqu’en dise le prof – que je garde malgré tout une si grande précision que… c’est comme si on me demandait de faire une opération à cœur ouvert au Katana…"

Kumaro – Concentre toi Hana, allez ! Ce chakra que tu dois déplacer, ce n’est pas une masse informe et étrangère qui vit dans ton crâne, c’est une partie de toi, ton chakra, c’est toi ! Il t’obéira toujours ! Allez !

Il fallut à la jeune Uchiha trois après midi consécutives pour parvenir à produire une décharge mentale réussie, trois jours durant lesquels elle fut dispensés de travail d’équipe.

Kumaro - Soyons francs Hana, ton éventail de techniques est encore trop faible pour que ton rôle soit déterminant. Tu peux gêner, voire affaiblir l’adversaire, mais tu n’as pas encore la puissance de frappe nécessaire. C’est pour cela qu’il faut considérer l’acquisition du Fléau comme une priorité absolue. Tu comprends ?

Hana comprenait si bien qu’elle ne fit rien d’autre que s’entraîner à mesure que les jours passaient. Elle se priva même de ses habituelles flâneries dont elle tirait pourtant un grand plaisir, pour être chaque jour un peu plus tôt sur le terrain d’entraînement. Un matin, en partant, elle avait même entendu son père dire à sa mère :

Shinjin – Depuis que Hana s’est mise au genjutsu je la reconnais à peine… Elle qui n’allait s’entraîner qu’en traînant des pieds, elle est maintenant debout tout les matins, et ne revient pas avant le soir.

Hana était presque sûr de l’avoir entendu ajouter « Je suis content ».

« Moi aussi, je suis heureuse », songea-t-elle, loin de se douter quels cahots sa vie subirait bientôt.

Spoiler:

Hana Uchiha - + 9 XP , Technique Validée