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 Au Sud de Kumo - La Demeure des Toshiya

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Senritsu Isatsu

Senritsu Isatsu


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MessageSujet: Au Sud de Kumo - La Demeure des Toshiya   Au Sud de Kumo - La Demeure des Toshiya - Page 2 EmptyDim 3 Oct - 22:26

Rappel du premier message :

. o O La Demeure des Toshiya O o .



Au Sud de Kumo - La Demeure des Toshiya - Page 2 IMG_0630-1


Passez les lourdes portes du village caché de la foudre, puis marchez vers les terres du Sud. Quelques heures plus tard, regardez vers le plateau qui s'esquisse à l'horizon. Vous voilà dans le territoire du clan Toshiya. Une demeure séculaire, sans prétention, perchée sur les rochers, un havre de paix tranquille et hors de portée d'une majorité de Kuméens. Toutefois, en promeneur curieux que vous êtes, n'hésitez pas à vous approcher. Bien que le clan Toshiya soit réputé pour fournir l'élite des assassins de Kumo No Kuni, ses membres ne sont pas d'épaisses brutes sans cervelle. Vous risquerez simplement de faire la rencontre avec l'une des unités de surveillance, qui vous demandera poliment les raisons de votre errance dans ces terres, et vous sommera de partir sur d'autres chemins si votre raison n'est pas justifiée. N'osez cependant pas le moindre mouvement de violence, car les archers embusqués auront vite fait de faire de votre corps une passoire sanglante.


Si par hasard, vous avez la chance de donner une raison valable à votre venue dans le domaine des Toshiya, vous aurez alors l'immense privilège de découvrir ce petit paradis sur terre. Le petit chemin rocailleux se transformera bien vite en petite allée de dalles taillées, ornées de buissons aux senteurs subtiles. Votre route serpentera alors toujours plus haut, et quelques minutes vous sépareront de l'entrée du jardin. Une massive porte de bois verni vous en interdira la contemplation. Une dernière vérification de votre identité, des raisons de votre présence, et la dernière barrière s'ouvrira à vous. Vous serez alors immédiatement surpris par le travail sur le relief. Une longue étendue plate de verdure joue les cheveux dans la soupe, au beau milieu de ces reliefs accidentés et abrupts qui composent les alentours. Sur votre droite, le jardin est stoppé par une falaise envahie de lichens variés. En son centre, une petite encoche laisse couler un ruisseau qui sectionne la vallée artificielle en deux parties. Sur la première, la plus éloignée de la maison, la nature semble avoir tous les droits. Les buissons s'étendent d'une manière chaotique entre les arbres centenaires et les parcelles fleuries.


Une fois le petit pont de bois traversé, une toute autre atmosphère prend place, celle de la main de l'homme, disciplinée, stricte, maîtresse de la flore. Ca et là, des parterres de fleurs et de plantes médicinales, en rang militaire, trônent devant les saules pleureurs taillés pour ne pas gêner le passage des promeneurs. Un petit autel à l'honneur d'une quelconque déesse ou de personnes disparues s'élève tout près de la falaise. A gauche, vers les pentes douces qui mènent aux vallées du pays de la foudre, un petit potager accueille une multitude de légumes et de fruits qu'un oeil non avisé aurait le plus grand mal à distinguer. Et vous voilà enfin dans la demeure légendaire des Toshiya. Celle qui enfante et élève des générations d'assassins en tout genre, spécialistes des poisons et du domaine des arcs.


Mais pressez vous donc, voyageur, le hall intérieur vous attend. La décoration vous laissera pantois de son absence, tout comme la modestie de ses meubles, ou de leur confection. Bien que fortunés, les Toshiya ne dépensent pas le moindre sou dans des considérations esthétiques inopportunes. En fonction de votre importance, et de la raison de votre venue, on vous accompagnera soit au bureau des accords, où sont signés les contrats d'assassinats, ou à la salle de réception afin de festoyer ou bien discuter dans une ambiance calme. Vous vous douterez que les étages supérieurs accueillent les chambres des membres de la famille, ainsi que peut être des salles d'entraînement, ou d'autres secrets plus intéressants. Mais on ne vous y laissera pas accéder comme ça, que croyez vous ?


Si vous restez pour la nuit, privilège encore plus rare, vous aurez enfin la chance d'observer le plus beau des soleils couchants des terres de la Foudre, à en croire les quelques uns qui auront pu s'extasier devant. Cela signifie aussi que vous aurez pu vous délecter de mets tout simplement uniques et méconnus du commun des mortels, des compositions de légumes et de plantes aromatiques exclusives, des thés aux saveurs oubliées depuis longtemps. Nul doute que la raison de votre venue n'était pas des plus agréables, mais en repartant de cette arche paisible, une partie de vos angoisses habituelles auront déserté le champ de bataille, et ce à jamais...

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Senritsu Isatsu

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MessageSujet: Re: Au Sud de Kumo - La Demeure des Toshiya   Au Sud de Kumo - La Demeure des Toshiya - Page 2 EmptyDim 27 Fév - 1:34

Spoiler:



Avant de toucher, ne serait-ce que du doigt, la longue bûche, Kanza me fit signe de le rejoindre dans l'arrière pièce. Mon coeur s'emballa soudainement, car je savais ce que cela signifiait. Derrière une petite antichambre se trouvaient parmi les plus belles pièces jamais conçues, fruits de l'histoire du clan, aux potentiels uniques en leur genre. Placés au fond de la pièce, dans un petit alcôve personnalisé à leur forme, les quatre arcs légendaires étaient censés s'insérer là bas. Plutôt surprenant, mais finalement extrêmement habile : qui aurait pu croire que des pièces aussi inestimables soient placés dans un endroit aussi anodin ? Et quand bien même elles n'étaient pas placées dans le lieu le plus peuplé du domaine, toujours était-il qu'elles restaient au coeur d'un domaine caché, et protégé par la vigilance d'au moins une bonne dizaine d'assassins expérimentés, alors qu'importe ? De ces alcôves, deux arcs étaient manquants. Je devinai aussitôt qu'il s'agissait de ceux en possession des membres les plus importants du clan. Tameikikumo d'abord, en possession de Seiko-sama, Première Sous le Ciel, dont la silhouette si fine et caractéristique, peinte à même l'alcôve, ne laissait aucun doute. Je l'avais vu à l'oeuvre plusieurs fois lors de mes entraînements enfantins, quand Seiko-sama venait nous voir pour nous donner conseil et nous faisait le privilège de nous montrer le firmamant, la beauté incarnée du jet de la flèche, la trajectoire parfaite. A ses côtés, absent également, Aware, une sublime pièce, dans les mains de notre chef de clan, Kentano-san, dont je n'avais vu que l'aspect, très simple, presque imperceptible, mais jamais les résultats en pratique, que je devinais toutefois destructeurs. Restait dans ce sanctuaire Karyuudo, à la gauche des alvéoles vidées, un arc brutal, dégageant une impression de puissance impressionnante, mais je sentis qu'il me repoussait par cette virilité, cette masculinité incompatible avec ma façon de voir le Kyudô, de le pratiquer.

A sa gauche encore, toutefois, un autre arc attirait mon attention, comme s'il était vivant, hanté. Un doux murmure arrivait à mes oreilles, impassible, presque inaudible, confus, dont je ne compris pas le moindre mot, mais qui restait là, entêtant, horrible. Je ne le compris pas immédiatement, mais le son venait bien de cette pièce de bois, tout à gauche, maudite comme mille diables, une abomination animée, qui m'attirait dans ses filets comme un prédateur joue avec sa proie. Je frissonnai alors, captivée, et il fallut que Kanza-sama m'interpelle par deux fois avant que je ne parvienne à lâcher mon regard de cette arme.


Kanza - Tu es sure que tout va bien Etsuko ?

Etsuko - Oui, oui. Comment s'appelle cet arc ?

Kanza - Lequel, celui de gauche ?

Etsuko - Oui, celui-là.

Kanza - Tandokude...

J'en frissonnai de nouveau, et même de plus belle. Le murmure s'arrêta au son de son nom, et je sentis mon âme reprendre son unité. Kanza s'approcha de l'arc, l'air songeur, et entreprit de m'en narrer l'histoire (disponible dans la KG).

Kanza - Tandokude, Par Soi-Même. Sais-tu finalement pourquoi il se nomme ainsi ?

Je ne répondis pas. Mais qui ne dit mot consent, aussi il continua.

Kanza - Parce que les rares personnes à avoir osé le manipuler sont devenues soudainement très solitaires, comme possédées. Cet arc est dangereux...

Etsuko - Mais il sera mien un jour.

Kanza fit les gros yeux en se retournant vers. J'avais dû paraître fort prétentieuse pour une gamine qui venait de réapprendre le tir à l'arc la veille. Moi même m'étais surprise, je n'avais pas voulu dire telle chose, mais j'avais été incapable de contenir la pulsion. Etait-ce la volonté de Tandokude lui-même ? M'avait-il susurré de telles paroles à l'oreille ?

Kanza - Vous êtes bien présomptueuse, mademoiselle...

Mon regard se fit plus oppressant et croisa celui de Kanza-sama, et d'un ton plus sec, je répliquai aussitôt :

Etsuko - Il sera mien.

Je n'avais jamais arboré un ton aussi glacial de ma vie, mais il n'était pas volontaire. Kanza n'en tint pas rigueur, rigola sincèrement, me tapota sur l'épaule et nous nous dirigeâmes vers les modèles d'arc plus traditionnels, dont nous allions reproduire un exemplaire pour mon usage personnel.

Kanza - Ton premier arc ressemblera à celui là.

J'arquai un sourcil. Kanza me montrait l'arc d'étude de tout élève Toshiya, nommé Sekimu. Le devoir. Il représentait une étape essentielle dans l'accomplissement de tout archer du clan, mais l'époque de la facilité était belle et bien enterrée.

Etsuko -Sekimu... Non, je vous propose d'aller plus haut.

Kanza - Erf, voilà qui est bien préten...

Etsuko -Non, ambitieux, sensei. J'ai déjà perdu trop de temps, il faut que je saute une étape, et que je rattrape mon retard. Je veux m'entraîner sur un Shinsou. Je sais que j'en suis capable.

Kanza marqua un temps de pause, en proie au doute. Il se demandait certainement si je pouvais le faire, s'il m'était possible d'apprendre directement sur un arc plus long, plus dur, plus véloce. J'en profitai pour marquer avec détermination mon choix, en le regardant droit dans les yeux. Il reposa finalement le premier arc, et attrapa la pièce que je tenais.

Kanza - J'espère que tu sais ce que tu fais.

Etsuko -Le chemin sera long, et la route escarpée, mais j'y arriverai, je le sais.

Kanza - Bien, allons-y alors.

Il nous fallut des heures et des heures à scier la forme appropriée puis à poncer le bois, le sculpter, centimètre après centimètre, créer l'encoche, vernir le bois, placer la corde. J'assistai et participai à chaque étape de la confection, à la fois élève, maîtresse parfois. Jamais ma compréhension d'un arc, de son fonctionnement, et de ses secrets ne m'avait paru si profonde. Au soir arrivée, alors que le soleil se couchait, nous sortîmes de la cabane. Mon arc était fin prêt, noir comme jamais, majestueux. Il lui faudrait des jours encore à reposer dans une atmosphère propice, afin d'acquérir sa forme définitive. Mais déjà, je ne me lassais pas d'en caresser la courbe, comme pour le dompter, l'assagir, avant de tenter mon premier tir. Kanza prépara la cible, au milieu du jardin. On y voyait encore raisonnablement bien, et quelques membres de la famille attirés par leur curiosité, vinrent nous rejoindre au pas de la porte, ou près du petit pont du ruisseau. J'aperçus les enfants, qui me lançaient des grands signes de main. A côté d'eux, Seiko-sama me faisait l'honneur d'assister à mon premier jet. Je leur adressai une révérence rapide d'un signe de tête et contemplai de nouveau mon arc. Voilà l'une des premières fois où j'éprouvais une certaine fierté devant les membres de mon clan, où je me sentais enfin de nouveau utile, de valeur, capable de mener avec fierté les valeurs de ma famille. Je jettai un coup d'oeil en l'air, où je vis Tezuka-sama trinquer d'une coupelle de thé en mon honneur, un grand sourire sur son visage. Je souris aussi, et attrapai une flèche dans le carquois que j'avais apporté. Kanza s'écarta. Des flashs, bribes de mémoires évanouies rebondirent dans mon esprit.

« Galbe le torse, inspire profondément »


« Ne te déconcentre pas. Continue. Regarde le soleil. Tends le rayon vers l’horizon »


« Fixe le soleil rouge, tout au bout »


« Tends l’horizon, vas-y »



Cette flèche était pour toi, Sokai, j'honorerai ta mémoire du bout de mes flèches.

Etsuko - So....


« Puis lâche le rayon. Maintenant ! »


Elle est également pour toi Soba, car In'Ki et moi, nous t'adresserons un jour l'un de nos traits mortels, comme celui-ci, qui devant mes pairs, allait se ficher droit sur le milieu de cette cible inanimée.

Etsuko - ...KAI !


Dernière édition par Etsuko Toshiya le Jeu 6 Oct - 1:12, édité 2 fois
Kuro Minako

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MessageSujet: Re: Au Sud de Kumo - La Demeure des Toshiya   Au Sud de Kumo - La Demeure des Toshiya - Page 2 EmptyLun 28 Fév - 10:01

Etsuko Toshiya (level 9)
    + 12 XP


Voyons voir ce que donnera In'ki.
Senritsu Isatsu

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MessageSujet: Re: Au Sud de Kumo - La Demeure des Toshiya   Au Sud de Kumo - La Demeure des Toshiya - Page 2 EmptyDim 3 Avr - 5:20

* Passage à une narration 3ème personne *

Citation :
Demande de validation de la technique : Kyuu no Roken - Sphère de Détection


Quelques jours encore passèrent à la demeure des Toshiya, sous le signe de la discipline et du travail acharné. La jeune fille si fragile à son arrivée s'était emplie d'une énergie nouvelle, libératrice, et maniait maintenant l'arc comme n'importe quel membre de sa famille. Indubitablement, Kanza-sama était fier de voir l'une de ses pires cancres rivaliser maintenant avec les meilleurs des nouvelles générations. Son unique jambe droite comme un i , les bras croisés, il contemplait sa disciple évoluant en pleine nature, à toute vitesse, jouer avec les cibles cachées dans la végétation des alentours. Bientôt, elle pourrait se débrouiller parfaitement en mission. Il ne restait que des menus réglages et quelques conseils opportuns. Soudain, l'oncle Kanza attrapa une poignée de shurikens et les lança à la volée alors que la Toshiya venait juste de retomber au sol à la suite d'un tir de volée sur une cible difficile d'accès. Elle ne s'y laissa pas prendre. Comme les enseignements de la veille avaient déjà été retenus, Etsuko maintenait depuis le début de la séance une petite sphère de chakra tout autour d'elle. Une technique simple, à vrai dire, mais un élément du répertoire essentiel à la future vie risquée de la kunoïchi. Le Kyuu no Roken n'était rien de moins qu'une cloche infime de chakra répandue dans les airs autour de l'utilisateur, de telle sorte qu'il puisse percevoir avec une lucidité, et une anticipation accrues, toute agression de l'extérieur. Voilà l'outil parfait de l'assassin, afin qu'il ne soit pas à son tour lui même victime d'un assassinat. Car toute personne qui avait été amenée à tuer au moins une fois dans sa vie avait pu comprendre cette sensation si étrange, de faiblesse, d'impuissance, au moment où l'on ôte la vie à autrui, comme si notre énergie toute entière, occupée à arracher l'âme à un corps, ne pouvait plus subvenir à sa propre survie. La sphère de détection était là pour palier à ce problème, permettre au tueur de tuer tranquillement, et réaliser son geste sans se soucier d'être dérangé.

Il paraitrait que certains maîtres du Kyuu No Roken parvenaient à développer l'influence de leur sphère à des dizaines de mètres à la ronde, dans une sorte de super sensibilité, exacerbée par les fluctuations du chakra. Les plus grands d'entre eux réussissaient à distinguer le mouvement d'une fourmi sans aucune difficulté, et lorsqu'il s'agissait d'exercer leur force destructive, à toucher le point sensible avec une facilité déconcertante. Aujourd'hui, Etsuko ne pouvait créer sa bulle qu'à moins d'un mètre de périmètre autour d'elle, si bien que l'efficacité rendait la technique bien moins utile. Toutefois, il n'était question que de temps, et de pratique. Telle qu'elle, la technique était déjà viable, et Kanza-sama était satisfait.


Kanza - C'est bien. Continue.

Etsuko - Aye !

Et les salves reprirent, sous l'oeil averti des yeux de son oncle, mais aussi bientôt de sa grand mère, Dame Tezuka.

Tezuka - Ahah, vieux filou ! Toujours à enseigner tes bonnes vieilles techniques de survie, n'est-ce pas ?

Kanza tourna légèrement la tête, et la hocha simplement, en guise de salut à la vieille dame. Elle trébucha et faillit tomber en se prenant les pieds dans les béquilles posées sur le tronc à la verticale.

Tezuka - C'est malin ça, j'ai failli faire tomber ma théière... Veux-tu une tasse au fait ?

Kanza - C'est dingue, comment fais-tu pour boire autant de thé dans une même journée ?

Tezuka était maintenant à hauteur de Kanza. Quoique, l'expression était inexacte, quand on sait qu'elle faisait tout juste la moitié de sa taille.Elle sortit d'on ne sait où deux coupelles, les remplit avec une dextérité sans égal, et répondit, tendant l'une d'elles vers le grand homme.

Tezuka - Le thé purifie l'âme...

Kanza - Et remplit les vessies ! En plus de me donner des colliques parfois...

Voyant un petit silence gêné s'installer, il enchaîna aussitôt. Tezuka s'empêchait de pouffer de rire.

Kanza - Et oui, le Kyuu No Roken... Si j'avais eu la bonne idée de m'en servir ce jour là, ma jambe serait peut être encore de ce monde. Et puis cette petite a le même style que moi, elle est faite pour cette technique, je suis certain qu'elle saura en faire un très bon usage.

Tezuka - Et de toute façon, mieux vaut trop que pas assez... Enfin bref, je viens stopper la séance, Sanyu veut voir sa petite.

Kanza - Et c'est la veille de son départ qu'il se réveille ? Il n'a toujours rien compris au sens de la famille...

Tezuka - Pour sa décharge, Etsuko n'a pas non plus bougé le petit doigt pour aller voir son père, donc ne le jugeons pas trop hâtivement.

Tezuka marquait un point, et Kanza l'admit sans rechigner. Il porta ses doigts à sa bouche et siffla trois petits coups, signe de la fin de la séance. Etsuko interrompit sa salve, débanda son arc, et aperçut la vieille dame. Elle s'inclina doucement, dans un respect mêlé de chaleur.

Etsuko - Tezuka-sama, c'est rare de vous voir sortir de la demeure.

Tezuka - Tatata, ça ne compte pas, je ne suis qu'à trente mètres du portail.

Les deux femmes, toujours aussi complices malgré les quelques mois éloignées l'une de l'autre, se sourirent d'un air taquin.

Tezuka - Ton père souhaiterait te voir avant son départ, et il doit s'en aller tout de suite, tu le trouveras au jardin. Laisse tes affaires sur place, je les récupère.

L'annonce rafraichit aussitôt l'ambiance bon enfant, mais Etsuko s'exécuta, après une seconde révérence à destination de ses deux aînés. Kanza souffla longuement, puis attrapa ses béquilles.

Kanza - Tu penses qu'elle aura les épaules ?

Tezuka - Quelle question ! Elle a été ma disciple, tu sais.

Kanza - C'est bien ça qui m'inquiète... Ah ça brûle, vieille pie !

Etsuko ne vit pas Tezuka verser sadiquement la moitié de la théière sur le pied restant de son maître archer. Elle avait déjà atteint le portail et voyait maintenant son père enfourcher un cheval à la robe brune. La jeune femme s'approcha de la bête et attrapa un étrier, qu'elle tendit au pied de Sanyu.

Etsuko - Bonjour.

Son père accepta la pièce de métal, et y installa son pied. De lui-même, il fixa le second sur l'autre flanc du cheval, puis répondit, en prenant son temps.

Sanyu - Bonjour ma fille. J'ai appris tes exploits. Peut-être n'était-ce pas une bonne idée finalement

La fille ne répondit pas. Elle avait honte, la plaie ne s'était toujours pas résorbée. Elle était en colère aussi, une colère qui prenait sa source dans l'existence d'un certain Soba, et qui ne s'effacerait pas tant que cette présence n'avait pas disparu de la surface de cette planète. Elle serrait son arc, dans sa main gauche, de plus en plus fort, si fort que le bout de ses doigts fins devinrent blêmes.

Sanyu - Tu as un très bel arc. Puis je le voir ?

L'homme attrapa la pièce de bois noirci dans ses mains déjà quelque peu ridées. Petit à petit, le poids de l'âge pesait sur le corps de son père, mais ce fut la première fois qu'Etsuko le remarquait suffisamment pour s'en soucier quelque peu. De ses deux mains, il le fit tourner peu à peu, afin d'en admirer toutes les facettes. Puis il le banda à blanc, afin de tester la tension de la corde.

Sanyu - Fin, élégant, et terriblement puissant. C'est bien le travail de Kanza, il n'a pas perdu la main.

Etsuko s'apprêtait à récupérer son dû, mais Sanyu garda l'arc encore quelques instants.

Sanyu - Mais te penses-tu prête à l'utiliser pour de vrai ? Contre des humains, j'entends.

La réponse vint de façon spontanée, sans aucune réflexion. La jeune fille le savait encore au plus profond d'elle même, et n'avait pas besoin des conseils de son père pour l'avoir compris.

Etsuko - Non.

Sanyu - Et pourquoi donc ?

Le ton du père mêlait le défi et la satisfaction. Il avait toujours apprécié remettre les gens à leur place, et bien des fois, Etsuko avait été une cible de choix. Non content d'avoir vécu avec elle au quotidien pendant des années, il avait en outre la légitimité paternelle que nul ne pouvait lui enlever, et qui faisait de sa fille le terrain le plus propice au déversement de son arrogance un peu trop surdéveloppé.

Etsuko - Car je ne suis encore qu'une enfant.

Ce jour-là, toutefois, il n'avait pu assouvir complètement son désir de supériorité. Ce jour-là, sa fille lui avait donné la bonne réponse d'elle même, et Sanyu fut marqué par la nouvelle lucidité de son enfant. Il regarda une dernière fois l'arc, le tendit de nouveau à sa propriétaire légitime, et répondit alors, à la grande surprise de son interlocutrice :

Sanyu - C'est vrai. Mais très bientôt, souviens-t-en, tu seras une femme, ma fille.

Puis il partit au galop rejoindre on ne sait quelle réunion afin de négocier des contrats pour le clan, laissant derrière lui sa fille, hébétée, qui prendrait du temps pour comprendre le sens de telles paroles. Quelques mots, mais elle ne le savait pas encore, qui allaient changer bientôt le cours de sa vie. Le soir même, elle plia bagage, embrassa une dernière fois les enfants de la famille, salua ses enseignants, et partit à la lueur d'un soleil couchant vers le village de Kumo.


* Fin du chapitre *
Sho Nagoshi

Sho Nagoshi


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MessageSujet: Re: Au Sud de Kumo - La Demeure des Toshiya   Au Sud de Kumo - La Demeure des Toshiya - Page 2 EmptyMar 5 Avr - 12:23

    Etsuko ( Niveau 10 )
    : +20% Bonus Inclus
    : +14 XP - Technique validée

    : Un post plaisant à lire =) La technique passe tout juste parce que je n'ai pas envie de m'embêter aujourd'hui, mais malgré tout pense à mieux travailler l'apprentissage des techniques la prochaine fois. Le rang B, c'est autre chose qu'une technique qu'on trouve au fond du premier tiroir venu.
Shinjin Isatsu
Aspirant de Konoha
Aspirant de Konoha
Shinjin Isatsu


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MessageSujet: Re: Au Sud de Kumo - La Demeure des Toshiya   Au Sud de Kumo - La Demeure des Toshiya - Page 2 EmptyVen 15 Juil - 0:14

Deux jours qu'on courrait vers maintenant vers Kumo et son pays de la foudre, et nous en étions encore à quelques jours de marche. La difficulté était de trouver et d'adapter la rapidité du trajet avec les pauses nécessaires aux besoins d'Etsuko, qui ne pouvait pas voyager en continu sur le dos de Hazu. Ainsi, on se reposait par tranche d'heures, et Hazu restait à ses côtés tandis que j'étais chargé de chercher les fournitures. On pouvait s'autoriser des feux, vue qu'on ne restait que quelques heures au même endroit. Par contre, il fallait que je maîtrise ma fatigue et mon état d'épuisement, et ce par des méthodes que maître Higaï m'avait apprises. En tailleur, durant une heure ou deux, j'arrivais à me régénérer suffisamment. La question était de savoir combien de temps cela pouvait continuer.
Etsuko était pour la plupart du temps inconsciente, quand elle ne délirait pas. Au fur et à mesure qu'on avançait, il était impossible de constater un quelconque enchaînement logique de ses phases de lucidité, à tel point que j'en arrive à penser que la façon dont elle se bat contre le mal qui l'a ronge joue une grande importance.

De leurs côtés, les sceaux s'avèrent pratiques, mais pas aussi utiles que je l'espérais. Pour le moment, ils permettent d'indiquer les différents états de conscience d'Etsuko en fonction de la limpidité des impressions transmises. Du mien, je m'efforce de contrôler inquiétude et anxiété vis à vis d'elle. Mes sentiments restent encore mitigés, mais je fais le nécessaire pour les trier et éviter de polluer les pensée de la kuméenne.
La route reprend, les jours s'enchaînent, et les décors commencent à changer radicalement. L'atmosphère se fait moins lourde, la flore change, le relief commence à se relever. Nous y arrivons, au pays des montagnes et de la foudre. Ma... non, la Toshiya sait que nous approchons de son domicile, et me fait parvenir ses informations, sous une forme désordonnées d'images et de souvenirs. Je m'approche d'elle, et lui prend la main, dans laquelle elle sert ledit pendentif. L'objet censé prouvé ma bonne foi aux yeux de son clan. C'est vrai que je n'avais réfléchis au problème, mais dans l'état dans laquelle elle se trouve, même le clan Hyuuga serait tout de même amené à ne pas occire sur place les gens qui ont ramené l'un (ou l'une) des leurs. En fait, je suis simplement fâché contre ma propre personne de ne pas y avoir pensé plutôt.

Maintenant, nous sommes dans le pays de la foudre, passé une lourde porte au milieu du chemin, et Hazu continue de guider la troupe. Je ne les vois pas, fermant le route, tournant autour de sa position, vérifiant le moindre doute avec le Byakugan, je les protège, en lui servant simultanément d'avant et d'arrière garde. Cependant, au fur et à mesure que nous grimpons, l'atmosphère, bien que rafraichie, se fait plus dangereuse, je me sens épié, mais n'arrive pas à savoir de quel côté : ils sont hors de portée de mon dojutsu. Des arcs, des Toshiya. Un groupe, que j'identifie justement, arrive droit sur moi. Je suis meilleur au sol, position de défense, et au moment ou je mets la main sur mon saï, Hatsu arrive et me fait signe de ne pas agir. L'attente... de quoi? Comment vont-ils réagir. Comment réagiraient les Hyuuga? Ils sortent, et nous demandent ce que nous faisons aussi profondément sur leurs terres. Leurs dirent s'arrêtent en voyant Etsuko, et Hatsu explique la situation à nos douaniers. Je reste méfiant, ne sachant pas encore ce qu'ils ont prévu (à la fois eux et Hatsu) à mon égard. La décision est prise, ils ouvrent le chemin vers la demeure sous la présentation du pendentif en forme d'araignée.

[Hazu] – Ne t'inquiètes pas. Les Toshiya ne sont pas affiliés à Kumo, et ils ont la réputations d'être d'incroyables hôtes.

[Jin'] – Je ne veux pas être à l'origine d'un quelconque conflit...

Cependant, vis à vis d'Etsuko et des sceaux qui me lient à elle, je me dois de me calmer. Deux minutes, et mes pensées sont dégagées de tout sentiment craintif. Comme maître Higaï me l'a appris. Et pourtant... l'instinct de survie ne ma rassure pas. Il y a quelque chose de trop simple. Non, la méfiance revient, et je ne la chasse pas. « Quand il y a un doute, c'est qu'il n'y a pas de doute ».
Un mur, et une lourde porte. De quoi, ou plutôt de qui, ont-ils peur? À ce stade, je ne connais encore rien de ce clan, et pourtant, Etsuko a l'air rassurée, contente d'être chez elle. Le même sentiment que le mien, quand après une mission, je reviens à la maison... en différent. La porte s'ouvre, et le décor change, à tel point que je me demande si je ne suis pas pris dans un genjutsu. Etsuko et ses impressions – qui s'avère être la pilier de ma jauge de méfiance – sont habituées à un tel décor. C'est une savane, ou on pourrait croire que les arbres et plantes poussent en totale anarchie. Seulement pour avoir autant d'espèces différentes, il faut les entretenir. C'est donc un jardin. Et un magnifique jardin, qui reflète très bien l'idée d'équilibre, car de l'autre côté, c'est un jardin « au carré », sans un brin d'herbe plus grand que l'autre, très habilement entretenu. Le yin et le yang. J'arrive à repérer quelques plantes connues, qui servent à faire les bases de la médecine, mais elles représentent une minorité. Ce jardin... sur une étendue plane et horizontale, dans cet étranglement, coincé entre une falaise herbacée et les montagnes du pays de la foudre. C'est un rêve... oui, un rêve serait construit sur le même schéma, mais encore! Il n'est pas donné à tout le monde de rêver d'endroits aussi fantasmagoriques.

[Hatsu] – Shinjin, tu rêveras un autre jour.

Il a raison. Je me perds, et m'étais stoppé devant ce jardin. Impossible, du coup, d'avoir pu voir les expression des Toshiya. Nous continuons, et passons sur un potager qui doit bien nourrir une armée, et pas n'importe comment. C'est autre chose que les jardins du domaine, qui sont ridiculement petits, cantonnés dans les murs de Konoha. Il n'y a rien a redire sur ce petit coin de paradis, je veux le mien. Nous entrons dans la bâtisse, qui contraste avec le dehors. Un décor simple, peu harmonieux. Sur ce point là, le domaine de mon clan fait preuve de plus de goût et d'élégance. Mais sorti de mon rêve vert, l'atmosphère m'oppresse. Ces gens ne rigolent pas beaucoup, on ne sent aucun bonheur, aucune pièce du mobilier n'est là pour plaire, tout est « fonctionnel », jurant avec la jardin, ou plutôt le parc que nous venons de quitter. On nous dirige vers une chambre, que je suppose être celle d'Etsuko, et Hatsu l'allonge sur son lit. Sur sa table de nuit, je dépose son pendentif, et lui touche le front, toujours fiévreuse. Je sors également un bout de papier, sur lequel je note soigneusement les sceaux que je lui ai appliqué, avec quelques explications. Au moment ou j'allais le coincer sous le pendentif, la porte s'ouvre, et une femme, âgée, qui dégage une incroyable aura d'autorité, s'alliant avec sont air sévère. Mais dans son aura, quelque chose cloche, on sent trop d'inquiétude.

[Tezuka] – Vous pouvez sortir.

Ce n'est pas une proposition, c'est un ordre, et les règles d'hospitalité m'oblige à le respecter, je m'incline en signe de respect et d'accord, mais la préviens quand même en lui tendant les informations que je viens de mettre sur papier.

[Jin'] – J'ai utilisé deux sceaux afin de mieux estimer son état.

Tout est dit, et cette femme n'a pas l'air d'apprécier qu'on se complaise en excuse ou en explication, aussi je sors et rejoins Hatsu qui m'attendait. Je m'assieds en tailleur à côté de la porte, tendant les pans du bas de mon kimono, afin de récupérer de la course de ces derniers jours, en attendant les nouvelles s'ils daignent m'en donner. Si ce n'est pas le cas, alors je m'en irai. Le clan me croit parti, c'est quand je ferais mon rapport que cela risque de se compliquer. Nous verrons, dans l'instant présent, c'est Etsuko qui compte. J'aurais aimé revoir ce jardin, mais ne ferait pas l'affront à mes hôtes de quitter ma chambre. Ils savent où me trouver, et je n'ai pas à profiter exagérément de leur hospitalité.


Dernière édition par Jin' le Sam 16 Juil - 19:11, édité 1 fois
Senritsu Isatsu

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MessageSujet: Re: Au Sud de Kumo - La Demeure des Toshiya   Au Sud de Kumo - La Demeure des Toshiya - Page 2 EmptyMar 9 Aoû - 0:34

Dame Tezuka paraissait contrariée. La venue à l'improviste de ces deux inconnus chez elle ne l'avait déjà pas vraiment enchantée. Depuis une petite dizaine d'années, la vieille dame avait ses habitudes, côtoyait les mêmes personnes, et avait acquis petit à petit le plus grand défaut des vieilles personnes, celui qu'on ne pouvait éviter : un goût prononcé pour la routine. Mais à cela s'ajoutait une source d'inquiétudes bien plus grande. Voici que sa protégée, sa fleur fragile, et la raison de ses sourires tous les matins lorsqu'elle ouvre les persiennes et qu'elle voit son visage sur la photo près de la fenêtre. Voilà que son Etsuko gisait malade dans ce lit devant elle.

Elle se hâta de remonter dans les combes de la pagode, là où son territoire s'étendait, parmi les plantes grimpantes et les fleurs innombrables de cette serre insolite. Perdue dans ses pensées, elle semblait chercher dans les recoins de sa mémoire où elle avait bien pu mettre un quelconque objet dont elle ne se rappelait plus la position. D'un grand geste du bras, elle envoya valdinguer une bonne partie de son bureau. Une demi douzaine de fioles s'explosèrent au sol tandis que la vieille femme posait sur la table de bois un coffre plutôt large et poussiéreux. Il grinça doucement à mesure que le vieux couvercle laissait aux yeux de Dame Tezuka la contemplation de ce qu'elle cherchait.


Tezuka - Bingo !

Le petit appareil qu'elle tenait maintenant entre ses doigts ressemblait à un escargot de bois , ou bien à un sifflet recroquevillé, ou peut être bien les deux à la fois. Elle le fourra dans sa poche et ouvrit un tiroir de ce même coffre, situé sur l'un des flancs face à elle. Une multitude de petits sachets transparents y renfermaient des poudres de toutes les couleurs. Aucune étiquette ne permettait de les reconnaître entre elles, faisant de leur propriétaire la seule garante de leur utilité et de leur bon usage. Son choix se porta sur un sachet aux granulés rouges, qu'elle écrasa de la paume de sa main. La grand-mère quitta la pièce et reprit les escaliers dans la même hâte mêlée de précipitation. Lorsqu'elle réapparut, Hatsu et Jin' qui patientaient dans le couloir se levèrent par politesse, mais elle ne songeait déjà plus à eux. Elle s'engouffra dans la chambre de sa protégée, et s'agenouilla à ses côtés. Le petit objet dans la main gauche, une pincée de poudre entre l'index et le pouce de sa droite, elle plaça la dose à l'intérieur du creux du sifflet avant de le porter à la bouche de la jeune femme, dont la respiration chaotique et les gouttes de sueur ne présageaient rien de bon.

Tezuka - Aspire un grand coup Etsuko, allez, un effort !


A demi-consciente, la jeune Toshiya voua tous ses efforts à la manipulation. Bientôt, la poudre aspirée atteignit le fond de sa gorge, et son principe actif calma aussitôt la respiration de la malade. Quelques secondes plus tard, elle dormait paisiblement. Au même instant, Jin' ressentit à travers l'effet du sceau un profond soulagement. Il sentit que les jours de sa bien aimée n'étaient plus en danger pour le moment. Hatsu remarqua presque aussitôt le visage de Jin' qui se détendait quelque peu.

Hatsu - Tu as ressenti quelque chose ?

Jin' - Oui... Elle va mieux apparemment.

Tezuka - Mais pas pour longtemps.

La vieille dame venait de sortir de la chambre, le visage à moitié assombri dans l'entrebaîllement de la porte coulissante. Son regard grave croisa celui des deux jeunes hommes, et le temps de refléter son inquiétude dans la prunelle de leurs yeux, elle les invita :

Tezuka - Allons prendre le thé.

Elle les mena à son territoire, quelques étages plus haut, à l'endroit même des fouilles effrennées il y a quelques minutes plus tôt. La porte s'ouvrit sur un enchevêtrement humide de végétaux variés qui tantôt grimpaient sur des grillages installés pour l'occasion, tantôt prenaient possession des murs et des meubles voisins. Tezuka prenait un grand soin à entretenir ses enfants, comme elle s'aimait à les appeler. Si la compagnie des plantes, leur odeur subtile, leurs aspects gracieux lui procuraient satisfaction, la Toshiya vénérait ces amies végétales pour leur propriétés étonnantes. Chaque tige de cette pièce avait été choisie avec mûre réflexion, et chacune se retrouvait en bonne compagnie dans quelque mixture mystérieuse concoctée par les doigts ridées de la vieille dame. Au fil du temps, ce qui ne lui servait qu'à préparer les poisons familiaux était devenu une véritable source d'inspiration pour Tezuka, et aujourd'hui son savoir artisanal lui valait la renommée et la reconnaissance de tous dans le clan. Il ne se passait pas une journée sans qu'un membre de la famille de retour d'une mission vienne la voir pour obtenir les quelques trouvailles ou nouveautés qu'elle pouvait leur donner.

Tezuka - Asseyez vous là, j'allume la bouilloire et je suis à vous.

Les deux shinobis furent invités à prendre possession d'un duo de tabourets poussiéreux sur lesquels étaient posés plus tôt deux grosses plantes orangées aux tiges entortillées sur une barre de fer rouillée. La vieille femme revint avec une théière fumante et trois coupelles, qu'elle posa sur le bureau encombré, puis elle versa le liquide brûlant aux teintes marquées de jade et d'émeraude.

Tezuka - Avant tout, qui êtes vous pour Etsuko ?

Si le premier shinobi ne tarda pas à répondre immédiatement, le second sembla soudainement plus gêné.

Hatsu -Hatsu Ookami, je suis shinobi de Kumo et le chef de l'équipe 8, dans laquelle fait partie Etsuko.

Le regard de la dame ne trahit pas la moindre réaction, elle balaya simplement son regard du Kuméen au Konohan, qui semblait de plus en plus embarrassé.

Jin' -Je m'appelle Shinjin, chuunin du village du feu, nous étions partis en mission commune quand Etsuko s'est écroulée.

Tezuka - Un Hyuuga n'est-ce pas ? Vos pupilles ne trompent pas grand monde, vous devriez songer à les cacher vous savez.

Jin' -Dois-je me sentir menacé ?

La Toshiya ne put s'empêcher d'imprimer un petit sourire, la coupelle aux lèvres. Elle souffla légèrement sur son contenu avant de répondre, l'air gaugenard.

Tezuka - Absolument pas. Nous avons beau être un clan d'assassins, nous n'en n'oublions pas pour autant les règles de l'hospitalité et de la politesse.

Hatsu en revint à leur sujet de discussion.

Hatsu -Comment va-t-elle ?

Tezuka - Mieux, grâce à la poudre que je lui ai fait ingérer. Mais cet état n'est que temporaire.

Jin' -Comment ça ?

Tezuka - Elle souffre d'un mal héréditaire, que lui a transmis sa mère.

Dame Tezuka entreprit de raconter rapidement l'histoire de Naoko, la défunte mère d'Etsuko. Elle leur expliqua les circonstances de sa mort, fulgurante.

Tezuka - Ce que nous savons de cette anomalie, c'est qu'elle apparaît aléatoirement et coupe le système nerveux central, et déclenche une paralysie presque totale des muscles, à commencer par le coeur. Etsuko a eu beaucoup de chance de ne pas mourir, sa mère ne s'est pas relevée de sa première attaque.

Discuter de sujets pareils n'était pas pour détendre l'atmosphère. Alors qu'Hatsu écoutait avec attention et gravité, Shinjin ne pouvait s'empêcher de laisser transparaître bien plus. On lisait l'inquiétude, voire la détresse, ce que Tezuka ne manqua pas de remarquer.

Jin' -Et on ne peut rien faire ?

Tezuka - Rien de manière durable. La préparation que je lui ai donnée lui permettra de stopper la propagation de la paralysie quand une crise arrivera. Mais je n'ai pas les connaissances en médecine nécessaire pour aller plus loin.

Hatsu -Le village des Nuages regroupe les meilleurs spécialistes en médecine connus à ce jour, je suis certain qu'ils pourront faire quelque chose.

Tezuka - Je ne partage pas votre assurance malheureusement. A la mort de Naoko, Kumo n'avait pas les moyens de soigner cette maladie rare. M'est avis qu'étant donné la rareté de ce virus, le village n'a pas dû progresser davantage sur un remède.

Etsuko - Il est hors de question d'en parler au village, sensei.

La jeune femme se tenait à la porte, le regard sûr mais fatigué, à la grande surprise des personnes présentes.

Tezuka - Tu ne devrais pas être là Etsuko !

La Genin tapa d'un poing vigoureux sur la porte.

Etsuko - Tout va bien, Tezuka-sama ! Votre remède a estompé ma paralysie. Je suis fatiguée, mais je ne crains plus rien.

Tezuka - Ca tu n'en sais rien ! On ne connait pas suffisamment ce virus pour se permettre...

Etsuko - Je vais mieux et je ne suis plus une gamine !

Le coup de sang d'Etsuko laissa un silence gêné sans l'assistance. Aussi bizarre que cela pouvait paraître, la jeune femme semblait remise sur pieds comme si rien ne s'était passé. Et pourtant, c'était vrai. A part la légère fatigue et un manque d'équilibre dû aux quelques jours alités ou transportés sur le dos de son sensei, elle ne ressentait plus rien du tout. Envolée cette douleur intense, disparue son corps aussi solide qu'une poupée de chiffon. Mais cette rage et cette acidité soudaine ne lui ressemblaient toutefois pas. Tezuka sauta de sa chaise et s'approcha de sa disciple les mains dans le dos. Mais dès qu'elle fut à portée d'Etsuko, une énorme gifle vint orner la joue maintenant rosie de la demoiselle.

Tezuka - Tu n'es plus une gamine, mais tu es une imbécile. Ce n'est pas la décoction que je t'ai fait inhaler qui pourra guérir un virus pareil. Et la prochaine fois, ce sera peut être la dernière. C'est ça que tu veux ? Mourir toute seule un jour, quand tu ne t'y attendras pas, peut être en mission alors que tes coéquipiers dépendent de toi ?

Elle ne sut quoi répondre. Tout ce qu'elle voulait, c'était oublier que tout ça s'était passé. Revenir quelques jours en arrière, au moment où ils partaient pour Kawa, l'air guilleret. Elle sortit de la pièce sans mot dire, dévalant les escaliers jusqu'au jardin. Shinjin lui emboita le pas.

Tezuka - Attends jeune homme.

Dame Tezuka l'empoigna pour qu'il daigne la considérer. Elle remarqua les mêmes sceaux qu'elle avait vus sur sa disciple.

Tezuka - Etsuko est une tête de mule, mais elle a besoin d'aide. Convaincs-la de ne pas partir sans revenir me voir, bourreau des coeurs.

Puis elle lâcha le bras du jeune homme et tourna les talons, mains dans le dos.

Tezuka - Bon, c'est pas tout ça, j'ai une grande quantité de poudre à préparer. Ce devrait être prêt d'ici ce soir, passez à ce moment là.

En réalité, il ne lui faudrait que quelques dizaines de minutes pour réaliser le tout. Mais elle avait besoin de faire quelques recherches. Peut être y avait-il une solution pour sauver sa tête de mule de petite fille. Peut être...
Shinjin Isatsu
Aspirant de Konoha
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MessageSujet: Re: Au Sud de Kumo - La Demeure des Toshiya   Au Sud de Kumo - La Demeure des Toshiya - Page 2 EmptyMar 16 Aoû - 15:09

C'est dur à encaisser, tout ce qu'on vient de dire. C'est une peur qu'il m'avait été donnée d'esquiver plus jeune. Quand on n'a pas d'amis, on n'a pas peur de les perdre, ou bien qu'ils leur arrivent ce genre de chose. La grande question, c'est est-ce que cela peut changer mon comportement? Et puis les shinobis n'ont pas un solution pour chaque chose, pour chaque maladie, mais l'équilibre voudrait que pour une maladie aussi rare, on trouve un remède tout aussi rare. Ou alors, un remède courant auquel on ne penserait pas, mais si c'était le cas, la botaniste compétente (qui d'ailleurs ne s'est pas présentée) l'aurait sans doute remarqué. "Convaincs-la de ne pas partir sans revenir me voir, bourreau des coeurs." Bourreau des coeurs? est-ce que cela se voit tant que ça? Si oui, je ne devrais même plus le cacher à Etsuko-elle même. L'a-t-elle deviné? D'après les dire de la Dame, ce serait peut-être le cas.
Je suis Etsuko tant que je peux, qui tient une forme qui ne laisse rien penser de sa précédente condition, dans les couloirs de la maison, jusque dans le magnifique jardin de la famille Toshiya. Ce n'est qu'après s'être écartée de la maison et perdu dans l'immensité naturelle, à perte de vue, qu'elle s'arrête enfin. Bien que précédemment malade et éprouvée, elle semble toujours aussi radieuse, toujours aussi mystérieuse. Et pourtant si vulnérable. En promenant mes yeux, je découvre un châtaigner isolé, pareil à celui du temple, majestueux, sage, intemporel. Je m'en approche, et Etsuko semble un peu intriguée de voir que mon attention se porte maintenant vers cet arbre.

[Jin'] - Il y en a un tout aussi beau à côté de Konoha.

Est-ce que c'est cela qu'on appelle le mal du pays, de voir des choses qui nous font perpétuellement penser à son chez soi? Ce qui est magnifique avec les châtaigniers, c'est la lumière qu'ils tamisent, avant qu'elle n'arrive sur nous. Ce jeu d'ombres et de luminosité qui bouge au grès des éléments, créant un espace chaleureux, ni trop chaud, ni trop froid. Reposant, un endroit parfait pour méditer ou récupérer. Au delà de ce châtaigner, en continuant de longer le ruisseau qui tranche le jardin Toshiya en deux parties bien distinctes, après que des décors aussi magnifiques les uns que les autres se soient succédés, nous débouchons sur une clairière, devant une petite cascade. Fruit de la nature, ou de l'homme? Elle s'y arrête, visiblement contente et habituée à se retrouver en cet endroit. Dans un jardin aussi paradisiaque, chaque membre du clan doit trouver son petit coin de bonheur. Je me rapproche.

[Jin'] - Je ne savais pas pour ta mère.

Encore un sentiment, que je n'ai pas envie de ressentir. Perdre un proche. Et pourtant, dans un monde tel que le notre, celui des shinobis, cela arrive beaucoup plus souvent que les civils. Jusque là, j'ai été épargné. Et Etsuko... vulnérable, qui risque de faire une crise pouvant non seulement lui faire défaut, mais également à toute une équipe de Kumo.

[Etsuko] - Bah c'est rien, je l'ai jamais connue de toute façon, j'avais à peine quelques mois quand elle est morte.

Naïve et polie, sans vouloir me blesser.

[Jin'] - La Dame à raison, Etsuko... et...

[Etsuko] - ... Ah non, tu vas pas t'y mettre non plus ! Ca fait des années qu'on me prend pour une gamine dans cette maison. Ils ne se rendent pas compte que j'ai grandi. Ils me voient encore comme un petit machin fragile... Je suis d'accord qu'il faut que je m'occupe de ce machin en moi , mais si je dis que tout va bien, c'est que tout va bien.

Que dire, tant de choses qui viennent? Et si je te perdais, Etsuko? Trop de doutes et d'impressions. Avec ce risque, qui plane au dessus de nous comme une ombre. Je ne veux pas gaspiller des moments comme celui là, et pour une fois, je vais faire le contraire que ce dont on m'a appris. Au diable civilités, politesses et raisonnements. Un sage, ou pas, a dit un jour : le coeur a ses raisons que la raison ignore. Et bien il avait raison, car quand le coeur se retrouve pris dans un étau, il agit le plus stupidement possible.

[Jin'] - Je ne veux pas qu'il t'arrive quoi que ce soit. Et pourtant, je ne peux pas t'empêcher de vivre. Je n'ai jamais été amoureux Etsuko, et pourtant quand je te vois, que je pense à toi, je déraisonne, je me perds, j'ai envie de tout envoyer balader, je fulmine intérieurement.

Il est trop dur d'exprimer tout ce qui se passe dans ma tête et dans mon coeur par de simples mots, aussi je prends l'initiative du geste. Je la touche, lui enlace sa taille, dessinant des courbes parfaites que je sens sous mon toucher. Elle, se laisse faire. À ce moment, nous savons tous deux ce qui va suivre, et l'approuvons. Moi par mon initiative, elle par son absence de refus. Nos lèvres rentrent enfin en contact. Un baiser suave, qui contraste tant avec la violence de la tempête qu'il produit. Un enchaînement de pensées désorganisées, mais si jouissif. Pourquoi cet instant de peut-il pas se geler pour que nous puissions en profiter toute une vie? Finalement, nos lèvres viennent inéluctablement à se séparer, mais mes bras ne peuvent se résoudre à la lâcher, et nous restons enlacés.
Etsuko, je veux passer le reste de cette journée avec toi, seuls, rien que pour profiter de ta présence, et m'en souvenir lorsque nous ne serons plus ensemble. Car c'est inévitable, nous partageons deux destins différents, dans deux villages concurrents. Mais pour le moment, le futur n'est pas ma priorité. Je l'accorde à l'instant passé à tes côtés.
Senritsu Isatsu

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MessageSujet: Re: Au Sud de Kumo - La Demeure des Toshiya   Au Sud de Kumo - La Demeure des Toshiya - Page 2 EmptyLun 29 Aoû - 21:08



Il n’avait fallu qu’un souffle, un éclat bleu dans la prunelle perlée de ses yeux ivoires. Un sourire sincère et de belles paroles presque insignifiantes. Rien que ça, pour qu’il s’autorise à accomplir le geste salvateur, libérateur, qu’il attendait depuis longtemps déjà et dont il frémissait d’avance.

Il se lança. Elle ne l’arrêta pas.

Que s’était-il donc passé en elle pour qu’elle autorise pareil blasphème. Assise dans son sanctuaire de roches, au bord de la cascade, nul idiot n’avait eu jusqu’alors le courage de l’interrompre dans sa méditation contemplative. Et voilà que cet homme vaillant faisait d’une pierre deux coups, et qu’elle laisse libre cours à cette intrusion, comme si elle l’avait espérée depuis des millénaires. Au toucher de ses lèvres humides, son corps frissonna, et pour la première fois de sa vie, connut l’incroyable polyphonie du désir. Plus étonnant encore, le fantôme de ses remords n’avait pas encore frappé à sa porte pour l’en tirer cruellement, comme si lui aussi, devant le spectacle de ce jeune homme qui tant bien que mal, recollait les morceaux brisés de son cœur à elle, leur avait donné sa bénédiction. Au toucher des lèvres succéda l’enlacement des corps, et son poids la fit basculer sur le dos, à quelques centimètres du vide et de la cascade grondante. D’infimes gouttes d’eau fraîche lui clapotaient sur le front, ce qu’elle trouva agréable. Le soleil même n’osait interrompre le rituel, ne déversant que par saccades intimes ses timides rayons au travers des branches vacillantes du saule pleureur. Une danse en transe, une transcendance, l’accomplissement de ses désirs d’enfance refoulés dans le deuil, ainsi voyait-elle cette intrusion bienheureuse dans l’espace de son désir.

« Un jour, tu deviendras une femme, ma fille. » Le moment était venu.

Le soleil eut le temps d’achever sa course impassible avant que l’étreinte ne se desserre, sous l’effet de la fraîcheur qui s’emparait maintenant des corps des deux amants bienheureux. Elle se releva, considéra avec une petite moue triste son maillot de corps qui pendouillait quelques mètres plus bas sur une branche au bord de la cascade. il suivit son regard, et proposa en compensation sa veste, qu’elle accepta avec un sourire chaleureux. Ils remontèrent les rochers qui les séparaient du jardin, puis alors qu’elle entreprit l’ascension des quatre étages de la pagode familiale, il décida d’attendre patiemment dans le jardin, à contempler le soleil se coucher derrière les falaises au loin.

Elle trouva la porte ouverte, sa grand-mère au fond de la pièce, une éternelle coupelle de thé à la main, penchée à la fenêtre qui donnait sur le jardin.


« C’est une perle rare. »

Elle regarda ce petit bout de femme toute plissée par le poids de l’âge, fixer Jin’ en contrebas, la mine satisfaite. Elle n’eut pas l’occasion de la questionner que Dame Tezuka lui fournit l’explication attendue.

« Tout homme qui est aimé des enfants ne peut être foncièrement mauvais. »

Intriguée par la réponse, elle ne put s’empêcher de jeter elle aussi un coup d’œil. Jin’ avait délaissé le soleil pour la compagnie de la petite Kaede, avec laquelle il cueillait des fleurs. Les rires de la petite semblaient si sincères qu’ils grimpèrent jusqu’à ses oreilles, ravies. Elle ne répondit rien, trop occupée à imaginer son avenir dans ses bras, sans se soucier des conséquences d’une telle union. Puis enfin :

« J’ai de la chance. »

Tezuka abandonna la barrière de bois pour le bureau encombré où elle entreposait toutes ses décoctions fraîchement élaborées.

« En effet, tâche de t’en souvenir, le jour où tu devras faire un choix. »

Le ton lui parut moins rassurant. Elle maudit en cet instant ce bougre de vieille femme rabat-joie. N’eut-elle pas fermé sa bouche pour une fois, et laissé sa petite fille dans ses rêves insouciants le temps d’un soir ? Au déferlement de plénitude qu’elle éprouvait depuis vint se mêler l’angoisse. Tôt ou tard, elle le savait, un choix se présenterait à elle, et mille obstacles se tiendraient devant sa volonté de vivre auprès de ceux qu’elle aime. Elle ne se souciait pas pour sa famille. Bien des fois le clan avait accepté en son sein des membres de familles étrangères, et jamais il n’avait manifesté la moindre réticence à accueillir les talents qu’il pouvait rallier à sa cause. La Première Sous le Ciel en tête, puisqu’elle partageait sa couche avec un sang différent, ne pourrait lui en tenir rigueur. Mais qu’en était-il de lui, de ses obligations, des exigences de sa famille, des intérêts de son Village ? Tôt ou tard, l’un des deux devrait faire un sacrifice, et dès lors, elle pria pour que ce moment soit le plus éloigné possible.

« Tiens »

La vieille femme tenait dans ses mains l’inhalateur qui avait sauvé la vie de sa disciple, auquel elle avait lié un petit cordon de cuir solide afin qu’elle l’accroche à son cou. Elle lui montra comment s’en servir, puis lui fournit une blague en peau de daim, contenant une bonne centaine de grammes de la décoction dont les principes actifs stoppaient illico les effets de son mal incurable.

« Voici également pour toi »

Le troisième présent n’était qu’un parchemin, contenant une lettre. A mesure qu’Etsuko la lisait, elle comprenait où son aînée voulait en venir.

« Daisuke-dono est un ami de longue date, et le meilleur Eisei que je connaisse en ce qui concerne ce genre de maladies. Kumo ne te sera d’aucune utilité. Il te faut trouver cet homme, lui pourra peut-être t’aider. »

Etsuko se souvint soudainement des histoires que Dame Tezuka, au coin du feu, lui narrait dans son enfance. Certaines d’entre elles mentionnaient ce Daisuke, et même si elle ne se rappelait plus exactement de ses actions, lui revenaient à l’esprit des bribes d’histoire où cet homme gardait un rôle important et crucial à la survie de son équipe.

« Ah oui, transmets lui ça également »

La jeune femme n’eut pas le temps de comprendre que sa tête décrit un quart de cercle brutal, et que sa joue rosie ne lui chauffe la moitié du visage. Une baffe monumentale qu’elle s’était prise, et les yeux abasourdis, elle attendit les explications.

« Il comprendra quand tu lui diras que tu viens de ma part. »

De l’avis d’Etsuko, Tezuka en avait également profité pour régler ses comptes avec elle, mais elle ne lui en tint pas rigueur.

« Où vais-je pouvoir le trouver ? »

[color=red]« C’est là que ça cloche. Je n’en ai aucune idée. »[ /color]

Quelques minutes passèrent encore, lourdes de révélations. Daisuke avait pris sa retraite depuis longtemps, et était originaire du littoral Est du pays des Nuages, presque à la grande frontière, non loin de la bourgade de Danzen. Tezuka n’en savait pas plus, malheureusement.
Elles se séparèrent, non sans réticence, mais Etsuko devait retrouver son promis sous peine de le voir s’inquiéter plus encore de son état. Elle le retrouva tenant Kaede dans ses bras, une fleur à l’oreille.


« Etsuko-chan ! Il est gentil ton amoureux ! »

Alors que la petite sautait dans les bras de son aînée, Jin’ rougissait comme une pivoine. Kaede avait percé leur mystère en à peine trente secondes.

« On a profité de l’attente pour faire un bouquet »

« C’est pour toi, Nee-chan ! »

Une magnifique composition composée de pâquerettes, de violettes, et de coquelicots. Etsuko embrassa sa cadette pour ce joli cadeau, puis la reposa au sol.

« Je devrais partir, je pense. Ma place n’est pas ici. »

Elle le retint par le bras.

« Au contraire. Cette maison est maintenant la tienne, je veux que tu t’y sentes chez toi. »

Son côté rationnel le rattrapa au galop.

« Techniquement, elle n’est pas à moi… »

« Tu as fini de jouer sur les détails ? »

« Hum… Je vais essayer »

Elle adorait sa manie de tout vouloir remettre en ordre, comme pour éviter de se perdre. Elle incarnait l’exact opposé, la spontanéité, l’exubérance. A eux deux, ils formaient une balance parfaite.

« En tout cas j’étais sérieuse. Tu devrais rester, ce soir, ça me permettrait de te faire rencontrer les membres de ma famille. »

« Ce n’est peut-être pas une bonne idée, je suis loin de Konoha, il me faudra quelques jours de marche pour rentrer chez moi. »

« Et alors ? Ils te croient à Kawa, et ils savent pertinemment qu’une mission comme celle que l’on avait acceptée ne se résout pas en dix minutes. Quelle importance que tu arrives dans cinq jours, ou bien six ? »

L’argument était imparable, mais Jin’ ne semblait pas enchanté. Etsuko le comprenait, tout cela allait bien trop vite, et il n’était certainement pas prêt à s’attaquer à des choses d’une telle ampleur. Cet homme qu’elle avait face à elle possédait bien des qualités, mais la science du contact humain lui était encore bien obscure.

« Allez va, ne t’inquiète pas. On fera ça une autrefois. »

« Tu es sure ? »

« Tu me suppliais il y a deux secondes, et tu veux rester maintenant ? »

Elle l’attrapa par le cou et lui ébouriffa les cheveux. Il se débattit quelques instants pour se libérer. Elle rit de bon cœur, il la suivit sans ménagement, alors qu’Hatsu apparut au coin de la maison principale.

« Vous voilà tous les deux ! »

« Hatsu-sama ! Où étiez-vous ? »

« J’ai rencontré ton oncle. Il a beau lui manquer une jambe, il est effrayant de vitalité ! »

« Il vous a fait le coup du vieillard fatigué ? »

« Oui, et le temps que je lui donne la main, je me suis retrouvé sur le sol, avec un sermon dans les oreilles. « Attention petit, la mort est partout, alors surveille tes arrières », ou quelque chose comme ça. »

L’imitation de Kanza-sama était irrésistible, Etsuko rit de nouveau, sous le regard attendri de son chef d’équipe. Et dire que cette mission avait pour but de redonner le sourire à son élève. Qui aurait cru que l’objectif serait rempli à la suite de tels évènements ?

« Nous allons avoir à parler, Etsuko »

« Oui, je sais… »

« Et il y a plus important »

Il tenait dans ses mains une lettre du village. Ou plutôt un de ces parchemins doté d’un sceau de communication, qui transmettait les messages urgents en un rien de temps et permettait même aux équipes les plus éloignées d’être contactées au cas où.

« La mission aurait été avortée de toute manière. On réclame notre présence pour une mission importante. Du coup, nous devons retourner au village au plus vite. »

« Et bien voilà qui clôt notre débat. Ne t’inquiète pas, je saurai retourner à Konoha par moi-même. »

Se refusant à laisser Jin’ rentrer tout seul, Etsuko prit soin de régler le problème avant de préparer son départ. Un binômede son clan se dirigeait non loin du pays du feu pour un contrat, et accepta de partager la route avec le Konohan, à la demande de la jeune femme. Le soleil ne s’était pas encore totalement couché que la troupe improvisée avait pris la route. Hélas, à peine quelques kilomètres plus loin, en bas du chemin serpentant du mont Kido, les chemins se séparèrent déjà.

Quand te reverrai-je ? »

« Je vais faire mon possible. En attendant, tâchons de nous écrire, cela fera passer le temps. »

Ils n’avaient pas encore idée de la manière dont ils s’y prendraient pour faire transiter leur courrier, mais cet espoir leur suffit à se rassurer.

« Et puis, n’oublie pas de laisser ton sceau ouvert… »

Elle l’avait presque oublié, ce sceau, qui pourtant lui permettrait de transmettre ses émotions les plus secrètes à son bien aimé à des centaines de lieues de distance. Dès lors qu’elle y pensa, son corps entier se réchauffa d’un rayonnement qui lui arracha un petit souffle de plaisir. Elle ne manqua pas de répliquer par des sentiments similaires. Alors qu’ils s’enlacèrent pour se dire au revoir, leur désir atteignit son acmé. Un ouragan de pulsions sauvages envahirent leurs esprits. Indéniablement, les sceaux qu’ils s’étaient apposés recélaient un potentiel fabuleux. A son cou, le petit escargot de bois se balançait au rythme de ses pas. Le regard au ciel, Etsuko ne se retourna pas vers lui, qui prit la route du Sud. Elle ne manqua toutefois pas de l’inonder à nouveau d’un amour puissant et inexorable, tout ce que pouvait émettre en cet instant son petit cœur cousu, rapiécé des mains habiles du meilleur couturier du Pays du Feu…
Sho Nagoshi

Sho Nagoshi


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MessageSujet: Re: Au Sud de Kumo - La Demeure des Toshiya   Au Sud de Kumo - La Demeure des Toshiya - Page 2 EmptyMer 7 Sep - 20:50

    Etsuko ( Niveau 12 )
    : +20% Bonus Inclus
    : +33 XP

    Jin ( Niveau 16 )
    : +30% Bonus Inclus
    : +22 XP

    : C'est une petite session bien sympa =) ça sent l'eau de rose, c'est mignon ^^ attention toutefois à bien te relire Jin, tes posts sont parfois ponctués de mots mal tapés, ou de passage qui se répètent. Si ce n'est rien de grave, ça nuit un peu à la lecture.
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