- Qu'on se le dise, il fait chaud ...
Ca devait être la troisième fois que je le disais, sur le chemin de retour, avec les courses de la semaine. Sanzo et moi on s'en était occupé, Lean vaquant à ses occupations de gradé, Sansa, elle, vaquant à ses occupations de ne rien faire, c'est à dire somnolant sur un fauteuil. *Rien à faire.* fut sa réponse lorsque Sanzo lui demande de l'accompagner, sa réponse mordante, comme toujours, me fit sourire derrière mon bouquin. Je n'aurais pas dû en fait. A croire que j'ai pas son autorité, quand je vois avec quelle facilité il m'a fait sortir de la maison, et à quel point je regrette maintenant, les sacs lours me meurtrissant les poignets.
Enfin, je dis ça, mais je m'ennuyais presque, sous le couvert de l'ombre ...
- Trop chaud ...
Je crois que j'agonise ...
Je levais à peine le regard, qu'il se baissait aussitôt de lui-même, sous l'intensité des rayons solaires. Ce qui fait qu'en plus, je suis obligée de regarder les cailloux et autres déchets sur la voie publique ... Je soupirais, en même temps que je massais mes doigts, marqués par les hanses des sacs. J'ai envie de froid, de neige, d'hiver ... Et je le pourrais, mais je ne suis pas sûre que ça serait toléré, que j'utilise mes dons pour "ça".
Les gouttes de sueur coulaient le long de mon front, de mes joues, trop lentement à mon goût. Et même sous l'ombre de ce cerisier imposant, dans les allées du Parc Hakuchou, j'avais toujours trop chaud. Une chaleur qui me brûle de l'intérieur ... Enfin, non, mais c'est tout comme.
- Ne fond pas sur place, Lean risque de me réprimander si ça arrive.
La voix douce, goguenarde, complémentée par le toucher frais sur ma joue, m'arracha un sourire, boisson que je plaquais sans sommation contre celle-ci, profitant d'une douceur qui se faisait attendre, ah ça oui ... Sanzo s'assied à coté de moi, et se désaltera en moins de temps qu'il ne faut pour le dire. Moi, je gardais la canette contre ma joue, puis, car je ne souhaitais faire de jalouses, je la changeais de place pour faire profiter du froid ma joue droite, soupir de plaisir.
- Tu peux y aller si tu le souhaites, je m'occupe de ramener ça ... Sansa aura qu'à ranger, elle va finir par s'engraisser si on la laisse tranquille trop longtemps.
Je pouffais de rire, sourire malicieux.
- Oui, c'est pour son bien après tout.
Une petite tape amicale sur mon épaule, et un clin d'oeil, et voilà qu'il repartait, courses en main, mèches blondes collées sur son visage.
*Ça serait une mort absurde, si il mourrait étouffer par ceux-ci ...*Je secouais la tète, sourcils froncés. Je pense à de drôles de trucs moi ...
N'empêche, plus j'y pense ... On est presque une famille. Lean, Sanzo, Sansa ... On dort sous le même toit, on passe le plus clair de nos journées ensemble, même si on fait chacun notre truc de notre coté, on discute de tout et surtout de rien ... Étrange, mais, penser à me séparer d'eux, ça me met mal à l'aise. Je me suis trop habituée à leur présence, à ce qui fait d'eux ... "eux". Sansa et ses joutes verbales, desquelles je sors rarement victorieuse, Sanzo et son sourire toujours persistant, presque agaçant, Lean avec sa présence apaisante, sa verbe sibylline.
Ça me ferait bizarre, oui ...
Je haussais les épaules, bah, j'en étais pas encore là, à me poser ce genre de questions.
La journée était belle, mais chaude. Une beauté différente de l'immuable Hiver, mais qui a tout de même son charme.
Mes pas me dirigèrent au hasard, le long des allées peu bondées. Il fait chaud à cette heure de l'après-midi, tous s'étaient réfugiés sous le couvert d'un toit ... Soupir, j'aurais peut être dû suivre Sanzo tout compte fait.
Et je remarquais quelque chose. Un quelque chose qui venait de mon passé. Sur la surface d'herbe, là .. Je ne rêve pas, c'est bien lui !
Mais c'est pas pour autant que je me presse à sa rencontre, je garde le même rythme de marche, pour finalement me trouver à coté de lui, et m'exclamait d'une voix joyeuse.
- Hey le corbac ! Ça faisait un moment ! Ça va ? Tu racontes quoi ? Dis, ça te dis que je t'invite à boire un coup ? Bien sûr, c'est toi qui paye.
Tout cela avec un sourire radieux.
Ça passe mieux avec, généralement.