Temple abandonné de Sorincha

[A venir.]

[On condisère que ce RP se passe après le cours théorique de Zen.]

Ine et Sinaleia sortirent de l'Académie de Kiri, la tête remplie d'informations nouvelles, et un peu confuses de réaliser que le rôle de shinobi était bien loin d'être aussi simple que ce qu'elles avaient pu l'imaginer.

La nuit était tombée tôt aujourd'hui, et le brouillard s'était levé, glacial et plus épais que d'habitude ; Kiri avait vraiment l'air d'une ville fantôme. Les deux kunoichi frissonnèrent, surprises par cette subite baisse de température, et se hâtèrent vers le quartier des habitations, afin de se mettre au chaud au plus vite, du moins le crurent-elles...

Une fine bruine se meit à tomber, glaciale elle aussi : au loin le bruit du tonnerre retentit, mais aucune lumière ne filtra, étouffée par la brume. Les deux jeunes filles tournèrent à l'enbranchement d'une ruelle et se rendirent à l'évidence : elles étaient perdues.

[Ine]
"J'ai jamais vu une telle purée de pois ! On y voit pas à un mètre !"

Sinaleia ressera les bras autour de son torse, grelottante et mouillée par la pluie. Elle laissa échapper un petit cri, et Ine se retourna immédiatement. La petite fille pointait du doigt dans une direction ; son ainée eut juste le temps de voir un pan de kimono s'enfoncer dans une des ruelles alentour.

[Ine]
"Suivons cette personne !"

[Sinaleia]
"Mais on ne sait pas où elle va..."

[Ine]
"Justement ! Peut être qu'elle n'est pas perdue !"

La petit fille acquiesça de la tête et toutes deux partirent au pas de course, à la suite de la seule âme qui vive qu'elles aient aperçu, mais elles ne trouvèrent qu'une longue ruelle vide...

[Ine]
"Mais où a-t-elle bien pu passer ???"

L'apprentie Genjutsu eut pour seule réponse le son d'une clochette dans le lointain. Sinaleia la regarda, lui indiquant du regard qu'elle l'avait entendue elle aussi, et les deux kunochi traversèrent prestement l'allée et s'arrêtèrent net.

Il n'y avait plus aucune trace de brouillard de l'autre côté, juste un vieux pont en rondins de bois, menant vers un temple shinto monté sur pilotis. Tour autour, la mer s'étendait, insondable. Deux braseros brulaient devant l'autel, mais les flammes avaient une teinte verdâtre.

[Sinaleia]
"Si on revenait en arrière... Je ne suis pas très rassurée..."

[Ine]
"A vrai dire, moi non plus..."

Les deux Etudiantes firent volte-face, prêtes à retourner dans la ruelle, mais se retrouvèrent nez à nez avec une paroi rocheuse. Une chose était certaine, elles n'étaient plus à Kiri...

Derrière elles, un bruit de clochette se fit entendre...

Le cours de stratégie de Zen terminé, et sans avoir besoin de se consulter l'une l'autre, Ine et Sina se mirent ensemble en direction du centre ville de Kiri no Kuni. Les deux jeunes kunoichi s'entendaient toutes les deux, et Ine appréciait la présence de la petite fille à ses côtés, dont la fraicheur lui faisait oublier les problèmes de Ren'ai, et les siens.

Dehors la nuit était un peu prématurée, et le froid plus mordant que d'habitude. Ine avait beau y être habituée, ce froid-là ne paraissait pas naturel. Le ciel commença à pleurer, et un coup de tonnerre se fit entendre un peu plus loin, sans que les deux étudiantes n'aient vu passer d'éclair. La brume se fit plus épaisse, comme un châle qui les enveloppait peu à peu entre ses bras pelucheux.

"J'ai jamais vu une telle purée de pois ! On y voit pas à un mètre !"

Ine pesta intérieurement. Elle aurait bien été incapable de trouver un chemin dans ce brouillard, et elle doutait que Sinaleia en fut capable elle aussi. Elles étaient donc perdues au milieu de Kiri no Kuni, la ville fantôme. Si près de leur "chez-elle" respectif, c'en était presque risible.

A côté d'elle, l'enfant tentait de se réchauffer en frottant ses petits bras. La bruine qui les recouvrait les trempait lentement, mais sûrement. Ine ne s'en était pas aperçue. Elle s'approcha pour donner sa veste d'étudiante à Sina, mais celle-ci laissa échapper un petit cri. Sur la défensive, Ine se retourna immédiatement. Elle suivit du regard le doigt de Sina, et eut tout juste le temps de voir disparaître un pan de kimono au coin d'une ruelle. Elle prit la main de la petite fille et fit :

"Suivons cette personne !"

Sinaleia ne semblait pas rassurée. Elle protesta faiblement :

"Mais on ne sait pas où elle va...

-Justement ! Peut être qu'elle n'est pas perdue !"

L'enfant se laissa convaincre et suivit Ine en courant, sans lâcher la main de la jeune femme. Elles arrivèrent dans une ruelle totalement vide. Perplexe, Ine demanda à voix haute :

"Mais où a-t-elle bien pu passer ???"

Les deux apprenties n'entendirent en réponse que le son d'une clochette. Elles se regardèrent, et d'un commun accord tout-à-fait tacite, elles traversèrent l'allée.

Le brouillard, par on ne sait quelle magie, disparut totalement. Devant elles se tenait un pont fait de rondins de bois, qui faisait la jonction avec un temple qui flottait sur l'eau. La mer autour ne bougeait presque pas, comme immobilisée par le calme de l'endroit. Mais plus frappant encore, deux braseros brûlaient dans une flamme verte malsaine à l'entrée du petit temple, devant une sorte d'autel.

Sinaleia se raidit, et serra un peu plus fort la main d'Ine. La petite fille murmura, d'un ton effrayé :

"Si on revenait en arrière... Je ne suis pas très rassurée..."

Ine dut admettre qu'elle ne l'était pas non plus. Cependant, elle s'efforça de ne pas paraître trop tendue devant l'enfant, dont l'âge la rendait plus impressionnable. Elle couvrit les épaules de Sina, et elle firent demi-tour.

Il n'y avait plus de ruelle. De même que le brouillard, celle-ci avait disparue, pour laisser place à une énorme façade rocheuse dont on ne voyait pas le sommet.

*Allons bon, c'est quoi cette blague ?*

Cet endroit n'avait plus rien en commun avec Kiri. Ine ne savait pas par quel moyen elles avaient atterri ici, mais ce n'était pas très bon. Comment réagir face à ce genre de situation ? Avec ses quelques techniques, elle n'irait pas bien loin. Sina commençait elle aussi, et elle était si jeune !

Ine garda son calme. Elle devait ne pas effrayer davantage la petite fille qui s'accrochait à sa main. Elle allait balancer une plaisanterie sur un ton joyeux quand derrière elles, un bruit de clochette retentit. Elle réagit très vite :

"Sina-chan, ne bouge pas, et surtout reste calme !"

Sinaleia acquiesça avec un air grave, mais ne pleurnicha pas. Ine lui fit un sourire rassurant tout en se demandant comment elle faisait, et reprit à voix basse :

"Je suis désolée, Sina, je connais pas grand chose pour nous tirer de là, mais je ferais mon possible pour te protéger."

Elle ne perdit pas son temps à réfléchir, et réagit d'instinct. Elle lança un bunshin qui créa deux clones à son effigie, qu'elle plaça en formation autour de la fillette. Elles se retournèrent dans un même ensemble, résolues d'en savoir plus.

Une silhouette, pas très grande, se profilait un peu plus loin, coincée entre l'autel et le petit temple. Cela ressemblait à un enfant, mais l'aura qui s'en dégageait ne plut pas à Ine. Elle fit signe à Sina de prendre garde, et elles s'avancèrent un peu.

C'était bien un enfant, mais quel enfant étrange ! Etais-ce un garçon ou une fille ? Ine aurait dit une fille, mais le kimono ample et le masque de chat porté par l'inconnu ne donnait pas beaucoup d'informations. La silhouette ne bougeait pas, elle demeurait statique, et les braseros aux flammes vertes dévoilaient un petit sourire aux apparences sadiques sur le masque félin. Ine décida de l'interpeller, assez fort pour couvrir la distance :

"Hey, toi ! Qui es-tu ? Saurais-tu où nous sommes ?"

L'étrange apparition ne répondit pas. Son sourire resta fixe, et la clochette retentit de nouveau.

*Serions-nous dans une illusion ? C'est peut-être un test de la part de Zen ? Une façon de voir comment nous réagirions face au danger ?*

La jeune femme se détendit. Ce devait être ça. A elles deux maintenant de se montrer digne de ce test. Ses clones se resserrèrent autour de Sinaleia, et elle décrocha le kunai ceinturé à sa cuisse. Avec précision et dextérité, elle lança le projectile en direction de l'enfant figé.

Sinaleia ne comprenait pas trop dans quoi elle était embarquée. Des bruits de clochette, une petite fille au masque de chat et cette falaise qui débarquait de nulle part. Heureusement Ine la rassurait pensant seulement à la protéger au détriment parfois de sa propre sécurité. Elles étaient perdues oui mais ensemble. Elle repris conscience de l'instant présent lorsqu'elle entendit Ine crier.

"Hey, toi ! Qui es-tu ? Saurais-tu où nous sommes ?"

La personne en face ne semblait pas vraiment avoir envie de lui adresser une réponse. Sina la sentait plutot d'humeur taquinne, comme si elle se jouait d'elles. La clochette recommençat son tintement.
La jeune kunoichi vit soudain apparaître une nouvelle détermination sur les traits du visages de sa camarade plus agée et celle-ci sans crier gare lança un Kunaî en direction de l'enfant. Sina n'eut même pas le temps de voir bouger le masque de chat qu'il s'était volatiliser laissant derriere lui le lanscinant tintement de clochette qui commençait à les agacer.

"Ine-chan je ne crois pas que nous devions lui faire face essayons plutôt de l'observer nous sommes novices toutes les deux et il ou elle est peut être bien mieux formé que nous. Je ne veux pas être lache mais je ne sais pas si c'est comme ça qu'il faut faire. "

Son raisonnement n'était pas très fiable, la jeune enfant le savait, mais la seule autre forme de vie qu'elles avaient détecté s'amusait par son sourire de leur début de détresse. Si elle se sentait si sur d'elle, l'étrange présence devait posséder un avantage certain, ce qu'elles ne devaient pas négliger.

S'avançant légèrement d'une démarche tremblante, prudemment entourrée par les clone protecteurs d'Ine elle se rapprocha de sa camarade et lui murmurra.

" Merci Ine-Chan de m'avoir protégé sans toi j'aurais sans doute pleuré et j'aurais fuis. Je te promets de ne pas te decevoir et de t'aider à nous sortir de là, enfin de faire ce que je peux avec mes petites mains et mes petits bras "

Elle souriait, même si l'angoisse lui nouait les trippes, elle devrait se battre et avancer pour sauver sa vie si il le fallait. Après tout c'était comme si elle découvrait sa première mission. Biensur celle-ci montrait le bout de son nez en avance, leur formation venant à peine de débuter, mais cela leur ferait gagner de l'experience bien plus rapidement et elle devrait y faire face même si la peur déchirait ses entrailles.

"Allons-y Ine-chan, découvrons le mystère de ces clochettes qui me cassent les oreilles. "

Elle continua d'avancer de quelques pas en direction du temple qui se profilait devant elles mais la peur lui noua le ventre et elle seretrancha derrière les deux clones.

*Courageuse mais pas téméraire il va falloir changer ça ...*

Ca aurait été étonnant que le projectile atteigne sa cible. L'illusion devait permettre n'importe quoi. Aussi Ine ne fut pas surprise de voir l'enfant étrange se volatiliser, laissant derrière lui seulement ce lancinant et déconcentrant tintement de clochette.

*Il s'amuse bien notre illusionniste !*

La petite Sina tira sur le bras de l'une des Ine, et fit :

"Ine-chan je ne crois pas que nous devions lui faire face essayons plutôt de l'observer nous sommes novices toutes les deux et il ou elle est peut être bien mieux formé que nous. Je ne veux pas être lache mais je ne sais pas si c'est comme ça qu'il faut faire. "

Ine sourit à l'enfant. Il était clair que cet espèce de fantôme qui leur jouait un tour et qui devait être là pour les tester n'était pas d'un niveau similaire au leur. Quant à observer le démon, tant qu'il ne faisait rien, cela ne lui posait pas de problème particulier. Mais si il commençait à vouloir les titiller, Ine ne se laisserait pas faire. Et puis, même si l'atmosphère n'était pas rassurante, elle ne voulait pas rester à rien faire en attendant que ça se passe.

La jeune femme fut profondément émue et attendrie quand d'une voix où perçait un léger tremblement, la petite Sina lui murmura tout bas :

" Merci Ine-Chan de m'avoir protégé sans toi j'aurais sans doute pleuré et j'aurais fuis. Je te promets de ne pas te decevoir et de t'aider à nous sortir de là, enfin de faire ce que je peux avec mes petites mains et mes petits bras."

Maintenant, la fillette souriait de façon courageuse. Si elle ne s'était pas retenue, Ine l'aurait prise dans ses bras tellement elle était mignonne. Mais d'une, la situation ne s'y prêtait pas, de deux, elle ne savait toujours pas où elles étaient coincées, de trois, Zen avait raison. Elle aimait beaucoup Sina, mais viendrait le jour où elles seraient confrontées l'une à l'autre. Si elle s'attachait trop à la gamine, elle serait incapable alors de lui faire du mal, même pour le bien de son entraînement. Pour tout ça, Ine réprima son envie.

Elle réfléchissait à toute allure. Admettons que ce soit un genre de mission. Qu'attendrait-on d'elles ? Sans doute déjà de garder son calme. De se protéger l'une l'autre aussi, comme si elles formaient à deux une petite équipe. D'investiguer, peut-être. Investiguons, alors !

Comme si Sina avait écouté les pensées d'Ine, elle fit de sa petite voix :

"Allons-y Ine-chan, découvrons le mystère de ces clochettes qui me cassent les oreilles. "

Ine acquiesça. Elles s'avancèrent vers le temple. Ine ne savait pas trop où se mettre. Comment protéger au mieux l'enfant, en se mettant de front, face à un danger potentiel ? Ou alors en restant en arrière, pour parer à une éventuelle traitrise ? Elle décida de placer ses clones en arrière, et elle-même prit la tête de l'étrange petite procession. Tout en surveillant d'un oeil Sinaleia, qui suivait le plus courageusement du monde, elle contourna l'autel, se baissa rapidement pour ramasser son kunai et entra dans la petite bâtisse sacrée.

La clochette se mit à teinter de plus belle. Le son semblait venir à la fois de partout autour, et de nulle part. Dans tous les cas, le temple était absoluement vide, et pas un grelot n'était accroché à l'un des murs nus, ou ne jonchait le sol. Ine se rendit à l'évidence. La clochette, si elle existait, se trouvait sur l'enfant démon. Et même s'il était invisible, en se repérant avec le son, il y avait sans doute moyen de localiser l'étrange personnage.

Elle fit part de sa supposition à Sina-chan, qui se fit plus attentive à la provenance des sons. Elle avait une manière de fermer les yeux pour mieux ressentir les choses très étonnante, et Ine se promit de lui demander d'où cela venait quand elles seraient tirées d'affaire.

Si elles s'en tiraient. Elle devait faire quelque chose, mais quoi ? Soudain, le bruit fut tout près. Sans réfléchir, elle étendit vivement le bras en direction du son pour attraper quelque chose. N'importe quoi. Ce serait déjà un début.

Les deux kunoichi traversèrent le pont de bois vermoulu, peu rassurées par les craquements sinistre que ce dernier laissait échapper à chacun de leur pas.

Les flammes vertes ne dégageaint pas de chaleur, bien au contraire ; tout ici semblait glacé et irréel. Ine ramassa son kunai et pénétra dans le temple, suivie du cortège de clones et de Sinaleia.

La clochette se faisait entendre, de temps en temps, pourtant les murs étaient vide de quelconque décoration de la sorte. Quelqu'un jouaient avec ses nerfs et elle allait bien découvrir qui. Lorsque le son de cloche retentit à son côté, elle tendit le bras, mais ne saisit que le vide.

C'est alors qu'une pensée lui traversa l'esprit et lui glaça le sang. Zen aurait très bien pu employer un Genjutsu sur elle, mais pourquoi alors Sinaleia était-elle ici ? Le Chuunin était parfois espiègle à sa manière, mais il n'aurait certainement pas utilisé une telle technique sur la petite fille sans qu'elle n'y soit préparée... A moins que cela ne fasse partie de l'illusion...

Ding.... Ding...

La clochette retentit à nouveau, et les deux apprenties shinobi tournèrent le regard simultanément. Au milieu de la pièce principale, un grand jardin de sable était apparu. La petite fille au masque se tenait en son centre.

Ine et Sinaleia avancèrent préstement dans sa direction et marquèrent un temps d'arrêt. Elle flottait au dessus du sable... Lentement elle releva la tête et les fixa. De plus près, le masque révélait ses traits : un renard plutôt qu'un chat, animal de mauvaise augure. Ses pupilles luirent d'un jaune irridescent, puis plus rien ; elle avait de nouveau disparu. Les kunoichi approchèrent à pas de loup du jardin de sable.

[Sinaleia]
"Qu'est-ce que... ça veut dire... ?"

[Ine]
"Je ne sais pas..."

A même le grain était tracé le symbole de Kiri, rayé en son centre. Quelle pouvait bien être la signification de ce symbole ? Aucune des deux Etudiantes ne l'avait jamais vu, mais elle savaient que cela ne présageait rien de bon...

Petit à petit une flaque d'eau se forma au centre de la surface et s'étendit jusqu'à la recouvrir entièrement ; une image s'y dessinait. La petite fille au masque se tenait face un homme de grande stature, masqué lui aussi. Il tenait un très grand sabre à la main. Soudain, chacun enfonça la main dans le coeur de l'autre, se jaugeant du regard.

La vision se brouilla et laissa place à une autre. Nimuro, bien plus jeune qu'à présent, aidait un camarade blessé à marcher. La jambe du Médecin saignait, laissant un traînée écarlate derrière lui. Soudain l'autre homme tomba au sol, puis agonisa dans les bras de son compatriote.

Une goutte d'eau sembla tomber sur la surface, et une autre scène se déroula devant leurs yeux. Zen se tenait dans les rues de Kiri dévastées. D'autres shinobi de la Brume gisaient au sol ; des hommes et des femmes portant des insignes différents semblaient vivre leurs derniers instants eux aussi. Soudain une ombre gigantesque déferla sur le Chuunin, broyant son bras et déchirant sa raison. Il tomba au sol, pris de spasmes et de convulsions.

L'eau se troubla à nouveau puis disparut, ne laissant rien, plus même de sable, juste les lattes de bois du plancher.

Ine ne saisit que le vide. Elle s’y attendait, mais cela la fit grimacer. Elle détestait cette impression de ne rien contrôler. Déjà deux tentatives qui échouaient.

Ses yeux tombèrent sur la petite Sina. Elle eut une sorte de déclic. Si effectivement c’était un test de la part de Zen, la fillette n’avait pas lieu d’être là. Elle ne pouvait pas non plus être une illusion, car elle l’avait touchée à de nombreuses reprises depuis leur arrivée dans cet endroit.
Alors quoi ? Où étaient-elles, et surtout, qui était cet enfant-démon qui les narguait ?

Ding.... Ding...

Encore cette stupide clochette ! Ine et Sina tournèrent comme une même personne la tête vers le bruit tellement agaçant. Le petit temple n’était plus vide. Un grand jardin de sable blanc à la japonaise en occupait le centre, et la fillette au masque était de retour. Elle lévitait au-dessus du sable, et semblait les attendre.

Prudemment, les deux kunoichi s’avancèrent. L’inconnue releva la tête. Elles n’avaient jamais été aussi prêt, mais elle ne semblait pas les craindre outre-mesure. Son masque n’était pas celui d’un chat, comme Ine l’avait d’abord cru. C’était un renard. La jeune femme avait souvent entendu, le long des routes d’où l’on peut prendre le pouls du peuple, des légendes sur les esprits-renards de la forêt, les kitsune. Etait-ce une kitsune ?

Derrière le mempô les pupilles du démon s’allumèrent brièvement. Des pupilles jaunes. Qui d’autre, sinon un kitsune ? Ine s’apprêtait à ouvrir la bouche quand elle disparut de nouveau. Elle fronça les sourcils.
Sina s’était avancée vers le jardin. Elle haussa les épaules et la rejoignit. L’enfant lui désigna le centre du sable, où s’étalait le symbole de Kiri no Kuni. Il était rayé.

"Qu'est-ce que... ça veut dire... ?"

"Je ne sais pas..."

Ine n’aimait pas ça. Elle regarda une flaque d’eau recouvrir entièrement le symbole avec perplexité. On voulait leur montrer quelque chose, leur faire comprendre quelque chose. Mais quoi ? Et pourquoi à elles, qui n’étaient que des étudiantes ? Elle se pencha, tenant Sina par l’épaule. L’eau leur renvoyait une scène qui semblait s’être passée un moment auparavant. L’enfant-renard y faisait face à un homme grand et musculeux, qui portait lui aussi un masque, ainsi qu’un sabre gigantesque dans le dos.

La jeune femme se redressa un peu. Elle avait déjà vu cet homme, mais où ? Elle fouilla un peu dans sa mémoire, mais le spectacle des deux protagonistes plongeant chacun leur poing dans le cœur de l’autre la fit presque sursauter. L’eau se troubla et fit place à un Nimuro plus jeune qui accueillait la mort d’un de ses camarades entre ses bras. Sa jambe était en lambeaux.

De nouveau, la scène se brouilla. Cette fois Zen apparut. On voyait Kiri derrière lui, Kiri en flammes, en débris, en miettes. Des corps jonchaient le sol.

*La guerre !*songea-t-elle en serrant un peu plus l’épaule de sa camarade. Elle savait très bien ce qu’il allait se passer, et fixait intensément la main de Zen encore valide. Une ombre non-identifiée enveloppa leur professeur, qui s’effondra, l’avant-bras complètement déchiré. Ine eut un haut-le-cœur. Ce que Zen ne lui avait pas dit venait de se dérouler sous ses propres yeux. Elle ferma les yeux, puis les rouvrit.

Tout avait disparu. Il n’y avait même plus le moindre grain de sable sur les lattes du parquet. A croire qu’elles avaient rêvé. Mais l’air de la petite Sina l’empêcha de choisir cette option si simple. Pourquoi leur avoir montré tout ça ? Que voulait dire le symbole barré ? Et qui était cet homme qu’elles avaient vu ?

*Gardons notre calme, surtout.*

Ine se redressa tout à fait, imitée de ses clones. Elle fit :

« Réfléchissons à deux Sina, tu veux bien ? Le symbole était rayé, et intentionnellement. Pourquoi l’aurait-on fait ? Pour refuser l’autorité de Kiri ? Parce qu’on l’aurait…

La jeune femme marqua un temps d’arrêt, et regarda Sina fixement :

« …déserté. C’est peut-être ça ! La discipline shinobi est très à cheval sur la loyauté, Sina, imagine seulement que la fillette ait déserté ! Ou alors elle aura été expulsée pour mauvaise conduite, trahison ou je sais pas trop quoi. Ce qui nous ramène à la deuxième scène. J’ai déjà vu cet homme, mais où ? »

Ine se gratta la tête, comme quand elle réfléchissait à toute vitesse. Elle sut soudain qui c’était. Elle ne l’avait jamais vu personnellement, mais Ren’ai le lui avait tellement décrit qu’elle avait cru le reconnaître. Le shinobi n’était pas n’importe qui. Il s’agissait de l’ancien Mizukage. La jeune kunoichi murmura :

« Zabuza Momochi ! Que peut bien avoir l’ancien Mizukage à voir avec notre démon. Une idée, Sina-chan ?

L’enfant réfléchissait au moins autant qu’elle. Ine frissonna. L’air se refroidissait, faisant se dresser le duvet de ses bras. La flaque d’eau leur avait aussi montré Zen et Nimuro, tous les deux blessés. Pourquoi ? Ce symbole renié qui leur était apparu un peu plus tôt lui semblait être comme une malédiction qui planait sur Kiri no Kuni. Elle fit, les yeux dans le vague :

« Sina-chan, et si l’enfant-renard voulait juste que Kiri la reconnaisse ? Si elle avait été comme maudite et voulait simplement retrouver le repos ? »

Sina avait fait face aux visions tout comme Ine et elle ressentait un fardeau nouveau peser sur ses épaules, comme si on lui confiait une parcelle du passé du Kiri no Kuni qui ne lui était pas destinée. Elle avait regardé tout d'abord hébétée la première scène, essayant de percevoir une indication à leur présence en ces lieux. La deuxième vision quand à elle lui avait montré son sempaï entrain de secourir vainement quelqu'un qui lui semblait semblait cher et enfin la troisième lui avait fait découvrir la raison de la blessure de son professeur de stratégie.

Elle ne savait pas trop comment réagir à ces informations qui devaient pourtant contenir quelque chose d'important, des indices permettant de résoudre cette escapade involontaire.

Elle fut sortie de sa torpeur par Ine dont l'esprit bouillonnait déjà.

« Réfléchissons à deux Sina, tu veux bien ? Le symbole était rayé, et intentionnellement. Pourquoi l’aurait-on fait ? Pour refuser l’autorité de Kiri ? Parce qu’on l’aurait…
« …déserté. C’est peut-être ça ! La discipline shinobi est très à cheval sur la loyauté, Sina, imagine seulement que la fillette ait déserté ! Ou alors elle aura été expulsée pour mauvaise conduite, trahison ou je sais pas trop quoi. Ce qui nous ramène à la deuxième scène. J’ai déjà vu cet homme, mais où ? »
« Zabuza Momochi ! Que peut bien avoir l’ancien Mizukage à voir avec notre démon. Une idée, Sina-chan ?
« Sina-chan, et si l’enfant-renard voulait juste que Kiri la reconnaisse ? Si elle avait été comme maudite et voulait simplement retrouver le repos ? »

*Symbole rayé, désertion, Mizukage*

Ine lui adressait la parole mais en même temps poursuivait sa réflexion si bien que Sina envisagea de ne pas intervenir afin de ne pas rompre le fil d'idées qu'elle suivait.

"Donc elle tiendrait à ce que nous "étudiantes fraîchement arrivées" l'aidions à retrouver son statut à Kiri? Je ne sais pas si l'on est réellement les mieux qualifiées pour cette sorte de mission. Pour ça elle se serait sans doute adressé à des gens plus âgés ou plutôt des gens qui la connaissent ou avec qui elle aurait put être en contact. Par ses apparitions dans le sables elle nous a prouvé qu'elle connaissait nos sempaï, mais pourquoi nous les avoir montré seulement entrain de souffrir...."

*Elle nous à montrer plusieurs choses... Le misukage, Nimuro, Zen ...*

"Elle a peut être cherché à nous faire comprendre qu'elle était liée au Misukage. La première vision montre qu'ils se sont connus. Et les deux autres crées un lien entre nous nos sempaï et la souffrance. Peut-être tenait-elle à nous lier d'avantage à nos maître en nous affichant leur plus grande cause de tristesse? "

Elle sombra à nouveau dans ses pensées.

La petite fille commençait à vraiment s'attacher à son sempaï, il était devenu un repère pour elle dans cette nouvelle vie, une sorte de parent. L'avoir vu entrain de souffrir de ses blessures et de la perte d'un ami apparemment très cher, l'avait blessée elle aussi.

"Peut-être aussi qu'elle voulait nous transmettre sa douleur en nous infligeant ce terrible flashback? A force de réfléchir je m'y perds... Par le bandeau rayé on sait qu'il y a un rapport avec une désertion, ensuite elle a connu notre plus grand dirigeant, et enfin il est question de souffrance. Ine tu sais ce que signifie cette union "coeur à coeur" évoqué dans la vision ? Est-ce qu'il y aurait une sorte de lien de protecteur à protégé comme nous et nos sempaï ?"

Les questions fusaient à présent en tout sens dans sa petite tête... Submergée elle poussa un soupir lascif en attendant les réponses de sa camarade.

[Ine : +10 EX RP]

[Sina : +6 EX PRP]

[Je poursuis quand je rentre, sauf si vous voulez en rajouter ^^]

Ding ding...

Cette fois, le son de la clochette semblait plus faible, comme s'il venait de très loin, sortant les deux kunoichi de leur introspection. Ine et Sinaleia se regardèrent, puis, après un hochement de tête approbateur, s'enfoncèrent plus profondément dans le temple.

A deux, elles poussèrent la grande porte à double battant qui occupait le fond de la pièce. Cette dernière donnait sur un jardin intérieur traditionnel qui semblait plutôt bien entretenu et agencé d'une main de maître.

Les kiréennes marquèrent un temps d'arrêt face à ce spectale d'une rare beauté, ne laissant le silence être brisé que par le bruit des bambous déversant l'eau de la fontaine.

[Sinaleia]
"C'est magnifique..."

[Ine]
"En effet... Mais qui peut bien entretenir cet endroit de la sorte... ? Il doit bien y avoir quelqu'un... ou quelque chose..."

[Sina]
"Et j'imagine que nous n'aurons pas de réponses si nous n'avançons pas..."

[Ine]
"Très probablement..."

Sachant pertinement qu'elles jouaient le jeu d'un autre, Ine et Sinaleia se décidèrent à poursuivre leur route, bien décidées à rentrer chez elles. A peine eurent elles fait quelques pas sur les dalles de pierre qu'un froid mordant les saisit.

Le plafond avait laissé place à un ciel étoilé, et de fins flocons de neige tombaient sur les deux compatriotes. Ine essuya la goutte de sueur froide qui coulait le long de sa tempe.

[Ine]
"Pitié... non..."

Le vent se mit à souffler, devenant blizzard. Les kunoichi portèrent leurs bras au visage afin de protéger leurs yeux, mais ne purent occulter la vision que l'on leur offrait.

Kiri était à moitié recouvert de neige ; c'était certainement la fin de l'hiver. Nombre de cadavres jonchaient le sol du village caché de la Brume. Partout dans les rues on pouvait remarquer des traces de combat d'une rare violence. On aurait pu croire qu'une tornade avait tout dévasté.

Au milieu d'une ruelle, Nimuro et le père de Zen tentaient de ranimer un blessé en vain. Ils semblaient bien plus jeunes qu'aujourd'hui et ne portaient pas leurs insignes respectifs de Jounin et Sanin.

[Nimuro]
"Shinji-sensei, je ne comprends pas... Pourquoi Zabuza est-il revenu à Kiri pour tuer tout le monde ? Je croyais que le Mizukage avait mis sa tête à prix et qu'il ne ferait plus jamais son apparition à Kiri..."

[Shinji]
"Je ne sais pas... S'il est revenu, c'est qu'il doit avoir une bonne raison, mais je ne pense pas que nous ayons quoi que ce soit à craindre de lui."

[Nimuro]
"Hein ? Mais il a tué tous ceux qui se mettaient en travers de son chemin !"

[Shinji]
"Regarde mieux. Toutes ses "victimes" portent l'insigne des Anbu, les forces spéciales de Kiri. Tous les autres qui ont tenté de l'arrêter sont juste blessés, et peu le sont grièvement. Ce n'est pas un massacre, c'est une vendetta..."

[Nimuro]
"Mais Zabuza était le chef des Anbu avant sa trahison..."

La scène changea. Ine et Sinaleia se trouvaient à présent dans le bureau du Mizukage. Ce dernier gisait au sol, éventré, entouré des cadavres de ses derniers gardes du corps. La petite fille porta la main à sa bouche, réprimant son envie de vomir.

Un vieil homme était adossé au mur, assis par terre, tentant de reculer désepérement, pateaugeant dans une flaque de sa propre urine. Zabuza se tenait devant lui, sabre brandi, prêt à le pourfendre.

"C'est terminé, vieil homme. Tu es le dernier à savoir, tu dois mourir comme tous les autres."

"Pourquoi ce massacre, Zabuza ? Tu étais le plus grand défenseur de Kiri, alors pourquoi as-tu trahi ? Pourquoi as-tu tué le Mizukage ?"

"C'était un faible. Par sa faute, Kiri a sombré et n'est plus que l'ombre de sa gloire passée. Je rétablis juste l'ordre des choses."

"Et tu crois que les gens te suivront ? Tu as détruit le dernier symbole qui restait de l'autorité. Personne ici n'est prêt à te suivre. Cette génération n'obéira jamais à un parjure tel que toi !"

"Alors je reviendrai et dresserai la génération suivante. Je ferai des enfants des lâches les guerriers de demain. Mais en attendant, tu es le dernier homme au courant pour Yuhi, Rokuro et Chihiro. Je vais te réduire au silence."

"Et qu'est ce que cela changera ? Ca ne la rendra pas plus heureuse. Ca ne les ramènera pas. Et toi tu ne pourras pas rester ici. Moi par contre je peux quelque chose..."

"Je ne te crois pas, vieil homme ! Tu es comme eux tous, un bonimenteur ! Ils avaient juré de me servir et ont tenté de me tuer. Ils ont tué Yuhi aussi ! Et tu veux que j'aie confiance en toi ?"

"Et toi ? Crois tu que je sois heureux de savoir que deux de mes trois élèves sont morts ? Tués par leur ami en plus ?"

"SILENCE !!!"

La lame du Démon de Kiri s'abbatit en direction du vieil homme, mais cessa sa course. Une forme était apparente derrière Zabuza, une jeune femme, portant un bandeau rayé elle aussi. Elle enserrait la taille du futur Mizukage, le suppliant d'arrêter le massacre.

Zabuza ordonna, à celui qui fut autrefois son maître, de partir, baissant les yeux au sol. Tapie dans un coin de la pièce, la petite fille au masque observait la scène, ses yeux jaunes luisant de façon haineuse.

"Pourquoi... ?"

Ding ding...

Les kunoichi étaient à nouveau dans le jardin, sans neige ni vent, laissées à elles mêmes.

Tout était redevenu normal, et pourtant je n’arrivais pas à me défaire de ce frisson qui me parcourait l’échine. La neige n’en était pas seule responsable. L’enfant, ou quoi que ce fut, venait de nous montrer des choses terribles. De Zabuza Momochi je ne savais rien, à part qu’il avait été un jour le Mizukage de Kiri no Kuni, ce village qui m’a adopté comme sienne. Nous venions de voir, moi et Sinaleia, un massacre pour un coup d’état. Mais étrangement, la fillette masquée n’avait pas semblé vouloir que nous ayions un jugement altéré. Elle nous avait montré que les tués étaient uniquement des anbu, à la solde du Mizukage qu’il venait destituer, et non des villageois ou des shinobi.

A la fin, l’enfant avait parlé. Enfin, parlé, plutôt prononcé quelque chose, pour la première fois depuis que nous étions bloquées dans son genjutsu. Elle avait demandé « pourquoi ? », comme si son être se refusait à accepter quelque chose. Dans ma tête je revenais sur les évènements que nous venions de voir. Qui était la jeune fille qui avait empêché l’assassinat du vieil homme ? La volonté du Démon de Kiri avait été vaincu par une adolescente ? J’avais cru percevoir une lueur de haine dans les yeux de notre tourmenteur. De la haine ou… de la jalousie ?

Soudain les pièces du puzzle se mirent en place devant mes yeux. Plus que le pouvoir, Zabuza voulait la vengeance ! Il avait parlé de Yuhi, Rokuro, Chihiro. Chihiro, Zen m’en avait un peu parlé au hasard d’une conversation. Elle était la disciple de Zabuza, avant qu’il ne meure et qu’elle ne quitte le village. Sinaleia avait donc raison sur un point ; l’apparition avait montré Zen et Nimuro, nos sempai respectifs, et cette image où elle et l’ancien Mizukage s’interpénétraient le cœur. Le lien était net ; elle voulait nous montrer qu’il avait été son sempai à elle aussi.

Un sempai pour deux disciples. Notre persécutrice avait sans doute été laissée pour compte. Peut-être voulait-elle qu’on la reconnaisse, ou alors ne cherchait-elle que la vengeance ? Devant mes yeux dansait le masque de renard, et je compris. Je m’étais trompée, un kitsune était un esprit-renard de la forêt. Kiri était environnée d’eau, un kitsune n’y avait rien à faire. L’enfant était bien un démon, mais elle était un kansen, un esprit rejeté par la mer, et revenu pour se venger. Nous étions, Sina et moi, les otages de cette vengeance. Pourquoi nous ? Sans doute étions nous passées au mauvais endroit au mauvais moment. Mais que pouvions nous faire alors ? Je refusais de rester bloquée là, et encore plus d’y laisser la petite fille qui me tenait de compagne depuis quelques jours. Il fallait donc agir. La question était : comment ?

Ine fit disparaître ses deux clones. Il ne servait à rien, du moins l’espérait-elle. Elle se tourna vers Sina, et lui sourit pour la rassurer. Elle avait froid, surtout depuis qu’elle avait donné sa veste à la petite fille, mais elle se sentait le devoir auprès d’elle de ne pas se plaindre et laisser le désespoir les remplir.

La kunoichi laissa errer son regard autour d’elle, à la recherche d’un indice quelconque susceptible de les aider. Elle passa son avant-bras sur son front où des perles de sueur froide coulaient lentement. Depuis combien de temps étaient-elles coincées là ? Leurs dents claquaient, elles étaient gelées, elles n’en pouvaient plus. Ine était trop fatiguée pour se mettre en colère. Elle prit la main de Sinaleia, la serra et tenta la seule chose qui lui vint à l’esprit dans l’instant. De sa voix la plus assurée, elle lança dans le vide, à l’attention du démon :

« Hey, Kansen ! Zabuza est mort, et Chihiro a quitté le village depuis longtemps. Tu n’as aucune raison de nous tenir en otage, nous ne pouvons rien pour toi, et nul ne le pourra.

La jeune femme espérait qu’il se passe quelque chose. Elle espérait de tout son cœur. Elle en avait assez de subir le bon-vouloir de la petite fille au masque. Avec Sina, elle attendit la suite avec appréhension.

Ine eut pour seule réponse un regard jaunâtre chargé de haine. Le bruit de la clochette retentit une énième fois dans le silence, alors qu'un vent glacial se levait.

Le Kansen tendit le bras en direction des deux jeunes filles, la main cachée dans la manche de son kimono, sans mot dire. L'aînée resserra son étreinte sur l'épaule de sa cadette, alors qu'un fin brouillard se levait, froid mais rassurant.

A travers l'opacité de la brume, les deux kiréennes pouvaient sentir deux présences. La première, elles la connaissaient bien ; c'était la créature qui se jouait d'elles depuis leur arrivée en ce lieu. L'autre dégageait une puissance presque palpable, une aura écrasante et protectrice à la fois.

"Ca suffit Sorincha !"

"Toi... Tu m'as abandonné... Pourquoi es-tu là..."

"Tu ne devines pas ? Rappelle toi Kiri... Sa rancoeur et sa colère t'ont rappellée à lui ; en ce qui me concerne c'est la tienne qui m'a faite venir ici, même si je ne suis plus de ce monde, maudit pour avoir utilisé une technique interdite..."

"Zabuza... Pourquoi... ?"

"Parce que je le devais. Si je n'avais pas fait ça , Tsukimaru aurait sans nul doute rasé mon village et massacré tous mes hommes. Je ne pouvais pas laisser faire ça."

Le brouillard se dissipa, lentement. Ine et Sinaleia purent enfin apercevoir la forme de celui qui avait été le maître de Kiri avant leur arrivée. L'homme était de très grande taille, doté d'une musculature impressionante, et portait un masque sur le visage. Il arborait sur le front un bandeau du village de la Brume, rayé en son centre.

Il avança vers Sorincha et posa les mains sur les épaules de celle qui fut autrefois une enfant comme les autres. La colère dans les yeux de l'Enfant s'estompa et elle devint evanescente, retournant au néant d'où elle était venue.

Le fantôme de l'ancien Mizukage se tourna alors vers ses deux compatriotes et les observa, tour à tour, sans laisser transparaître quelconque émotion.

"Il vous faut sortir d'ici et vite, avant que vous ne restiez coincées dans cette dimension."

J'eus presque envie de rire tellement c'était pas drôle. Mon visage devait être cramoisi tellement j'étais en colère, en colère après ce fichu kansen qui nous avait attiré dans ce piège de mauvais goût pour se venger d'un homme mort depuis des lustres, en colère aussi contre ce même homme mort, qui s'avérait être l'ancien Mizukage, pour ses grandes phrases ampoulées qui ne nous apportaient aucune aide.

"Il vous faut sortir d'ici et vite, avant que vous ne restiez coincées dans cette dimension."

La belle affaire. Et comment on sort ? J'avais abandonné assez de méninges en réfléchissant à notre situation pour n'avoir plus le courage d'en gâcher davantage, et le froid qui décidément n'en finissait pas d'être plus mordant à chaque seconde empêchait mon cerveau de brûler normalement ses sucres pour contenir cette colère qui grandissait en moi. Tous ces idiômes stupides de shinobi, les "Ne laisse pas la colère t'envahir car ~~elle mène au côté obscur~~ elle altère la raison", j'avais envie de les vomir.

Mais voilà. A côté de moi, Sina pleurait en silence, de grosses larmes qui s'échappaient de ses yeux magnifiques et qui roulaient sur ses joues encore dodues par l'enfance. La pauvre petite tremblait de tout son corps, et mon coeur s'étreignit. Si moi, la fille des routes, j'avais froid, alors qu'en était-il de Sinaleia ? Ma colère me parut profondément égoïste, et elle s'évanouit comme elle était venue. Une fois de plus, je me penchais sur le problème, rassemblant les derniers bastions de ma concentration pour les concentrer tout entier à sa résolution.

Je regardais une énième fois autour de moi, oubliant le froid, l'angoisse, la faim aussi. Le grand mur qui se profilait devant nous, celui-là même qui était apparu pour nous empêcher de faire demi-tour, ce grand mur était-il la solution ? Entrainant Sina derrière moi, j'allais le toucher, et sa consistance faillit me décourager à nouveau. Mais en réfléchissant un peu, je ne voyais pas d'autre solution : ce ne pouvait être qu'une illusion. Rondement menée certes, faire apparaître un mur comme cela pour nous séparer ~~du monde réel~~ de notre "dimension". Seulement, une question me titillait l'esprit ; pourquoi n'avait-il pas disparu avec la kans... Sorincha ?

*C'est une ruse Ine, elle cherche à te tromper.*

J'aurais aimé en être aussi certaine que la petite voix dans ma tête. Mais le temps pressait. Autour de nous le décor commençait à devenir flou, comme si l'air fondait et l'effaçait petit à petit. Déjà le petit temple n'était plus qu'un souvenir, et la masse informe semblait se rapprocher de nous à grands pas. Sina laissa échapper de sa gorge un sanglot étouffé. Prise d'une peur panique, je l'attrapai et la serrai dans mes bras. La toute petite fille était plus légère qu'une plume. Tenaillée par l'angoisse de m'être trompée, je pris mon élan, et sautai en direction du mur, fermant les yeux très fort en attendant le choc qui allait certainement, cela ne faisait aucun doute, venir. L'image de deux jeunes filles écrasées contre un mur ne quittait pas mon esprit.

Mais il ne se passa rien. Ine retomba sur ses pieds, l'enfant qu'elle portait se faisant plus lourde d'un coup. Entraînée par le poids de Sinaleia, elle tomba sur ses genoux, sans lâcher la petite fille. Quand elle ouvrit les yeux, la brume s'était dissipée et elle reconnut la rue qu'elles traversaient avant de vivre ce cauchemar. Envahie d'un profond soulagement, la jeune femme se mit à pleurer des larmes qui évacuaient toute la tension, tout en serrant Sina contre elle, essayant de limiter le tremblement qui affectait tout son corps.

A l'entrée de la rue, Nimuro apparut. Il se précipita sur elles, le visage mi-sévère, mi-inquiet :

"Que faisiez-vous toutes les deux ?! Votre cours de stratégie est terminé depuis longtemps, je cherchais Sina pour son enseignement et Ren'ai ne te trouvait pas Ine ! Où étiez-vous passées ?"

Alors seulement le jounin médecin avisa les corps tremblants des jeunes kunoichi et les larmes qui baignaient leurs joues. Tout reproche disparut de sa voix et il demanda calmement, tout en relevant Sinaleia et en la frictionnant pour la réchauffer :

"Me diras-tu, Ine, ce qu'il s'est passé ?"

La jeune femme eut un mince sourire en essuyant d'un revers du poing ses yeux rougis.

"C'est une longue histoire, Nimuro-san. Avant de te la raconter j'aurais besoin d'un bon sake, je crois."

[Ine : +6 EX PRP]

Temple abandonné de Sorincha

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