|  Sujet: Objectif - Marketing à la capitale  Dim 29 Juin - 20:57 | |
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Le chemin fut bien plus long et laborieux que prévu. Le temps s'était montré relativement clément, et le choix du duo de rejoindre Amagumo par la forêt de Kinoko leur avait fait épargné les affres de la randonnée montagnarde. Le retard fut simplement du à un mauvais conseil, d'un paysan, qui leur assura de reprendre le chemin du Nord au delà de sa bâtisse, alors qu'ils auraient dû continuer sur quelques kilomètres afin de rejoindre un chemin relativement décent. A la place, ils avaient eu le droit à la sueur et aux larmes face aux ampoules que le chemin de montagne leur avait infligé. Les multiples crevasses et rochers instables n'avaient pas aidé, pas plus que la faune sauvage qui avait décidé de s'interposer également. Les quelques singes féroces rencontrés sur place n'avaient pas demandé leur reste toutefois. Takuan aurait préféré éviter la violence, mais leur attitude féroce les avait forcé à user quelques jutsus et à répondre par l’agressivité à leur tour.
Le milieu de l'après-midi était déjà passé lorsqu'ils arrivèrent à Amagumo. Takuan ne put s'empêcher d'éprouver une petite déception à la vue de ce qu'il espérait voir comme le point culminant de la civilisation du pays de la Foudre. A la place, il put déambuler dans une grande bourgade de campagne, agrémentée de quelques dojos, et d'autres bâtiments de plus grande importance, mais rien d'extraordinaire. Plus une ville grandissait, plus sa vermine également, et l'aspect propret de la capitale ne tarda pas à laisser transparaître la vermine, la faim, la maladie, dans des ruelles sordides où les rebuts de l'humanité se regroupaient dans le simple but de survivre. L'excitation retomba donc presque totalement en l'espace de quelques minutes, et Takuan reprit bientôt un visage de façade. Ce n'était pas aujourd'hui qu'il changerait le monde. Peut-être un jour, mais pas aujourd'hui. Le Toshiya avait appris pendant le trajet qu'Irako était originaire d'Amagumo, il n'avait pas l'air très heureux d'être là pour autant. Nostalgique certainement. Il soupirait parfois, ou cherchait du regard des fantômes de ses souvenirs, que Takuan n'avait pas vraiment moyen de percevoir lui-même. Alors, il laissait faire. Son aide fut toutefois bienvenue lorsqu'il s'agit de trouver la Compagnie des Jeux d'Argent. Amagumo avait beau être en plein développement, ce genre de compagnies avait existé depuis toujours. Les femmes, l'alcool, l'argent, voilà qui faisait avancer le monde. Quitte à aider l'une d'entre elles, Takuan avait choisi les jeux, la moins nuisible à ses yeux. Lorsqu'il arriva devant la pagode qui servait à la fois de casino, de lieu de débauche et d'exhibition, il se demanda s'il avait eu raison.
Le bâtiment était l'un des plus grands du quartier, bien entretenu, et surveillé convenablement, de manière presque ostentatoire, afin de dissuader voleurs ou tricheurs. Takuan montra son bandeau au gorille de la porte d'entrée. L'homme, sans un bruit, leur fit signe d'entrer et les mena à un couloir adjacent à la salle des jeux. Dans une atmosphère embrumée par l'opium, à travers les panneaux de bambou, les shinobis pouvaient apercevoir les geishas agripées aux bras des magnats richissimes qui passaient du bon temps en riant fort et en montrant leurs bourses pleines. Cette vision écœura le Toshiya, sans qu'il ne sut exactement pourquoi. Ils montèrent un premier jeu d'escaliers, puis un second, avant d'apparaître devant un bureau de bois rouge, derrière lequel une femme en kimono de soie les accueillit avec le sourire.
- Nous vous attendions plus tôt.
- Nous de même. Quelques soucis sur la route nous ont retardés.
- Rien de grave j'espère ? J'ai besoin d'hommes vigoureux pour remplir ma mission.
La femme avait une bonne cinquantaine d'années, quelques rides, mais la poudre de riz et le rouge à lèvres faisaient merveille pour cacher sa faiblesse. Elle parlait d'un ton sec, autoritaire. Le Toshiya n'eut même pas besoin de demander, il imaginait aisément comment elle avait pu se construire ce petit empire commercial. Elle leur expliqua rapidement les détails, sans fioriture ni superficiel.
Il lui fallait des gens créatifs pour rendre son commerce florissant à nouveau. La compagnie devait faire face à une concurrence toujours plus ardue, et nombre de ses clients habituels avaient décidé de regarder ailleurs pour voir si l'herbe y était plus verte. Elle devait trouver un moyen de les retenir. Et dans ce monde féodal, la meilleure manière de rester au firmament, c'était de jouer sur l'honneur et le prestige. Aussi avait-elle fait préparer de magnifiques affiches calligraphiées, vantant la longévité exceptionnelle de son établissement, la beauté de ses geishas, le luxe des lieux, la clientèle qui venait quotidiennement. On leur fournit le matériel, et on leur demanda de jouer de leurs talents de marketeurs pour faire rayonner à nouveau la compagnie.
Le duo de shinobis mit quelques temps à façonner un plan d'action. Ils disposaient d'un nombre incroyable d'affiches. Le tout était de se demander où les poser, et surtout de quelle manière. Irako eut alors une idée flamboyante. Une affiche fondait dans le paysage, anonyme, sans aucun impact ou presque dans une ville déjà grouillante de publicités. Il fallait faire de la pose de ces affiches un véritable spectacle. Irako vint apostropher la tenante à nouveau, et lui demanda de lui emprunter quatre ou cinq Geishas de sa compagnie. Non sans effort, il lui expliqua son plan, si bien que la vieille lui concéda leur présence, mais seulement pour deux heures, le soir venu. Voilà qui était parfait. Takuan gardait une arme secrète également dans sa manche, les préparatifs ne prirent pas plus d'une heure, si bien que lorsque le soleil se coucha, tout était prêt.
Dans la rue principale, on vit bientôt arriver une parade, composée de deux geishas portant des paniers de pétales de rose, se dandinant du haut de leurs sabots de bois, alors que le duo qui les suivait chantait un air promotionel vantant la compagnie tout en battant la mesure à l'aide de leurs petits tambourins. Derrière, le spectacle continuait. Tous les 30 mètres, Takuan usa de son jutsu de terre, l'un de ceux qu'il avait appris plus tôt dans la semaine, afin de faire apparaître des murs de terre. Amagumo n'était encore que peu habituée à ces effusions de magie, si bien que l'exécution du jutsu relevait déjà du spectacle. La cinquième Geisha posait alors délicatement les affiches sur les murs ainsi crées, offrant un espace incroyablement original à la publicité. Les curieux qui se demandaient d'où sortaient ces petits murs de terre pouvaient ensuite lire le contenu de l'affiche. La technique semblait imparable.
Ils s'arrêtèrent lorsque Takuan n'eut plus assez de chakra. Les quelques affiches restantes furent collées aux entrées de la ville ainsi qu'autour des auberges les plus connues. Pendant des heures encore, on parla sans cesse du spectacle improvisé qui eut lieu sur la route marchande, et de ces magnifiques geishas accompagnées des braves shinobis du pays de la foudre. L'opération séduction semblait avoir été un succès. Tout du moins, les shinobis l'espéraient...
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