Enfin j’y étais, devant les portes de ce village que l’ont nommait « Kiri », ce ne fut pas sans peine, mais mes efforts étaient récompensés. Ma vie allait connaître un nouveau bouleversement. Elle en avait déjà tant connu. Peut-être pourraient-ils m’aider à la retrouver ? Peut-être était-elle encore en vie ? Peut-être aurais-je enfin des réponses à ces questions qui me hantent nuit et jour ? Je m’avançais en direction d’un des hommes gardant les portes.
Ma tenue était en lambeau par endroit, à peine rapiécé à d’autres, il allait certainement penser que je ne suis qu’une vagabonde venu quémander pour de la nourriture, un hébergement, une protection ou que sais-je, mais cela m’était égal. Après tous, que m’importait ce qu’il pensait de moi ? Ils recrutaient, à ce que j’avais entendu parler, alors ils n’avaient aucune raison de me rejeter. On avait un intérêt commun, après tous, eux, trouver des combattants, moi, trouver un endroit où vivre et où continuer ma quête, grâce à l’aide qu’ils pouvaient m’apporter.
Je me plantai finalement devant l’un des hommes, lâchant quelques mots timidement.
- Bonjour… Je viens ici pour m’engager… Et apprendre à manipuler le Chakra.
- Hein ? Qu’est-ce que tu dis, gamine ? Me demanda le garde, en se penchant un peu.
Relevant les yeux, d’une voix un peu plus déterminée, je reformula ma demande.
- Je suis ici pour devenir Shinobi.
- Ah je vois ! Faut parler plus fort. Entre, c’est à droite, une fois à l’intérieur. Tu peux pas le manquer. Me répondit finalement le garde.
Suivant ses indications, je pénétrais dans l’enceinte du village et me dirigea vers le bâtiment. De ce que j’en vis brièvement, le village était encore largement en construction, mais cela n’était guère étonnant. Après tous, les rumeurs disaient ce village récent. Et de toute manière, ce serait mieux que ce que j’avais connu depuis l’incident.
Lorsque j’arriva dans le bâtiment, plusieurs personnes attendaient déjà. Je me contenta alors de me mettre dans la fil et d’attendre mon tour. Il s’agissait visiblement d’un simple enregistrement, après avoir donné nom et prénom, tous le monde était envoyé auprès d’autres personnes pour parler en privé. Ce fut bientôt mon tour et la personne se tenant au bureau se contenta de demander, d’une voix lasse :
- Nom et prénom.
- Ikeda Mitsuki, répondis-je, avant de me voir inviter à passer à côté, suivant un autre homme, pour la suite.
Une fois dans le nouveau bureau de fortune, le bâtiment dans lequel on se trouvait était, comme le reste du village, encore largement en travaux, mais déjà utilisable… Enfin, plus ou moins. Il s’assit à son bureau et me fit assoir en fasse de lui.
- Bon vas-y, raconte moi ton histoire. Comment t’es arrivée ici ? Demanda l’homme.
Baissant la tête afin de me replonger dans mes souvenirs douloureux, je commença alors à lui raconter mon histoire…
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Ma famille s'était établie sur Mage, l'île principale de l'archipel, et cela depuis plusieurs générations maintenant. Certainement attirés par l’appât du gain à l’origine, nous sommes devenus une famille de guerriers avec le temps, de père en fils et en filles, nous développions nos talents martiaux sur cette île hostile où seuls les plus forts pouvaient survivre, et s’enrichir.
A cause de cela... De la vie que ma famille avait choisie, mon destin fut écrit avant ma naissance. Je devais succéder à mon père en tant que combattante. Je devais faire perdurer l’héritage familial, étant son unique enfant.
Ce fut donc mon père qui se chargea, pour l'essentiel, de mon éducation. Il fallait que ce soit lui, afin de me préparer à lui succéder. Ma mère n'eut guère son mot à dire dans cela, et je crois que même si elle avait eu le choix, elle n'aurait rien fait. Après tous, elle avait également choisie cette vie en venant ici. Et elle avait aussi décidé à ma place de cela.
Quoi qu'il en soit, mon enfance se résuma en une suite d'entrainement et de combats, aussi loin que je puisse me souvenir, je n’ai jamais eu d’amis. Je n’avais pas de temps pour cela. Selon mon père, l’amitié était du temps perdu.
Mon père me forma ainsi à l'avenir pour lequel il me destina. Un avenir que je n'avais pas choisi, mais que je ne pouvais éviter et je m'y étais résignée depuis longtemps. Ainsi mon apprentissage de l'art du combat se poursuivi durant mes jeunes années. Jusqu’au jour où tous changea.
Une rumeur sur un nouveau filon d’or proche de chez nous sembla se répandre, je n’en connu jamais l’origine, mais toujours est-il que cela attira la convoitise et qu’une attaque ne se fit pas attendre. Je vis mon père se faire abattre sous mes yeux et je perdis connaissance peu après. Ils me laissèrent pour morte sur le sol même de ce qui était notre demeure.
Je ne me réveilla que plusieurs jours plus tard, notre maison se trouvait encore autour de moi… Mais réduite en cendre, et le corps de mon père gisait à mes côtés. Ce qui avait été ma vie jusqu’à présent venait d’être réduit en poussière, et toutes mes certitudes également.
Il n’y avait aucune trace de ma mère, aussi, je gardais espoir… Peut-être était-elle encore en vie… Mais si c’était le cas, où pouvait-elle se trouver ?
Sans endroit où aller, ni début de piste afin de retrouver ma mère, je me mis à errer. Je ne sais combiens de temps j’ai erré ainsi. Chaque son semblait annoncer ma mort, alors je me cachais. Je survivais en volant parfois un peu de nourriture dans les villages que je pouvais croiser, ou attrapant quelques petits animaux. L’entrainement de mon père m’était enfin un peu utile, bien qu’encore très lacunaire.
Mon errance me conduit à assister à plusieurs spectacles peu banals, tel que des combats acharnés entre des hommes manipulant la glace et le feu comme l’ont manipule une arme. Comment pouvaient-ils bien réaliser de telles prouesses ? Je ne restais jamais assez longtemps pour le découvrir, ne souhaitant pas figurer parmi les victimes de tels conflits.
Au hasard des chemins, des rumeurs que je pouvais entendre, et de quelques discussions que j’eus avec des villageois que j’osais aborder, et que mon état après plusieurs semaines d’errance n’effraya pas immédiatement, j’appris qu’une nouvelle énergie avait fait son apparition et permettait les plus folles prouesses, qu’un clan, les Aisu, dont je n’avais que peu entendu parler jusqu’à présent, aurait proclamé Mage comme leur appartenant. Que maintenant, cela se nommerait « Pays de l’eau », …
Visiblement, j’avais manqué beaucoup de chose lors de mon errance, je m’étais écartée des nouvelles du monde dans ma quête, quête qui n’avança guère, malgré toutes mes recherches… J’entendis également parler d’un village nommé Kiri, où seraient formés les combattants et protecteurs du pays de l’eau de demain, que l'ont nommerai des Shinobi…
Je n’avais jamais connu que le combat, j’avais été formée pour cela, et seule, sans piste, sans informations, quelles étaient mes chances d’apprendre un jour ce qu’était devenue ma mère… ?
Je décidai donc de me rendre au sein de ce village. Je n’avais rien à y perdre, et peut-être y trouverai-je enfin des réponses.