Une plume, une éclosion...
Il fut une époque où la pluie n'était que sempiternelle et torrentielle. Elle ne s'évoquait alors que sous une rougeur vive, une sanguinité cruelle. Pourtant, il n'était aucune lueur d'âtre. La vie se choyait ainsi de n'être qu'éphémère et insaisissable.
Mais, c'est sous cette même époque que naquit un groupuscule de fiers guerriers, qui, à chaque ère du temps, écrivirent l'histoire. Les infimes prétendants, n'avaient de réelle haine, mais l'époque leur exigea un maniement de l'épée plus souple que celui même de la plume. De par leurs convictions profondes, ils devinrent ainsi une élite concentrique, qui ne lutta que pour l'harmonie et la paix. Lutte après lutte, on leur accorda une gloire promise, un destin légendaire qui ne soupirait que de rêves d'amour et de paix. La vélocité de leur sentiments représentait alors pour le monde un point d'ancrage, un tournant qui aurait pu radier la malveillance à jamais.
Leur légitimité, à cette époque reculée, retentissait avec grandeur au sein de l'unanimité. Ainsi, il fut une époque où la pluie rouge prit fin, et où une prétendance fut acclamée. Mais, les minutes s'écoulèrent cruellement, et ce petit clan, pourtant brillant dans l'art de la guerre, pourtant porteur d'une flamme intouchable en son rougeoiment, ne put s'en tenir à sa gloire. Le temps... L'ennemi le plus prévisible, mais le plus ravageur de l'espèce humaine. D'une nation apaisée, le temps suffit à lui-même pour renaître la noirceur d'âme des civilisations. Et si bien qu'on l'ait connu à différentes apogées, ce clan se fit exclure totalement, annihilé de tout espoir de paix. Cependant, pendant des siècles durant, il ne cessa de lutter pour son idéal, et, malgré leur renommée jadis, il revêtit différents noms à travers les âges... De Senpuu à Uzumaki, en passant par Razen, tous, se battirent pour le même idéal, pour le même rêve, et tous furent craint sur les batailles.
Un millénaire passa, peut-être deux, qui sait ? Un jour vit cependant naître la plus grande lueur de ce clan : Ichiryuu Uzumaki. Et sa légende commença dès son plus âge... Différents mythes circulèrent sur ses exploits, on dit qu'à 5ans, il vaincut à lui seul un groupe de mercenaire maniant la hallebarde comme leur propre main. Ses caractéristiques premières étaient une vitesse divine, un courage sans fin, et un génie débordant. On dit que ses yeux, aux couleurs précieuses transportaient des pouvoirs divins. Son talent semblait inégalable, et sa grandeur d'âme l'arborait comme une légende vivante. De ses différents exploits, il parvint à hisser le clan Uzumaki au plus haut de sa gloire et il récupéra la légitimité de son clan après la bataille de Sanzou, lorsqu'il repoussa le clan Hiko aux frontières de l'existence. Mais, il se refusa à les acculer à la mort, et décida de co-fonder avec eux la première organisation de l'époque. Et ce fut peut-être sa plus chère erreur, car il fut trahi une nuit par sa promise, Sakura Hiko pervertie par le désir de pouvoir de son clan. La légende dit qu'il se serait laissé assassiner par sa bien-aimée, lui murmurant dans un dernier souffle "Je ne puis t'accorder que ce souhait, si ton désir se convainc de ma mort. Mais, je compte sur notre héritage pour combattre avec ta ferveur mes idéaux, mon amour.". Ainsi fut prononcé la prophétie.
Cet assassina n'eut pour autre effet que de faire disparaître, définitivement, la lignée Uzumaki, car cette nuit même correspondit à l'assassina du reste de ce clan, tourmenté par l'exécution de leur Guide. Il en fut ainsi appelé "Akatsuki", la nuit où la lune brilla d'un rouge des plus vifs, et où un sang pur nourrit les terres pour un ultime rendez-vous.
Le mot est ainsi dit. Mais l'histoire ne mentionne pas un détail d'importance, Sakura Hiko tenait en ses entrailles le dernier héritier de cette fine lignée, la progéniture même d'Ichiryuu Uzumaki. Et elle le contint en-elle pendant plus de 4 années, attendant sagement sa nouvelle compagnie pour faire éclore l'enfant-héritier. Cette dernière épreuve lui fut fatale, et dans ses derniers soupirs elle s'éprouva à murmurer "Ce regard... Je m'en vais le rejoindre... Jirou...".
Jirou Uzumaki revêta ainsi le nom de Jirou hiko, à l'ignorance de tous. Et ce dernier mena une vie bien creuse, contrairement aux souhaits de ses deux parents. Jusqu'à une certaine nuit, la nuit où s'est yeux s'éveillèrent au monde...
Le deuxième embrasement...
Jirou vivait seul dans une fortification de fortune dans l'arrière pays, il ne ne maniait ni la plume, ni l'épée. Son unique talent résidait dans son petit atelier d'où l'on pouvait entendre un vacarme assourdissant. A espace régulier, un coup de fracas, à l'instar de la foudre frappant le sol de tout son saoul, retentissait. Une fusion de lumière jaillissait de tout angle, malgré l'espace clos, au point même de propulser le jour dans la nuit. Malgré sa nature distraite, il parvenait à faire preuve d'une concentration extrême quand il s'adonnait à ce pour quoi la nature l'avait dédié. Et le résultat n'était autre que les plus fines lames que l'on pouvait trouver sur le marché, car forgeron il était né.
Mais, il n'usait pas de cet incroyable talent pour s'enrichir, ou pour accroître sa renommée. Non... Il ne forgeait que par amour et passion. En effet, depuis le jour où son prétendu père s'était fait abattre sous ses yeux par cupidité, il avait définitivement perdu le goût du luxe, et avait choisi de se retirer pour vivre de vagabondage. Ainsi, et depuis fort longtemps, il préférait une vie d'abnégation et de se comptenter juste de ce qu'il lui était nécessaire.
Nuit et jour, il s'adonnait à travailler le fer, à lui donner forme et vie. Sa passion lui faisait perdre la notion du temps. Jirou parvenait donc à arborer une magnificience qu'on aurait pu juger d'éternelle sur ses produits. Transperçant l'azur à chaque mouvement, chacune de ses productions étaient une véritable merveille.
Mais jusqu'alors, aucune âme n'avait été transmise au métal pour son propre compte... Jamais, il ne s'était forgé une seule lame. Ce n'est que le premier jour de ses trente années qu'il décida de s'y consacré. Mais, il ne souhaitait pas se satisfaire d'une simple pierre, il désirait pouvoir arborait cette lame comme étant l'oeuvre maîtresse de toute sa vie. Il s'en parti ainsi dans les bas-fonds du pays, à la recherche de substances miracles. Après des jours de vogue, il en arriva sur le long d'un fleuve, dans lequel il décida de se rafraichir, et c'est dans ce même fleuve qu'il y trouva une merveille.
Une roche noir, joyâtre en son essence même. Elle nourrissait en lui, pour la première fois depuis longtemps un désir de possession...
Suite à cette obtention, il s'empressa de retourner dans sa demeure et de s'atteler à la tâche. Ses yeux nourrissait une passion rare, la pierre était d'une beauté renversante, un simple regard était emprisonnant... Chaque coup porté écorchait l'esprit de devoir abimer une telle oeuvre de la nature. Jirou pensa alors qu'il devait comparer, de la manière qui lui offerte, son talent à celui de la création et du néant, il se jura alors de sublimer d'avantage ce trophée.
C'est ainsi qu'il travailla de jour comme de nuit pendant un très long moment durant lequel il ne s'accorda aucun repos. Et, au fil que son énergie se vidait littéralement de son corps, on aurait affirmé qu'une partie de son âme se gorgeait également dans la lame. Et lorsque sa ténacité se fit ténue à son extremum, il s'arrêta enfin, après un dernier coup d'éclat. "Ryuumesen, Le regard du dragon", ainsi fut-elle appelée. Une lame noire, translucide, d'apparence ondulée... Une lame mise sous forme de katana, qui revêtait alors une parure divine, un tranchant presque illusoire, et l'amour de son procréateur. Jirou s'écroula subitement, une partie de son énergie avait été capturée par le katana, d'un travail acharné. Dix couchés de soleil s'effleurèrent pendant lesquels Jirou resta dans une inconscience angélique, quand soudain, au beau milieu de la nuit un évènement inédit frappa à la porte...
Une intense douleur brisa le profond repos de Jirou, une douleur qui provenait du fin fond de ses cellules, et qui se propagea d'une vitesse inouie tout le long de son corps. C'était la première fois que son organisme entier était ébranlé par un tel tressaillement, et, inéluctablement il crut que sa dernière heure était arrivée. La douleur était creusante, et la propagation semblait virale. Chaque seconde équivalait à une vie de supplice, d'autant plus que le corps du forgeron était sensiblement affaibli. Son corps se déchirait de l'intérieur, ses organes se brisaient les uns après les autres... Il put difficilement ouvrir les yeux, et lorsqu'il le fit, il ne vit qu'un flou à la rougeur écarlate, ses yeux pullullaient de sang. Enfin, c'est ce qu'il crut comprendre. Car, à peine quelques secondes après que ses pupilles ne s'ouvrirent de nouveau au monde, toutes la douleurs à la propagation croissante et meurtrière s'estompa subitement, et se mit à converger en ses yeux. Des halos lumineux furent propulsés tandis qu'il se faisait submergé par ces incoutumants évènements. Ses yeux le brulèrent, ses orbites mêmes étaient en feu. Puis, la lumière se referma en même temps que ses paupières. Et un calme étonnant retentit avec violence. La torture avait prit fin. Jirou respirait doucement, des perles excrétrées de ses pores ruisselaient le long de son visage. Un par un, il testa l'intégralité de ses membres, et quand ce fut le moment d'ouvrir les yeux, la douleur concentrique laissa place à une suavité détournante. Le rouge sang n'était point que l'ombre du nouveau rubis tapissant le regard de cet homme effondré. Et c'est à cet instant que son destin bascula.
Quelques heures plus tard, Jirou était sur pied. Ryuumesen était intacte, et ses nouvelles pupilles l'envoutaient d'un bien-être rare. Ce changement le laissait perplexe, et son esprit, peu habitué aux réflexions ne lui permettait pas d'entrevoir une mince solution explicative.
Il observa ainsi longtemps cet attribut qu'il venait de recevoir par la grâce du destin. La nature avait-elle reconnu sa défaite ? Lui avait-elle été reconnaissante par sa sublimation de la désormais lame Ryuumesen ? Il ne savait pas, il ne savait rien. Mais il se contenta de ce peu.
Et ce ne fut que quelques jours plus tard, que le changement s'opéra. Alors qu'il s'entraînait dans une plaine au kenjutsu, maniant précieusement son katana, un petit groupe de rônins s'aventura à sa rencontre. Les bien-heureux tentèrent alors de lui dérober son bien, fascinés par la beauté de la lame. De menaces en exécution, Jirou décida de ne pas flancher, qu'importe s'il en fallut mourrir. Pour lui, perdre Ryuumesen équivalait à la perte de la moitié de son essence vitale. Il en fut d'un mot de trop pour que les pillards ne sortent eux-mêmes leurs lames. Et dans le souffle d'un seul instant, l'espace se crispa et se fendit. Les 5 malheureux sans maître étaient étendues au sol.
"Mon âme s'émeut de vos tourments, mon coeur se blesse à vos peines. Ryuumesen châtie votre noirceur. Vivez, en ce jour et vivez demain. Que je sois ainsi l'incarnation de votre passé emproie au chagrin, que je sois ainsi la fêlure de votre tragédie sans fin ! Le funeste destin vous rattrapera d'autant trop tôt, croyez-en les mots d'un pauvre homme... Je reviens d'une sombre fin, et mon nom est... Jirou Hishô !"
Jirou décida alors de s'engager dans une voie difficile, dans un destin empli de douleur. "Hishô" fut dès lors la lignée de ceux qui supportent de grandes afflictions, ceux qui devront surmonter de profondes peines, et de douloureux chagrins. Sans même qu'il le sache, "hishô" allait devenir l'un des piliers du lendemain du destin. A quel moment Jirou était-il devenu si différent ? A quel moment ses incroyables capacités naturelles avaient-elles prit l'ascendant sur lui ? Nul ne saurait le dire précisément, mais d'une fine corrélation d'effort et de volonté naquit ce nouvel être, en qui la grandeur du temps accorderait bientôt d'illustres exploits.
Et c'est ainsi que le premier Hishô quitta subitement ses terres, pour aller explorer le vaste monde.
Et les années perlèrent tout comme s'écoule le flux d'une rivière. Jirou vaguait de villages en villages, de villes en ville, et ne cessait de parcourir le monde à la recherche de manuscrit traitant de ce que l'on appelait "Le Jadis". Il souhaitait en apprendre d'avantage sur l'ancien temps, afin de mieux comprendre le sien, et d'offrir à sa descendance une large vision du futur. Oui, il était fermement convaincu que de cette manière, sa vie toute entière prendrait du sens. Et il retraça ainsi, les légendaires exploits du temps passé. Nombreuses étaient les versions, nombreux étaient les mythes. On évoquait certaines créatures légendaires, crachant le feu le plus ardent qu'il puisse exister. D'une toute autre vision, on accordait même à certains personnages, des pouvoirs tout à fait extraordinaire, "Dieu" et "Déesse" étaient-ils appelés. "Amateratsu" retint particulièrement l'attention de Jirou, qui passa un temps fou à récolter autant d'informations qu'il le pouvait sur son compte.
Il était fermement convaincu qu'il y avait un lien entre ces créatures de feu et cette déesse a qui l'on dévouait la puissance solaire. Etait-il possible qu'elle fut la progénitrice de ces merveilleuses créatures ? A moins que la réalité n'en témoigne du contraire, et qu'elle n'était que la descendante de ces dernières. Pouvait-elle, à leur instar cracher du feu ? Etait-ce pour cette raison que l'hommage de l'art du feu lui était copieusement dédié ?
Les pistes sur toutes ces interrogations ne lui consommèrent que du temps, pour fort peu de réponse, car d'exactitude il n'y en avait guère, au point même qu'il se mit à douter de ces existences surnaturelles. Cependant, alors qu'il vagabondait dans les montagnes Fubuki, il croisa un marchand qui ne négociait que par le sacre de la connaissance, car porteur d'histoire il était héritier de plusieurs générations.
"En la grâce du destin, mon grand Seigneur, votre stock de parchemins comble les parcelles de mon esprit désireux de connaissances. Laissez-moi vous porter commande, je vous en prie".
"Brave homme que vous semblez, et fin limier que vous êtes né. Il est vrai que cette collection foisonne d'onguents de bien des maux mon cher Ami. Si le plaisir des mémoires vous octroie de telles sensations, laissez-moi vous conseiller par le partage de quelques uns."
"Votre longévité n'est oeuvre que de la richesse de votre âme, soyez remerciés."
Et c'est sur cet entrain que la lecture et le décryptage de fabuleux récit chemina de longues heures durant. Par la nuit qui tombait, les deux hommes allaient devoir quitter lieu, mais, ce n'était sans compter la découverte de quelques manuscrits ornés des inscriptions "Héros des temps anciens". Le vieil homme, s'empressa de récupérer ces derniers, et de les tendre au vagabond.
"Ma fin est proche, et l'augure de cette journée fut immense. Mes plaisirs sont rares, mais celui du jour fut sincère. Votre présence et votre écoute ont ravi l'âme d'un vieillard. Prenez-les donc cher Ami, et soyez à votre tour remercié"
"Votre présence m'éduque sur la voie de la sagesse, et votre grandeur d'âme saura reconduire la mienne sur les mauvais chemin qui l'inciteront. Que votre renom perdure au delà de l'éternel. Merci de mille grâces."
Leurs chemins se séparèrent de cette sorte, et Jirou s'abrita dans une habitation proche avant de commencer la lecture. De nombreuses histoires étaient narrées... Mais trois d'entre elles attirèrent particulièrement son attention : "Tenga Nomura, père des hommes et des forges", "Hama Youri, l'oeuvre originelle"... Et enfin, un manuscrit, d'apparence récente, intitulé "Ichiryuu Uzumaki, Le dragon qui pleurait des richesses".
Les deux premières oeuvres lui apprirent les premières traces de l'humanité que l'on pouvait retracer. Et apprendre que son talent était tout droit un don hérité du grand Tenga Nomura le ravit au plus haut point. Il se passionna pour chaque détail qui était décrit, et s'enivra de toutes les richesses de connaissances qui étaient à porté de main. La traite du fer étaient une discipline ancestrale, elle précédait même la naissance du kenjutsu. C'était ainsi un fait. Mais il comprit en quelques lignes que ce maniement du fer ne pouvait connaître de véritables limites. Il décripta aussi quelques traces d'encre, aux allures singulières, arrondies, dans un alphabet qui semblait inusé, et bien plus ancien que les traces modernes d'écrits. Qu'étais-ce donc ? Un étrange pictogramme évoquant le mot "Fer" était dessiné en son centre, et une étrange énergie profusait et émanait de ce parchemin. Il décida de conserver précieusement cet artefact, et de mener son enquête dans un lendemain proche.
Définitivement inspiré et captivé par les différentes histoires qu'il découvrait, il décida de poursuivre ces lectures et de s'attaquer au dernier ouvrage qu'il venait acquérir. Il le pris en main. Ce dernier semblait très récent. Les pages étaient relativement bien entretenues, et l'encre semblait presque encore humide. Le titre était particulier, il attirait étrangement Jirou, mais semblait en même temps de l'ordre mythique. Cette double attraction était inhabituelle, et laissait libre cours à la perplexité. Jirou commença cependant la lecture, sur une temporalité très lourde, chaque second s'écoulait comme si le cours du temps lui même avait changé. Et cette étrange sensation se fluidifia par la mesure que les pages défilait dans le regard du désormais vagabond.
A travers les yeux d'un vieillard...
"...
...Ichiryuu Uzumaki périt ainsi tragiquement. Celle qu'il arborait comme étant le foureau de sa lame, venait de le trahir, et ce dernier geste était désormais gravé dans l'éternité. Mais selon toute vraisemblance, la pression sur les épaules de sa bien-aimée était trop grandement exercée par son clan, et par cette même pression, elle s'était perdue dans un acte lâche qu'elle aurait regretté dès lors qu'elle l'avait engagé. Les faits nous laisse à supposer, ainsi, que la dernier dragon Uzumaki aurait lui même pris la main de celle qui avait su le séduire, pour venir planter la lame qu'elle tenait au plus profond de son corps, et sceller à jamais, la moitié de sa culpabilité dans la tombe. Cet homme qui s'était hissé au plus haut sommet du monde, avait, au nom de la raison, décidé de se laisser assassiner pour protéger ce qu'il chérissait. Ichiryuu Uzumaki, le guerrier divin, éblouissant d'une céleste couleur émeraude sur les champs de bataille, était ainsi mort, le sourire aux lèvres, mais les yeux précieux remplis d'émotions et de tristesse. On dit qu'une larme perla le long de son visage, et qu'elle vint s'échouer sur le plat ventre de son amie, et que cette dernière se transforma en un véritable dresde vert.
Cet ultime instant concentra toutes les peines du monde, la splendeur d'une âme s'était éteinte à jamais, par le coup d'une seule hésitation folle. La rumeur dit que la Terre aurait elle-même était émue, et qu'elle se figea brièvement, pour rendre un dernier hommage à ce désormais défunt grand homme. Un silence lourd laissa place ensuite à un sanglot déchirant. Les larmes versées étaient sincères et douloureuses, l'héritière du clan Hiko, se heurta à la sombre réalité. On dit que ces mêmes sanglots rompirent le ciel brutalement, transpercèrent le vent et scindèrent les flots. L'âme la plus meurtrie s'éprouvait de celle qui était la plus pure. Mais le vice avait frappé, et le destin referma la porte d'un grand coup d'éclat, tel un coup de maître.
La malheureuse eut pour châtiment de vivre 4 années de plus dans la douleur de ces regrets, apprivoisée par la brutalité d'un autre qui lui implanta un enfant au fond de ses entrailles. La naissance de ce dernier priva sa mère de la lumière pour toujours. Ces instants, dit-on, lui permirent d'obtenir sa rédemption.
Notre histoire s'achève ici. Le seul héritage que nous laisse cet homme dans toute son immensité, est cette tragédie, inscrite dans les profondeurs du temps. Une prophétie en découle :
"L'éternel feu du dernier dragon s'embrasera de nouveau d'une vive flamme dans l'âtre, pour s'immiscer ainsi de n'être que le premier d'une ardente trilogie. La lueur de ce flamboiement bannira l'obscurité au travers d'un regard qui s'essouflera de sa magnificience dans un éclat."
Quant à l'enfant, un racontard circule à son égard. Il est dit que, lors du dernier soupir de sa mère, par l'intensité de l'amour qu'elle lui transmis, les yeux du bambin s'illuminèrent promptement d'un rouge pur, à l'allure de rubis, des yeux de pierres précieuses, à l'instar de l'illustre Ichiryuu Uzumaki."
Le silence résonnait d'une douloureuse puissance. C'était cette sensation, cet inégalable sentiment qu'il avait tant cherché... Un apaisement dans la sagesse, dans la vérité. On dit que les mots sont porteurs de bien des maux, mais quelle lourde signification que ces derniers portèrent. Jirou resta quelques secondes, quelques minutes, voire peut-être quelques heures, d'un calme étonnament long.
Etait-ce une fable ? La nature découvrit en cette nuit torrentielle tout son charme, toutes ses capacités à pourvoir surprendre, et à pouvoir suspendre au bout de son doigt le destin de chacun. La nature était grande, et elle arborait une grandeur sans faille.
L'esprit de l'héritier Uzumaki s'était laisser échoir à la plus sincère et vive des émotions. De fines larmes ruisselèrent sur son visage et l'humidifièrent d'une douce mélancolie. Il ne put alors que murmurer brièvement quelques mots :
"Père... Je ne pouvais recevoir plus grand honneur. Tu es mort d'une illustre manière, et ta grandeur s'est écrite par cette force que tu dégageais. Ta légende continuera de s'écrire à travers tes héritiers, et nous perdurerons ta mémoire. Ma douleur est profonde en ce jour père, mais quelle fut la tienne ? [...] Guide moi vers mon destin et donne moi ta bravoure pour supporter mon héritage. "Aishuugan, le regard de la douleur", tel sera mon fardeau !"
Jirou accepta ainsi un tragique destin, en cette nuit, pensant pouvoir supporter toutes les difficultés et les peines de l'avenir... Il pensait qu'à travers ce regard si précieux qu'il avait reçu de son père, il saurait enduré toutes les épreuves qu'il lui serait opposé. Mais la réalité fut autre.
Jirou continua de vagabonder dans tous le pays, à la recherche de sa place dans toute l'immensité de l'existence. C'est ainsi qu'il rencontra une jeune femme, quelques années plus tard, au fort caractère, mais à la douceur sans faille. Les années passèrent, et des héritiers naquirent : Son qui était l'ainé, Eichi qui était le cadet, et Tora qui était la benjamine. Pour pouvoir assurer cette descendance, il décida de s'installer dans une contrée lointaine, et de commencer une nouvelle vie. C'est ainsi qu'il parti avec sa famille sur le continent appelé "Nawa".
Les terres étaient désolées, car ravagées par les incessants conflits. Mais les possibilités de vie étaient nombreuses. Jirou, par son talent inéluctable au sabre s'embrasa dans cet art, en temps que guerrier de l'une des plus puissantes familles de l'époque : La famille Tenaka. Ayant prêté sermant d'allégeance, il participa ainsi à de nombreuses guerres, et se fit très vite remarquer, en tant que l'un des piliers de l'armées. Il fut atteler à la formation de nouveaux samurais, et entraîna sévèrement ses fils pour qu'ils puissent le rejoindre sur le champ de bataille.
Et plus de trente années passèrent ainsi, dans le silence du passé. Le moment n'était pas venu pour lui de raconter l'histoire de leur lignée. Son et Eichi étaient devenus de fins combattants, mais même à leurs apogées, ils restaient bien moins talentueux que leur père. Ils n'avaient développé aucune capacité particulière, et l'Aishuugan ne s'était pas révélé à eux. Pourtant, Jirou se faisait vieux, les années passaient, et le temps lui était compté.
La situation se faisait difficile, les Tenaka n'avaient plus les finances nécessaires pour assumer leur légitimité, et on entendait de nombreuses rumeurs sur une autre famille de fortunés, les Buniko.
Un jour, on fit convoquer Jirou, et on demanda à ce qu'il soit accompagné de sa fille Tora. Arrivé au château, un jeune membre de la famille Tenaka eut pour ambition d'assouvir certains désirs par la présence de la benjamine Hishô.
"Mon Seigneur, j'ai servi votre famille par la lame de Ryuumesen bien avant que vous ne connaissiez la couleur du jour. Ma lame a souillé énormément de vie pour votre cause. Une telle proposition en ma présence attriste mon coeur, et atteint la dignité du vieil homme que je suis. Tora n'est pas..."
"Cessez ! Vous êtes un grand guerrier, mais je suis un noble. J'ordonne, vous obéissez."
"Il y a bien longtemps que j'ai forgé Ryuumesen, j'y ai mis mon âme. Mon corps s'est rouillé, mais mon âme est restée aussi pure qu'autrefois. Je n'ai nulle ambition de m'attirer vos foudres, mais je ne puis permettre de pareille entâche"
"Amenez la fille dans ma couche"
Une demi douzaine de samurais arrivèrent pour capturer la jeune héritière du clan Hishô. Jirou fit face, levant une fois encore sa lame noirâtre qui n'avait en rien perdue de sa lueur, et le combat commença. Les samurais étaient extrêmement agiles et puissants, ils constituaient une garde d'élite. Jirou peina dans cette épreuve, car chacun de ses pas lui demandait bien plus d'énergie qu'autrefois, mais coup par coup, il fendit l'air et brisa les malheureux par une dextérité magistrale. Les samurais continuèrent d'arriver en trombe. Tora reculait de quelques pas, effrayée par le spectacle qui se déroulait sous ses yeux. Comment la situation avait-elle pu en arriver là aussi vite ? Elle ne comprenait pas... Elle ne comprit pas non plus, le coup fatal qui lui fut porté, par l'un des soldats. Ce dernier ne le fit pas volontairement, mais dans l'émulsion du combat, il fit virevolter maladroitement son sabre qui atteint la jeune femme en pleine poitrine.
"Toraaa !!!!!"
Un jet de lumière jaillit des yeux du vieillard, une couleur rouge rubis, inchangée... Ses yeux emplis de tristesse et de rage retentirent à nouveau, des larmes coulant sur son visage marqué. Puis, l'on vit des arcs de cercles lumineux sortir de Ryuumesen, un tranchant noir, qui semblait prendre vie. Et la pièce se calma brutalement, dans un grand fracas, les samurais jonchant le sol, inertes, et Jirou écroulé sur le corps de sa fille, vivant ses derniers instants. Le coup avait atteint plusieurs organes vitaux, et la conscience de la jeune femme était trop ténue pour espérer un miracle. Ainsi prit fin la vie de Tora.
Dans la douleur de la vérité, Jirou ne sentit pas arriver le coup du dos du katana qui lui fut porté au niveau de la nuque, et il s'écroula, déjà affaibli par les derniers instants.
Il se réveilla quelques temps plus tard, enfermé dans une pièce, seul, Ryuumesen posée sur le côté. Son corps ravagé par les années était recouvert de cicatrise, de blessures récentes. Puis il resta là, de nombreux jours.
Vient enfin un moment, où le jeune Tenaka qui avait contribué à l'exécution de Tora se présenta face à Jirou.
"Vos fils sont inquiets, ils ont appris que vous n'êtes jamais parvenu au château avec votre fille... Ils vous cherchent depuis des jours. Quelle regrettable situation vieillard. J'ai été fortement étonné par votre vigueur restante, mais malgré le cruel châtiment que vous avez accordé à mes hommes, vous n'avez rien empêché. La dépouille de votre fille n'eut pas l'effet escompté"
Jirou retint se respiration, il s'efforçait de ralentir ses inspirations, et de prolonger ses expirations. Il savait que le mal était déjà commis, et que plus jamais, il ne pourrait tenir sa fille entre ses mains. Cette douleur du deuil lui était familière, mais il ne l'avait jamais connu de manière aussi prononcée. Il savait qu'il en était ainsi, qu'il lui aurait fallu tôt ou tard surmonté un sentiment aussi éprouvant, mais il avait fini par se convaincre que ce ne serait finalement pas le cas.
"Hishô est celui qui endure les peines, les douleurs infligées par l'atrocité humaine. Ma fille n'a pas souffert longtemps, je prends ses souffrances en moi, car sa vie a été fortement écourtée. Je n'ai pas en mon pouvoir la capacité de changer le cours des choses. Mais en tant que premier représentant de la lignée des Hishô, je vais t'apprendre le respect de la mort."
"La lignée hishô disparaîtra dans les heures à venir, dans le plus grand silence. Votre fin sera identique ! Regardez-vous, vous n'êtes plus qu'une relique d'un ancien temps, croupissant devant la nouvelle génération. Je suis votre futur, votre passé, votre présent. "
"Aussi puissant que tu puisses te prétendre, il y a encore beaucoup de choses que tes jeunes années ne t'auront pas permises de voir. Tu avais toute ta vie devant toi, et tu as décidé de l'écourter en même temps que tu as pris celle de ma fille. L'humain est destiné à l'évolution, mais la vermine n'évoluera pas.... Hana no Ryuumesen..."
La lame diamantée se mit alors à tourbillonner sur elle-même prenant de plus en plus de vitesse, et vint frapper les liens serrant les mains de Jirou. La liberté retrouvée, il récupéra son katana et asséna un coup à vif sur le jeune Tenaka qui s'écroula net.
"Sois purifié de tes vices dans l'autre monde..."
"Guurk ! lança-t-il dans un crachat de sang. Quel genre de sorcellerie exerces-tu ? Comment as-tu fait ça ?! Sache que ma mort ne restera pas impunie."
"Ce sont des pouvoirs que j'ai développé il y a longtemps de cela, mais que je n'ai su exprimer qu'il y a peu de temps, je n'ai pas compris pourquoi, mais mon organisme semble avoir évolué. Et tu es le premier à en avoir eu une démonstration publique, je m'efforçais depuis que j'ai découvert ce nouveau talent de rester discret et de ne pas m'en servir, même mes fils ignorent cette étrange magie. Pour un vieux croûlant, j'aurais eu énormément à t'apprendre."
"Alors à mon tour de t'apprendre une chose... Tes fils, et leurs femmes... Ta propre épouse... J'ai fait en sorte qu'on les fasse assassiner dans la douleur, et à l'heure qu'il est... Ils doivent déjà avoir connu le même sort. Regrettable qu'un vieil égoïste comme toi n'aies pas pensé à apprendre ce genre de tour à ses héritiers, ils s'en seraient certainement sortis... Hé hé.... guuurk !"
"Que dis-tu ?!"
Le fil de vie du jeune Tenaka avait déjà été coupé, et Jirou ne s'attarda pas, et s'enfuit aussi vite qu'il le put, pour trouver ses fils, priant de toute son âme qu'il ne soit pas trop tard.
Le pays du feu était vaste, mais Jirou décida de commencer ses recherches par les maisons de ses fils, où il ne trouva rien ni personne. Puis il partit chercher dans tous les endroits "habituels", où le résultat fut le même à chaque reprise. Il se souvint cependant que son ainé, Son, aimait particulièrement un petit lagune, dans la forêt Oba, et qu'il s'y serait sûrement réfugié en cas de problème majeur. Il se précipita d'y aller, alors que les heures s'écoulèrent. Et son effroi fut dramatique. Une horde de samurais saluait la terre par le mélange sanguin qui s'évadait des différents guerriers... Mais il vit également le corps de ses deux fils et de leurs compagnes respectives, sans vies, étendus au bord du petit lagune qu'appréciait tant Son. Les visages crispés, la peur s'était emparée d'eux tout le long du combat. Ils avaient dû comprendre qu'ils n'avaient aucune lueur d'espoir de survivre à un tel affontement. Ils semblaient s'être vaillament battu, à en dénombrer le nombre de guerriers, raides sur le sol. Il ne visualisait que trop bien le déroulement des évènements, et subitement, il s'effondra, lacérant la terre des ses ongles... Et l'arrosant de tristes sanglots, comme un dernier salut à son sang.
Nul ne saurait comprendre par quelle douleur il fut meurtrie, tout d'abord sa fille, puis ses fils, toute sa vie venait de s'effondrer. Il entendit alors par les battements de son coeur, une véritable mélodie, triste en son fond, et évocatrice de la plus grande désolation que l'on puisse à jamais éprouver, la désolation d'avoir mis un terme à la vie de sa propre chair.
"Jirou... Je... suis là..."
Sa femme était vivante, en retrait de la bataille, recroquevillée. Elle tenait dans ses bras un nouveau né, un enfant innocent, qui naquit lors d'une tragédie. Elle était blessée, et elle semblait lourdement affaiblie. Sa conscience était faible, et son souffle se ralentissait à chaque instant. Jirou s'approcha et compris qu'il n'y avait aucun échappatoire heureux à cette situation. Le visage de sa femme était apaisé, elle commença :
"Jirou... Je te présente Furyoku Hishô, le fils de ton fils Son, et par conséquent... Ton petit-fils... Avant que tu ne t'empresses de t'inquiéter, je te demanderais simplement de m'écouter... L'armée des Tenaka nous a attaqué... Son et Eichi sont venus me chercher en précipice, alors que l'accouchement de Tenma était proche. Nous sommes venus ici, et nous avons fait naître ce magnifique enfant. Mais, nous avons été suivi. Tu peux être fiers de tes fils, ils se sont admirablement battus... Mais.. Ils sont revenus par vague trop nombreuses, et nous savions que nos vies touchaient à leur fin. Eichi pensa qu'il fallait me laisser en recul avec son neveu, car ils étaient les principales cibles, avec Tenma et Totsuô... Je remercie le destin de m'avoir accordé deux fils aussi talentueux... Qu'ils reposent en paix désormais... Son... Eichi..."
L'émotion était palpable, il n'y eut à ce moment-là, aucune larme de versées.
"Que s'est-il passé pour que tu sois ainsi blessé ?"
"Une sentinelle, le dernier soldat qui faisait un tour de ronde m'a surpris avec Furyoku, et il a tenté de nous assassiner. Sans que je puisse comprendre, une puissante lumière jaillit de nulle part, et, quand je pus de nouveau distinguer le jour, le soldat était mort. Je ne puis te l'expliquer mieux".
"Je crois comprendre... Laisse moi t'avouer une chose. Cette situation est mon erreur. J'ai laissé Tora se faire assassiner sous mes yeux, je n'ai pas pu la sauver... Et, pour seuls remerciements de ma fidélité envers les Tenaka, la vie de ma famille a été dérobée à jamais... Je suis tellement désolé..."
Un bref instant dans le silence s'écoula.
"Tu n'as pas à t'en soucier. Je te connais mieux que toi-même, et je sais que si Tora a été assassiné en ta présence, c'est que le destin en voulait ainsi... Mes forces me quittent Jirou... Je vais bientôt partir retrouver nos enfants... Mais j'ai encore trois dernières choses à te dire...
J'ai vécu longtemps, et je suis heureuse de la vie que j'ai mené. La mort est une chose courante dans notre monde, et tu ne le sais que trop bien. Tu n'as pas à reporter sur toi cette situation, tu n'y es pour rien, et personne ne t'en voudra. Nous avons vécu heureux.
Je... Sais... Qu'il va être difficile pour toi de continuer de vivre, mais tu as désormais un lourd fardeau sur les épaules, et il s'appelle Furyoku... Il sera notre héritier à tous... Permets lui de pouvoir vivre avant de venir nous rejoindre. Il... Il possède quelque chose de rare... Et... Transmet lui tout l'amour de sa famille... C'est important...
Enfin, et pour finir... Je sais que les prochaines années vont être longues... Et je t'attendrais avec impatience, parce que... Je t'aimerais toujours... Oui, je t'aimerais même dans l'au-delà Jirou Hishô..."
"Je ne vis plus que dans l'attente de nos retrouvailles mon amour. Le temps sera long, mais tu m'as gâté de suffisamment de souvenirs, pour que je puisse tenir le temps qu'il faudra. Furyoku, tu dis ? C'est joli... Mon âme se brise de me séparer de toi, mais sache que l'éternité même n'érosera mon amour pour toi, je t'aimerais pour maintenant et à jamais..."
La déflagration de l'héritier...
Son âme avait quitté son corps, et rien de ce que pouvait faire Jirou ne changerait les choses. Il venait de perdre tout ce qu'il avait construit jusqu'ici. Et il ne désirait plus qu'une seule chose... Que cette peine qui l'éprouvait, qui le déchirait de l'intérieur à l'image de la mélodie d'un requiem, cesse définitivement, et viennent mettre fin à sa vie. Mais il savait que sa femme lui avait fait son ultime demande, il savait qu'elle avait souhaité en ses derniers instants, qu'il vive et qu'il endure un tel chagrin... Alors, une dernière fois, il se releva.
Il enterra ses défunts, avec la plus grande précaution et s'émut de leur visage une ultime fois. Il savait, que jamais plus, il n'aurait l'occasion de les contempler, de les chérir... Il ne savait que trop bien que seuls les souvenirs s'imprimeraient en lui pour lui rappeler cette vie qu'il avait tant aimé. Et il savait... Que seule la mort le soulagerait... Un par un, il creusa à la main, et affina les trous pour les combler des corps des siens. Il effaça le sang de leur visage grâce à l'eau du lagune... Et enfin, fit ses adieux dans une souffrance insoupçonnable. Sa désolation avait marqué son visage pour le restants de ses jours.
Une fois les corps recouverts, il s'agenouilla et récita quelques mots :
"De tout son dépit, le destin nous a séparé. Puissiez-vous m'attendre dans cette autre vie ? Mon existence est aujourd'hui trop longue, d'égoïsme, j'aurais préféré m'enfuir avant vous. Cet égoïsme est puni en ce sombre jour, et je porterais ce fardeau de mon vieux corps. La vie est faite d'injustice, mais un jour nouveau, toutes ces tragédies prendront fin, et... Le doute n'est pas permis... Cette époque cessera par l'action de ce petit homme que vous m'avez légué. Fils... Sois certain qu'il connaîtra un lendemain béat, que ta confiance sois loué. Je viendrais bientôt vous rejoindre. Pour le moment, je veillerais sur vous."
A la fin de cet hommage, il planta Ryuumesen dans le sol avec une force intense. Puis... Il sortit ce vieux parchemin, qu'il avait découvert dans le livre de son aîné Tenga Nomura, constitué d'écrits anciens, indéchiffrables. Le parchemin était intact, car il avait été conservé précieusement. Mais depuis peu, Jirou le gardait sur lui, un sentiment instinctif lui avait dicté cette conduite. Et il sut, par le même instinct, que le moment était venu pour lui de s'en servir. Il le déplia, puis posa sa main droite dessus. Enfin, il releva la main gauche, et ferma ses yeux rubis. Le vent soufflait de puissantes bourrasques qui tourbillonnaient tout autour du vieillard. Puis subitement, une détonante rafale cessa toute l'agitation pour la transformer en zéphyr. Il ouvrit ses yeux, qui scintillaient avec douceur. Dans un souffle il murmura : "Fûinjutsu : Bohi tetsu" (La tombe de fer)
Aussitôt, une puissante aura se dégagea du corps de Jirou, et enveloppa la terre qui recouvrait les corps de sa femme, de ses fils et de leurs épouses. Un halo lumineux se déchaîna autour de la lame au diamant noir, puis y incrusta les mêmes écritures qui figuraient sur le parchemin. Jirou s'approcha alors, et tenta de récupérer sa lame, mais ce fut vain, elle ne faisait plus qu'un avec le sol qu'elle transperçait. Il tenta alors de creuser la terre, mais là encore, il n'y parvint pas. En effet, elle était désormais plus résistante que le fer lui-même. Il s'exprima alors : "Ryuumesen, préserve-les jusqu'à notre retour". Finalement, il récupéra Furyoku qui dormait profondément, et sortit de la forêt de Oba, avant de prendre la route dans l'arrière-pays, et dans l'anonymat le plus complet.
Et Jirou éleva ainsi seul le jeune héritier Hishô, dans une mélancolie et une peine d'âme profonde. Pourtant, malgré toute la tristesse qui s'incapara de lui, il savait qu'il lui fallait élever cet enfant dans la joie, lui procurer une source, un point d'attachement à une vie heureuse. Son destin serait sans nul doute tragique, et c'est précisément dans ces moments-là, qu'il aurait besoin de se remémorer cette époque d'allégresse. Il aurait à surmonter de nombreuses peines.
Mais, pour Jirou, il n'y avait aucun doute, derrière ce nouveau-né était caché le plus grand prodige de son clan, un enfant qui surpasserait outrageusement son grand-mère, et son ancêtre. Oui, un héritier digne de porter haut les souvenirs de ces aïeuls.
Lorsque Furyoku eut 3ans, la famille Tenaka avait disparu de la légitimité, remplacée par la désormais riche et puissante famille Buniko. Jirou n'avait plus à se cacher. Néanmoins, son visage avait été tellement frappé par les derniers évènements qu'il en était méconnaissable. Désormais, ses pupilles Aishuugan avait disparu, et il avait pratiquement perdu toutes la fine maitrise de son sabre. Son corps faiblissait de jour en jour, alors que celui de Furyoku gagnait en puissance.
Ainsi, il revint s'installer dans les premières lignes du pays, et décida d'entraîner son petit fils, dès son plus jeune âge, dans la voie du sabre.
Et en effet, Furyoku était un enfant précoce. A seulement 3ans, il avait acquérit une maîtrise de son corps impressionnante, et possédait un équilibre à peine croyable. Il savait marcher sur les mains, et maîtrisais toutes sortes de pirouettes. Sa vitesse de course était déjà très avancée, et il aimait particulièrement l'entraînement que lui faisait subir son grand-père.
Chaque jour, il devait méditer sur la voie du samurais, sur la voie du sabre, sur la voie du combat. Jirou lui inculquait quelques réflexions plus profondes, comme le sens de la vie, le sens du devoir et de l'honneur, le sens de la famille. Il commença ainsi, à assimiler de nombreuses valeurs, et développa un sens aigu de la réflexion.
A 4ans, il commença l'entraînement au Bokken (sabre de bois). Chaque matin, il se levait pour méditer, puis, dès l'aube prononcée, il s'attelait à répéter différents exercices que lui avait appris son grand-père. Notamment, il s'entraînait à dégainer et à rengainer le plus vite qu'il le pouvait. Mais, il était très perfectionniste, et ne se contentait jamais du résultats. Pourtant, ses progrès étaient phénoménaux. A chaque tombée de nuit, son grand père l'emmenait près d'un lac, où il devait apprendre à assimiler la nature avec son corps. Enfin, une fois cette exercice terminé, ils rentraient tout deux, et Jirou racontaient des histoires et légendes sur les mythes anciens qu'il eut appris il y a longtemps de cela. C'était ainsi qu'ils aimaient vivre.
Et les années s'écoulèrent ainsi rapidement. Chaque jour était marqué par une monotonie agréable. Dans les yeux du vieux Jirou resplendissait désormais l'image d'un vaillant jeune homme à la prestance marquante. Car en effet, Furyoku avait grandi. A cet époque-là, Furyoku était un garçon souriant, joyeux de vivre, se contentant des plaisirs les plus purs pour nourrir son esprit. Partout où il passait, il savait redonner le sourire par sa simple présence. Il aimait les gens, et les gens lui rendaient cette affection. Son génie avait de loin dépassé toutes les attentes de son grand-père. De par sa constance dans l'effort et sa persévérance, il avait acquis un maniement du sabre très souple, chacun de ses coups était porté avec une sveltesse singulière. Avec son katana, il dansait au gré du vent et effleurait l'espace qui l'entourait par une profonde délicatesse. Pourtant, sa vitesse dépassait l'imagination, dès lors qu'il sortait la lame de son fourreau, celle-ci semblait disparaître, pour ne laisser place qu'à de fines tranches de lumières accompagnant ses membres avec harmonie. Il s'adonnait ainsi à quelques démonstrations par pur plaisir de partage avec les gens du village. Et on le surnomma "hodaru kodomo", autrement dit l'enfant luciole.
Puis, vint un soir où Jirou se sentit particulièrement faible, il comprit que ses réserves énergétiques étaient drastiquement entamées, et que bientôt, il lui faudrait faire ses adieux à son aimé petit-fils. Mais, il ne voulait pas mourir ainsi, mourir dans l'image d'un triste vieillard, qui ne passait ses journées qu'à regarder le temps passé. Non ! Il voulait faire de Furyoku son fils spirituel, lui transmettre ce qu'il n'avait pu transmettre à ses fils. Il voulait également lui raconter qui il fut autrefois, et quelle grandeur circule en son sang. Mais, ce n'était en aucun cas par fierté, par ego. Il voulait le faire, parce qu'il souhaitait que Furyoku le comprenne, qu'il se nourrisse de la même soif que fut la sienne autrefois. En réalité... Il voulait lui transmettre sa force, ses émotions, ses envies... Et surtout son vécu, il souhaitait lui léguer quelque chose de très personnel, quelque chose qui lui servirait jusqu'à son dernier souffle. Peut-être avait-il ainsi la sensation de servir à une cause pour une dernière fois.
C'est ainsi qu'il le convia à venir s'installer près de lui, un soir. Et il commença :
"Fu', sais-tu pourquoi je ne t'ai encore jamais rien révéler sur tes parents ?"
-"Parce que l'âge de la sagesse ne s'est pas éveillé en moi ?"
-"Parce que l'histoire que je m'apprête à te raconter est la plus difficile des vérités, la plus attristante pour toi, et la plus meurtrière pour moi. C'est en même temps, la plus belle des histoires."
-"Qu... Quoi pépé ?! Tu vas me la raconter ? Pour de vrai ?! Ne me mens pas, hein pépé ! Raconte moi ton histoire ! Je t'en supplie mon pépééééé ! Et tu sais, si tu es triste, je te prêterais mon épaule pour te soulager de ta peine !"
-"Hum... Au moins, on peut dire que tu es motivé. Alors, sois sage et écoutes-moi bien. Car, avant de te parler de tes parents, il faut que je te parle de l'ancien temps, du Jadis."
-"Dis pépé c'est quoi le Jadis ?"
-"Le Jadis, c'est l'ancien temps."
-"Dis pépé, c'est quoi l'ancien temps ?"
-"Oh... L'ancien temps, c'est le passé mon cher Fu', c'est tout ce qui fut et qui n'est plus aujourd'hui. L'ancien temps c'est le trésor de nos jours, c'est le démarrage de tout, et certainement la fin de tout."
Les yeux de Furyoku brillaient d'émotion, l'intensité qu'ils dégageaient réchauffait le coeur de Jirou. Oui, ce simple regard était d'une douceur velours, d'une sincérité et d'une tendresse profonde. Ce moment relia définitivement le passé et le présent, le présent et le futur, par le biais de ces deux êtres, que la nature avait soudé pour l'éternité.
"L'histoire commence il y a fort longtemps, lorsque le temps était différent, lorsque le temps était identique. A cette époque reculée, le sang coulait chaque jour et chaque nuit, les larmes des hommes n'avaient aucune cesse. Et, cette épidémie de chagrin était homogène sur l'ensemble de la Terre.
C'est ainsi qu'émergea nos premiers ancêtres, sur des terres bien différentes de Nawa. L'histoire les mentionne sous différents noms...
[...]
[...]
Et c'est ainsi que mon père, Ichiryuu Uzumaki connut sa fin, en me protégeant et en me bénissant pour l'éternité. Il était ton arrière grand-père, et c'est lui qui t'a légué le plus de choses, et ce sera à toi de réaliser quelles sont-elles. Il m'a fallu toute une vie, car ce soir encore, j'ai compris l'importance de son héritage. J'espère que tu sauras en être reconnaissant à ton tour. Le nom des Uzumaki s'est éteint avec lui, mais, c'est par ton nom que tu l'honoreras, c'est par ton nom que tu ne rendras pas vain son sacrifice. Il est à mes yeux, le plus grand homme de l'histoire.
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Ryuumesen, une lame céleste, un objet magnifique, que le temps ne saura salir. La plus belle création de mon existence, et elle te reviendra de droit après ma mort, car c'est à cette même époque que j'ai décidé de revêtir le nom de Hishô, que tu portes fièrement. Tu hérites de cette précieuse lame, également par l'existence de Tenga Nomura, le premier forgeron de l'histoire.
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Une femme a la beauté époustouflante, que le destin a su m'accorder pour épouse. Elle est ta grand-mère, et tu as hérité d'elle quelque chose de très précieux... Le sourire, un sourire à tout épreuve, et une capacité à endurer sans égal. Elle me donna trois magnifiques enfants : mon aîné Son, mon cadet Eichi et ma benjamine Tora. Respectivement ton père, ton oncle et ta tante.
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Ton père était un garçon turbulent dans son enfance, qui faisait preuve d'un courage impressionnant. Il n'hésitait pas à se faire accuser pour les autres, préférant endurer la douleur d'une sanction plutôt que de la partager. En grandissant, il est devenu un bel homme, puissant et imposant. Il a fait ma fierté de père, comme aucun autre fils n'aurait pu le faire. Ton père était un bien meilleur homme que je ne l'ai jamais été. Sois fier de lui, sois fier d'avoir eu un tel homme pour père. Tu hérites de lui l'une des plus grandes qualités que l'on puisse espérer : la volonté.
[...]
[...]
Ton oncle Eichi et ta soeur Tora étaient très fusionnels, et très protecteurs l'un de l'autre. Eichi était doté d'une grande capacité de réflexion, et chaque choix qu'il portait était sans nul doute le meilleur à prendre. Tora, elle, était celle qui avait le coeur le plus généreux, et l'on pouvait ressentir son amour dans un simple regard. Puisses-tu hériter d'eux ces deux grandes valeurs ?
[...]
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Et Son se maria ainsi avec ta mère Tenma. Une magnifique jeune femme, vraiment. Elle possédait en-elle un calme et une lucidité sans précédent. Mais surtout, ce qui fut le plus singulier chez ta mère, ce fut sa sincérité. Elle était vraie, dans tout ce qu'elle entreprenait. Et sache, qu'elle t'a aime d'un amour tellement fort qu'elle t'en a donné suffisamment à elle-seule pour toute ta vie. Oui, ta mère t'a aimé et t'aime encore sans nul doute de là où elle est.
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