Tournoi des Champions - Finale Oboro Vs Hyuma

Chaque combattant récupère l'intégralité des ses HP et MP.

Citation :: Masse de Terre : 0
Pélagie : 2
Combat Diurne

Les deux combattants se font face, le combat commence à distance.

-Oboro, donne-moi ta veste, s’il te plait.

La combattante n’était pas sûre d’avoir bien compris ce que lui demandait Sanae. Ni pourquoi elle avait un sac en bandoulière accroché à l’épaule, ce qui n’était pas le cas une heure plus tôt. Et encore moins quels étaient ces morceaux de tissu qu’elle tenait dans ses mains.

-Uh… pour quoi faire, tout ça?
-Puisque tu es arrivée en finale, autant en profiter pour nous donner un maximum de visibilité. Vite, je n’ai pas beaucoup de temps.

Entre deux combats, Sanae s’était empressée de retourner chercher quelques bricoles à la maison. Même si elle n’y croyait pas vraiment, elle avait deviné vers quoi allait aboutir ce tournoi. Et voir les représentants des quelques clans du village afficher leurs couleurs lui avaient donné envie d’en faire de même.

Son amie obtempéra, sans savoir à quoi s’attendre. Lorsqu’elle comprit ce que la demoiselle allait faire avec l’aiguille qu’elle venait de sortir, elle s’enflamma aussitôt et plongea sur sa veste pour la récupérer.

-Eh, t’es dingue? Pas touche, pépète. Tu sais combien ça coute?
-Elle a déjà été éraflée par des armes…
-Même. Je pourrais la remettre pour une soirée destroy, ou bien...
-Ou bien..?
-Ou bien rien du tout, mais pas touche à mon cuir.
-Voyons, indiqua Sanae en agitant le morceau de tissu. Tu n’as pas envie d’arborer fièrement l’emblème de ta famille lors de la finale du tournoi?
-Eh bien non, je ne…, commença-t-elle avant de réaliser ce qu’il en était. Raconte pas de conneries, on a pas d’emblème, chez nous.
-Mais ça, les spectateurs du tournoi ne le savent pas. Et moi, j’en ai un.
-Le parasol déployé?
-C’est une fleur de chardon.

Le chardon. Une plante bien connue des voyageurs, qui se passeraient très bien de sa présence sur les dunes de sables. Ces mauvaises herbes dotées de nombreuses épines laissaient toujours de mauvais souvenirs aux pieds de ceux qui ne s’en méfiaient pas. La plante était parfois utilisée en décoration, mais on estimait globalement qu’il fallait avoir un très mauvais goût pour choisir d’en faire son emblème. Pire encore, c’était une nuisible en agriculture, qui envahissait les champs au détriment de plants plus intéressants. Le climat aride que la plante affectionnait et ses épines indésirables lui offraient un aspect austère, rude et agressif qui n’étaient pas spécialement prisés en héraldique.

Pour Ginkaku l’ancien, fondateur de l’affaire désormais florissante des Hanaerobi, c’était pourtant un symbole de caractère. Lui qui s’était démené pour faire vivre sa famille n’avait pas reçu de cadeaux dans la vie, et n’avait donc pas à en donner.

Pour les mauvaises langues de Boya, qui disaient volontiers que les Hanaerobi avaient des chardons dans les poches, cela signifiait tout simplement que c’étaient d’âpres négociateurs, peu disposés à ouvrir leur porte-monnaie.

Mais tout ça n’avait encore que peu d’importance. Pour la majorité des gens, l’emblème ne représentait pas une fleur de chardon, mais…

-Ca a une gueule de parasol, je te dis.
-Parce que tu le regardes sous un mauvais angle.
-Ca ne peut pas être une question d’angle, c'est parfaitement symétrique, j'te signale.
-Assez.

L’Hanaerobi fit la moue, comme toujours quand on abordait ce sujet. Avant que le vacarme de l’arène ne la ramène à la situation présente. Elle avait autre chose en tête, pour le moment.

-D’accord. Retire ta chemise.
-Euh… quoi?
-Retire ta chemise. Tu enlèves ta veste, déboutonnes ce qu’il y a en dessous, et tu me la donnes. Je te couds l’emblème par-dessus, tu t’assures simplement de retirer ta veste quand tu seras sur l’arène, et il n’y aura pas de problème. Ca ne me prendra que quelques minutes. A moins que tu n’y vois un problème?
-Bin… je me déshabille ici?
-Il n’y a personne d’autre que nous deux dans cette salle d’attente, tu es bien placée pour le savoir.
-…
-Oboro, s’il te plait.
-Hum…

*
* *

A l’autre bout de l’arène, dix minutes plus tard…

-Hyûma, est-ce que je peux vous… euh… j'ai quelque chose, pour vous.

Non. Elle ne pouvait décemment pas demander à Hyûma de se déshabiller. Ca serait indécent.

-Qu’est-ce qu’il y a ?, demanda joyeusement le concerné.
-J’aimerais coudre ceci sur le dos de votre veste, expliqua la demoiselle en agitant l’emblème de la famille Gouryaku brodé sur un morceau de tissu.
-Ma veste... tu veux dire celle-là?

Le majordome présenta mollement les tristes pans de son kimono, qui n'avait pas survécu à ses combats contre deux manipulateurs des flammes. A cela, Sanae répondit en tirant de sa sacoche une seconde veste, toute neuve, tirée de la garde-robe de Hyûma.

-Eh, tu penses à tout.
-Bien sûr, répondit l'aspirante, flattée.
-Ca me fait penser que j'aurais du prévoir de faire un truc pareil pour Obo', nota le majordome. Encore que nan, si elle réagit comme toi quand j'approche de ta chambre...
-Qu'est ce que vous dîtes?
-Rien, rien du..., commença-t-il avant d'apercevoir son emblème brodé. Eh, la classe! Où est-ce que t’as dégoté ça?
-Nulle part. Je l’ai fait.
-Heu, nan. J’y crois pas.
-Je vous demande pardon?, s’étonna l’Hanaerobi.
-Les filles de la ville, vous êtes tellement mauvaises avec vos mains que même moi je ferais mieux que vous en couture. Sérieusement.
-…
-Suffit de voir comment vous vous débrouillez devant les fourneaux, toutes les deux.
-Nous ne sommes pas si mauvaises.
-Ou la fois où tu n’as pas réussi à nettoyer la…
-Je pense que ça suffira, l’interrompit hâtivement la demoiselle en repensant à ce triste épisode.

Hyûma ne put retenir son sourire. C’était le privilège des domestiques, de connaître les petits travers de leurs employeurs.

-Et donc, tu veux me coller ça sur le dos? Trop la classe! Quand Matsui verra ça, il sera vert!

L'aspirante ne put retenir un sourire en coin, à nouveau flattée. Elle se mit aussitôt à l'ouvrage, tandis que l'autre la regardait sans discontinuer.

-Et c'est pour quoi faire, exactement?
-Je me suis dit qu'il n'y avait pas de raison que seuls les clans du village affichent leurs couleurs. Puisque vous avez un emblème... et que vous avez atteint la finale...
-Beuh, pas la peine pour la finale, l'interrompit Hyûma, c'est déjà fini. Avec Oboro en face, forcément...

Sanae répondit lentement, sans interrompre son travail. Elle était trop concentrée pour réagir immédiatement à ce que lui disait le jeune homme, mais n'était pas d'accord avec ce qu'elle comprenait.

-Bien sûr que non. Vous avez toutes vos chances, contre Oboro. Depuis les gradins, vous avez tous les deux donné l'impression de très bien vous débrouiller. Je ne sais pas si vous avez vu les booker de paris, mais c'est très animé. Même chose pour l'entrain général dans les gradins. A mon avis, aucun de vous n'aura un avantage particulier sur l'autre. Tout le monde a hâte de vous voir. Et, à mon avis, les combats que vous avez mené étaient beaucoup plus difficiles que ceux d'Oboro. Je veux dire, elle se battait contre des shuriken. Vous, c'était des sortilèges de boules de feu.
-Des jutsu, indiqua le majordome.
-De la ma-gie. Et donc, il n'y a pas de raison que vous partiez perdant. Vous ne pensez pas?
-Ouais mais nan, c'est pas ce que je voulais dire. C'est pas que j'ai peur de perdre. C'est plutôt que...

Cherchant ses mots, Hyûma lui expliqua posément quelle était sa situation. Il était majordome, Sanae était son employeuse, et Oboro, la meilleure amie de son employeuse. A partir de là, il lui avait fallu longuement réfléchir pour résoudre le problème qui s'imposait à lui. Qu'à cela ne tienne: il avait trouvé la solution parfaite pour tout ça.

Et donc...

Sanae n'en revenait pas.

-VOUS AVEZ QUOI!?, s'exclama-t-elle.

... Quelques instants plutôt ...

Journée de merde.

Hyûma soupira d'un air abattu, assis sur le banc de la petite loge où il attendait. Tout d'abord, il avait dû affronter deux pyromanes. Un, passe encore, mais deux !? Sa veste de kimono n'était plus qu'un vague souvenir, toute cramée et élimée qu'elle était. Sans compter les cloques qui couvraient ses doigts, son torse, ses avant-bras et qui ne cessaient de le tirailler. La loose, quoi... En plus, malgré tous ses efforts, il n'avait même pas réussi à enflammer son sabre en bois pour pouvoir se pavaner devant le public avec une épée de flamme.

Résultat, il était maintenant en final. Sauf que Yeonhwa n'était pas en face : Keigo avait surveillé l'ensemble des matchs et était catégorique : il ne l'avait pas vu. De toute évidence, elle ne participait à la fête. Et on pouvait se fier à Keigo : vu comment la donzelle lui inspirait une frousse bleue, s'il était aussi catégorique, c'était donc que le monstre était bel et bien absent. Bref, tout ce boulot pour rien : ça revanche ne serait pas pour aujourd'hui.
Pire. Yeonhwa était forte comme un ogre. Ça semblait improbable qu'elle eût peur de venir se battre, donc son absence ne pouvait signifier qu'une chose : elle ne prenait pas ce tournoi au sérieux. Le niveau des gaillards présents étaient insuffisant pour la motiver. Donc gagner cette mascarade ne suffirait même pas à pouvoir lui montrer qu'il était devenu balèze. La loose, puissance deux.

Et le pire de tout : sur les 8 pseudo-champions qui avaient relevé le défi, il fallait qu'il tombe nez-à-nez contre la seule qu'il ne pouvait décemment pas fracasser. Oboro Ashikaga, alias « la meilleure amie de la patronne ». La loose, la vengeance du retour.

Y'a des jours, comme ça, où on ferait mieux de rester coucher, pas vrai ?

Hyûma prit sa décision et se releva, empoignant son sabre en bois. Puisque c'était comme ça, il ne lui restait plus qu'une seule solution. Il appela Matsui, son meilleur pote, qui attendait à l'entrée.

*
* *

En dehors, la foule bourdonnait à plein régime. Les combats l'avait mise de fort bonne humeur, et tout le monde attendait avec impatience que ce championnat serré s'achève en apothéose. Les paris étaient enregistrés depuis longtemps, les pronostiques allaient bon train, chacun y allant de sa petite théorie et les vendeurs de friandises faisaient en carton pendant cette ultime entracte.

À l'affût du moindre spectacle à ce mettre sous la dent, le public remarqua sur le champs l'arrivé du demi-finaliste mâle, celui qui agitait son bout de bois n'importe comment (mais avec force et vigueur ! 5 Ryos sur le petit jeune !) et avait fini chacun de ses combats en fumant suite aux torrents de flammes qu'il avait encaissé sans sourciller (certes, mais la kunoichi s'est faite laminée par des shurikens sans broncher : 10 Ryos sur la demoiselle). Le brouhaha s'intensifia tandis que toutes les personnes présentes se demandaient ce que cela pouvait bien signifier.

Quelques encouragements fusèrent depuis le public, mais Hyûma n'en avait cure et s'avança imperturbablement jusqu'au coin des arbitres, à l'ombre de gradins. Ceux-ci interrompirent leurs discussions à l'approche du jeune homme et celui chargé d'arbitrer la finale se leva pour intercepter le finaliste.

« Vous devriez profiter de la pause pour vous reposer, jeune homme, signala l'arbitre. Vous n'aurez pas trop de toutes vos forces pour l'emporter.
_ Inutile, je suis venu annoncer mon abandon, répondit en souriant Hyûma.
_ Heu... Pardon ?
_ Je renonce à me battre et déclare forfait, reformula le jeune homme. Je laisse la victoire à Oboro Ashikaga.
_ Vous êtes sûr de vous ? Demanda l'arbitre. Si j'acte votre décision, vous ne pourrez pas revenir en arrière. Le titre de Champion de Konoha échoira à votre adversaire et vous ne pourrez pas le remettre en cause.
_ Sûr de sûr. De toute façon, Oboro fera sûrement une chouette Championne, alors y'a pas de soucis.
_ Est-ce que je peux savoir pourquoi ?
_ Est-ce que je peux répondre non ?
_ ...
_ Vous savez que vos yeux ne peuvent pas réellement me foudroyer ? Bon c'est simple : ce combat heurte mes convictions personnelles et je refuse de m'avilir en les bafouant. C'est beau, hein ? C'est Matsui qui m'a soufflé pour...
_ Mais quelles convictions personnelles, s'étrangla l'arbitre. Ce n'est quand même pas parce que votre adversaire est une femme, tout de même ?
_ Ah, nanan, rassurez-vous, rigola Hyûma devant cette idée loufoque – le temps où il pensait effectivement ça était déjà loin, à ces yeux. Nan, voyez-vous, c'est qu'Oboro, c'est la meilleure amie de Sanae. Sanae Hanaerobi, vous connaissez ? La maison hantée, le cabinet Shigemori, tout ça ?
_ Et quel est le rapport ?
_ Ben justement : elles logent toutes les deux ensembles dans la maison hant... Muromachi, qui appartient à la famille Hanaerobi, ce qui fait d'Oboro l'hôte de Sanae, vous voyez ?
_ Et... ?
_ Hé bien, en tant que shinobi-majordome de Sanae Hanaerobi, mon devoir est de protéger la patronne et, par extension, tous les hôtes qu'elle accueille dans sa demeure. Et protéger, ça exclut, de fait, fracasser les gens à grands coups de sabre. Je refuse donc de me battre contre Oboro car cela va à l'encontre de mon devoir, cqfd.
_ Shinobi-majordome ? Mais qu'est-ce que c'est que ce délire ?
_ C'est mon Nindo, rayonna Hyûma avec un sourire lui faisant deux fois le tour du visage.

Et sans plus d'explication, le jeune homme fit demi-tour, sous le regard estomaqué de l'arbitre. Ce dernier se frotta les yeux avant de poser un regard las sur la foule surchauffée qui attendait impatiemment le clou du tournoi.
Et comment était-il censé annoncer ça, lui ?

*
* *

... Retour aux présents ...

« Et donc voilà, conclut simplement l'Aspirant.
_ Mais qu'est-ce qui vous est passé par la tête !? Se révolta Sanae.
_ Ben quoi ? C'était pas bien ?
_ Bien sûr que... Heu... non, enfin si, mais... Hésita l'Hanaerobi, partagée sur cette idée. Enfin, vous n'aviez vraiment pas besoin d'aller jusque là, c'est idiot!
_ Ben si, les arbitres étaient dehors.
_ Je ne vous ai jamais demandé une telle... telle... dévotion. Roh, c'est tellement a-do-ra-ble, cette fidélité... Enfin, je veux dire, il ne fallait pas... vous n'auriez pas dû...
_ Heu... Alors c'était bien ?
_ Non, non, non non non. Vous êtes un imbécile. Enfin, si. Je veux dire pas pour le combat, mais... Vous vous rendez bien compte que vous avez renoncé au titre de Champion de Konoha ? Pour une question de « bienséance » ?
_ Bah c'est normal, ch'uis ton shinobi-majordome, faut pas l'oublier...
_ Mais c'est tellement... adorable... stupide... jamais je ne vous aurai demandé de... Hyûma, je suis terriblement gênée, mais... merci.
_ Ah bah tu vois?
_ Mais surtout, ne faîtes plus jamais ça! »

[Arbitre] « Est-ce que cet avorton avait pensé aux moindres répercussions sur les retombées économiques d’une telle décision ? Et surtout, que va penser Toshiro Uchiha quand je vais devoir lui annoncer que la finale tant attendue n’aura pas lieu ? C’est pas vrai, pourquoi moi ? Saleté de mioche… »

[Toshiro Uchiha] « Oui ? »

L’arbitre sursauta, il avait maudit à voix haute tout en se déplaçant vers la loge de Toshiro mais il avait oublié d’arrêter quand il était entré dans la pièce. Situation des plus troublante…

[Toshiro Uchiha] « Un problème ? »

Il se redressa tel un piquet, faisant son rapport. Les mots sortirent tout seul sans qu’il ait le temps de réfléchir à leur formulation.

[Arbitre] « Hyuma, finaliste du tournoi, vient de déclarer forfait ! »

Voilà, les mots étaient lâchés et il s’attendait à, il ne savait pas, une gifle, un katon, un renvoi immédiat ?

[Toshiro Uchiha] « Ah… »

Juste ah ? Sérieux, pas de « c’est pas vrai ?! » ou « quel crétin ce Hyûma ! ». Non ? Sûr ? Ah bon…

[Arbitre] « Est-ce que je dois l’annoncer au public Monsieur ? »

[Toshiro Uchiha] « Non, je m’en charge. » Et il fit signe à l’arbitre qu’il pouvait disposer. « Ah, si une chose… Beau travail. »

L’arbitre partit le sourire aux lèvres, heureux que la décision d’un aspirant n’influencera pas sur sa propre carrière.

***

L’heure du combat était arrivée, la foule était présente et boostée à bloc. Les gens voulaient du sang, de la sueur et de la passion. Ils n’avaient aucune idée que le tournoi était déjà bel et bien fini. Mais Toshiro ne se détournait pas de son objectif, à savoir le centre de l’arène.

[Toshiro Uchiha] « Bonjour à tous ! »

Il fit signe à la dernière candidate de faire son entrée, puis de l’autre une troupe Uchiha s’installèrent tout autour. Toshiro Uchiha prit délicatement la main d’Oboro, y déposa un baiser puis se tourna vers le public.

[Toshiro Uchiha] « Suite au désistement de l’autre finaliste j’ai l’honneur de vous présenter la Championne de Konoha : Oboro Ashikaga. »

Et il claqua des doigts. La musique, les danseurs et les flammes commencèrent leur cérémonie. L’idée était simple : faire passer le message puis arrêter les contestations en hypnotisant l’assistance. Plus encore, il suffisait de faire quelques jeux pyrotechniques au moment des cris et le tour était joué.

Mais avant tout, alors que les danseuses tournaient autour d’eux, Toshiro laissa un dernier mot à Oboro.

[Toshiro Uchiha] « Essaie de danser et de sourire, c’est ta soirée. Le Daimyo te convoquera dès demain. »

Il sortit son éventail et sauta en l’air. Flamme et justu, le spectacle allait s’annoncer tout aussi palpitant que la cérémonie d’ouverture.

Elle ? Le daimyo ? Demain ? Han putain d’bordel de merde, répétait-elle. Qu’est-ce qu’elle pourrait bien se mettre pour l’occasion ? Oboro avait bien apporté tout ce qu’il fallait, ses trois valises en témoignaient. Lui restait le choix de la tenue. Elle pouvait s’y rendre vêtue de ses plus belles robes, mais ça n’était peut-être pas ce que l’on attendait d’une ninja. D’un autre côté, ses tenues d’entraînement n’avaient certainement pas assez de carrure pour faire l’affaire à la cour.

Avec un peu de chance, Sanae arriverait à un bon compromis en lui bricolant une tenue d’apparat digne de ce nom, qui ferait ninja, mais surtout kunoichi. Ouais, décida-t-elle. Elle y passerait une nuit blanche s’il fallait, mais elle le ferait.

-Avez-vous d’autres questions ?, demanda Toshiro Uchiha, davantage amusé que surpris par la première interrogation de l’aspirante.
-Non, non, je pense que… merci.

Des considérations triviales ? Carrément pas ! N’importe quelle jeune femme digne de ce nom se devait d’être fin prête au niveau vestimentaire pour de telles occasions, vous dirait-elle. Ca n’était qu’une fois ce détail réglé (l’option Sanae serait de vigueur) qu’elle pouvait commencer à réfléchir au reste. Ce qui se résumait par :

Pu-tain.

Championne. Ce matin même, elle s’attendait à sortir au premier tour. Au lieu de cela, son premier combat avait été un massacre à sens unique. Elle avait eu affaire à un gringalet qui n’avait pas les moyens de lui infliger davantage que des égratignures vu sa frappe poids-plume. Et c’était globalement la même chose pour son second adversaire, même si celui-ci avait eu un peu plus de chance.

Et le troisième… Hyûma… avait abandonné. Et merde. Cogner sur un inconnu, ça lui demandait déjà de se préparer mentalement, mais devoir affronter le gentil benêt qui lui mitonnait des repas depuis un mois, c’était une toute autre paire de manches. Pire encore s’il décidait lui-même de ne pas essayer. Oboro pensa tout de suite que les combats du jeune homme face à des pyromanes (les « cracheurs de plasma » qu’elle craignait tant) lui aient laissé des séquelles suffisamment graves pour le forcer à se retirer.

Bien sûr, jamais elle n’aurait imaginé ce qu’il en était réellement.

-IL A FAIT QUOI ?!, hurla-t-elle.
-Oui, c’est à peu près comme ça que j’ai réagi, moi aussi, avoua Sanae. Pas aussi fort, cela dit…
-Nan mais il a craqué ? Et tout ça juste parce que t’es sa… parce qu’on est ses…
-Oui. Il m'a explicitement affirmé que son but dans la vie est maintenant d'être un ninja-majordome, expliqua l'Hanaerobi. Cette histoire lui est montée à la tête.
-Et il fout tout en l'air pour ça?
-Il est incroyable, pas vrai ?
-Il est débile !, s'exclama la finaliste. Jusque-là, j’avais compris que c’était pas une flèche, d’accord, mais maintenant qu’on a un aperçu en profondeur de sa façon de penser…
-C’est un idiot, c’est sûr. En fait… je m’inquiète un peu, continua Sanae. Par moment, j’ai l’impression d’avoir affaire à… s'il te plait, ne lui répète jamais que j’ai dis ça… d’avoir affaire à un enfant. Ou pire, à un... ne lui répète vraiment jamais ce que je vais dire... à un gentil chien. Je n'y pense pas mal, surtout. Mais quand tu l'observes, Hyûma est... comment dire...
-Loyal, fidèle, très modérément intelligent, vachement porté sur les gaffes, d'une naiveté carrément attendrissante, et en plus il t'apporte journal et pantoufles tous les matins, résuma Oboro. Et il aboie chaque nuit après les fantômes.

Ce que la combattante ne comprenait pas, c'était pourquoi son amie avait l'air si mal à l'aise. Lentement, l'autre lui en expliqua les raisons. Elles venaient de profiter largement de la candeur du majordome, et vu le profil du concerné, il était fort probable que cela se répète à d'autres occasions. Ne manquerait plus qu'il mette sa lubie de majordome avant son propre sort, ce qui était tout à fait envisageable.

-Et qu'est ce qui t'inquiètes là dedans?
-Je ne sais pas... avec ce qu'il vient de faire... j'imagine un chien tellement fidèle que si tu lui demandes de s’asseoir et d’attendre ton retour, il le fera… même si tu ne reviens pas. Enfin, à ceci près qu’il ne respecte jamais nos consignes et qu’il est fort probable qu’il quitterait son poste à la première distraction, bien sûr, mais...

Elle ne savait plus trop quoi dire. Hyûma était un domestique à temps partiel, mais s'était mis en tête de devenir bien plus. Et à quelques reprises, il avait bien réussi à s'illustrer comme étant un ange tombé du ciel. Elle ne voulait surtout pas en abuser. Et pour ça, non seulement il faudrait le surveiller lui, mais en plus se surveiller elle-même. Quand on pouvait dépendre de quelqu'un comme ça, c'était bien trop facile de céder à la tentation.

Pour le coup, Sanae eu l'impression d'avoir la charge de Hyûma. Un môme adorable, qui avait le chic pour se mettre dans des situations stupides.

Eh bien, soit.

*
* *

-Hyûma ?

Championne, ça n'allait pas être de tout repos. Il lui avait fallu pas mal de temps pour se dégager de l'attention générale, rien que pour partir à la recherche du majordome. Une fois retrouvé, elle le salua d'une légère bourrade de la main. Ce à quoi le jeune homme répondit en grimaçant : les quelques cloques qui couvraient ses bras ne lui laissaient guère de répit.

-Tu sais que t’es vraiment vraiment vraiment débile d’avoir fait ça ?, commença-t-elle.
-Ah nananan, ça va, ça va. Sanae m’a déjà fait le coup pendant une demie-heure, pas une dexième fois, suppliqua le majordome.
-Ca me serait jaaamais venu à l’idée de le faire, tiens.

Les filles étaient folles, les citadines encore pire, et les ninjas c'était même pas la peine, se répéta Hyûma. A ses yeux, Sanae avait juste agit trop bizarrement, tout à l'heure. C'était la première fois qu'on le récriminait en entrecoupant les reproches avec des remerciements. Surtout qu'en plus, il avait juste fait ce qu'il fallait. Les filles, ça blablatait des lustres pour trois fois rien, d'abord.

Et de toute manière, tout ça, c'était que des détails. Lui, ce qui l'intéressait, c'était de se battre contre Yeonhwa. Point barre.

Heureusement pour lui, la nouvelle championne du village était sensiblement plus directe que sa comparse. Un peu plus perspicace, aussi.

-Ta Yeonhwa, on va faire ce qu’il faut pour que tu mettes le grappin dessus, pépère. Et en attendant…

L'aspirante s’approcha de Hyûma en sautillant, juste le temps de poser ses lèvres sur la joue du jeune homme qui ne réagit pas. Sans lui laisser la moindre chance, elle lui agrippa le bras et le tira à sa suite, en direction des festivités.

-Allez, hop. Pour la peine, tu seras mon cavalier pour la soirée, pépère. Ramène-toi!

Et pour la fin du chapitre zéro, le majordome multiplie les points avec ses deux employeuses et un dévouement réciproque se tisse au sein de l'équipe! Dommage que ces textes soient confinés à la lecture des Konohates... meuarf ~~

Prochaine étape: Ren et Sanae. J'vais enfin pouvoir me bouffer la gueule avec quelqu'un, héhé...

Sanae: 19Xp
Hyuma: 9Xp

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