[Mission de rang D] Je vais te butiner encore et encore !

Pour sa première mission, Yaoke s'était levé plus tôt que d'habitude. Ou plutôt, il n'avait pas réussi à fermer l'oeil, Morphée n'avait pas voulu le prendre dans ses bras cette nuit-là. Il était tellement excité qu'il lui était impossible de rester en place. Ayant l'habitude de rester des heures assis à lire divers écrits aux pouvoirs soporifiques, son organisme s'était depuis longtemps habitué au manque de sommeil. Pourtant, il savait pertinemment qu'il avait besoin de se reposer et qu'il allait très certainement bientôt le regretter. Le matin, après avoir ouvert sa fenêtre, un mince rayon de soleil vint lui titiller le visage, comme si ce dernier venait lui-même lui dire bonjour. Il avait oublié à quel point la sensation procurée par la lumière était agréable tant il avait passé de temps enfermé dans sa chambre à lire. Il est ensuite allé prendre, comme à son habitude, un petit déjeuner très léger, un petit bol de riz accompagné d'une fine couche de sucre : un de ses plats préférés. Pour enfin aller prendre une bonne douche bien fraîche, histoire d'être bien réveillé pour aller travailler.

Cette journée promettait d'être radieuse. Aucun nuage n'était présent à l'horizon, le vent semblait quand à lui manquer aussi à l'appel. Et le village de Kumo semblait, pour une fois, presque inanimé. Toute les conditions étaient réunies pour que sa première mission se déroule sans encombre. Il prit le temps de prendre un casse croute avec lui, au cas où sa séance de nettoyage viendrait à durer plus de temps que prévu. Sur la route, il se mit à penser à son grand-père. Il aurait aimé qu'il soit encore là pour le guider, il aurait aimé un de ses conseils complètement incompréhensibles et aurait aimé qu'il soit là pour l'encourager pour sa première mission. Prit d'un élan de nostalgie, il repensa à tous les bons souvenirs qu'il avait partagé avec ce dernier pendant qu'il terminait de se préparer. Lorsqu'il fut enfin prêt, il se mit en route pour l'armurerie de madame Yamade.

Lorsqu'il fut enfin arrivé chez madame Yamade, il fut tout d'abord surpris par la taille de sa propriété. Rien que la porte en fer forgé à l'entrée donnait l'impression à Yaoke de coûter plus cher qu'un an du loyer de son appartement. Il alla se présenter à un garde qui surveillait la bâtisse et lui dit qu'il était venu pour la mission de nettoyage et lui demanda enfin de lui indiquer où il devait aller. Ce dernier l'informa alors que l'ordre de mission avait changé et qu'il fallait maintenant qu'il parte cueillir des fleurs. Entre nettoyage et cueillette, Yaoke se mit à penser que la vie des jeunes ninjas était bien ingrate. Cependant, il était face à un problème, il n'avait aucune idée de ce à quoi pouvait ressembler l'herbe qui devait ramener : l'aconit. Il commença donc par aller inspecter le marché du village de Kumo, histoire de voir de quoi il en retournait et potentiellement ramener rapidement cette plante sans trop se fatiguer.

Le marché de Kumo était affreusement sale en ce début de journée : divers déchets trainaient un peu partout, comme si les différents marchands pensaient que le sol était une poubelle. Tout le monde ici était en effervescence. La plupart des étales étaient entrains d'êtres installés, ce qui expliquait pourquoi le marché ressemblait plus à un champ de guerre qu'à un véritable marché de légumes. Complètement perdu dans toute cette agitation, Yaoke décida qu'il était préférable qu'il aille directement chercher la plante dans les environs du village plutôt que d'attendre que le temps passe en regardant Kumo s'agiter quitte à revenir plus tard lorsque la foule se serait appaisée.

Sur la route, il examina du regard tout ce qui se trouvait à gauche du sentier, puis à droite successivement, et ce sans discontinuer. Peut-être trouverait-il la plante tant recherchée sur le chemin. Il n'avait aucun espoir que cela fonctionne vraiment puisqu'il ne savait pas à quoi cela ressemblait, mais on ne sait jamais. Le soleil brillait au plus fort, le bruissement des végétaux sous le souffle de vent accompagnait à merveille la douce mélopée des oiseaux. Ce n'était visiblement pas le jour de chance du jeune homme car il ne trouva rien sur le chemin.

La route était longue et fastidieuse, combien de temps allait-il devoir encore marcher ? Soucieux du temps perdu lorsqu'il était à Kumo, il décida qu'il serait préférable pour lui d'accélérer la cadence, histoire de ne pas y passer la journée. Courir était pour le jeune homme quelque chose de vraiment vulgaire, mais néanmoins nécessaire, il avait l'impression d'être terriblement en retard dans sa mission, et il détestait cela. Ni une, ni deux, il prit de l'élan et se jeta sur la cime d'un arbre, puis se mit à sauter d'arbre en arbre en prenant soin de faire quelques figures acrobatiques, il voulait avancer vite, mais préférait le faire avec style. C'était à l'époque la seule chose qu'il sache faire à vrai dire.

Une fois que Yaoke fut arrivé juste au dessus des champs au pied de la falaise, il fit un large saut dans le vide pour se retrouver tout en bas de cette dernière, et finit sa course sur l'énorme branche d'un arbre. Une douce petite brise souffla sur son visage, lui apportant par la même occasion tout un panel d'odeurs des plaines. Içi, la nature embaumait. Il se mit alors à chercher un peu partout le fameux Aconit. Derrière les buissons, prêt du tronc des arbres, sous le nid des oiseux. Mais rien à faire, il ne parvint pas à trouver cette herbe. Le soleil commençait à se coucher, et la plaine semblait devenir de plus en plus hostile à l'égard du jeune aspirant.

C'est ainsi qu'il se mit à rechercher un endroit où dormir, il n'avait pas la moindre envie de devoir refaire tout le trajet ce soir-là, et encore moins demain matin. C'est alors qu'il vit une petite maison au milieu d'un champ, où un mince filet de lumière parvenait à s'extraire avec difficulté d'une fenêtre entrouverte.

Il toca à la porte trois fois, et quelques secondes plus tard, une femme d'âge assez mur vint lui ouvrir.

Son interlocutrice semblait être assez troublée, elle ne s'attendait pas à la venue d'un jeune homme tel que Yaoke. La faible lueur d'espoir que ce dernier avait vu dans ses yeux au moment où elle avait ouvert la porte s'était complètement dissipée ; elle semblait attendre quelqu'un, mais qui cela pouvait-il bien être ? Cette femme devait avoir dans les soixantes ans environ voir plus, du moins, c'est ce que supposait l'aspirant. Il n'osa néanmoins pas lui poser la question, par souci de politesse. Cette dernière lui indiqua gentiment une chaise au milieu de la pièce, sur laquelle il s'empressa d'aller s'asseoir, attendant avec patience un peu de nourriture. Elle ne tarda pas à lui en apporter. Il avait vraiment eu beaucoup de chance car elle venait à peine de finir de cuisiner. Après quelques coups de fourchette bien placé, et de nombreuses feuilles de salade englouties, il se mit à bavarder quelque peu avec son hôtesse.

"

Le jeune Yaoke fut frappé de stupeur lorsqu'il entendit le mot "aconit", il se mit à afficher une expression de surprise mélangée à de l'intérêt. Son interlocutrice avait-elle conscience qu'il était désespérément à sa recherche ? La vieille femme s'exclama de rire en voyant l'air désemparé qu'affichait le jeune garçon. Elle avait beau être vieille, elle semblait avoir conservé un humour bien acéré. C'est ainsi qu'ils continuèrent de parler de tout et de rien, et ce de longues heures durant.

Le lendemain matin, lorsqu'ils furent tout deux réveillés, ils se remirent tout de suite à table. Et la grande surprise de Yaoke, son hôtesse lui offrit un bol de riz au sucre, son petit déjeuner préféré. Une fois de plus, ils parlèrent de la pluie et du beau temps, de l'avenir et l'aspirant lui aborda même le sujet de sa mission avec la vieille dame. Cette dernière, très compréhensive, lui expliqua comment se procurer la plante tant convoitée. Elle avait beau être rare, elle n'était pas pour autant introuvable. Lorsqu'ils eurent fini de manger, il décida qu'il était temps pour lui de partir à la recherche de l'aconit, car tous les plaisirs ont une fin. Et, avant de franchir le seuil de la porte, il promit à la vieille dame de retourner la voir de temps en temps, car elle avait été avec lui de forte agréable compagnie.

C'est ainsi qu'il se rendit avec les conseils avisé son ancienne hôtesse, dans la forêt pour y dénicher l'objet de sa mission. Il commença pour la rechercher prêt des racines des arbres mais, malheureusement, la rechercher dans un endroit pareil avait fini par n'aboutir à rien, si ce n'est de perdre encore plus de temps. Il tenta ensuite sa chance en allant les chercher dans les arbres, mais une fois de plus, ses recherches n'avaient pas été très fructueuses : de plus, il était complètement impossible qu'elle puisse s'y trouver. La vieille aurait-elle menti ?

Las de perde son temps, il décida de retourner voir la vieille femme, histoire de lui demander plus d'informations sur l'endoit où il pouvait trouver de l'aconite. Il avait surtout envie de manger à vrai dire. Et, quelques minutes plus tard, il arrivit chez son hôtesse qui fut agréablement surprise de le revoir à l'heure du repas de midi.


Après avoir échangé quelques formalités, ils sont allés directement se mettre à table. Et, une fois encore, il parlèrent de tout et de rien des heures durant. Jusqu'à ce que Yaoke ne vienne à lui demander de nouvelles informations sur le lieu où trouver de l'aconit, mais il espérait que cette fois-çi ses informations seraient plus précises.

Elle lui expliqua ainsi lentement le chemin qu'elle empruntait elle-même, quand elle était jeune, pour se procurer cette plante. La discussion battait son plein, le jeune garçon voulait absolument tout savoir, pour ne plus perdre de temps. Il ne voulait pas qu'une mission si simple soit si longue à effectuer, car il savait que Ray se moquerait très certainement de lui s'il ne parvenait pas à accomplir cette mission dans les délais.

Dans l'après-midi, après un bon repas copieux, il se remit en route, en suivant à la lettre la route que lui avait recommandée la vieille femme. Tout d'abord, il se dirigea vers la forêt, et, dès qu'il fut à la lisière, il avança droit devant lui sur cent pas. Dès que ce fut fait, il prit sur sa gauche un maigre sentier, et le suivit sur environ un kilomètre. Dès qu'il fut enfin arrivé prêt du point d'eau don lui avait parlé son ainée, il se dirigea vers le nord, sur deux cent mètre, pour afin arriver dans une petite clairière très colorée, malgré le fait que presque aucun des rayons du soleil ne pouvait y pénétrer.

Une fois arrivé dans la clairière, il se mit à chercher une plante aux fleurs bleues, très longue et très fine. Après avoir inspecté méticuleusement chaque recoin de la clairière, il fit par enfin dénicher l'objet tant convoité: il venait de mettre la main sur une fleur d'aconit. Manque de chance, il n'en trouva qu'une. Au vu du temps qu'il avait passé sur cette mission, il espérait pouvoir en trouver suffisamment que pour pouvoir en revendre un peu à son compte.

Tant pis, il allait devoir se passer de son idée. Heureux d'avoir réussi à trouver cette plante, il fit un large saut dans les airs, pour retomber sur la cime d'un arbre. Il se mit à sauter d'arbre en arbre le plus vite possible, cette fois, il se moquait bien du style qu'il pouvait afficher, il voulait juste rentrer chez lui rapidement. Et, deux heures plus tard, il fut enfin rentré au village caché de Kumo. Il se dirigea alors vers la maison de madame Yamade pour y faire valider sa mission