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 [Zone résidentielle] Un nouveau toit

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Ayena Satoru
Aspirant de Konoha
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Ayena Satoru


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MessageSujet: [Zone résidentielle] Un nouveau toit   [Zone résidentielle] Un nouveau toit EmptyLun 11 Fév - 2:01

LA PREMIÈRE BRIQUE

Les pavés qui l’avaient amenée jusqu’au convoi la conduisaient de nouveau vers le centre. Dans l’axe principal et les allées perpendiculaires les bruits de l’activité naissante du village s’élevaient dans une timidité pareille aux premiers rayons du soleil. Les yeux rivés sur ses pas, sur le sol qu’ils foulaient, Jun avançait sans se soucier du monde et des étals aux multiples couleurs qui se dressaient progressivement sur son chemin.

Se rendre dans le quartier des siens n’était pas difficile. Dépasser le centre du marché, puis bifurquer directement sur sa gauche. Elle n’avait pas eu besoin de faire la route des centaines de fois ; aussi arriva-t-elle rapidement où elle le désirait.

Konoha, ce village qui quelques mois auparavant n’existait pas, était construit au contact des grands axes du pays. De part et d’autre s’élevaient de faibles collines tantôt boisées, tantôt clairsemées. Pour ses protecteurs avait été gardé un coin non loin du centre, probablement pour permettre des interventions rapides en cas d’incident. Le quartier Uchiha était partiellement civil, partiellement militaire. Mais qu’importait l’appartenance d’un membre, il était un membre avant tout. Ainsi, votre voisin pouvait être tout aussi bien votre compagnon d’arme qu’un simple artiste ou même… rien.

Jun s’arrêta au milieu du sentier qui grimpait vers son nouveau « chez elle ». À sa droite, là où son regard se jetait, une modeste maison s’était érigée. Fort semblable à celles qui dessinaient le reste du quartier, en contrebas. En les contemplant, elle sentit un frisson la parcourir et un vent froid sembla remonter depuis son ventre jusqu’à ses épaules. Baissant les yeux de nouveau, elle se retourna lentement et poursuivit son ascension.

Lorsqu’elle arriva à quelques pas de la porte d’entrée elle s’immobilisa pour regarder Kazuki qui transportait les quelques affaires posées contre le mur. Gaillard, sourire aux lèvres, il s’était lancé dans la tâche avec ce cœur à l’ouvrage dont il faisait souvent preuve. Le gamin s’arrêta en voyant sa sœur
.

« Hé ! Tu pourrais m’aider quand même ! »

Dents toutes découvertes, il sourit à la jeune fille. Un large sourire qui accompagnait chacun de ses mouvements. Il disparut dans l’ouverture En réponse, la kunoichi en esquissa aussi un petit ; fluet comme un enfant, discret comme un coup de vent. Elle saisit la dernière caisse et pénétra dans la maison à son tour.

« C’est trop cool comme endroit ! On peut voir tout le quartier et même le centre-ville ! » depuis sa nouvelle chambre, Kazuki criait pour se faire entendre. Il déboula dans le séjour pour venir s’arrêter sur le bord de la petite marche en bois qui délimitait la pièce à vivre des salles privées. « En plus, si personne ne vient habiter juste à côté, il y a un plateau sur lequel s’entraîner. »

« Tiens donc. Et à quoi comptes-tu t’entraîner ? » lui lança-t-elle avec étonnement.

Le doigt du gamin se tendit vers le plafond avant de s’abattre, bras en extension, vers sa sœur. « Au Ninjutsu, bien sûr ! ». Jun accueillit l’exclamation avec un petit rire.

« En as-tu seulement envie ? »

« Hein ? »

Ils se regardèrent un instant en silence. La bonne humeur du gamin semblait envolée. Jun savait que c’était avec ces grimaces, comme celle qu’il arborait à cet instant, qu’il cachait son malaise. Elle savait aussi qu’il agissait ainsi lorsqu’il n’arrivait pas à déterminer l’ironie ou le sérieux dans les paroles de sa sœur. C’était encore un enfant et beaucoup de choses chez lui étaient à l’état brut. Il ressentait souvent des émotions qu’il ne pouvait pas décrire, pas expliquer. Il avait une intuition affûtée que son jeune âge ne pouvait interpréter.

« Écoute… Je fais un métier dangereux. Probablement sera-t-il plus dangereux que se balader sur les routes avec père. »

Elle soupira.

« Je sais que je t’ai dit que vivre ici sera mieux et c’est le cas. Plus d’attaques, plus de lames pour te menacer mais… »

« Mais toi, oui. » la coupa-t-il. « Hein, onee-chan ? Toi, on te menacera, c’est ça ? »

« Moi, oui… On risque de me menacer, Kazu. La différence, c’est qu’il y a ici des gens qui font le même métier que moi. Des gens qui me protègeront, des gens que je protègerai en retour. Et c’est grâce à cette entraide que tout le monde pourra rester vivant. »

« D’accord. » trancha-t-il, à la surprise de sa sœur. De nouveau, un silence emplit la maison tandis qu’ils se regardaient. La kunoichi s’approcha pour s’accroupir devant l’enfant, puis lui posa les mains sur les épaules.

« Tu aurais voulu aller avec père ? »

« Je ne sais pas. Je ne vais plus voir Midori et Takeo… » annonça-t-il avec tristesse. « Mais, toi, tu es là. » un grand sourire barra son visage.

Dans son regard… elle n’aurait su que dire de son regard. Elle savait… non, elle espérait représenter beaucoup pour lui, tout comme ce petit bout d’homme pour elle. Elle lui sourit à son tour puis se releva.


« Allez, range tes affaires. Nous irons nous balader en ville après si tu veux. »

Ponctué par un cri de joie, la course de l’enfant le mena directement dans sa chambre où un grand vacarme ne tarda pas à retentir. Jun, de son côté, se contenta de rester où elle se trouvait. Un regard à sa gauche lui montra le fourneau circulaire qui dominait dans la cuisine. Ses pupilles glissèrent jusqu’à l’entrée qu’elles dépassèrent pour arriver à la table basse. Hors mis quelques coussins, il n’y avait rien ici pour meubler l’environnement. Dans les chambres, futons étagèrent et bureau étaient installés pour le confort de chacun. Au bout de la marche de bois, derrière la cuisine, la salle d’eau lui avait laissé imaginer de longues minutes dans un bain brûlant. Elle sourit en y repensant.

On aurait été bien ici… mère.

Ses mains attrapèrent ses affaires, puis elle disparut derrière la porte coulissante de sa chambre.





Hana Aisu
Aspirant de Konoha
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Hana Aisu


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MessageSujet: Re: [Zone résidentielle] Un nouveau toit   [Zone résidentielle] Un nouveau toit EmptyVen 15 Fév - 22:13


Jun +13 XP (bonus inscription comprit)

Ayena Satoru
Aspirant de Konoha
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Ayena Satoru


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MessageSujet: Re: [Zone résidentielle] Un nouveau toit   [Zone résidentielle] Un nouveau toit EmptyMar 19 Fév - 21:21


~ Suite de Identité ~




LE VRAI DU FAUX



La journée touchait à sa fin et le soleil, bien qu’habitant encore le ciel, déclinait dangereusement vers l’horizon. En quelques endroits l’on voyait les marchands vider les étals, les boutiques tirer les rideaux et les rues accueillir le mouvement global de la foule qui regagne sa chaumière. De-ci, de-là gambadaient encore les enfants pour qui le moindre rayon de soleil était synonyme de jeu. Sur le pas des portes, les mères criaient l’heure de rentrer pour le bain, ranger sa chambre ou toute autre consigne que l’on hurlait généralement à ces petits garnements.

Assise sur le plateau derrière sa maison, jambes ballantes, Jun profitait de son perchoir où la brise humide et légèrement fruitée du printemps agitait délicatement les quelques cheveux laissés libres par sa coiffure. Dans son regard sans fond et distrait vibraient, légèrement déformés par la convexité de sa cornée, les reflets des sentiers, rues et maisons du village. Et puis plus loin, au-delà de l’agitation du centre-ville, s’y étendait le parc : tantôt naturel, tantôt façonné. Détaché de l’effervescence du marché, il se voulait être le baume contre les douleurs du cœur, le retour au calme de la nature, l’ablution des maux qui affligeaient l’âme. Presque en son centre brillait l’éclat d’une pierre jaune. À cette heure de la journée les lueurs de l’hélianthe venaient y rebondir pour illuminer cette colline qui l’admirait depuis l’opposé de Konoha.

Les pupilles de la jeune femme qui balayaient le panorama jusque-là s’arrêtèrent sur ce miroitement chaud comme la saison pour s’y jeter comme un corps perdu lancé au vide. Sur son visage naissait le faible sourire qui la caractérisait tant. Discret comme un murmure, sincère comme une émotion et, cette fois-ci, mélange de satisfaction, de bien-être et de sérénité.

Konoha a l’air de te plaire, glissa une voix étonnamment proche qui ne parvint cependant pas à la surprendre. Sans ne rien dire, Jun baissa son regard sur l’homme qui avait gravit le sentier et se tenait debout, en contrebas. On m’a dit que tu étais rentrée alors j’étais sûr de te trouver ici. Il désigna de la main la petite pente qui juxtaposait le plateau. Je peux ?

Evidemment qu’il pouvait. Délicatement, la main de la jeune femme délaissa le bord pour venir tapoter l’herbe à côté d’elle tandis qu’elle souriait timidement à l’attention de son interlocuteur. Sans ne rien ajouter, il contourna la paroi abrupte pour s’approcher doucement et venir s’asseoir à côté de la jeune femme. Il souffla légèrement comme pour trouver un semblant de calme.

Il parait que tu as laissé ton talent s’exprimer. En tout cas le projet semblait inspiré.


J’ai fait ce qu’on m’a demandé de faire, répondit-elle calmement. Ce n’est pas tombé du ciel non plus.

L’inspiration n’apparaît pas comme bon lui semble? Se hasarda-t-il à demander.

Ce n’est jamais aussi simple. Tout le monde peut voir la poésie, le plus dur c’est de la mettre en forme. Ses paroles accueillirent une pause. Le jeune homme avait perçu les paroles à venir, aussi ne la coupa-t-il pas. J’ai aussi réfléchi à cette question que tu me posais : de quoi est-ce que je rêve ? Elle soupira avec légèreté. Sans y être une réponse, le parc pourrait être une piste.

Le parc? Il leva la tête pour regarder vers le sud. Lui aussi s’arrêta sur le chatoiement doré qui diffusait jusqu’à eux. Une vie brillante?

L’hypothèse arracha un rire à Jun.

Non, il faut voir plus largement. Bien sûr, je ne suis pas contre devenir une kunoichi de talent, mais au-delà de ça… J’aimerais être de ceux qui transmettent quelque chose aux suivants. S’appuyant sur ses deux mains, Jun se pencha légèrement en avant sans pour autant quitter la vallée des yeux. Je ne sais pas… une conduite, un idéal, une façon de penser. Peu importe quoi, mais quelque chose qui perdurera, quelque chose qui se comprend, quelque chose qui se partage. Mais… soupira-t-elle. Pour ça, il faut d’abord être quelqu’un, il faut… avoir de la consistance.

Beaucoup de monde rêve de laisser une trace, avoua-t-il en baissant son regard sur le quartier. Parfois, ces traces peuvent ne pas être renommées à travers le monde entier mais ça ne veut pas dire qu’elles ne sont pas importantes.

Je n’ai pas forcément parlé de célébrité… Ma mère n’était pas célèbre, pourtant elle m’a laissé tant de choses qui font ce que je suis.

Sans pourtant que ses traits ne changent notablement, le visage de la kunoichi était teinté de tristesse et cette aura qui la décrivait avait perdu de son intensité. Elle baissa son regard sur son camarade qui, la tête basse, s’était accoudé sur ses cuisses et ne disait mot.

Elle te manque…

Interloqué, il se redressa brusquement, jetant un vis-à-vis à mi-chemin entre la surprise et la colère. Hideki fronçait les sourcils dans une expression tout sauf aimable et agréable. Même si l’intonation de Jun ne constituait pas une question en elle-même le sens laissait entendre une interrogation. Totalement bloqué dans son émotion, il ne répondit pas. Face à lui Jun détourna ses yeux pour n’avoir à affronter cette mine sévère. Elle laissa passer un instant comme pour l’inviter au calme.

Je ne voulais pas raviver la douleur... excuse-moi. Coupable d’avoir prononcé des mots avant d’y avoir réfléchi la jeune fille se contentait d’observer les feuilles de bambou qui tapissait les pousses juste sous leurs pieds. Tu as l’air si triste parfois que… que c’en est déroutant. Tu fais si dur, si puissant quand tu m’entraînes qu’on croirait mal que, toi aussi, tu portes tes blessures.

Un brin de vent vint couper la conversation. Agitant de nouveau la chevelure de la jeune femme, il emporta aussi avec lui celle de son ami. Et dans leurs cœurs torturés, la brise sembla souffler un courant de répit, comme un onguent aurait emporté avec lui la tête d’une bosse désagréable.

Elle s’appelait Ayame. Sûre d’avoir fait une bêtise, Jun ne s’attendait pas le moins du monde à ce que se délient ses lèvres. Surprise, elle n’en fit cependant pas part, préférant respecter la parole du shinobi. Elle était belle, très belle… au moins autant que toi. Et, étrangement, vous vous ressemblez beaucoup. Un sourire s’installa au coin des lèvres d’Hideki tandis que des images traversaient ses pensées. Elle était peut-être un peu moins réservée, confia-t-il en riant doucement. La première fois que je t’ai vue arriver au terrain d’entraînement j’en ai voulu à Ichimaru. Je l’en ai presque détesté, mais au fond… j’en suis incapable. Alors qu’il expirait discrètement, ses épaules s’affaissèrent. Perdait-il courage ?

C’est lui qui m’en a parlé le premier, avoua-t-elle avec une moue coupable. En réalité, il m’a juste dit que je lui ressemblais. Au début je n’ai pas compris, alors il a précisé…

J’aurais dû l’épouser quand la situation ici se serait stabilisée. Étant plutôt jeunes, nous avions le temps de nous installer, de prendre nos marques et de travailler un certain temps avant de tout officialiser.

Ces choses-là ne se prévoient pas…

En effet, une mission qui tourne mal, ça n’est jamais vraiment prévu. Ils échangèrent un regard et le garçon poursuivit. C’était au tout début, pratiquement. Des matériaux devaient être amenés directement depuis Kopa. Forcément, un Daimyo qui finance la construction d’un village fait vite courir des rumeurs un peu partout dans le pays, et ces matières représentaient une petite fortune. Alors on nous a demandé de les protéger…

C’était la même chose pour tout le monde, pensa-t-elle. Les problèmes étaient les mêmes partout. Pour le clan, pour les marchands, pour les voyageurs… voyager sereinement devenait inenvisageable, particulièrement lorsque l’on transportait des richesses.

Si au début il était facile de faire se dégonfler les quelques audacieux qui nous barraient la route, il a été moins évident d’affronter les bandes organisées de renégats : des hommes entrainés, armés, disciplinés. Il ne faut pas chercher bien loin pour comprendre pourquoi c’étaient eux les instruments de guerre avant notre avènement. Et même face à nos nouvelles capacités, ils faisaient plus que le poids. Il lança un regard au loin, revoyant le carnage que l’attaque représentait. Dans ses yeux, une lueur sombre était apparue comme un poids pesant sur la conscience, comme si la culpabilité le rongeait.

Quand le combat a tourné en notre défaveur, il a fallu détacher un petit groupe qui devait prévenir le village. Nous nous sommes portés volontaires et avons battu en retraite. Mais leur stratégie était bien rodée et ils savaient que nous enverrions des messagers. Ses mains délièrent les cordes qui maintenaient son col montant en place avant d’en écarter les pans. Puis ses doigts attrapèrent le nœud que formait son bandeau sur sa nuque et le défirent. Quand il saisit son insigne pour le retirer, ce dernier dévoila une large cicatrice en forme de croix sur sa gorge. Je me suis fait écraser la gorge par l’un des leurs. Il m’a coupé en deux en une seule frappe. Quand Ayame m’a vu à terre, elle s’est ruée dans un combat désespéré, offrant ainsi l’opportunité au dernier de rejoindre Konoha. Au moment de perdre connaissance, elle tuait les derniers survivants, mais son corps était criblé de coups de lance.

Pourtant si chaud jusqu’ici, le vent sembla soudain glacial. Froid comme le souffle de la mort et lourd comme la tristesse qui habitait Hideki. A la façon des lances qui avait percé la chair d’Ayame, un frisson traversa la totalité du corps de Jun.

J’étais encore sur le champ de bataille quand je suis revenu à moi. On me procurait les premiers soins et le combat, qui s’était déplacé jusqu’à nous, se terminait. Ichimaru faisait partie des renforts. Il avait accouru dès lors que le message était reçu. Au fond, je crois qu’il s’en veut de nous avoir recommandé ce jour-là. Mais sa décision était la bonne. Sans Ayame, le message n’aurait jamais atteint ses destinataires et je ne serais pas en vie. Elle a sauvé plus que ce qu’un autre aurait pu, moi compris.

Sans s’en rendre compte, Jun avait saisi sa tunique et la serrait dans son poing. Elle savait ne pas connaître Ayame, et de Hideki elle n’avait une idée que du minimum. Mais elle ressentait sa peine et la comprenait. Si bien qu’elle ne pouvait retenir la larme qui perlait dans son œil gauche et qui rapidement roula sur sa joue.

Depuis ce jour je m’efforce de vivre. J’en garde de mauvais souvenirs, le premier étant mon mutisme. Plus le temps passe plus j’oublie ma voix. Mais c’est bien là la seule chose dont je ne me rappelle pas. Ses lèvres ne se mouvaient plus.


Pourtant… je t’entends.

Il leva sa main et tendit deux doigts devant avant de venir les poser sur le front de la jeune fille.

Ce que tu entends est là-dedans. Tu dois y être familière maintenant, et je pense que c’est pour ça que tu n’as pas sursauté tout à l’heure.

Cette sensation que j’ai quand tu es avec moi… ?

Oui. Cette sensation, comme tu dis, est due à la grossièreté de ma technique. Je n’ai pas besoin de m’appliquer pour ça, c’est pour ça que cette impression étrange t’envahit. Le son de ma voix n’est qu’une illusion. Je fais croire à ton cerveau qu’il m’entend. En réalité je ne prononce pas un mot. C’est ce qu’on appelle du…

Genjutsu, termina-t-elle.

Exactement, et c’est pour ça que je venais te voir. Il y a des façons de s’en sortir et j’aimerais te les apprendre. Elles te sauveront la vie face à des maîtres en la matière. Un léger silence s’installa. Puis quand Hideki sentit qu’elle ne parlerait pas, il poursuivit. L’avantage c’est que nous n’avons pas à bouger d’ici. Tout ce que tu dois faire, c’est effacer ma voix. Mon chakra perturbe le tien, tu dois comprendre comment et rétablir les flux comme ils le sont à l’origine.

Et si je n’ai pas envie de ne plus l’entendre ?

Fais pas l’enfant. Et puis… Il paraît que chaque ninja influe d’une façon différente, même si les techniques obtiennent les même résultats, la signature du chakra qui te touche n’est pas la même. Si tu es suffisamment attentive, tu pourras me reconnaître parmi plein d’autres. Ce jour-là tu pourras m’entendre et te débarrasser des autres.

Leurs regards se croisèrent pour s’arrêter l’un dans l’autre. Si aucun ne prononça de parole, il ne fallut pas une seconde pour qu’elle se mette à rire.


Ce sont des avances? Tu aimerais, avoue. Un coup de coude taquin vint ponctuer sa boutade tandis que son autre main venait se placer devant elle, index et majeur tendus vers le ciel. Hideki ne releva pas et la laissa se concentrer.

Pour que tu te rendes compte de ce que ça te fait réellement, je parlerai à intervalle réguliers, ou te ferai entendre quelque chose qui n’existe pas. Focalises ton attention sur ton chakra et non pas sur ce que tu entends.

Sur ces mots, Hideki sortit un livre et en lut une ligne avant de s’enfermer dans un silence de plomb. Jun s’isola aussi de son côté. La jeune femme ferma les yeux et sonda son corps : d’abord la tête, cible première des techniques du domaine, puis la partie supérieure, finalement la partie inférieure. Elle dressa rapidement une cartographie de son corps avec les sensations qu’elle y éprouvait, la façon dont elles s’atténuaient en fonction de la distance avec le cerveau.

Pour mieux se comprendre, elle tenta de définir son chakra. Quel était-il ? Comment se comportait-il ? Elle trouvait étrange de s’interroger sur l’identité, ou la signature comme Hideki le disait, d’une énergie qui lui appartenait. Quelque part, c’était comme penser que l’unité de son corps n’était, elle aussi, qu’une illusion. Pourtant cette énergie à la fois spirituelle et physique se mêlait si bien à sa physionomie, à cette enveloppe qui l’accueillait.

Il a l’air… calme. Il se déplace en ondulant légèrement et… devient sauvage quand on le perturbe. Une sphère ? Non, une spirale. Oui, une spirale le défini mieux. Il n’arrête jamais de tourner.

Elle manqua de sursauter lorsqu’elle entendit le sourd grognement d’une bête sauvage. Ses yeux s’ouvrirent par réflexe pour qu’elle regarde autour d’eux, mais il n’y avait rien. Hideki lisait toujours, imperturbable. Quant à elle, elle comprit qu’elle avait été bernée. Retrouvant sa concentration, elle reprit l’exercice où elle s’était arrêtée.

Au-dessus, le soleil virait à l’orange et touchait bientôt la ligne d’horizon. Dans Konoha les lumières remplaçaient peu à peu ses rayons et par les fenêtres s’agitaient les ombres des familles rassemblées dans leur chaleureux foyer. Des bruits, Jun en avait entendus de toutes sortes. Parfois vrais, parfois faux, mais toujours vraisemblables. Elle avait, à une ou deux reprises, réussi à sentir la supercherie venir et l’avait brillamment déjouée. Mais sur bien des essais, seul un petit pourcentage était satisfaisant.

Le chakra d’Hideki… Il est bien plus anguleux, presque crénelé. Je le sentirais presque lorsqu’il se déplace. Comme… là !

Et finalement, quand il se retr…

Silence. Elle ouvrit les yeux pour les tourner vers l’Uchiha, mais alors que sa tête pivotait elle sentit d’étranges choses à l’arrière de son crâne. En face d’elle, Hideki semblait se décomposer, se volatiliser en une nuée de corbeaux. Ses pupilles balayèrent l’envolée sombre qui se jouait devant elle tandis qu’elle se protégeait de la nuée, jusqu’à ce que la surprise l’attrape.

Ca marche aussi avec la vue. Tu as encore du chemin à faire.

De nouveau il se tenait devant elle. De nouveau il était impassible, plongé dans son livre. Elle se concentra rapidement pour savoir si oui ou non elle hallucinait encore, et lui semblait avoir lu dans ses pensées. Le shinobi fit un signe négatif de la tête et se jeta de nouveau dans l’esprit de la jeune femme.

Multipliant les assauts durant de longues minutes, Hideki trouva en Jun une inébranlable volonté de poursuivre. Et si sa compréhension du processus avait largement progressé elle manquait encore de pratique. Qui plus était, pour une artiste elle semblait avoir oublié son sens de l’observation.

Jun, et si on arrêtait là ?


Quoi, déjà ? C’est dommage… Je viens à peine de saisir.

Les derniers rayons de soleil venaient tiédir sa peau. La kunoichi se tourna alors vers l’ouest où il ne tarderait pas à disparaître. Elle sourit timidement tout en laissant place à un petit rictus.

Tu as oublié de me réchauffer.

Surpris, Hideki sentit son chakra se briser dans le corps de la jeune femme. Il la regardait, assise dans la pénombre. Soudain, sa silhouette se dressa sur ses deux jambes et leva un bras devant. Un bruit de frottement emplit les lieux puis elle reprit la parole.

Kazu doit m’attendre pour le repas. Elle jeta un œil par la fenêtre de la maison où la lumière transperçait les vitres. Tu manges avec nous ce soir. C’est ta punition pour m’avoir laissée avoir froid, ajouta-t-elle en se frictionnant.

Le jeune homme se leva à son tour et se tourna vers elle. D’un petit pas, il se rapprocha puis ses mains passèrent de chaque côté du corps de la jeune femme. Son visage glissa lentement vers celui de Jun et ses bras enserrèrent le buste de la kunoichi.

Collées l’une à l’autre, les deux ombres restèrent là un moment avant de se séparer pour emprunter la pente qui menait au niveau de la maison. Elles marchèrent jusqu’à se dévoiler à la lueur de l’habitation puis la porte s’ouvrit pour laisser passer les deux jeunes gens.


Kazu ? Je suis rentrée.


~ Fin ~


[Voilà qui termine la semaine de travaux au parc. Vous savez maintenant tout sur Hideki, ou presque...

J'en profite pour demander si je peux avoir le Kai et je m'excuse de poster encore dans le quartier. D'autres histoires devraient arriver bientôt dans le reste du village.

A bientôt! ]

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