Un souffle nouveau dans le port

Être Daimyo, c'est une aventure à part entière. Si certains veulent vivre la vie au fil de voyages exotiques et de rencontre dramatiques, Jiri Teiretsu avait choisit de la vivre derrière un bureau horriblement cher avec son pouvoir pour seule compagnie. Un objectif bien moins reluisant dans la vie, mais certainement plus confortable : pas grand monde peut se vanter d'avoir des bâtisses entières à son nom. Oui, le pouvoir et le luxe, c'était ce qui l'attendait s'il réussissait le paris fou qu'il avait entrepris : unifier le pays de l'eau en commençant par sa plus grande île : Mage. Un défis fou, tellement fou que quelques rares déments seulement ont suivit l'homme et ses richesses lorsqu'il a traversé l'océan pour rejoindre ce pays de pluie et de sang. Mais un défis réussit.

Le voilà là, après quelques années, sur son fauteuil en cuir, avec pour veste un manteau brodé depuis des fourrures d'ours des îles de Mage. Un bien aussi rare que cher. Un symbole de son pouvoir, tout comme ce village dans lequel il siégeait. Le premier des villages shinobis, le fleuron de bataille des îles de l'est : Kirigakure no Sato. Ce village était la concrétisation même de sa réussite : un organe central dans lequel les plus forts se réunissaient. Un symbole de peur pour les proches de résistances qui refusaient encore de l'accepter comme maître des îles. Car oui, Kiri s'est faite la capitale du pays de l'eau et le vecteur d'une paix dans ses terres. Certes, cette paix fut sanglante, mais comme le disait Jiri, "la paix n'est qu'une période entre deux guerres. Le pays de l'eau a connu le sang pendant des siècles. S'il faut verser le sang de son peuple pour lui apporter autant de paix, j'y suis résolu".

Et maintenant le temps était venu de laisser quelqu'un d'autre prendre la charge de cette paix. Il fallait trouver quelqu'un qui saurait mener les troupes pendant que lui-même s'occupait d'autres affaires. Des affaires qui ne nécessitaient plus de mener une armée. Il lui fallait un général, une tête pensante et personne de confiance pour diriger correctement SON village, parce que s'il venait à faillir devant les tribus de l'eau, alors son pouvoir ne serait à nouveau plus qu'un vague souvenir.

Les semaines ont étés longues et de nombreux candidats ont étés étudiés, tant chez les Aisu et les Yamanaka que chez les hommes et les femmes des tribus soumises. La difficulté de l'entreprise n'était pas de trouver un homme fort, mais un homme droit. Quelqu'un de suffisamment charismatique pour mener ses troupes. Si Name, son compagnon Aisu, semblait un parfait candidat, Jiri se refusait à lui imposer une tâche comme celle-ci. Name n'était plus un voyageur, c'était un combattant, et le poste qu'il fallait remplir demandait moins souvent d'ouvrir des gens en deux que de les convaincre de se ranger à sa cause.

Non, son choix était déjà arrêté, et il portait sur une personne en qui le Daimyo jugeait pouvoir mettre autant de pouvoir et de confiance. Cette jeune femme brune qui se tenait devant lui avait toujours ce même regard perçant. Ces yeux qui lisent en vous, qui pourraient tour à tour dévoiler vos secrets et vos peurs. L'arme ultime d'une politique, un redoutable art qui a fait ses preuves chez les shinobis. C'était bien elle qu'il lui fallait. Sa souffleuse de vide.

Jiri - Yuki, vous avez étés une redoutable alliées pendant ces dernières années, et j'aimerais pouvoir vos offrir quelques vacances, mais le temps ne nous accorde pas encore le repos à vous et à moi. Une mission nous attends tous les deux, mais cette fois-ci, nos routes se sépareront. Des affaires personnelles vont m'entrainer à l’extérieure des frontières de Mage, et je crains d'avoir besoin de vous ici même, pour protéger mon enfant. Je ne peux plus m'occuper de Kiri, aussi je vous charge de deux missions. Trouvez moi tout d'abord trois hommes dignes de confiances pour m'accompagner dans mon voyage. Ensuite ...

Se relevant de son fauteuil, le vieil homme tendit devant lui un chapeau de paille de bonne qualité sur lequel avait été brodé de symbole du pays de l'eau.

Jiri - Yamanaka Yuki, je vous nomme à la tête du village militaire shinobi de Kiri. Vous ne dépendrez désormais plus que de mes ordres, vous êtes au sommet de la chaine. Vous dépassez le stade de simple shinobi pour devenir l'ombre même de ce village et de ce pays. Par les pouvoirs qui sont miens, je vous nomme Shodaime Mizukage!

Il est tout de même curieux que les jours les plus ordinaires soient toujours annonciateurs de fins des plus déroutantes, à en croire que le calme prend bien place avant la tempête. Tout s’était passé de la façon la plus plate et la plus habituelle aujourd’hui. Pas de faits d’armes, pas d’interrogatoires quelconques, mais une simple après-midi à déambuler dans les quartiers généraux du Daimyo, effectuant quelques tâches et donnant quelques instructions lorsque cela était nécessaire. Au fond, Yuki commençait à s’ennuyer de cette nouvelle vie. Quitter la fraîcheur et le renouveau permanent des bois pour la lourdeur de la direction, ne plus pouvoir consacrer autant de temps aux siens, autant de choses qui la dépaysaient suffisamment pour que cela pèse sur son moral, pourtant d’acier.

La convocation du jour, la demoiselle l’attendait avec empressement. Généralement, lorsqu’elle finissait son entretien quotidien avec Jigi c’était pour rentrer chez elle, et profiter d’un peu de temps libre jusqu’à un lendemain identique. Mais ce jour là, en franchissant les portes, ses sens exacerbés perçurent des nuances psychiques inhabituelles, une tension palpable qui n’était pas chose courante venant du Daimyo de l’Eau.

L’aveu tomba, comme un météore dans l’eau. Yuki regarda Teiretsu dans les yeux pendant une très longue minute, sans manifester le moindre signe d’une quelconque impression. La belle avait l’air totalement enfouie en elle-même et ne faisait plus le moindre mouvement, entièrement plongée dans les yeux du Daimyo, comme si son enveloppe corporelle avait été délaissée par un esprit trop fugace. Pourtant, le dédale de ses pensées était bouleversé, comme il ne l’avait jamais été.

Après de longues secondes sans dire un mot, elle baissa la tête et regarda le sol. Il était sale et humide. Intérieurement, elle parla avec son Sei, cherchant des réponses à un tel chamboulement. Elle n’en trouva que trop peu, et ne put que s’en remettre à la volonté des esprits. Une nouvelle aube se levait pour elle aujourd’hui, mais beaucoup de questions fusaient déjà de ses méninges.

[Yuki] « J’ai… Pour quelle raison vous en-allez vous, seigneur Teiretsu ? »

Le ton de sa voix était à la fois doux et inquisiteur. L’homme qui pour qui son clan avait tant sacrifié était-il en train de prendre la fuite, de les laisser désormais seuls au milieu d’une situation de guerre ouverte aux quatre coins du Pays de l’Eau ? Non, tout cela devait être plus compliqué, elle devait le savoir.

[Yuki] « Expliquez-moi, Daimyo. »

Elle marqua une pause, et reprit, sur un ton plus solennel.

[Yuki] « Les miens et moi-même avons tout donné à Kiri. Aujourd’hui, le village s’érige enfin peu à peu, et les forces affluent de jours en jours. Vous le savez, j’ai toujours préféré rester dans votre ombre, je ne crois que trop peu en l’Homme pour espérer en tirer quoi que ce soit par mes mots. Toutefois, si telle est votre volonté, je protégerai le village caché des brumes, comme je l’ai toujours fait jusqu’à présent. »

Yuki attrapa de ses mains douces le chapeau soigné qu’on lui tendait, elle l’enfila sur sa tête et, levant un peu les yeux vers le ciel, le retira aussitôt.

[Yuki] « Permettez-moi de rester séduisante, dit-elle en souriant. »

Sa mine changea, et la Yamanaka allait prendre sa première décision stratégique. Parfaitement consciente de la nouvelle situation qui s’offrait à elle, elle comptait bien en profiter pour écarter de son chemin certaines personnes qu’elle n’appréciait guère, tant pour leur brutalité que pour leur tendance prononcée à l’insoumission. Les yeux malicieux, légèrement froncés, elle continua à répondre à Jigi.

[Yuki] « Name Aisu vous escortera. Il vous a toujours servi fièrement, et ce bien avant que les miens ne vous rejoignent. Ce me semble légitime qu’il vous accompagne pour votre périple. Jugo Heroki et Haki Jinsei seront également des vôtres. L'un est un spécialiste du combat physique, et le second maîtrise comme moi certaines capacités mentales, il me remplacera parfaitement. »

Si elle parvenait à écarter du rôle de Sousui celui qui avait toujours été un rival officieux depuis son accession au titre de Souffleuse du Vide, Yuki aurait la possibilité de remodeler la hiérarchie du Village avec des personnes qui lui seraient fidèles et dévouées. Pénétrant l’esprit du Daimyo, elle s’empressa de jouer sur ses perceptions des choix afin qu’il réponde en son sens, tout en ayant conscience d’avoir donné raison à Yuki. L’air tout aussi angélique, elle patientait maintenant, en attente de maintes réponses.

Évidemment, l'annonce que Jiri devait faire son effet, aussi n'était-il aucunement surpris par la stupeur de sa souffleuse de vide quand il lui tendait le chapeau de bonne facture. S'il était évident qu'un moment où à un autre, le village aurait besoin d'un général pour les mener - comme il le disait, Jiri était "trop vieux pour ces conneries" - le départ imminent de la tête pensante du village ne pouvait que surprendre. Pourtant, c'était une nécessité pour son projet. S'il voulait avancer, il devrait le faire là où il n'aurait plus le soucis de s'occuper du village. Là où les regards n'étaient pas tournés.

Quelques longues secondes défilèrent avant que la belle ne dise mot, puis sa douce voix posa la question la plus prévisible auquel le Daimyo s'attendait. " Pour quelle raison vous en-allez vous?". Le jeu d'échec se met en place, les mots doivent être choisis avec précaution. Même si elle nous est fidèle, décevoir une femme - manipulatrice de surcroit - c'est aller à l'encontre d'une foudre que nul ne saurait éviter. Les réponses possibles fusèrent dans son esprit, le seigneur cherchant à trouver la plus apte. Comment dire à un enfant qui a tout sacrifié, que l'on a plus besoin de lui dans l'immédiat.

Parce qu'il était bel est bien question de besoin ici. Kiri était certes un bel atout dans la manche du Daimyo, mais ça n'était qu'une pièce dans le jeu qui se mettait en place partout, à la fois sur les îles et sur le continent. Chaque seigneur commençait la construction de son armée personnelle de shinobi, et Jiri avait été visionnaire, bientôt il n'aurait plus le monopole sur ce marché. Il lui fallait du sang neuf, quelque chose qui lui assurerait que Kiri pourrait mener le projet pour lequel il l'avait créé, et pour ça il lui fallait partir.

Définitivement, cette situation était aussi délicate qu'il l'avait pensé. Il était toujours aussi impossible de dire la vérité, toujours aussi difficile de vivre dans le mensonge. Ne restait que le silence, son allié de toujours. Quand il n'y avait aucune bonne réponse à apporter aux questions, restait cet absence de réponse qui amenait toujours l'interlocuteur à oublier sa question.

Aussi, le Daimyo attendait. Il attendait une réponse à sa demande.

Yuki - Toutefois... La voilà. Si telle est votre volonté, je protégerai le village caché des brumes, comme je l’ai toujours fait jusqu’à présent...

Se saisissant de couvre-chef que son seigneur tendait depuis un moment déjà, elle prenait de même toute la responsabilité de l'avenir de Kiri. Une affaire en moins qui occuperait l'esprit du Daimyo. Restait à recevoir ceux qui - aux gouts de son ancienne souffleuse - seraient le plus aptes à l'accompagner dans son voyage.

Yuki - Name Aisu vous escortera. Il vous a toujours servi fièrement, et ce bien avant que les miens ne vous rejoignent. Ce me semble légitime qu’il vous accompagne pour votre périple. Jugo Heroki et Haki Jinsei seront également des vôtres. L'un est un spécialiste du combat physique, et le second maîtrise comme moi certaines capacités mentales, il me remplacera parfaitement.

Name Aisu conviendrait parfaitement au voyage. Il serait d'une part un bon compagnon, il est presque un frère d'arme en définitive, mais aussi un bon sujet d'étude. Oui, définitivement, Name était une escorte de choix pour un voyage aussi long et éreintant que celui qui s'annonçait pour le seigneur de l'eau. Les deux autres shinobis mentionnés étaient de parfaits inconnus, mais si l'ancienne souffleuse de vide plaçait une confiance en ces hommes, ils ne sauraient qu'être de bons shinobis à son service.

Jiri - Soit. Je vous laisse réunir ces shinobis dans ce même bureau d'ici deux heures. Tachez aussi de nommer dans les plus brefs délais un nouveau Sousui, il ne fait pas bon avoir une milice sans chef dans un village...

D'un geste de la main, le seigneur indiquait la porte à la désormais nouvelle Mizukage. Se retournant pour fixer ses yeux sur le paysages qu'offrait la vue, il offrit quelques dernières paroles à la Yamanaka avant qu'elle ne claque la porte derrière elle. Certainement les dernières paroles qu'elle entendrait de son seigneur avant quelques longs mois.

Jiri - Demain, ce bureau sera le votre. Tâchez de vous prémunir des usurpateurs de trônes. Ils sont toujours là, hier au pays du vent, aujourd'hui à Kiri...

Sur ces mots, un claquement de porte. Une étape venait de se terminer.

Kuroko as Jiri Teiretsu : +23 exp
Yuki Yamanaka : +13 exp

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