| Sujet: [Apprentissage] La mort subite Ven 2 Nov - 3:31 | |
| Et si nous n’étions rien ? Si l’entièreté de nos êtres exubérants n’étaient que l’illusion de nos Sei, qui nous animent, nous charment et nous contrôlent depuis notre naissance. A quoi bon s’évertuer à influer sur les événements, alors que nous sommes inexorablement liés au destin des esprits qui nous habitent. Beaucoup trop d’Hommes se mentaient à eux-mêmes aujourd’hui, ou beaucoup étaient ignorants. Ne se sont-ils jamais demandés quelle puissance avait fait battre leur cœur pour la première fois, ou quelle force leur avait permis de se constituer dans le ventre vide de leur mère ?
Tant de fois Yuki s’était-elle arrêtée, scrutant de manière insistante et presque méprisante quelques hommes stupides, pour qui la valeur d’une âme reflétait ce que les autres pensaient d’eux. Elle découvrait tout juste ces valeurs qu’elle ne partageait pas ; tout cela était nouveau pour elle. Alors, tandis que l’un se sentait heurté dans son orgueil futile, il s’empressait de tomber sur l’autre pour lui briser l’échine avec une haine sans nom. La jeune Yamanaka comprenait ce à quoi son Clan avait échappé depuis des siècles, par le sacrifice de leurs fils. Ils étaient tous barbares, brutaux, dénudés de toute réflexion constructive et d’une quelconque vision lointaine. Leurs seules aspirations résidaient en la violence permanente. Et les conflits quotidiens du Village se réglaient de cette façon.
La belle demoiselle n’avait pas grandi dans un tel schéma mental. Jamais n’aurait-elle levé ses bras minces et doux pour porter un coup quelconque à l’une de ces bêtes humaines. Elle repoussait toujours tous ces animaux dotés d’un cerveau inexploité, qui lui faisaient comprendre qu’ils auraient aimé s’accoupler avec elle. Yuki se moquait éperdument de son extrême beauté, bien qu’elle ait commencé à apprendre à en jouer depuis quelques temps. Son corps ne lui évoquait aucune forme d’importance, tout juste était-il utile pour se nourrir, développer son savoir, et garantir à son Sei l’assurance d’une hôtesse de qualité. Elle ne vivait que pour servir son Esprit.
En revanche, Yuki avait toujours été baignée dans une forme d’empathie et d’altruisme envers les siens, qui l’avaient souvent conduit à s’ériger comme un rempart pour son Clan. Aussi n’avait-elle jamais admis que l’on porte atteinte à ceux qui lui étaient proches, ou même à quiconque aurait soumis sa vie entre ses mains gracieuses et pâles. Puis, comme tous les Yamanaka, si elle avait pu accepter de subir dans sa chair toute la douleur du monde sans que cela n’influe sur le but de sa vie, jamais Yuki ne se serait laissé mourir. La mort, sa mort, aurait entraîné la disparition de son Sei, son passage dans le néant.
[Homme] « Viens là toi, qu’on s’amuse un peu toi et moi… »
Une montagne de deux mètres de hauteur et d’une carrure imposant le respect semblait avoir posé ses vues ce soir là sur la douce. Sans se soucier vraiment des mots du butor, Yuki continua sa route et jouissait tranquillement d’une belle nuit étoilée, qui l’inspirait dans ses prières à son Sei et lui permettait de se ressourcer. La jeune Yamanaka se disait que Kiri allait sans doute changer beaucoup de choses dans l’organisation de son Clan. La guerre, les batailles, la communauté avec des hommes, autant de choses qui dénatureraient surement peu à peu leurs traditions ancestrales. Mais il ne pouvait plus en être autrement.
Tirée de ses songes par une main musclée qui manqua presque de la faire tomber les fesses par terre, Yuki sortit de ses pensées en se rendant compte que le bonhomme n’avait pas beaucoup apprécié l’affront qu’elle lui avait fait, malgré elle. Il l’attrapa, et la déplaça sans aucune forme de difficulté, elle qui était d’une silhouette bien plus frêle et modeste. Yuki ne fit rien, elle ne pouvait que se laisser faire. L’homme la poussa contre un mur, en lui faisant mal au dos. La demoiselle n’était pas spécialement effrayée, elle ne criait pas et ne disait aucun mot. Elle l’observait, un air extrêmement surpris, interrogée. Ce genre de situations était nouveau pour elle, et elle se demandait bien ce qu’un homme pouvait vouloir lui faire. Oh, elle s’était déjà mise en tête qu’il lui ferait l’amour. Les siennes avaient toujours servies de mères porteuses pour les Clans alentours, durant des siècles. Mais à cette pensée, elle ne se sentit plus respecter son âme.
L’arrivée des Yamanaka à Kiri avaient du même coup brisé les règles tribales à cause desquelles ses sœurs et mères étaient habituées, et il n’y avait plus aucune raison légitime pour que sa chair serve de ventre à quiconque. Sa survie n’était plus en jeu, ni celle des siens. Yuki se disait qu’elle s’écartait peut-être des traditions, mais sentait malgré tout qu’elle était dans la raison.
Alors, dans la plus grande délicatesse, elle usa de ses charmes pour adoucir la brute, lui caressant la joue et approchant son visage du sien et, tandis qu’il lâchait la pression de ses forces sur son corps mince, elle s’extirpa de son étreinte d’un mouvement sec. Puis, Yuki reprit son chemin, comme si de rien n’était.
La montagne de muscles sortit un couteau, et se mit à courir dans sa direction. La belle fit demi-tour, et put cerner en son esprit la claire intention de lui nuire fatalement. L’homme était ivre, et la tuerait d’ici quelques instants. Dans le calme le plus parfait, Yuki le regarda de ses prunelles noires, le visage vide de toute expression significative. L’homme s’apprêta à porter son coup de couteau et s’écroula en lâchant un cri sourd. Yuki bougea latéralement, le corps du grand costaud tomba lourdement contre le sol.
La lune était sublime, et Yuki poursuivit sa promenade. Demande de validation de la technique "Senken - Anticipation" du répertoire Yamanaka. |
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| Sujet: Re: [Apprentissage] La mort subite Sam 3 Nov - 12:50 | |
| Yuki : +12 exp Technique validée. |
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