Bâton sur l’épaule, Kara avançait lentement vers les « limites » de ce que les habitants de Kiri appelaient « Parc Hakuchou ». Pour elle, et beaucoup des habitants des Îles, cet endroit était, et resterais probablement « Marais de Mage ». Car rien en ce lieu de ne ressemblait vraiment à un parc. En tout cas aucuns qu’elle n’a appris en parlant avec quelques marchands durant ces derniers jours. Un parc était censé être beau, avec des bancs. Un lieu de paix et sérénité devant s’en dégager alors qu’on aurait pu apercevoir des couples et des enfants se déplaçaient gaiement un peu partout, les rires de ces personnes se mélangeant au gazouillement des oiseaux.
La réalité du « parc » de Kiri était un peu différente.
SI il y avait bien des bruits d’oiseaux, mais étant beaucoup plus proche des croassements des corbeaux se repaissant de quelques cadavres d’animaux, ils accompagnaient difficilement les rires d’enfants. Les seuls rires que l’on pouvait entendre étant ceux des quelques ninjas et gardes patrouillant aux abords des marais délimitant encore la frontière de la civilisation qu’apportait Kiri, du reste du monde sauvage des Îles. Et au final, les seuls couples que l’on pouvait espérer croiser en ce lieu était plus de l’ordre du professionnel. Un ninja accompagnant un garde ou vice-versa.

C’était l’une des raisons de sa présence en ces lieux aujourd’hui.

La présence d’un marais pouvant servir autant de barrière naturelle que de limites était souvent utile. Le problème, c’est que l’absence totale de mur attirait souvent les quelques prédateurs et charognards qui, il y a quelques mois encore, se nourrissaient des cadavres des vaincus pendant les guerres. Le manque de nourriture dans les marais avait forcés quelques charognards à tenter leur chance au cœur de Kiri, créant une certaine agitation au milieu de la place du marché.
C’était assez amusant au regard de Kara.
Cependant les gardes avaient trouvés cela beaucoup moins amusants et avaient dut passer presque deux heures à traquer et éliminer ces bestioles, plongeant de rouge quelques boutiques et récoltant plusieurs plaintes.
Depuis il a été décidé de placer une vigie afin qu’elle puisse prévenir l’arrivé des charognards, voir s’en occuper lui-même si jamais leur nombre était gérable. Une bonne idée. Mais de petits rats et autres bestioles n’étaient, au final, que le moindre des soucis comparé aux prédateurs observant dans les ombres des feuillages.
Et c’est quand une vigie fut retrouvé grièvement blessés, le cadavre d’un crocodile des marais non loin de lui, qu’il fut décidé « d’aider » la nature en diminuant le nombre de ses prédateurs un peu trop curieux.

Et c’est donc ce qu’elle, et une demi-douzaine de gardes et ninjas mélangés allaient faire aujourd’hui.

[Garde] – Bon. Vous savez tous la raison pour laquelle vous êtes ici. On a repéré deux crocos, peut-être trois, non loin d’ici il y a deux jours. On pense qu’ils vont venir ici dans la journée. On va s’en occuper.

Les trois gardes étaient devant les trois ninjas, imposant une sorte « d’ordre » au groupe, et assurant le leadership de la « mission ». Même si on pouvait difficilement parler de véritable mission. Il n’y avait, normalement, rien de bien difficile à faire tout cela. Attendre, puis tuer.

[Ninja non originaire des Îles] – Bah ! Ca fait chier ce genre d’histoire. On ne pourrait pas juste passer ces marais par le feu ? Ca réglerait le problème.

Cet… Ce camarade de combat de Kara avait un grand sourire, limite sadique, aux lèvres en disant cela. Il ne portait pas l’odeur des marais. Ni celui des Îles. Chance était qu’il était venu avec les derniers arrivés du Daimyo, maîtrisant le… Chakra, il s’est probablement autopropulsé dans les rangs des ninjas de Kiri.
Elle détestait ce genre de personnes.
Le genre qui n’avait jamais connus le combat. Qui croyait être invincible. Et qui avait des idées à la con.

[Garde] – Ouais… Mais non en fait. Allez, tous en position, un ninja avec un garde. Toi donc. Désignant celui qui venait de parler, qui continuait de sourire. Avec lui. Désignant un garde. Toi avec moi. Désignant Kara. Et les deux autres ensembles.

Il y eut quelques secondes de battements avant que chacun ne se déplace pour rejoindre son partenaire. Lentement je me mis aux côtés du garde qui continuait de donner des instructions à tous les groupes, leur parlant des dangers encourus et des méthodes les plus efficaces pour éliminer rapidement les animaux.
Elle n’écoutait que d’une oreille alors qu’elle observait l’horizon. Se rappelant des odeurs des combats, se rappelant l’odeur de la mort. S’humidifiant les lèvres, un fin sourire se dessina sur ses lèvres alors qu’elle pouvait sentir son sang bouillir doucement dans son corps. Ses mains tremblaient. Son corps était impatient.
Et elle sursauta quand une grande main se posa sur son épaule.

[Garde] – Hey ? Ça va ? Prenant une longue inspiration, elle hocha la tête. Excellent. On va rejoindre notre poste. Quand on y sera, je m’occuperais du croco pendant que tu me couvre, compris ? Un nouvel hochement de tête lui servira de réponse.

Calmement, elle et son garde, se dirigèrent vers leur zone désignée. Une petite partie un peu à l’écart et couvert d’arbres. Le vent glacial soufflant entre les feuillages et balayant sa tenue et chevelure cachés sous sa capuche. Silencieusement ils attendaient, faisant des rondes le long des marais, gardant une oreille et un œil ouvert tant sur la nature que sur leur partenaire.
Cela promettait d’être long.
Mais pas pour tous. Quelques minutes après le début de leur patrouille ils purent entendre des bruits de combats, accompagnant le rire limite malsain du ninja de tout à l’heure. Et après quelques instants… Le silence. Brisé par le cri de joie du ninja.
Elle regarda son partenaire, un sourire amusé sur son visage, imitant celui du garde qui laissa échapper un petit rire.
Et la patrouille reprit.
Et de nouveau, après une heure cette fois-ci, le bruit des combats se fit entendre plus loin, avant qu’un cri affirmant que tout allait bien brisa les pensées de Kara.

Une heure de plus passa.

[Garde] – Uhm. On va encore attendre deux heures avant d’aller rejoindre les autres. Ce sera bientôt l’heure de la relève de toute façon.

Hochant la tête elle se mit cependant aussitôt en garde quand un bruit dans les feuillages se fit entendre. Ce qui attira l’attention du garde qui se mit à ses côtés, l’observant alors qu’elle scannait la nature sauvage.

[Garde] – Quoi ?

Gardant le silence, elle désigna un coin un peu ombragé des marais. Là où, en plissant les yeux, l’on pouvait apercevoir une ombre mouvante. Vivante. Qui se déplaçait rapidement vers l’intérieur de Kiri, mais loin d’eux.

[Garde] – Bien jouer. Allons l’intercepter.

L’incitant à venir il se dirigea rapidement, plus qu’elle ne l’aurait cru pour quelqu’un portant une armure et une hallebarde, vers l’endroit pour intercepter le crocodile. Son timing semblait excellent car, à peine venait-il d’arriver, que le croco sortit des broussailles, tous crocs dehors. Une bête massive, affamé. Sa longue et lourde queue fouettant l’air à en créer une pression alors que ses pattes se déplaçaient rapidement sur le sol. Se dirigeant vers eux. Sans même avoir ralenti son rythme.

[Garde] – On y va, aller !

Faisant tournoyer sa hallebarde dans l’air, il intercepta, tant bien que mal, le monstre de chair devant eux. Manquant de peu de se faire broyer par la mâchoire puissante de l’animal grâce à un bond de côté salvateur. Les crocs de la bête se refermant sur un rocher, en broyant une partie.

[Garde] – D’accord… Ça promet.

Hochant la tête à ces paroles, Kara ne pouvait s’empêcher de ressentir l’excitation des combats. Un défi. Le premier depuis très longtemps désormais. Un défi qui nécessiterait toute sa concentration. Et pourtant… Maintenant qu’elle voyait la bête, elle ne pouvait plus sentir son sang bouillir.
Plantant son bâton dans le sol boueux, elle joignit les mains devant elle, concentrant son chakra pour utiliser une des rares techniques créer et partager par Kiri. Une technique idéale pour affaiblir un monstre comme celui-là. Une technique jouant sur l’esprit de l’adversaire pour lui donner la sensation d’être devenu… Faible.

[Garde] – Bien jouer ! On le finit allez !

Le garde esquiva de nouveau un coup de crocs avant de bloquer le retour de queue de sa hallebarde alors qu’elle ramassait son bâton, s’élançant vers l’animal, lui crevant un œil et attirant son attention.
Et son sang restait calme.
Alors qu’elle évitait les attaques maladroites de la bête affaiblis, le garde continuait de l’entailler, et elle continuait de l’attaquer.
Et son sang restait calme. Pourquoi ?
Observant l’animal, elle commençait à comprendre. Dans sa jeunesse, elle en avait souvent croisés. Des jeunes, des adultes. Ils étaient au sommet de la chaîne alimentaire des marais. Seul ou en groupe ils traquaient et tuaient sans peine. Massif. Puissant. Invincible. Puis les étrangers changèrent la guerre et les armes et cette puissance invincible sembla d’un seul coup… Beaucoup plus ennuyeuse.
Cette bête n’était qu’un animal, affamé, combattant avec une énergie proche du désespoir alors que ses mouvements ralentissaient de plus en plus à cause du nombre de ses blessures. Finissant par s’écrouler dans un soupir plaintif.
Cela faisait mal au cœur de Kara de voir un animal qu’elle jugeait comme noble si… Faible.
Mais elle n’avait pas le temps de tergiverser là-dessus alors que le garde venait d’enfoncer profondément sa hallebarde dans le cœur de la bête. La tuant, finalement.

[Ninja non originaire des Îles] – Et ben ?! Vous avez eu du mal on dirait !

Elle était en colère. Sa voix moqueuse, son attitude désinvolte et irrespectueuse la mettait en colère. Et le voir frapper la carcasse immobile de cet ancien adversaire mortel arrivait à faire bouillir son sang. De rage. De dégout.

[Garde] – Bien jouer vous tous. La relève va arriver dans quelques minutes, vous pourrez ensuite aller vous reposer.

[Ninja non originaire des Îles] – Ouais ! Enfin se reposer… C’est pas comme si on avait fait grand-chose.

Et il repartit dans un grand éclat de rire qui brossait, dans le mauvais sens du poil, Kara. Envahissant son espace personnel, elle enfonça ses yeux bleus dans les siens noirs. Ces derniers brillants d’une lueur malsaine et sadique. Un peu folle aussi.
Il la regardait sans la voir. Toujours plongé dans son délire. Et elle eut pitié d’un tel être.
Inspirant longuement… Elle se calma du mieux qu’elle put avant de retourner à son poste. Gardant le silence.

[Ninja non originaire des Îles] – Allez fait pas cette tronche, tronche de toge ! Et souviens-toi de mon nom,-moi qui serais le plus grand parmi tous ces bouseux ! Toriko !

Toriko… Elle s’en souviendrait.

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