Cela faisait déjà plus d’une semaine qu’il était rentré à l’académie de Kiri. Enfin, il n’y avait jamais mis les pieds, mais il était officiellement un aspirant du village. Du moins, c’est ce qu’on lui avait dit.
Il était un peu plus de dix heures du matin, Sikuri restait dans son lit, à attendre que le temps passe. C’était sa nouvelle occupation, rester plusieurs heures après son réveil, et se demander s’il avait fait le bon choix. C’était toujours la même chose avec lui, à chaque fois qu’il prenait une décision, il devait la regretter aussi tôt. Il se disait qu’il avait fait le mauvais choix, car sinon il se donnerait les moyens d’y arriver. C’est-à-dire qu’il serait déjà en train de s’entraîner, à faire mille et une pompes comme tous les autres aspirants. Il devrait d’ailleurs déjà connaître quelques techniques, or c’était à peine s’il savait ce qu’était le chakra.
Pourtant, il avait lu plein d’histoires sur les Shinobi pratiquant l’Eisei, et elles étaient toutes plus fascinantes les unes que les autres. De grandes légendes qui font toujours autant rêver les plus jeunes. Et c’était bien là le problème. Sikuri avait déjà 17 ans. Un argument de plus pour regretter son choix d’entrer dans l’académie. Il voyait tous ces gamins de 12 ans qui créaient des clones parfaits à côté d’eux, et il était même sur d’avoir vu un grosse créer une sorte de dragon d’eau dans l’étang de Kiri.
Sikuri n’a jamais aimé la compétition. Il n’était pas un competiteur car tout ce qu’il entreprenait le menait à l’échec. Ou bien, les autres le faisaient mieux que lui. Alors à quoi bon essayer ? Seulement, cette fois-ci il n’essayait même pas.
Il essaya de se lever, se mis en position assise, puis se laissa tomber de nouveau, emporté par sa flemme infernale. Il se prit la tête dans ses mains, et poussa un juron. Regroupant l’ensemble de ses forces, il réussit enfin l’exploit de se mettre sur ses pieds. Mais il eut cette désagréable sensation d’engourdissement, et ne sentit plus sa jambe droite alors qu’il prenait appui dessus. Il se laissa ainsi tomber à la renverse.
*Même pour me lever, j’échoue…*
Il attendit quelques minutes avant de réessayer, car il trouvait pitoyable d’essayer de ramper jusqu’au frigo. Il faillit se rendormir à même le sol lorsque quelqu’un frappa à sa porte. Il se leva enfin, enfila un t-shirt et ouvrit la porte. Un vieil homme d’une soixantaine d’année était sur le palier. Il semblait épuiser par le voyage qu’il venait d’effectuer, et ses rides creusées ne faisaient qu’accentuer cette sensation. Il poussa Sikuri, et se posa sur le fauteuil poussiéreux du fond. Le studio, ni l’argent, que possédait Sikuri ne lui permettait pas de s’offrir énormément de meuble, alors il fallait se battre pour avoir une place confortable.
[Sikuri] « Je ne me remets pas sur ce lit, il est diabolique. C’est comme si je restais collé dessus. Vous devez connaitre ça vous, à force de rester dans votre lit d’hôpital ? D’ailleurs qu’est-ce qui vous amène dans mon humble demeure ? »
Ils se connaissaient depuis deux mois, et l’hospitalisation de Sikuri à cause son oreille. Il avait du partager sa chambre avec cet homme pendant deux jours. Il ne connaissait même pas son prénom, et l’appelait vieillard. Même si au départ, la colocation fut rude, le nouvel aspirant de Kiri s’était habitué à ce râleur professionnel. Puis c’était bien le seul qui essayait de mettre de l’ambiance dans un endroit aussi morbide que l’hôpital, même si les infirmières n’aimaient pas trop se faire insulter par un patient.
[Vieillard] « Depuis que tu es entré à l’académie, tu ne viens plus me voir. Alors je me suis dit que j’allais voir tes progrès fulgurants de mes propres yeux. J’ai une permission jusqu’à ce soir, donc dépêche-toi avant que je m’endorme ! »
[Sikuri] « Je voulais venir vous le dire aujourd’hui.Je n’ai pas encore trop eu le temps de faire des progrès »
[Vieillard] « Ça va venir, il te suffit de bien t’entraîner, et tu seras à la hauteur
-J’ai pas le niveau…
-S’ils t’ont choisi, c’est pour une raison. A mon époque, uniquement ceux qui avaient des capacités innées étaient acceptés à l’académie.
-Aujourd’hui, ils manquent d’effectif …
-Et alors. Si t’étais aussi mauvais que tu le dis, ils t’auraient déjà viré !
-Je n’ai pas mis un pied encore à l’académie. Ça ne m’étonnerait pas s’ils l’avaient déjà fait…
-Tu es un idiot.
-Je sais… » répondit Sikuri, désespéré, en se jettent de nouveau sur son lit puis il surenchérit par : « je suis une merde.
-Si seulement tu n’étais que ça… J’ai jamais vu un gosse aussi capricieux »
Il prit une voix un peu plus aigüe que d’habitude, limite criarde et fit semblant de d’imiter un gamin en train de pleurer : « je ne veux pas travailler avec papa au champ ! Je ne veux pas aller à l’académie ! Je ne veux pas bouger mon gros cul et faire quelque chose de ma vie.
-La dernière fois que j’ai essayé de franchir une rue et que j’ai voulu prendre ma vie en main, je me suis pris un Kunai dans la tronche, excusez-moi du peu. »
Le vieillard prit le livre qui était sur l’accoudoir du fauteuil et le lança à la figure de Sikuri. Ce dernier se prit la tranche sur le nez, qui se mit directement à saigner.
[Vieillard] « Zut… T’es vraiment qu’une merde ! Même cette vieille biche de la chambre 502 aurait pu l’éviter. Et pourtant, elle n’a plus qu’un bras… J’vais pas trainer avec toi. Tu me fais trop honte.
-Si vous croyez que c’est ce genre de phrase qui va me donner envie d’aller m’entraîner, vous vous mettez le doigt dans l’œil vieillard » dit Sikuri, le visage ensanglanté.
-Je m’en fous, moi ma carrière de Shinobi est derrière moi !
-Génial, pour finir dans une chambre d’hôpital, j’préfère encore rester ici !
-Sale gosse. »
Le vieillard claqua la porte, et un sentiment de culpabilité envahit Sikuri. Il s’était un peu emporté, bien qu’il ne doive rien à cette personne, sauf un peu de respect. Surtout s’il avait été un ninja et qu’il avait servi le village. Mais au fond de lui, il avait plus urgent à faire, comme arrêter ce sang qui n’arrêtait pas de couler, et qui allait bientôt être la nouvelle peinture de son appartement.
Une fois que son nez s’arrêta de pisser le sang, il décida d’aller prendre l’air.