Nausée. Migraine. Comment allait-il faire un cours en cet état ? Son expérience infructueuse s’était révéler lourde de conséquences son état mental. Certes, il pouvait se soigner en influant sur son propre esprit mais il lui faudrait bien une heure encore pour récupérer. Qu’allait-il pouvoir offrir à ces jeunes pousses avides de connaissance ? Ses mains blanchirent, elles s’agrippaient au bureau et se ne fut que grâce elles qu’il resta debout nonobstant une poussée de céphalalgie plus virulente que les autres qui lui avait fait perdre le sens de l’équilibre un instant. Une chose est certaine, il ne pourrait pas faire une bonne impression ainsi. Mais peu lui importait l’image qu’il pouvait bien se faire de lui. L’essentiel était à ses yeux qu’il réussisse à partager son savoir. A sa place bien des gens se serait laissé aller à une certaine forme d’appréhension au moins mais le Cetana n’était pas ainsi. Il savait s’ancrer dans le présent.
[Ishiki]
_ Commençons.
Par cette injonction, Ishiki fit taire les murmures qui parcouraient l’assemblée. L’arrivée d’une nouvelle tête sur l’estrade de l’amphithéâtre consacré au ninjustu n’était passé inaperçu. Il était bien jeune et nombre d’entre les étudiants présents en ce lieu s’interrogeait sur la teneur d’un cours enseigné par une personne ayant connu si peu de printemps. D’autre se demander dans leur fort intérieur si cette nouvelle tête était à placer comme pour la majorité des profs de l’Académie dans la catégorie « cas sociaux ». Le jeune jounin pour sa part devait sa présence en ce lieu à Hoshi Uchiwa, le jounin narcissique professeur de ninjustu ici même. Celui avait fait appel à lui pour le remplacer pour un cours sur le clonage, avançant une obscure obligation. Face à l’indécision d’Ishiki qui ne s’attendait pas à se voir proposer un cours à l’Académie lui qui n’y avait jamais mis les pieds, il lui avait donné quelques billets –comme si le Cetana était particulièrement sensible à l’aspect vénal des choses- en lui disant que cela pouvait constituer une sorte de mission et il s’était téléporté aussi sec, le laissant avec l’obligation de former ces jeunes pousses. Ainsi s’était-il retrouvé là par la force des choses, n’ayant qu’une idée très vague de ce qu’il pouvait bien y faire. Son regard parcourut l’assemblée, espérant découvrire par-là, ce qu’il pourrait bien leur dire.
*Hum, apparemment, les Kages Bushins, les clones élémentaires et compagnie sont à proscrire. Pas même une évocation rapide des recherches effectuées par le département scientifique à ce sujet. Se contenter de décrire les bases, en espérant par la même établir de solides fondations pour leur avenir.*
C’était justement ce point là qui l’aurait amené quel temps auparavant à refuser toute mission d’enseignement de ce genre à l’Académie, ou du moins à l’exécuter à contre-cœur. Cela ne l’aurait tout simplement pas intéresser. Il aurait expédié un enseignement de haute volée que seule l’élite de l’assemblée – si elle existait – aurait pu saisir. Ainsi il aurait pu déceler les personnes intéressantes, c’est à dire celle digne son intérêt. Quant aux autres, elles auraient été tout simplement ignorées : qu’elles se débrouillent seules, après tout les livres aurait été suffisamment bien conçus pour permettre d’apprendre les bases par toute personne un tant soit peu digne d’être shinobi ; il n’aurait pas eu pour vocation de former les êtres ne sortant pas du lot.
Mais il n’était pas ainsi à présent.
Il se souciait de sort d’autrui, ses frères. Certes ce n’était pas le bushin qui allait les affranchir du carcan d’illusion qui les aveuglaient tous, mais Ishiki espérait que par delà ce justu, ils pourraient comprendre quelque chose. Or la compréhension en elle-même avait le pouvoir de les mener à la Libération. Certes, le domaine était limité, la compréhension de la technique du clonage et même plus généralement du mécanisme président à l’exécution des justus, n’était qu’un rien. Pourtant il ne fallait point négliger la force des petites choses ; la balance de l’Histoire avait maintes fois penché à cause d’une goutte d’eau.
[Ishiki]
_ En premier lieu commençons par un bref aperçu théorique de quelques possibilités tactiques et stratégiques offertes par la technique du clonage. Le bushin qui est aujourd’hui l’objet ce cours réside en une matérialisation du chakra sous la forme préalablement établis par la pensé, fais généralement à l’image de son créateur. Cependant cette matérialisation n’est pas suffisamment poussée pour lui donner une quelconque liberté d’interaction avec la matière dense. Ce type de clone en est par conséquent cantonné au rôle de leurre basique mais néanmoins efficace au vu de son faible coût en énergie. Vous n’aurez, en effet, que peu de chakra à malaxer pour une telle technique ce qui contribue, avec sa simplicité, à sa popularité au sein des services d’enseignement. Il est couramment utilisé dans les combats pour avoir une chance d’éviter les assauts adverses particulièrement les arcanes, les illusions voire même certains coups précis des esei-nin ou pour rompre un enchaînement. Le principal défaut d’un tel emploie résidant en l’aléatoire : si vous usez souvent le bushin, il vous arrivera probablement plus d’une fois de manquer de chance, ce que certains de vos aînés tentent de compenser par le nombre de clones, augmentant par-là même son coût et pouvant diminuer ainsi fatalement sa rentabilité. Toutefois, dans certaines situations, son rapport efficacité/prix peut se révéler imbattable. En effet […]
Le jeune jounin poursuivit ainsi son discours ne s’interrompant que brièvement pour boire quelque gorgée d’eau. Sa migraine s’estompait peu à peu et les nausées ne le tourmentaient plus, il restait néanmoins très affaiblit.
[Ishiki]
_ Malgré tous ces avantages indéniables, il faut bien avoir en tête leur extrême fragilité. La moindre blessure leur est fatale. Vos adversaires n’auront pas tous un QI proche de celui du moineau. Bon nombre de shinobi ont recours aux attaques de zone à la moindre tentative de clones intempestive. Bien des possibilités existent à ce niveau : Pensez au Baku Suishouha, l’Eclatement des Vagues, justu apte à réduire à néant des armées de clones aussi nombreux soient-ils. Pensez, futurs maîtres en ninjustu élémentaire, au Chitaisongai. Pensez, futurs maîtres en genjustu, au Shijou – sachez en effet tous que ce type de bushin est extrêmement vulnérable aux attaques visant l’esprit ; ce genre de clone n’en ayant pas à proprement parler. Il s’en trouve démuni face aux illusions et est amené lorsqu’il est confronté à ces dernières à perdre la consistance préalablement établie par son créateur, ceci pouvait aisément aller jusqu’à la disparition pure et simple de clone en fonction de la puissance intrinsèque du genjustu et de l’habilité propre au maître des illusions. – La vulnérabilité des clones face aux illusions est d’ailleurs un sujet des plus passionnants, et à cet égard il fait l’objet de nombreuses études. –
Ishiki se demanda si cet aparté avait été seulement utile. Mieux valait être concis pour être bien compris. Il s’était astreint tout le long à ne pas développer, à se concentrer sur les bases de manière à ce que tous soit à même de comprendre et puissent par la même réussir. Du reste à présent mieux valait tout de suite passer à la pratique.
[Ishiki]
_ Passons à présent qu sujet qui vous intéresse sans doute le plus dans l’immédiat, à savoir l’exécution technique d’un tel justu. Pour venir assister à ce cours vous avez déjà du assister avec succès à un cours sur le Henge. Vous devez donc tous savoir de quoi il en retourne pour réalisation d’un justu. Le principe est le même pour toutes les techniques et au-delà ; consciemment ou non il nous faut appliquer le système CRI, Sigle regroupant les trois étapes nécessaires à la réalisation de toute chose : Concentration, Représentation et …Impulsion.
De façon aussi schématique qu’extrêmement simple, nous pouvons résumer cela par les termes suivants :
Concentration : La nécessité de n’entretenir qu’une pensée et une seule, à l’absolue exclusion de toutes autres ; cette pensée étant l’état exact et précis du résultat attendu sous l’effet du justu.
Représentation : La nécessité de générer une vision intérieure, produit par l’imagination, correspondant très précisément au résultat observable une fois le justu ayant opéré.
…Impulsion : La nécessité d’injecté en cette représentation, une part de soi même. Il s’agit en fait d’une forme de projection de conscience qui a pour but de l’alimenter par une énergie propre, couramment appelé chakra, la visualisation du justu ; elle seule sera apte à la densifier suffisamment pour qu’elle puisse avoir, directement ou non, un véritable impact sur la réalité physique.
Ce discours peut vous paraître bien abstrait, et c’est pourtant – je puis vous le garantir – une réalité maintes fois expérimentée. Ce discours peut vous paraître bien aride, mais c’est pourtant le prix à payer pour l’excellence. Vous vous demandez pourquoi certains réussissent aisément ? pourquoi il parviennent à réaliser, à maîtriser les justus les uns après les autres, naturellement, jusqu’aux plus difficiles ? pourquoi certains sont considérés comme des génies ? Et bien, je vous le dis, je vous le déclare, s’ils obtiennent de tels résultats c’est qu’il applique ce système - quoique, il est vrai souvent inconsciemment -. Il ne tient qu’à vous de suivre ce sentier, avancer dans la maîtrise de vos capacités, dans la connaissance de CRI, cette union des trois clefs vous ouvrant les portes de tout les justus. Aspirez à vous élever dans les hautes sphères de vous-même, à gravir les chemins sinueux - et même si de plus en plus étroits - de vos propres sommets intérieurs. Avancer avec conscience et application et toutes les promesses en rapport seront tenues.
N’ayant à effectuer qu’un seul cours, Ishiki tenait à en profiter pour exposer au maximum ses connaissances tout en conservant au possible un langage clair et compréhensible par tous, en dépit de sa migraine toujours présente. Certes il n’y aurait peut-être qui ne comprendraient pas du premier coup –cet exposé théorique consternant la pratique leur passerait peut-être au-dessus de la tête, mais le jeune jounin souhaitait qu’ils en gardent un souvenir qui puissent les aider pour les techniques plus complexes et si possible dans la vie. Il usait de toutes ses capacités d’orateur, dont il était naturellement pourvu et qu’il avait entraînées au cours de sa carrière de diplomate, pour essayer de captiver l’attention de l’assemblée condition sine qua non à une éventuelle compréhension. Néanmoins il avait l’impression de trop parler. Il faut être concis pour être percutant. Il fallait abréger.
[Ishiki]
Pour ce qui est du Bushin no justu, le principe reprend celui du Henge no justu que vous avez obligatoirement du étudié avec succès précédemment. La seule différence notable réside en la projection de l’image mentale : alors que pour la métamorphose, vous la projetiez sur vous-même, modelant ainsi vos traits, le clonage s’exécute à l’extérieur de soi. C’est ce qui fait la difficulté du clone lorsque l’on a appris le Henge. Pour palier à cette difficulté, on a développé une certaine méthode - que vous avez du reste peut-être rencontré au fil de vos lectures - qui dissocie pour le clonage la forme et les couleurs. Cette méthode a pour avantage de bien s’appuyer sur vos acquis sur la métamorphose de manière à ce que le Bhushin ne soit plus qu’une étape aisée à franchir.
D’une part, la forme : Répartissez votre chakra tout le long de votre superficie en un tout uni et densifier-le jusqu’à le rendre visible. Expulsez ensuite ce tout avec suffisamment de puissance pour créer le fameux nuage de fumée indispensable en combat, et reconstituez-le à proximité de vous.
Joignant le geste à la parole, Ishiki projeta devant lui un double de lui-même luisant d’une couleur bleutée unie. Le jeune jounin fit tourner le clone tout en buvant une gorgée d’eau. Peu à peu la migraine se dulcifiait, sans toutefois le laisser l’esprit clair. Il poursuivit néanmoins, puisant dans sa volonté, l’énergie nécessaire :
[Ishiki]
Vous obtenez ainsi une copie exacte de vous mais sans la couleur et – détail très souvent oublié par les débutants et même parfois parmi des plus expérimentés – sans l’odeur – ou du moins de manière fort imprécise : En effet de part sa vélocité le mouvement de votre chakra emportera une partie de vos phéromones avec lui, mais cela sera loin d’être suffisant tant au niveau de la durée que de la qualité, du réalisme. D’aucuns prétendent que c’est cette manière de procéder est en soi suffisante, mais en vérité, un nez entraîné, comme celui des Inuzuka par exemple, ne serait jamais dupe d’une telle méthode si imparfaite au regard de son odorat. Ne commettez donc pas cette erreur de vous en contenter et pensez-y en appliquant le Henge.
Vous obtenez donc ainsi un double bleuté de vous-même. Le résultat est assez esthétique mais sans grande utilité sans une bonne couche de peinture. Toutefois ceci n’est qu’un détail au regard votre maîtrise du Henge. Vous avez appris à moduler vos traits, il ne vous reste plus qu’à l’appliquer sur cette copie de vous. Cela ne présente aucune difficulté car d’un point de vu étherique, cette copie EST vous. Contentez-vous donc d’exécuter la métamorphose et tout ira pour le mieux dans le meilleur des mondes. Certain préfèrent, pour coller au plus près avec leur pratique antérieure, exécuter le Henge sur le double de chakra temps qu’il est encore à votre superficie. D’autres encore s’entraînent à la projeter au loin en guise d’entraînement pour les justu supérieurs. A vous de voir selon votre propre sensibilité. Bon travail.
Le regard d’Ishiki parcouru les étudiants assemblés dans l’amphithéâtre. Le jeune jounin était soucieux de voir dans leur réaction et le résultat de leurs tentatives. Il ne savait pas s’il avait été très clair. A vrai dire le Bushin lui paraissait si simple, si aisé à présent qu’il peinait à l’expliquer. Il lui suffisait d’y penser pour former le clone. C’était comme tenter d’expliquer la manière de tenir droit sans roulette sur un vélo… Une gageure. Avait-il réussit ? Il espérait… espérait qu’ils parviennent tous à tenir droit, si possible à la première tentative. Lui avait appris directement par imitation ; il était donc parfaitement ignorant. Ignorant tout de ce qui pouvait advenir en suivant un cours magistral, des possibilités de chutes qui pouvait advenir, de combien de temps il fallait pour tenir droit. A vrai dire peu lui en chalait, il n’escomptait qu’avoir honorablement rempli sa fonction du jour.