Nom : Tang
Prénom : Mei, Li
Âge : 22
Village : PAYS DES RIVIÈRES - KAWA NO KUNI (plus en détails, un petit village prêt de la frontière....
Affinité : Suiton
Grade Envisagé : Voyageur Faible
Kekkai Genkai Souhaitée : /
Histoire :
Il pleut ce matin : je sens la fraîcheur de la pluie sur ma peau rosée ; elle cache les larmes que j'ai versée sur la tombe qui me fait face. Je me sens à la fois libre et enchaîné : le chagrin causé par la perte de ma mère me retient à cette terre tandis que l'appelle de la vengeance résonne dans mes oreilles.
Je me souviens très bien de ses yeux pétillants quand elle parlait de l'ancien temps : des yeux bruns presque rouges, seul caractère physique qui me rattache à elle. KAWA NO KUNI regorgeait de marchand qui hurlaient pour attirer la foule. Le marchandage se jouait des hommes tandis que les femmes laissaient s'échapper les derniers ragots. Les enfants, rêveurs et amusés, passaient d'une maison à l'autre avec malice mais surtout les jeunes hommes faisaient la cour aux demoiselles et les hirondelles venaient nicher au printemps...
Son regard rêveur prenait alors un air triste. Je n'avais pas besoin de lui demander la suite, je la connaissais déjà : KAWA NO KUNI s'était fait envahir.... La richesse comme la joie de vivre avait changé de main : rien ne se perd, rien ne se créer, tout se transforme. KAWA NO KUNI se transforma en un pays ruiné, humilié et la seule chose qui lui permis de tenir un tant soit peu en vie, fut le retrait d'Iwa dans ses terres, affaiblis lui aussi par la guerre.
Le temps passa : Kawa ne se releva pas... Elle resta dans la pauvreté et l’humiliation. Les marchands ne passaient plus par la ville, l'argent se fit rare, les femmes se réfugièrent dans le silence. De moins en moins d'enfants parcoururent les rues tandis que de plus en plus de tombes recouvrirent le cimetière et les jeunes gens, appauvris, en oublièrent l'amour. Même les hirondelles délaissèrent le pays....
Puis, se fut la fin d'Iwa. On aurait pu croire que Kawa en aurait profité pour se remettre à flot, mais ce ne fut pas le cas. La vie continua sa route, creusant son chemin dans la poussière, le désespoir et la misère.
Je ne pus m'empêcher de sourire : j'en rajoutais un peu trop. Je n'avais pas été si malheureuse que ça finalement. Ma mère avait toujours fait ce qu'il faut pour que je puisse vivre aisément. Elle n'avait pas hésité à donner son temps et même son corps pour s'assurer que j'ai de quoi manger, m'habiller et apprendre. Apprendre à lire, écrire, compter mais aussi apprendre le respect, la politesse, la géographie, l'histoire et bien d'autres chose. Ma mère avait tant de valeur, tant de douceur et pourtant....
Je sens de nouveau les larmes me monter aux yeux, mais ce ne fut pas des larmes de chagrin cette fois, seulement des larmes de fureur, de haine et de colère. J'en voulais à Iwa de nous avoir envahi, à la mort d'avoir pris ainsi mes deux parents et au monde entier de ne pas être venu nous aider. Mais plus que tout, aujourd'hui, c'était au Daimyo que j'en voulais. Après tant d'année, rien n'avais changé ici... La mort, accompagnée de la pauvreté, parcourait toujours les rues, la maladie, la faim et la misère s'amusant sur son chemin. C'étaient eux qui m'avaient pris ma mère après tant d'année, agissant au nez et à la barbe du Daimyo.
Je me relève lentement et jette un coup d'oeil à la tombe situé juste à côtés : celle de mon père. De lui, j'avais obtenu mes longs cheveux roux et mon nez aquilin. Comment il était ? Comment le savoir, il est mort au combat, contre Iwa... Je ne cesse de me demander ce qu'il se serait passé si, finalement, il était resté en vie, si Kawa n'était pas tombée....
Aurais-je eue un père amical, qui vous sert dans ses bras à la moindre occasion, avec lequel l'on peut passer des heures à s'entraîner? Ou bien l'un de ceux qui boit, qui ont la main leste, ivre à force de chercher à oublier la douleur physique et moral qu'avait provoqué la guerre.... Un père fière, le regard droit, l'arme au poing, prêt à défendre la veuve et l'orphelin, voilà le père que j'aurai aimé avoir, mais que je n'ai pas eue.
Je secoue la tête pour refouler ces pensées : le passé est le passé, seul le présent compte. Je laisse tomber les deux roses rouges sur les tombes puis je recule d'un pas. Silencieusement, je me promet de changer tout cela, de rendre à Kawa la vie qu'elle possédait autrefois. Je ferai revenir les marchands, je ferais sonner les pièces entre les mains des gens et les enfants auront de nouveaux l'innocence qui leurs allait si bien. J'inventerais des ragots pour que l'on papote et je formerai des ninja pour nous défendre: les hirondelles reviendraient, les jeunes ouvriraient enfin les yeux et le coeur. Plus personne ne devait vivre ce que ma mère avait vécu, plus personne ne devait le subir.
La pluie cesse à ma sortie du cimetière, comme dans les récits, ce qui me fait légèrement sourire. Je respire un grand coup et je m'éloigne des tombes et de mon ancienne vie avec comme seul bagage ma petite sacoche. Quand je reviendrai, ce sera pour donner à ma mère se dont elle rêvait: Un nouveau Kawa, aussi libre, imprévisible et beau qu'une rivière d'été.
Je dois traverser tout le village pour enfin le quitter. Dans le centre-ville, les maisons délabrées gémissent sous le vent.
Tandis que l'herbe asséché se fond dans la poussière. Seul l'épicerie semble ouverte: son propriétaires, les bras croisés, me regarde d'un air menaçant, prêt à défendre ses maigres provisions. Les prix sont bien trop chers pour de si petits légumes, rares doivent être ceux qui peuvent vraiment se les payer... Je sens monter en moi du dégoût à l'idée de ce que ma mère avait dû faire pour remplir mon assiette chaque soir...
Plus loin, c'est une jeune fille qui se fait agresser par trois hommes. J'aurais pus m'arrêter, essayer de la défendre, mais je continue mon chemin aussi silencieusement que possible afin de ne pas attirer l'attention. Je pris intérieurement pour elle en m'éloignant, je ne peut rien faire d'autre, hélas. L'aider, se serait nous condamner toutes les deux. Je n'ai aucune notion de combat, aucune notion de défense... Bien que je n'aime pas me l'avouer, je n'ai rien d'une héroïne, d'une ninja expérimenté. Je ne suis qu'une femme, jeune et impuissante... Pour le moment en tout cas.
Je m'éloigne encore davantage: plus je me sépare de ma ville et du pays et plus j'ai envie de lui redonner vie. Je part pour un temps, c'est vraie, mais je ne l'abandonne pas. Quand j'aurai enfin appris la force et la puissance, je reviendrai pour déraciner les mauvaises herbes qui s'y ont attachés. Je retournerais la terre, quitte à la brûler afin de la rendre saine, meilleur, puis j'y ferais pousser des roses rouges, aussi belles que dangereuses. Des Roses qui ne seront rien d'autre que la nouvelle génération de ninja de Kawa, une génération qui redonnera à notre pays la gloire d'antan....
Mais tout cela n'est qu'un rêve pour le moment: Kawa n'est encore qu'un pays oublié et les roses ne sont pas encore nées. Pour les guider, je vais devoirs en devenir une moi même.... Le chemin sera long et difficile, mais je dois bien ça à ma mère, mon père, tous les ninjas qui se sont battus et ceux qui sont tombés. Je le dois à mon pays, à me racines...et à mon âme.