| Sujet: Une Rencontre fortuite Lun 28 Mar - 12:47 | |
| ► CHAPITRE 3 : Sur la voie de l'Eisei ◄ - Partie 1 -
Le ciel était couvert ce matin là. Pas sombre, non, mais voilé. Un manteau fin de brune laissait filtrer un pâle luminosité tout en gardant le sol des délices diurnes. Les choses n’était pas bien différentes non plus sur le plancher des vaches. Des filets de brouillard planaient bas, voletant comme des lambeaux de cape au moindre courant d’air. La visibilité était réduite d’autant plus que la concentration de ces langues de brumes était élevé. Jusqu’à deux mètres de haut, elles léchaient les bâtiments dans les rues étroites du village militaire de Kumo, parfois si denses que l’on jurait pouvoir les couper au kunai. Traverser telle purée de pois, c’était semblable à une traversée des limbes, un monde tout de gris, sans repères, qui vous privé de vos capacités sensorielles. Une belle aventure pour une matinée de printemps, en somme.
Kitsuke avait découvert les tourments météorologiques que la journée promettait, en mettant les pieds dehors. A peine avait-il refermé la porte de la demeure des Naru qu’il s’était retrouvé en territoire inconnu. Malgré sa connaissance du quartier où il résidait depuis son arrivée au village, tous les repères existants lui étaient occultés par les brunes vaporeuses qui glissaient à travers le village. Il soupira avant de disparaître au cœur du brouillard.
[Kitsuke] – C’est bien ma chance…
Avec, en tout et pour tout, sa mémoire en guise de guide, il arpentait les rues vides et silencieuses du village. Tout ce à quoi il pouvait se fier, c’était ses pieds, qu’il voyait encore, et la longue suite des façades d’habitations ou de commerces sur sa droite. Pour la plupart, il ne parvenait pas à lire l’enseigne mais arrivait néanmoins à se diriger avec le peu d’indice qu’il récoltait. La pharmacie de Kumokagure était son objectif, malheureusement, il n’avait jamais pris le temps de l’ancrer fermement dans sa mémoire comme destination indispensable. A ce moment précis, il se maudit pour sa négligence.
Un peu plus tôt, son sommeil avait été troublé par les prémisses de la maladie. Tiré des bras de Morphée ainsi ne l’avait pas mis de bonne humeur, avant de se rappeler qu’il avait quelque peu forcé sa malchance, pour le coup, en restant dévêtu à la fenêtre, la veille. Même si les symptômes n’étaient pas grave, Kitsuke préférait se débarrasser de cela le plus tôt possible. C’était vrai qu’il aurait pu attendre le réveil de Seiki, ou bien même la réveiller… La jeune eisei n’aurait pas mis plus de dix minutes à le libérer de sa gène. Seulement, il n’avait pas l’intention de perturber les songes de la jeune femme. Il s’était alors recouché afin de profiter de ses derniers instants de repos. Quelle que fut la position qu’il adopta, jamais il ne parvint à retrouver le sommeil. Sa respiration pénible et ses voies irrités n’arrangeant rien, il sentit un frisson parcourir son corps, alors même qu’il avait l’impression que l’air de la pièce était devenu chaud et suffocant. Sa peau moite était le témoin de la fièvre qui le gagnait. Aussi, décida-t-il de remédier lui-même à la situation. Nuit finie pour nuit finie, autant faire quelque chose d’utile, et dans son cas, trouver un remède pharmacologique ne serait pas une mauvaise idée. L’idée fixe en tête, il s’habilla silencieusement avant de sortir de la chambre. La maison n’était que silence alors que tous ses habitants, sauf un, dérivaient dans leurs songes, et Kitsuke l’avait parcouru comme un spectre, furtif et irréel.
Malgré le rythme lent qu’il avait adopté pour ne pas louper l’enseigne de la pharmacie, le jeune homme devait bien reconnaître qu’il marchait depuis plus longtemps qu’il ne le fallait, à son souvenir. De même, il avait conscience que rester autant de temps au travers de cette brume ne faisait qu’empirer son état de santé de minutes en minutes. Redoublant d’attention, il longea les murs avec l’espoir d’y découvrir un quelconque indice qui lui indiquerait sa position et la direction à suivre. Mais que peut-on quand le temps se joue de vous ? Comme pour contrecarrer ses plans, le brouillard semblait s’intensifier au fur et à mesure que Kitsuke guettait désespérément un repère connu. Maintenant le langues vaporeuses immatérielles semblait si dense qu’il fallait battre des bras pour dégager son champs de vision. La manœuvre s’avéra bien vaine car pour chaque mouvement esquissé, les volutes reprenaient leur places en de paresseux rouleaux fumeux. Si d’ordinaire Kitsuke était d’un calme presque olympien, il sentait à ce moment une certaine irritation le prendre de voir les éléments se moquer ainsi de son infortune. Il s’arrêta pour se calmer, réprimant son envie grandissante de frapper quelque chose. Avec sa respiration sifflante et ses poumons oppressés, il s’avéra vite inutile d’espérer entamer un exercice de relaxation. Pour lui qui avait toujours su gérer ses émotions, et, au pire des cas, retrouver son calme par un travail respiratoire, enseigné par son Maître, cette situation commençait à user sa patience jusqu’à la corde.
Prolongeant malgré tout son exercice infructueux, il ne vit pas le temps lui préparer une nouvelle facétie. Quelque chose tomba sur le bout de son nez, le tirant de sa difficile concentration. Il ouvrit les yeux pour voir le brouillard balayé par une petite bruine. Il leva alors ses profondes prunelles vers le ciel qui ce dégageait lentement du voile qui l’occultait. Les fines gouttelettes ruisselaient sur son visage fatigué, comme une ultime bravade. Les mâchoires crispaient par la fureur il laissa échapper une menace entre ses dents serrées qui s’envola vers l’immensité céleste au-dessus de sa tête, hautaine et indifférente.
[Kitsuke] - Si tu étais faites de chair et de sang, sois sûre que je t’en ferai passer l’envie…
La surprise l’accueillit quand il reporta son attention vers les bâtiments qui l’environnaient. Il ne connaissait absolument pas cet endroit, il n’y avait jamais mis les pieds. Les façades sombres et décrépites, les ruelles étroites et sales… Etait-ce cela que l’on appelait « l’Asakura », le quartier pauvre ? Quelle tristesse… Pour le peu qu’il en avait vu, le gennin avait jugé le village comme prospère. Depuis ses portes jusqu’au centre ville, il ne paraissait manquer de rien. Sans afficher quelconque ostentation, l’entretien qui lui était accordé tranchait avec le sordide de l’endroit où il se trouvait actuellement. A droite, à gauche, derrière lui, rien ne lui donner d’idée quant au comment il était arrivé là. Plutôt que de faire demi-tour, il pensa préférable de trouver quelques indications chez les riverains. Fallut-il encore qu’il trouve une personne susceptible de bien vouloir l’aider, lui qui affichait l’abondance comme un étendard. Non pas qu’il soit bien riche, mais Seiki vouait une véritable obsession à l’habiller. Bien qu’il n’en comprenne pas la raison, le jeune kuméen s’en amusait sincèrement.
Il s’engagea un peu plus dans la rue sombre et jonchée de déchets, regardant sur son passage si les commerces semblaient donner des signes d’activités. Pour la majorité, les établissements étaient des bars, des échoppes, des restaurants et Kitsuke avait cru distinguer à travers les vitres poussiéreuses de l’un d’eux ce qui ressemblait à une quincaillerie. Seulement, il ne pouvait en être sûr. Quasiment toutes les enseignes et pancartes indiquant le nom et plus généralement la fonction des établissements n’étaient plus entretenues depuis des lustres. La peinture qui s’écaillait emportait avec elle les inscriptions qu’elle avait longtemps affichées. Kitsuke arriva bientôt à une intersection. Droite ou gauche, de toute façons il ne connaissait pas les lieux. Que risquait-il à se perdre encore davantage ? Les deux ruelles se ressemblaient traits pour traits, aussi insalubres et accueillantes l’une que l’autre. Et la bruine continuait de tomber…
Un mouvement suivi du claquement d’une porte qui se ferme attirèrent son attention sur la ruelle de droite. Une faible lumière traversait le verre sale des fenêtres de l’un des bars à quelques pas de lui. Prudemment, il avança vers le bâtiment, ne sachant ni à quoi, ni à qui il pouvait avoir à faire dans ces bas quartiers. Une fois devant la vitrine, il tenta de voir ce que l’établissement réservait dans son intérieur, mais la buée et la crasse dissimulait trop bien le lieu. Kitsuke devrait donc entrer pour obtenir la réponse. Lentement, il ouvrit la porte à son tour et pénétra dans ce qui s’avérait être un bar. Plusieurs tables s’alignaient le long des murs, encore couverte par les chaises retournés, signe de l’inactivité actuel des lieux. Derrière lui, la porte se referma avec un claquement sec qui le fit se crisper. Une voix lui parvint alors depuis le fond de la pièce, depuis une pièce située de l’autre côté du comptoir, qui semblait être la remise.
[ ???] – On est pas ouvert !!! Fichez-moi le camp…
Kitsuke esquissa un rictus devant l’accueil qui lui était fait. Il espérait sincèrement que la qualité des boissons compensait l’amabilité du patron. Il s’avança jusqu’au comptoir sans même que le propriétaire ne s’embarrasse de venir voir de quoi il en retournait. Après plusieurs secondes d’attente interminable, le jeune homme manifesta son impatience en se raclant la gorge, chose qu’il se promit de ne plus recommencer à cause de ses voies irritées. Demeurant invisible, et apparemment sourd, l’homme dans la remise ne daigna pas abandonner ses activités .
[Kitsuke] - …S’il vous plaît ?…
Sa politesse n’eut de réponse qu’un juron proféré comme un crachat. Les bruits de pas sur le plancher de la remise lui indiquèrent que le gérant venait, enfin, voir qui osait le déranger à cette heure de la matinée. Dès son apparition dans l’encadrement de la porte, Kitsuke le détailla avec soin pour se faire une idée du comportement de l’individu et adopter ainsi une attitude qui ne ferait pas s’envenimer les choses, bien qu’il eut envie de s’adresser à lui sur le même ton.
[ ???] – Je vous ai dit qu’on était pas ouvert… Vous êtes sourd ou quoi ?!
L’homme était de taille moyenne mais d’une carrure imposante. Sous son marcel, qui revêtait de multiples tâches, ses muscles pectorales saillaient, tendant le tissu autant que la petite bedaine qui naissait en-dessous. Ses épaules massives se voyaient prolongées par des bras puissants et des mains de la taille de petite pelle. Au-dessus, un cou de taureau attachait la tête à l’ensemble. Des cheveux coupés ras, un nez cassé plusieurs fois, des yeux gris et froid comme un ciel d’hiver, une mâchoire puissante et une multitude de cicatrices, voilà un visage bien dissuasif et marqué par l’expérience de la profession, pensa Kitsuke. Apparemment le bonhomme était patron, serveur et service d’ordre dans son commerce. Et le gennin ne jugeait pas étonnant que de telles extrémités arrivent dans un boui-boui pareil. Si la clientèle s’avérait à moitié aussi aimable que l’homme devant lui, les soirées ne devaient pas manquer d’animation.
[ ???] – Est-ce qu’il comprend bien tout ce que je lui dis le bonhomme ?
Le ton de l’homme était narquois mais son visage indiquait clairement ses intentions, il allait lui-même sortir l’intrus de son bar dans les secondes qui allaient suivre. Qu’importe l’humeur de l’homme face à lui, il lui fallait une réponse et Kitsuke comptait bien l’obtenir, d’une manière ou d’une autre.
[Kitsuke] – Veuillez m’excuser. Je cherchais la pharmacie mais j’ai bien peur de m’être perdu à travers ce brouillard. Pourriez vous m’indiquer où elle…
[ ???] – En face !!
Après que sa demande fut brusquement interrompue, Kitsuke essayait de saisir le sens de la brève réponse qui lui avait été faites. « En face »… Peut-être ne connaissait-il pas le quartier, mais le kuméen savait encore d’où il arrivait et l’indication du barman le laissait un peu décontenancé.
[Kitsuke] – Excusez moi encore, mais j’ai peur de ne pas bien comprendre…
[ ???] – C’est qu’il serait un peu lent en plus d’être sourd…
Kitsuke ferma les yeux un instant pour garder son calme. Peut-être importunait-il son interlocuteur mais ce n’était vraiment pas le matin pour le prendre pour un idiot. Par dessus le comptoir, son bras se détendit tel un serpent et se saisit de son haut. Le jeune homme tira violemment le gérant de l’établissement contre son propre mobilier. Après qu’il eut heurté le bois du bar, le maître des lieux essaya de s’arracher à la poigne de Kitsuke mais ce dernier le tenait d’une main ferme. Le garçon plia le buste de façon à approcher son visage à quelques centimètres de celui du tenancier, prisonnier de son étreinte. Il fixa les yeux gris et furieux en face de lui et répéta lentement sa question d’une voix qui ne laissait aucune place au refus.
[Kitsuke] – Où…se…trouve…la…pharmacie ?
Sur ces paroles, il libéra le patron qui manqua de perdre l’équilibre et finir sur séant sous le coup de surprise. Il tendit un doigt au-dessus de l’épaule du gennin avant de s’exclamer avec rage :
[ ???] – Si je vous dis que la pharmacie est en face, c’est qu’elle est en face !!!
Quelque peu perplexe quant à la révélation, Kitsuke estima quand même qu’il pouvait avoir une confiance relative sur l’indication. L’homme, face à lui, exsudait de haine mais il savait maintenant avoir à faire à un adversaire redoutable, contrairement à ce qu’il avait pu penser.
[Kitsuke] – Hum…et bien je vous remercie…
[ ???] – DEHORS !!!
Le jeune kuméen tourna les talons et passa à la porte sous la tempête de jurons qui accompagnait sa sortie. Il traversa la ruelle en quelques pas avant de s’arrêter devant l’échoppe voisine. Au-dessus de l’entrée, une vieille pancarte se balançait aux bouts de ses chaînes. Elle indiquait le nom de l’établissement, de moins en moins lisible avec le temps : « L’Herbe De Vie ». Drôle de nom pour une pharmacie, pensa Kitsuke avant d’en franchir le seuil. Au fond de la pièce, le vieil apothicaire releva la tête en entendant le bruit de la clochette qui annonçait l’arrivée des clients. Il fit le tour de son comptoir et vint se planter devant le jeune homme en lui tendant la main.
[Kentaro Takano] – Bienvenue à « L’Herbe De Vie », mon jeune monsieur. En quoi puis-je vous être utile ?
Kitsuke saisit la main chaleureuse tendue devant lui. Enfin quelqu’un qui se montrait aimable, la journée n’allait peut-être pas demeurait aussi exécrable qu’elle ne l’avait laissé penser. Tout en secouant la main du vieil homme, il s’aperçut que sa poigne cachait une force qu’il ne laissait pas paraître. De même qu’au-dessus de son sourire bienveillant, ses yeux, d’un bleu très pâle, le dévisageaient intensément. Sans les quelques rides qui marquaient son visage et sa tignasse blanche, le gennin n’aurait jamais pu estimer l’âge de l’apothicaire, son maintien très droit, son physique athlétique et son regard perçant lui donnaient à peine l’air d’un homme mûr.
[Kitsuke]- B-bonjour…Je viens pour un médicament…
L’homme en face de lui éclata de rire. Il mit fin à la poignée de main avant de rajuster ses lunettes sur son nez.
[Kentaro Takano] – J’imagine bien que c’est pour un médicament et non pas pour des râmens.
Kitsuke passa sa main sur sa nuque puis rit à son tour, sa gène s’évanouissant devant la bonne humeur contagieuse du vieil apothicaire.
[Kitsuke] – Excusez moi, le début de matinée a été un peu dur. Votre voisin est loin d’avoir votre amabilité et votre sens de l’accueil.
[Kentaro Takano] – C’est donc vous qui êtes la cause de ce tumulte ?!
Au sourire qu’il faisait, le jeune homme voyait bien qu’il ne lui en était aucunement tenu rigueur. L’homme devait parfaitement connaître le caractère du tavernier ce qui le rendait indulgent quant aux pauvres bougres qui subissait ses prompts colères.
[Kitsuke] – Contrairement à ce que vous avez pu entendre, mon nom sonne moins familier que les appellations dont j’ai été affublées. Je me nomme Kitsuke Raïto. Je suis nouveau au village, je suis arrivé il a quelques semaines. Appelez-moi Kitsuke.
[Kentaro Takano] – Je me disais bien que ta tête m’était inconnu. Kentaro Takano, Ken pour les intimes. Appelle-moi Kentaro, Kitsuke.
Une nouvelle poignée de mains fut échangée suivie des conventionnelles politesses d’usage. Et l’on rentra dans le vif des choses.
[Kentaro Takano] – Alors Kitsuke, qu’est ce qui t’amène dans mon humble pharmacie ?
La question qui fâche. Le gennin n’avait pas prévu devoir lui révéler ce qu’il faisait au milieu de l’Asakura de si bonne heure, enfin surtout qu’il relevait de sa malchance qu’il se soit retrouver là. Géné, le gennin choisit la franchise et résuma son périple à l’apothicaire.
[Kitsuke] – Quand je suis parti plus tôt ce matin, il y avait tellement de brouillard que j’évoluais en aveugle. Ne connaissant pas encore bien le village, j’ai raté la pharmacie du centre, et je me suis perdu. Je suis alors arrivé chez votre voisin pour lui demander de me renseigner et après insultes, je me retrouve ici.
[Kentaro Takano] – Ne t’excuses pas… Peu de gens du centre-ville viennent prendre leur médecine à mon officine. J’ai surtout pour malades, les résidants du quartier. Mais bon, maintenant que tu es là, tu vas pas repartir les mains vides, hein ?
Kitsuke sourit à la remarque. Le vieil homme ne perdait pas pour autant le sens du commerce. Lui adressant en retour un sourire entendu, il indiqua au jeune kuméen de le suivre vers le fond de la pièce.
[Kentaro Takano] – Quels sont tes symptômes exactement ?
[Kitsuke] – Toux, irritation de la gorge, début de fièvre. J’ai du rester trop longtemps à la fenêtre hier soir…
Il haussa les épaules pour signifier qu’il ne connaissait pas la cause exact de sa maladie mais qu’il jugeait cette hypothèse être la plus probable. Par-dessus son épaule, l’homme acquiesça d’un signe de tête. Il abandonna Kitsuke devant le comptoir avant de disparaître dans l’arrière boutique. Pendant quelques minutes, seuls de légers cliquetis, tintements et frottements se firent audible dans l’avant salle silencieuse.
[Kentaro Takano] – Et voilà…
L’exclamation tira Kitsuke de ses pensées. Il vit le vieil apothicaire revenir avec un petit sachez entre ses doigts. Il le tendit au gennin tout en lui faisant les recommandations d’administration.
[Kentaro Takano] – Dans un verre d’eau avant le déjeuner et cul-sec !! Pendant ta digestion, tu vas te sentir fatigué, tu verras. Vas te mettre au lit et dors. Demain, tu te demanderas si tu as bien été malade.
Il lui fit un clin d’œil pour appuyer sa phrase. Kitsuke regarda le petit sachet avec perplexité.
[Kitsuke] – C’est si efficace que ça ?
[Kentaro Takano] – Eh, je n’étais pas juunin dans l’unité médicale pour rien, gamin.
Maintenant, Kitsuke comprenait pourquoi le pharmacien avait un physique qui démentait les signes de l’âge. Il le regardait avec un œil neuf et un respect non dissimulé.
[Kitsuke] – Vous étiez un eisei ?
[Kentaro Takano] – Oui, m’sieur !!
Il porta son index et son majeur à sa tempe avant de les diriger, d’un geste, vers Kitsuke.
[Kitsuke] – C’est la voie que je souhaite suivre.
[Kentaro Takano] – Très bon choix, petit. C’est la « noble voie » comme on l’appelle entre nous. Mais attention, cette science revêt, au-delà des pouvoirs qu’elle confère, des devoirs plus grands encore. C’est le lot des esprits réfléchis que d’endosser la responsabilité de la survie de son équipe.
[Kitsuke] – Je comprends…
Le vieil homme le regardait avec bienveillance. Peut-être se revoyait-il en lui à cet âge, Kitsuke n’aurait pu le dire. Quoi qu’il en soit, le sympathique apothicaire l’avait conforté dans son choix. Sous peu, il commencerait la formation qui le mènerait au rang d’eisei, devenant ainsi l’élément médical de l’équipe à laquelle il serait intégré. Sans s’en rendre compte, penser à son objectif lui avait fait serrer le poing autour du sachet contenant son traitement. En voyant ce geste l’ancien shinobi se fendit d’un sourire.
[Kentaro Takano] – Reviens me voir quand tu le souhaite, petit. Je t’enseignerai ce que je sais et t’aiderai à assimiler tes cours. Considères cela comme un cours particulier. Cela te permettra aussi de pratiquer avant la fin de la théorie. Je me souviens que les cours manquent un peu d’application durant les premiers mois.
[Kitsuke] – Merci infiniment…Je ne sais comment vous remerciez…
[Kentaro Takano] – Mais je ne te le demande pas !!
Ils échangèrent un nouveau sourire. D’une main, Kitsuke rangea le sachet dans sa poche, tandis que l’autre cherchait son porte-feuille. Lorsqu’il comprit ce qu’il faisait, l’apothicaire leva les mains et les secoua. Le jeune kuméen se figea, l’incrédulité peinte sur le visage.
[Kentaro Takano] – Je t’aime bien, petit. C’est pour moi.
Le gennin remercia encore une fois son aîné avant de toussotait dans son poing.
[Kentaro Takano] – Files, maintenant. Rentres déjeuner et prendre ton traitement. Demain, tu iras mieux.
Kitsuke se dirigea vers la porte avant de s’adresser une dernière fois à l’aimable pharmacien. Les bras collés le long du corps, il exécuta une respectueuse salutation.
[Kistuke] – Merci pour tout, Takano-sama.
Sur ce, il passa la porte et s’en alla, accompagné par le tintements des clochettes. Si le brouillard était définitivement dissipé, le crachin n’en continuait pas moins de tomber. Pourtant, cela ne dérangeait plus le jeune homme. Cette rencontre lui avait rendu le sourire et il doutait qu’en l’instant quelque chose puisse venir à bout de sa bonne humeur. Il s’engagea dans la rue par laquelle il était arrivé et la remonta. Il était toujours perdu, mais il finirait bien par retomber sur le centre du village. Réfléchissant à l’avenir, Kitsuke laissa ses pas le mener vers des lieux qui lui étaient familiers.
Dernière édition par Kitsuke Raïto le Mar 12 Avr - 21:03, édité 1 fois |
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