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 [SI] - Ryujin

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Ryujin

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MessageSujet: [SI] - Ryujin   [SI] - Ryujin EmptyLun 2 Mai - 18:28

Sa conscience était aussi vaste et froide que les océans qu’elle parcourait. Ses mouvements avaient l’amplitude des siècles qu’elle avait traversés. La bête arpentait les fonds marins comme un roi se promène dans son domaine. Son univers.
Lentement, mais surement, son cerveau se mit en branle. Elle était. Elle serait. Elle avait faim. Les souvenirs nagèrent paresseusement jusqu’à atteindre des parcelles de sa matière grise. Son univers lui apparaissait bien pauvre. Elle souhaitait d’avantage.
Lentement, mais inexorablement, son corps se mit en branle. Son corps souleva la vase des siècles. L’instinct des créatures maritimes les firent fuir. Et la gigantesque ombre longiligne serpenta en direction de l’individu qui restait à jamais gravé dans sa mémoire.


******


Le jeune mousse exultait. Il savourait l’air marin qui lui caressait le visage ainsi que son corps bronzé et charpenté après deux longues années de voyage. C’était un beau garçon. Quoi qu’un peu sale et petit, ses cheveux châtain s’étaient éclairci avec la morsure du sel et du soleil, sa peau cuivrée ne faisait que rehausser ses yeux émeraudes. Il était pied nu. Un pantalon de toile blanche ceint par une simple bande de cuir, et une boucle d’oreille, un anneau de bronze avec quelques gravures mystiques, achetée sur un port du pays du feu comme unique décoration.

Il regardait la côte, souriant. La journée était magnifique. L'air lui piquait les narines et le soleil était présent avec ce qu'il fallait de chaleur et lumière pour rendre cette journée agréable. Il savait qu'avec le vent qu’ils avaient, ils accosteraient d’ici une heure au grand maximum. Il comptait bien faire son possible pour accélérer jusqu’à l’écoulement des secondes le séparant de la terre ferme. Il avait aimé vivre en mer. Il s’était jeté à bras perdu dans l’aventure quand il avait apprit que le voilier nommé Futeki recrutait de jeune mousse. Il n’avait jamais regretté son choix, mais maintenant qu’il approchait de sa ville natale, il ne pouvait pas retenir l’excitation que lui procurait l’idée de revoir sa famille.

[Marin] – Tu vas passer tout ton quart libre à regarder la terre s’approcher petit singe ?

Le mousse, accoudé au bastingage, se contenta d’un hochement de tête. Avec une élégance rare, le marin qui avait au moins le double de son âge en expérience sur le bateau cracha par-dessus bord. Visant une des mouettes qui volaient aux alentours.

[Marin] – Tu as à hâte de rentrer chez toi pas vrai ?

Là encore, le mousse se contenta d’un hochement de tête avec un sourire redoublé. Ils restèrent tout les deux l’un à côté de l’autre, à fixer la ville qui se détaillait peu à peu. On pouvait même commencer à distinguer la statue du Shodaime Mizukage. Le vieux marin semblait vouloir dire quelque chose à l’adolescent. Mais peinait à trouver ses mots. Lorsqu’il voulu se lancer, ce fut le mousse qui le prit de court.

[Mousse] – Où sont passées les mouettes ?

Le marin fut d’abords étonné par cette question, puis il constata la disparition des oiseaux.
Le bateau tangua alors follement, et ils durent s’accrocher de toute leur force pour ne pas passer par-dessus bord. La panique envahis le bateau quelques une ou deux seconde, un marin tomba à l’eau, mais la situation fut à nouveau sous contrôle très rapidement et des secours furent mit en place pour aider l’infortuné.

[Mousse] – C’était quoi ?! On a heurté des récifs ?!

[Marin] – Ne sois pas stupide ! Il y a autant de récifs dans ces eaux que de baleine.

Ce à quoi répondit une longue plainte, musicale. Sous le bateau s’étendait une large ombre, qui avançait paresseusement vers la ville.
Le vieux marin restait à la regarder médusé. Un cri à l’opposé attira l’attention du plus jeune. Lorsqu’il leva les yeux pour voir ce qui provoquait cette agitation de la part de l’équipage, ils se remplirent de terreur.


******



Sei Nakumaru était une femme forte. Une shinobi de Kiri expérimentée, maitrisant le ninjutsu de son pays avec talent et fierté. C’était une femme ayant atteint la trentaine et ayant finit par tout sacrifier pour son pays et son travail. Elle avait gravé les échelons peu à peu, perdant au passage son seul et unique amour.
Aujourd’hui, elle faisait face à la mer, sur un port abandonné. Le vent ne parvenait pas à soulever sa lourde chevelure blonde cendrée réunie en une masse de dreadlocks, mais piquait ses yeux fauves, et faisait couler une larme sur sa joue creusée.

Avec un soupir, elle fit le point sur sa vie. Elle était loin d’être mauvaise. Elle n’avait jamais manqué de rien. Certes, son métier lui avait de nombreuse fois fait risquer sa vie, mais elle ne le regrettait pas. En contrepartie elle avait rencontré des gens formidables. Noués des relations et des amitiés. Connu l’amour. Et même maintenant, elle avait l’impression d’avoir été une mère avec son équipe de genin. Des gosses bien, à qui elle avait demandé d’évacuer le plus de personne possible et de gagner les hauteurs.

Elle regarda la statue du Shodaime, qui brandissait vaillamment son arme légendaire vers les flots. Puis, elle suivit l’alignement de la lame de pierre vers la vague gigantesque qui approchait. Un raz-de-marée. Ses gosses l’avaient supplié de venir avec eux, mais elle avait refusée. Même à quatre ils n’auraient jamais eut le temps d’évacuer toute la ville. Elle devait faire tout ce qui était en son pouvoir pour la protéger, ainsi que ses habitants.

L’eau grondait. Elle serait bientôt engloutie. Elle ferma les yeux. Poussa un long et triste soupir, avant de se remplir les poumons d’un air marin qui lui évoquait tant de souvenir. Lorsqu’elle ouvrit à nouveau les yeux, ils étaient pleins d’une détermination renouvelée.
Elle sorti d’une de ses poches une pilule que lui avait confectionné un de ses élèves. Un brave garçon spécialisé dans les sciences eisei. Elle la cala entre deux molaires à l’aide de sa langue et joignit ses mains. Ses doigts dansèrent et son chakra empli chaque parcelle de son corps, avant d’en sortir et d’être emporté par le vent. Des veines apparurent sur son front et ses mains. Sa mâchoire se crispa. La pilule qu’elle avala lui donna l’énergie supplémentaire pour continuer.

Les pontons du port grincèrent, se soulevèrent, puis explosèrent. Une gigantesque vague naissait depuis les docks, et se dressa face à celle venue des mers. Les doigts de la kunoichi ne s’arrêtèrent pas pour autant de danser. Les deux vagues se heurtèrent. L’eau s’éleva dans les airs, de l’écume tomba en pluie sur un large cercle. Elle trempa la kunoichi qui flanchait, un genou à terre, elle se faisait dominée par l’ombre des milliers de litre d’eau qu’elle avait à peine ralenti.

Enfin, ses mains arrêtèrent leur mouvement.

Son chakra qui s’était diffusé dans les airs gagna en intensité. Un froid mordant le parcourait, et s’accrocha à la trombe d’eau. Il n’y eut pas un bruit. Le grondement s’arrêta simplement, et la vague devint une masse blanchâtre, d’où émergeait divers débris de bois, qui masquait l’horizon. Hyouketsu à un niveau qu’elle n’avait jamais lancé. Sei se laissa tomber à quatre pattes au sol, et cracha du sang. La sueur se confondait avec l’eau glacée qui la recouvrait. Elle avait réussie.

Demain, elle verrait encore le jour se lever.

Le chant eut encore lieu. La glace ne se fissura pas pour annoncer le danger. Elle se contenta juste d’éclater en un point, où une furie blanche faite de crocs et d’instincts, surgit. Sei n’eut pas le temps pour un dernier acte, ou une dernière parole. Elle se contenta d’être déchiquetée par une puissance qui ne la prenait même pas en compte.
La glace céda totalement, l’eau s’abattis sur la ville, emplis ses allées, emporta les maisons. Les quelques habitants qui crurent à leur survie furent impitoyablement balayés. L’océan avait sorti ses crocs, et ses flots étaient devenu des serpents qui enserrait la terre jusqu’à la briser.

Lorsque le calme revint, la ville n’était plus qu’un souvenir. La cuvette qu’elle occupait était maintenant un lac sans la moindre ride. Jusqu’à ce que les survivants puissent voir flotter à la surface les horreurs qu’avaient provoqués les flots.


******


Sa conscience lui dictait ce qu’il était. Elle lui dictait qu’il ne souffrait aucune opposition.
Il était la seule force véritable en ce monde. Tout ce qui existait, il finirait par l’engloutir. Il existait pour cet unique but. Il était Ryujin, l’avaleur de monde.
Haya Sasaki

Haya Sasaki


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MessageSujet: Re: [SI] - Ryujin   [SI] - Ryujin EmptyDim 30 Oct - 21:17

Benihime laissa retomber son bras. Les flots semblèrent se recoucher dans leur gigantesque lit, encore troublés par des vagues plus hautes que d’ordinaire. La jeune femme avait l’air déçue. Elle essuya d’un revers de la main la sueur mélangée à l’eau sur son front et dégagea les mèches collées. Le monstre s’agitait encore, à environ cinq cent mètres de leur position. Il était presque totalement immergé, mais une partie luisante dépassait, comme un îlot plein de danger au cœur des flots. Koshiro et Naikin étaient tout près, accompagnés de trois anbus. Ces derniers essayaient de réalisait un sceau, mais il semblait rebondir sur les écailles du monstre, sans jamais s’y accrocher. Benihime n’avait plus pu tenir Ryujin plus longtemps. Concentrer la force des eaux autour de lui pour l’emprisonner, ce n’était pas quelque chose qu’il lui était possible de maintenir plus de quelques secondes. Ryujin était trop physiquement puissant, trop réveillé, pour se laisser piéger ainsi. Il voulait sa liberté. Il l’avait. Les anbus n’avaient pu sceller le monstre, qui avait aussitôt replongé dans les flots.

Naikin lui jeta un coup d’œil et secoua la tête. Ryujin n’avait pas encore abandonné. Il avait déjà broyé deux ninjas. L’un, très jeune, s’était beaucoup trop approché. Il n’avait pas respecté les consignes de distance que Naikin avait données. C’était un juunin, Benihime le connaissait obscurément, parce qu’il avait partagé deux années avec elle. Il détestait cordialement la flamme jaune et avait paru extrêmement déçu quand on l’avait informé que ce serait elle qui dirigerait les opérations. Mais en l’absence de hyô, et avec les autres unités d’élites dispersés dans les villes pour assurer leurs arrières dans le cas où l’unité d’intervention échouerait plus tôt que prévu, le choix était mince et les autorités avaient décidé de remettre leur destin entre les mains de la flamme jaune. Ce n’était pas la première fois, du reste, mais Benihime s’était attendue à cet accueil froid. Le second était le quatrième anbu, qui n’avait pu esquiver à temps la gigantesque queue de ryujin. Elle l’avait frappée de plein fouet, de haut en bas, l’enfonçant de plusieurs mètres sous les flots. Mais son corps avait déjà cédé sous l’impact. Benihime n’avait vu qu’un nuage rouge de sang, au loin, noyé dans les flots. Les anbus n’avaient posé aucun problème. Ils se moquaient de savoir qui avaient l’autorité du moment que les décisions étaient cohérentes et naikin était à son affaire.

Ryosen avait revêtu sa tunique de combat. Il la sortait rarement. Même pour des missions à l’étranger (il disait qu’elle lui grattait dans le cou). Pourtant, c’était une vraie pièce d’art. Il l’avait achetée à prix d’or, patiemment. Benihime devait bien avouer qu’il avait de l’allure, même si de là où elle était, elle voyait surtout une combinaison noire. Il se tenait accroupi, quelques pas en arrière du reste de l’équipe. Par trois fois, il avait heurté ryujin de toutes ses forces, mais la créature ne l’avait pas même remarqué. Il cherchait encore le point faible. Ils apprenaient vite.

Les flots se fendirent en deux et la gueule monstrueuse de ryujin sortit, dégoulinante d’eau, à cent mètres de là. L’ensemble de son corps se mit en branle, tandis que l’équipe se dispersait pour éviter le mouvement qui finirait par plonger sur eux. Benihime ferma les yeux, croqua une nouvelle pilule, et resserra son emprise sur le serpent. Il détecta tout de suite son intention et résista de toutes ses forces. Benihime hoqueta en tombant un genou dans l’eau, mais maintint la pression du mieux qu’elle le put. Sa vision brouillée ne pouvait déterminer ce qui se passait, alors la jeune femme commença à décompter dans son esprit le temps qu’elle parvenait à immobiliser une partie du serpent. Une… deux… elle comptait avec toute la force qui lui restait, ne voyait dans son esprit que des chiffres énormes remplacés par d’autres. Trois… quatre… pouvait-on placer un sceau en quatre secondes ? Fallait-il tenir davantage encore ? Benihime le sentit alors. Le mouvement. Elle desserra aussitôt son emprise et bondit en avant, courant à en perdre haleine sur la mer. Dans son dos, la queue de ryujin transperça la surface comme une montagne sortie des abîmes. Benihime fut complètement dissimulée par l’ombre énorme et trempée par les colonnes d’eau qui s’abattaient de partout. Elle jeta un coup d’œil derrière elle pour aviser le mouvement descendant de la queue. Ryujin cherchait à l’écraser. Benihime se téléporta aussitôt et se réceptionna au sommet de la tête du monstre marin, son chakra adhérant à ses écailles détrempées avec fermeté. Ryujin ne parut pas la détecter, mais il cracha avec véhémence en voyant que sa proie s’était volatilisée. Que pouvait penser une créature aussi énorme ? Que pensait une île des humains qui lui marchaient dessus ? Pas grand-chose, hormis une vague nuisance, comme un bruit en fond.

Benihime se laissa glisser le long du cou de la bête, non sans réprimer un frisson à l’idée qu’il puisse se retourner et la gober d’un geste. Il était incroyablement foudroyant par instant, comme un lézard. Elle atterrit sur un genou, roula en avant et reprit sa course jusqu’à atteindre naikin.

Benihime – Je suis à sec. J’ai déjà croqué deux pilules, je vois double et j’ai un goût de fer dans la bouche. Ryujin est indemne, nak.

Naikin acquiesça sèchement.

Naikin – On va attire l’attention de la bête. Ryo, Ko, vous me recevez ? C’est l’heure de grimper sur le monstre. Faites lui regretter de s’être réveillé, autrement, on ne va pas s’en sortir.

Benihime fit la moue.

Benihime – Ils ne vont pas réussir à percer la surface. Ils sont costaud, mais pas à ce point.

Naikin – Les écailles ne peuvent être percées. Ses yeux, j’en jurerais pas. Si on lui en crève un, il va battre en retraite le temps de récupérer. C’est un reptile.

A travers leur sceau de communication, Benihime perçut le ton professoral de Ryosen.

Ryosen – Ryujin se rapproche par bien des aspects de l’amphibien. Mais globalement, sa nature monstrueuse l’empêche de s’accommoder à des critères trop connus.

Naikin se contenta de refermer sa veste de combat et adressa un mince signe de tête à Benihime. Les deux ninjas se mirent en mouvement, droit devant. Ryujin avait replongé sous l’eau, même sa queue avait disparue. Quand il ressortirait, ce serait pour refermer ses crocs sur l’un d’entre eux.

Naikin – Dispersez vous. Tenez vous prêts à vous téléporter.

Aussitôt, toutes les unités impliquées laissèrent une centaine de mètres entre elles. Seuls Naikin et Benihime restèrent collés l’un à l’autre, sans interrompre leur course. Rien n’indiquait que le monstre les choisirait eux plutôt qu’un autre, jusqu’à présent, son comportement avait été erratique et hasardeux. Il obéissait à ses propres instincts, sans prêter attention à la logique évidente, interrompant parfois son attaque brusquement pour s’en prendre à quelqu’un d’autre, pourtant éloigné et pas immédiatement menaçant. A nouveau, Benihime sentit les flots sous elle s’agiter alors que la masse du serpent devait s’agiter en dessous. Il émergea à quatre cent mètres, après avoir jeté son dévolu sur une unité anbu. Celle-ci se téléporta avant même que la créature ne sorte de l’eau. Benihime et Naikin se jetèrent à sa rencontre, épaulés par deux autres anbus qui les rejoignirent. Il fallait accaparer l’attention du monstre, sans toutefois s’exposer à une riposte trop dévastatrice. Encore une fois, Benihime gardait en tête la vivacité de la bête. Il ne semblait pas toujours gêné par la lourdeur des flots, il évoluait à l’intérieur comme en plein air, avec aisance et légèreté. Sa queue pouvait sortir et s’écraser sur eux en un instant, il suffisait que le monstre discerne une faille et eux aussi se retrouvaient réduits à l’état de nuage vermeil.

Naikin écrasa une boule dans sa main, un épais nuage volage d’une criarde couleur verte s’éleva dans les airs. Benihime ne quitta pas le monstre du regard, sa tête pesante se tournant lentement dans leur direction. Il dévoilait une grande partie de sa dentition et la jeune femme ne pouvait que remarquer son admirable tenue, immunisée aux aléas du temps. Toutes ces années passées sous la surface ne paraissaient pas avoir émoussée ni sa force, ni son appétit (au contraire). Le potentiel de destruction de Ryujin était important et il n’était pas encore optimal pour l’heure, la créature se réveillait à peine. Elle était encore engourdie et lente. Il fallait finir tout cela maintenant, avant qu’elle ne récupère toutes ses énormes capacités. Benihime ne put s’empêcher de penser qu’il aurait fallu couper la tête de ce monstre au lieu de le sceller. Les sceaux finissent toujours par s’user… ou par être détruits par des personnes malveillantes. Une négligence de plus à l’actif de kiri, cela commencer à peser lourd dans la balance.

Ryujin fut sur eux en un instant. Ce combat aiguisait ses sens, il s’enhardissait à chaque minute, regagnant rapidement ses sensations de tueur. Plus le combat durait, plus leurs pertes seraient grandes.

Naikin – Maintenant!

Benihime concentra ce qui lui restait de force pour resserrer les flots autour du monstre. Ce dernier passa en force, sans marquer le moindre temps d’arrêt. La jeune femme transpirait à grosses gouttes à mesure que le serpent dévorait la distance qui les séparait encore. Elle savait qu’elle n’aurait ni la force ni la capacité d’esquiver cette attaque. Si Ryujin plongeait, elle serait broyée. Il fallait qu’elle tienne sa position. Naikin posa sa main à la base de sa nuque. La jeune femme se redressa en gémissant comme sous la caresse d’un homme. Elle serra plus fort et le mouvement du monstre hoqueta. Ryujin laissa échapper un feulement courroucé, alors qu’il tendait le cou pour atteindre les deux humains en contrebas. Le bout de son nez aplati s’arrêta à une dizaine de mètres de la flamme jaune. Naikin pressa plus sur la nuque de Benihime, qui inspira brusquement une bouffée d’air. L’esprit clair et vif, prêt à la confrontation, comme à chaque fois que Naikin utilisait son toucher. Au loin, Benihime vit la queue du serpent sortir de l’eau. Il était impossible d’immobiliser une telle masse, même s’ils s’y essayaient à plusieurs. Le seul moyen serait de geler la mer, et encore, la puissance brute de Ryujin était suffisante pour briser n’importe quelle glace. Le monstre espérait les balayer, mais le mouvement était lent à cause de la distance à parcourir. Quand il arriverait cependant, ce serait certainement sous la forme d’un raz de marée.

Koshiro et Ryosen ne lui en laissèrent pas le temps. Ils se réceptionnèrent au sommet du crâne du serpent et se laissèrent glisser le long de ce qui lui tenait lieu de nez. Ryosen adhéra aux écailles molles à proximité de son œil droit, attrapa la main de Koshiro et l’envoya contre l’œil sombre du monstre. Ce dernier rugit de douleur et de colère quand le poing de Koshiro le heurta de toute sa force, une fois, deux fois. Les mouvements brusques que le monstre essayait de réaliser arrachaient des grognements douloureux à Benihime. Naikin plaça sa main libre sous la poitrine de la jeune femme et la redressa d’un mouvement sec. Il laissa sa main un instant, s’assurant que Benihime avait assez d’énergie pour tenir bon, ouvrit la tunique de Benihime et replaça sa main sous la poitrine de la jeune femme, à même sa peau. Le regain d’énergie fut sensible, mais le monstre s’agitait trop, il était parcouru de mouvements parasites provoqués par la douleur et une obscure crainte qu’il avait oublié, celle de sa propre mortalité. Ryujin agitait sa tête de toutes ses forces. Benihime ne pouvait pas l’immobiliser si elle n’était au moins un peu immergée dans la mer. Ryosen s’accrochait fermement et maintenait Koshiro, mais leurs corps risquaient de se désarticuler à ce rythme.

Naikin – Je vais devoir y aller Beni. Il faut que tu tiennes bon. Si tu lâches, je raterais mon attaque. Est-ce que tu es avec moi Beni ?

La jeune femme poussa un faible gémissement d’assentiment.

Naikin – Je vais relâcher ma pression sur ta nuque et ta poitrine maintenant.

A l’instant où les doigts de Naikin quittèrent la peau de Benihime, celle-ci perçut la différence comme un voile de douleur après la paralysie d’un membre. Elle cria de surprise et mit un genou à terre, mais Naikin ne chercha ni à lui parler, ni à la relever. La seule chose qu’il pouvait faire pour apaiser ses douleurs était d’attaquer, et de le faire vite. Il frappa dans ses mains, deux sceaux s’illuminèrent et lorsqu’il écarta les bras, un long manche de fer forgé se matérialisa dans sa paume. Naikin murmura quelques mots très bas, se ramassa sur lui-même et jaillit vers Ryujin, le bras armé tendu en avant.

Il y eut un hurlement terrible qui retentit entre le ciel et la mer. Ryujin rejetta la tête en arrière et recouvra toute sa mobilité, alors que Benihime s’écroulait en contrebas, tremblante comme une feuille. La lame de Naikin s’était plongée jusqu’à la garde dans l’œil droit de la bête. Les deux pieds campés sur ses écailles, le juunin essayait de dégager son bras qui fumait dangereusement, éclaboussé par un fluide noir contenu dans l’œil mort de la bête. Ryosen ne perdit pas de temps et les téléporta tous les trois aux côtés de Benihime. Les dents serrées, sa manche déchirée autour de son bras blessé, Naikin transmit ses informations au reste de l’équipe.

Naikin – On se regroupe!

La queue de Ryujin était retombée dans l’eau. Le serpent s’agita, son hurlement toujours suspendu dans les airs, et se laissa tomber sous la surface des flots. Le tumulte des vagues mit plusieurs longues minutes à s’interrompre, tandis que l’équipe concentrait son attention sur ce qui se passait sous eux. Ryujin ne réapparut pas. Naikin observait l’est.

Naikin – Il est parti.

Ryosen – Il reviendra. Ton bras.

Ryosen lui attrapa le bras et secoua la tête.

Ryosen – Corrosif.

Le bras était grièvement brûlé sur toute sa longueur. Quelques marques résiduelles de brûlures apparaissaient ça et là sur le torse, les jambes et le visage de Naikin mais ce dernier haussa les épaules. Ryosen rencontra le regard de son chef. Certaines marques resteraient probablement malgré les soins.

Naikin – Nous verrons cela de retour à kiri.

Ryosen acquiesça. Koshiro était agenouillé auprès de Benihime, toujours couchée à même la surface de l’eau, les yeux entrouverts. Il l’a mis doucement sur le dos et referma la tunique sur sa poitrine blanche. Il lui essuya la sueur au coin de sa bouche et lui caressa la joue en souriant.

Koshiro – Tu as été superbe.

Ryosen – Ouais, c’était un sacré morceau.

Ryosen passa l’un de ses bras sous les jambes de la jeune femme et l’autre sous son aisselle et la hissa contre lui. Benihime laissa sa tête reposer contre l’épaule de son partenaire et ferma les yeux pour de bon.

L’attaque était finie.

* * * * *

Haya retrouva ses amis dans la petite cour de l’hopital.

Elle traversa les allées mal entretenues et l’herbe jaunissante en vitesse et serra très fort Benihime, qui lui rendit son étreinte un ton plus bas, un sourire fatigué aux lèvres. Elle lui tapota doucement dans le dos et déposa un baiser dans son cou, comme si c’était elle qui avait le plus besoin de réconfort.

Benihime – C’est qu’elle se faisait du souci...

Benihime attrapa le visage d’haya entre ses deux mains et la regarda droit dans les yeux. Son sourire s’élargit faiblement.

Benihime – On est la flamme jaune. On ne perd pas aussi facilement.

La jeune femme déposa un nouveau baiser sur les lèvres d’haya et se rassit sur un banc auquel il manquait au moins deux planches. Haya serra Ryosen dans ses bras, qui se laissa faire en ralant à peine, Koshiro qui lui passa sa grosse main dans les cheveux et Naikin, aux côtés duquel elle s’assit. Sa manche avait été coupée au niveau de l’épaule, il portait un bandage propre sur toute la longueur de son bras, y compris sa main. Il ne restait que quelques traces sur son visage, mais Haya estimait qu’elles disparaitraient bientôt. L’essentiel du mal était concentré dans le bras. On ne lui avait jusqu’à présent donné que des informations parcellaires et elle avait mis du temps à retourner à kiri et à savoir où étaient ses amis. Il ne lui avait pas été possible de voir Satoshi ou quiconque d’autre.

Haya – Comment va ton bras Nak ?

Naikin – Je retrouverai une efficacité pleine avec dans les jours qui viennent. Il devrait rester des marques de brulures mais rien d’handicapant.

Ryosen – C’est Beni qui a le plus morflé.

Benihime – Comme d’habitude!

La jeune femme laissa échapper son habituel rire haut et clair, mais elle marquait la fatigue. Ses yeux étaient enfoncés et pétillaient de rouge, des marques noires les cerclaient, ses lèvres paraissaient avoir subi plusieurs hivers consécutifs et son teint était blafard.

Benihime – Je suis empoisonnée. Ce n’est pas important. Trop de pilules. Et puis, au moment où le serpent s’est libéré de mon emprise, la puissance du choc a fait exploser plusieurs os à l’intérieur de mon corps. Mais les hémorragies ont été stoppées très vite et je suis réparée maintenant. Comment ça s’est passée pour toi ?

Haya haussa les épaules.

Haya – On a rien fait. La cité où j’étais a été évacuée… puis Satoshi a déclaré que le risque était passé alors on a veillé à ce que les habitants regagnent leurs habitations. On est repartis progressivement vers kiri. Je ne savais pas que c’était vous qui vous occupiez de ryujin.

Naikin – Le choix était limité, mais on ne s’est pas occupé de lui.

Naikin passait les doigts de sa main libre sur sa paume recouverte de bandages.

Naikin – On lui a transpercé l’oeil et il est parti vers l’est. Il attendra d’avoir récupéré avant de revenir. Mais quand il reviendra, il le fera savoir. Il faudra veiller à ce qu’il soit éliminé avant.

Haya – Mais c’est possible? De le tuer, je veux dire.

Benihime sourit.

Benihime – Ma mère disait: les problèmes les plus grands ont souvent des solutions toutes simples. La mort est facile à donner, Haya, même quand on est un serpent géant qui n’a jamais connu la douleur. Il apprendra.
Ookami Shiroi

Ookami Shiroi


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MessageSujet: Re: [SI] - Ryujin   [SI] - Ryujin EmptyVen 17 Fév - 21:21

Haya Sasaki: +35 Exp
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