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| Rencontre parmi les morts | |
| | Sujet: Rencontre parmi les morts Lun 7 Juin - 19:27 | |
| C’était encore le petit matin, et dans la brume qui se levait doucement, les rayons du soleil étaient parfaitement diffus, donnant l’impression d’être entouré d’une faible lumière qui venait de toutes les directions. Une fine bruine tombait toujours, inlassablement, et tout le village était enveloppé d’une humidité froide et poisseuse. Ce n’était pas un temps qu’Hideo appreciait, loin de là, mais c’était malgré tout un temps très commun. Il fallait bien s’y faire. Il cessa de s’intéresser au ciel, et son regard retomba sur la petite pierre tombale à ses pieds. « Nao Nomura », pouvait on y lire, gravé dans la roche. Le socle était sobre et simple. Pas d’épitaphe ; c’était un peu triste, et un peu surprenant. Il aurait cru que son père aurait trouvé quelque chose à ajouter. Mais il fallait croire que le chagrin avait entamé sa créativité…
Hideo jeta un coup d’œil autour de lui. Partout des pierres tombales, de différentes tailles, décorées avec plus ou moins de richesse. Une minorité était ornée de fleurs, mais on pouvait voir un grand nombre de récipients devant la plupart des stèles. Certains contenaient encore les restes de plantes en décompositions. Il revint à la tombe de sa mère : pas de vase. Il se souvenait vaguement d’un temps où son père venait encore y laisser quelques fleurs. Mais cela n’avait pas duré longtemps, et lui-même n’était jamais revenu ici. En ce moment, il en avait un peu honte. Seul le froissement des feuilles de quelques arbres perturbait le calme macabre du cimetière. C’était un lieu bien déprimant. Il n’avait aucune envie de s’y attarder.
« Salut maman. »
Il se tut immédiatement, gêné. Il n’était déjà pas très bavard de nature, alors il n’allait pas se mettre à parler dans le vide. D’ailleurs, pourquoi était il venu ici ? Il avait soigneusement évité le cimetière de Kiri pendant deux ans, et maintenant qu’il s’y trouvait, il était un peu surpris. Qu’espérait-il trouver ici ? Depuis qu’il s’était livré à son escapade nocturne quelques jours auparavant, il avait beaucoup réfléchi à ce qu’elle devait signifier pour lui. Il dormait mieux, et c’était déjà une bonne chose. Mais occasionnellement, il pouvait se réveiller très tôt le matin, pour ne plus se rendormir. C’était ce qui était arrivé ce jour ci. Il ne pouvait pas dire qu’il réfléchissait longuement. Son esprit était occupé, et c’était ce qui le réveillait, mais cela n’avait rien de constructif. C’était comme s’il hésitait. Hésitait à quoi ? Impossible à dire. Ce n’était qu’une sensation diffuse, assez désagréable. Une sensation de ne pas être à sa place, d’avoir quelque chose à changer. Il avait beaucoup de choses à changer dans sa vie, mais il lui restait à trouver une bonne raison de le faire.
Alors il était venu ici. Paradoxalement, il y trouvait un calme qu’il ne pouvait s’offrir dans le grenier qui lui servait de chambre. L’air frais et humide le revigorait, et il ne s’y sentait pas si douloureusement seul. Oh, il savait que cette fausse impression de compagnie n’était due qu’aux centaines de cadavres qui dormaient sous ses pieds. C’était assez tordu, se disait il, mais c’était la vérité.
Maman, est ce que tu me vois ? Il avait envie de lui parler. En vérité, et il le savait, il avait envie de parler à quelqu’un. N’importe qui. Il ne se souvenait pas assez bien de sa mère – de sa vraie mère, du temps où elle n’était pas malade- pour pouvoir s’imaginer ce qu’elle pourrait lui répondre. Et c’en était d’autant plus douloureux. Est-ce que tu es encore quelque part avec moi ? Comme dans ces comptes de fées…
Il repensa à ce que Noriaki lui avait dit l’autre jour, qu’il devait « croire ». Il allait mettre ce conseil en application. Pendant les prochaines minutes, il allait croire que sa mère l’entendait toujours, et qu’à défaut de lui répondre, elle serait présente à ses côtés. N’était-ce pas ridicule ? Quel besoin pouvait-il avoir de se résoudre à de telles extrémités ? Il voulait simplement parler à quelqu’un…
Tu me manques. C’est tout juste si je me souviens de toi, mais tu me manques. Papa aussi, d’ailleurs, mais c’est un peu différent. Lui a choisi de me laisser. Je n’ai jamais compris pourquoi… Est-ce que tu le comprenais, toi ?
Hideo se laissa mollement tomber sur l’herbe trempée. Il ramassa ses jambes l’une sous l’autre et s’appuya sur ses deux main, en arrière, les yeux au ciel. Ca ne marchait pas très bien : il ne sentait pas la présence réconfortante d’une mère. Mais tout n’était pas inutile. Il avait l’impression de progresser un peu.
J’aimerai avoir quelqu’un. Quelqu’un pour me dire ce que je dois faire maintenant. Je me suis dit que je devrais me relancer à corps perdu dans les enseignements de shinobi, mais j’ai croisé quelqu’un, il y a quelques jours, qui m’a bien remis à ma place. J’ai tellement de retard déjà ! Est-ce que je peux le combler ? Personne ne m’encouragerait si j’essayais… Je me sens vide et …
« Inutile. »
L’adolescent eut un petit rire. Le genre de rire sans vie de quelqu’un qui ne va pas bien. Il se disait qu’il était chanceux de ne croire en rien, d’une certaine façon. S’il avait cru un seul instant qu’il pouvait revoir sa mère en mourant, il aurait probablement tenté le coup. Et cette pensée le mettait profondément mal à l’aise.
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| Sujet: Re: Rencontre parmi les morts Lun 7 Juin - 22:17 | |
| Malgré tous les efforts déployés récemment, le temps ne suivait pas pour donner envie de bouger aux jeunes flemmards. Kimaru était de ceux là, mais le pays de l’eau était ce qu’il était, et après tout, c’était très bien comme ça.
La brume était aussi de la partie ce matin, en plus de la bruine qui s’abattait depuis le milieu de la nuit sur Kiri no Sato. Le temps n’avait pas beaucoup évolué depuis la veille, bien que des rayons de soleil légers transperçaient l’éternelle voûte nuageuse qui avait masqué les étoiles toute la nuit. De ce fait, le genin n’avait pu se livrer à son activité de contemplation des étoiles, et eut ainsi l’occasion d’opérer un petit débriefing de la session d’entraînement avec son oncle, tous deux perchés au sommet des toits, sur leur terrasse favorite, comme à leur habitude.
- Bon, c’est déjà bien que tu aies recommencé à bouger un minimum. Un shinobi ne reste pas à dormir toute la journée et à jouer de la flûte, tu comprends ?
- Oui, mais j’ai l’impression d’avoir accumulé des heures de retard, je me demande si je rattraperai tout ça un jour.
- Evidemment, que tu as du retard. Mais ta vie est ce qu’elle est, si tu vois ce que je veux dire. Tout le monde n’a pas une mère anéantie par le chagrin, et un père décédé. Ainsi qu’un oncle bavard et insupportable.
- C’est vrai. Je pense encore à Miya, je ne sais toujours pas où elle est, et je n’ai pas envie de m’entraîner seul, quand tu auras d’autres choses à faire.
Kyo soupira profondément.
- Il le faudra bien un jour, bon sang ! C’est ton chakra. Toi seul décide de la manière dont il doit être utilisé. Toi seul peut le modeler et le diriger pour éxécuter tes techniques. Je ne serai pas toujours là derrière toi, et Miya non plus. Quand tu seras face à lui, que feras tu ? Tu me demanderas comment faire ?
- Non, bien sûr que non. Je n’ai simplement pas l’impression d’être doué en quoi que ce soit, même si la séance était encourageante.
- J’aimerais te parler de quelque chose à ce propos. Tu me fais penser à Hayate tout d’un coup, je ne sais pas trop comment l’expliquer. C’est étrange, il parlait comme toi, comme si le Ninjutsu le rebutait. Et pour sûr : ses combats les plus célèbres, il les a menés grâce à son regard.
Kimaru sourit, sans comprendre véritablement.
- J’aimerais bien faire fuir mes adversaires du regard, alors. Je vais m’entraîner devant une glace !
Le jeune homme se mit à rire. Voyant son oncle froncer les sourcils, il fit de même avant de s’arrêter de rire, puis se tourna vers lui.
- Tu n’as pas saisi. Hayate était capable de te remuer au plus profond de toi même si tu te laissais surprendre, et son regard y était pour beaucoup. Intense, profond, perturbant. Avent d’être pris dans ses illusions, le malaise s’installait déja.
- Papa était un maître du Genjutsu ?
- Il se débrouillait très bien en Ninjutsu, mais je crois bien que son niveau en illusions surpassait largement la plupart de ce que je connaissais.
L’air grave de son oncle força Kimaru à ne pas poser trop de questions, il avait dû voir des choses dérangeantes.
- C’est bizarre...je pensais justement à Miya. Je veux qu’elle m’apprenne tout ça, comment ça marche.
- Tu as sûrement des prédispositions par rapport à ton sang. Et selon moi, la tache grise qui s’éveille dans ton oeil en atteste. Hayate possédait la même, mais bien qu’elle n’apporte aucune sorte de pouvoir spécial, elle atteste de votre lien. Et je suis prêt à croire que dans le domaine des illusions, tu réussirais très bien.
***
Il en était toujours ainsi. On lui racontait des choses passionnantes sur son père, mais celui-ci n’était pas là pour en attester, pour lui faire partager toutes ses connaissances. Tous ces moments perdus d’avance.
*Papa...*
En repensant à la nuit dernière, Kimaru secoua la tête, refusant de croire son oncle sur ses capacités. Ce matin, au coeur de la bruine et de la brume grisâtre, il se tenait devant une stelle, en plein milieu du cimetière de Kiri no Sato. Il venait tout juste de s’extirper du monde complexe et désordonné de ses pensées. Certaines voix venues de ce monde le forçaient à ressasser des idées noires, allant et venant en ricanant de la douleur du genin.
*Les souvenirs contrôlent l’éxistence des gens, jusqu’à ce que ceux-ci se refusent à abandonner leur vie pour des filaments de pensée, loin, appartenant au néant. Ce n’est que lorsque l’individu reprend contrôle sur ses souvenirs qu’il pourra avancer.*
Impossible de savoir d’où venaient ces paroles. Kimaru les appelaient souvent à lui, cependant, comme si elles avaient toujours fait partie de lui. Peut être était-ce Kyo, ou bien sa mère, ou bien des pensées bénéfiques issues de son esprit embrumé. Le jeune homme se sentait terriblement mal ce matin là, pour beaucoup de raisons différentes. D’abord le lieu. Un cimetière rempli de souvenirs que Kimaru pouvait effleurer, qu’il pouvait toucher et imaginer les existences brisées par la perte d’un être cher.
Cela faisait un certain temps que le genin ne s’était pas rendu au cimetière, depuis ses résolutions par rapport à son passé. Malheureusement, la lecture du journal d’Hayate l’avait forcé à croire en la force des souvenirs. Au lieu d’être totalement paralysé, Kimaru devait apprendre à les modeler, à les utiliser pour aller de l’avant. Une motivation, avant tout. La seule motivation, après tout.
Sans s’en rendre compte, et un peu confus, le genin se mit à parler tout seul :
- De toute façon Miya et Kyo vont me laisser tomber, et maman est trop perdue en elle même pour être à mes côtés...
Des pensées toujours négatives agrandissaient encore et encore la grande toile composée de tous les souvenirs du jeune homme. Terriblement seul, il fixait la stelle de pierre recouverte de diverses herbes, témoignant de son âge. Il remarqua qu’une rose était posée en travers, certainement apportée récemment par sa mère, puisque celle-ci venait très souvent. C’était une épreuve terriblement difficile que s’infligeait délibérement le genin. Il éspérait de tout coeur que cela lui aiderait à trouver une motivation supplémentaire, pour devenir plus fort, rattraper son retard.
Silencieux depuis très longtemps, perdu en lui même, Kimaru éspérait.
*Je voudrais que tu sois fier de moi. Je suivrai tes conseils Papa, je ferai tout pour faire payer cet homme. Au moins j’aurais donné un sens à ma vie. Pour que tous tes sacrifices n’aient pas été vains.*
C’est alors que la voix résonna dans le cimetière.
- Salut maman.
Kimaru n’y crut pas tout de suite, se sentant victime de son esprit. Il avait cru un instant, plongé dans sa méditation, qu’il avait parlé une fois de plus sans s’en rendre compte, mais il n’en était rien. Il tourna la tête et parcourut les environs du regard, nullement inquiet cependant. C’était une voix qui lui avait serré le coeur. Une voix qui appelait, remplie d’incompréhension, teintée de désespoir. Une voix qui défiait les épreuves difficiles, sans toutefois montrer une grande confiance. Au milieu de la brume, sous la pluie, la scène aurait fait pâlir le plus vaillant des samourais. Kimaru resta immobile quelques instants, en tendant l’oreille pour avoir la confirmation qu’il s’agissait bien d’une illusion sonore.
*J’ai déjà passé trop de temps ici, semble t-il.*
L’atmosphère était froide et triste, mais la voix venue de nulle part l’avait changé. Une nouvelle fois, quelques instants plus tard :
- Inutile.
Kimaru sursauta encore, surpris de ne pas avoir remarqué qu’il n’était pas seul.
C’est alors qu’il le vit enfin, assis dans l’herbe humide de la rosée du matin, juste avant qu’il n’émette un petit rire sans émotion, sans conviction. Sans savoir pourquoi, le genin se sentait proche de ce jeune homme. Il pouvait reconnaitre sur son visage certaines émotions qui caractérisaient la tristesse, et plus que tout son rire lui avait fait prendre conscience qu’il n’était pas seul dans cet océan de vide et de manque profond d’une personne que la vie avait désigné pour l’accompagner encore et toujours sur les longs sentiers de l’existence, jusqu’à ce que chacun soit en mesure de voler de ses propres ailes.
Kimaru se sentait gêné. Peut être avait-il perturbé ce moment de recueillement de par sa présence. Il se sentait triste pour celui qu’il voyait devant lui, non loin. Il compatissait profondément, sans connaître son histoire, mais il est des signes qui ne trompent pas. Comme attiré, voyant enfin quelqu’un susceptible de comprendre son désespoir, il s’approcha doucement en vérifiant de ne pas déranger le jeune homme. Kimaru prit la décision de s’asseoir à ses côtés, en observant son visage.
- C’est étrange, comme sensation. Tu as le droit de me dire de partir si je te dérange, mais j’ai ressenti le besoin de venir te parler. Comme si tu pouvais me comprendre, alors que maintenant je suis presque seul au monde à me poser des questions. Ca m’attriste de voir que la mort a encore frappé dans l’éxistence d’un jeune, comme moi. Tu as l’air d’être shinobi, alors je me disais...enfin.
Kimaru cherchait ses mots, craignant de ne pas interésser du tout son interlocuteur.
- Je veux dire...des fois c’est agréable de discuter de choses et d’autres. Quand on a des questions, autant les soumettre à un autre, peut être même qu’il s’interroge sur les mêmes sujets. Je m’appelle Kimaru. Kimaru Honi, je suis genin. Et puis, si je suis là ce matin c’est parce que je devais rendre visite à mon père, qui est mort peu de temps avant ma naissance. Il ne m’a laissé qu’un journal, tu vois, et ma mère va très mal depuis des années.
Il parlait sans s’interrompre, n’écoutant que le bruit du vent rythmer ses phrases, les yeux fermés, le visage vers le ciel pour reçevoir la douce eau de pluie.
- J’ai oublié ma flûte...le moment aurait été bien choisi.
Il tourna la tête vers le jeune homme et reconnut quelques traits similaires.
- L’absence...c’est terrible, non ? Si tu veux parler, je t’écouterais, sinon je peux m’en aller, comme tu veux.
Au fond de la pupille de Kimaru, une petite tache grise apparut, signe d'agitation. |
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| Sujet: Re: Rencontre parmi les morts Mar 8 Juin - 14:35 | |
| Hideo ne prononça pas un mot lorsque l’inconnu s’assit à côté de lui. Il l’avait remarqué, distraitement, mais ne lui avait pas prêté plus d’attention que ça, s’imaginant simplement que l’autre venait chercher une tombe proche de celle de sa mère. Et puis le nouvel arrivant se mit à parler, et il devint vite évident qu’il ne laisserait plus à l’adolescent le loisir de se morfondre en paix… Il y avait quelque chose de touchant dans le ton hésitant de l’inconnu. On sentait qu’il craignait d’avoir interrompu quelque chose, et si Hideo avait été agacé au premier abord par son arrivée impromptue, il se radoucit vite. Après tout, c’était aussi lui qui avait souhaité « quelqu’un à qui parler ». Il n’avait pas précisé s’il voulait connaître cette personne ou non.
« … Ca m’attriste de voir que la mort a encore frappé dans l’existence d’un jeune, comme moi. Tu as l’air d’être shinobi, alors je me disais...enfin. »
Hideo porta inconsciemment la main au bandeau qu’il gardait attaché à sa veste. Il sourit. C’était un rictus mi heureux mi contrit. La mort n’était pas la seule calamité qui frappait dans son existence, même si elle s’en était donnée à cœur joie.
« … Et puis, si je suis là ce matin c’est parce que je devais rendre visite à mon père, qui est mort peu de temps avant ma naissance. Il ne m’a laissé qu’un journal, tu vois, et ma mère va très mal depuis des années. »
Hideo eut un frisson à l’évocation de la maladie de la mère de Kimaru. Cela lui évoquait des souvenirs auxquels il préfèrerait ne plus avoir à faire. Mais, pour cette raison, il se sentit immédiatement plus proche du jeune homme. La sympathie qu’il éprouvait à présent à son égard éclipsait tout l’agacement qu’il avait pu ressentir plus tôt. Il releva avec intérêt la remarque de Kimaru à propos de sa flûte, mais n’y réagit pas.
« … L’absence...c’est terrible, non ? Si tu veux parler, je t’écouterais, sinon je peux m’en aller, comme tu veux. »
Hideo sourit à nouveau, beaucoup plus sincèrement cette fois ci. L’inconnu avait déjà tellement parlé qu’il était un peu incongru qu’il propose une fois de plus de s’en aller. L’adolescent prit une longue inspiration qu’il laissa relâcher doucement. L’absence était elle une si terrible chose ? Non, il n’en avait pas l’impression. S’il ne se fiait qu’à sa logique, l’absence n’était qu’un vide, un non-être. Ce sont des choses qui peuvent se combler, se remplacer. Dans le cas de Kimaru, qui n’avait pas connu son père, il avait eu tout le temps de se trouver des substituts. Ce n’était pas pour rien qu’on vivait dans des villages, entourés de ses semblables. L’absence d’un membre de la famille ne devrait être qu’une gêne passagère. La logique était froide, mais insuffisante. L’absence faisait quand même drôlement mal… Hideo pointa la stèle de la main.
« Ma mère. Elle est morte il y a un peu plus de trois ans. Elle était malade. »
Il se rendit compte avec gène que cette dernière précision pouvait être troublante pour Kimaru. Il ne savait pas encore de quoi souffrait sa mère.
« J’espère que tu n’auras pas à connaitre ça… Je m’appelle Hideo, au fait. » Et il lui tendit la main. « Tu ne me déranges pas du tout. Au fond, je crois que parler un peu me ferait le plus grand bien. Parler de quoi, je ne sais pas. J’ai suffisamment passé de temps à ressasser le passé pour comprendre qu’il ne contenait pas vraiment les clés de mon avenir. Je ne sais pas ce que tu en penses, mais je commence à être fatigué de me morfondre sur ce que j’ai perdu… père, mère, futur, … » Il ricana. « Et pourtant, tu me trouves ici ! Pourquoi ? Pourquoi est on si attaché au passé lorsqu’il ne peut nous faire que du mal ? Tu as déjà pensé à ça ? Ce cimetière en est un grand symptôme. Pourquoi enterre-t-on les morts ? Pourquoi tous ensembles ? Pourquoi fleurit-on leurs tombes, grave-t-on leurs noms dans la pierre et pleure-t-on à leur mémoire ? Ce serait tellement plus facile si on parvenait simplement à les laisser partir, se couper de ces chaînes, ne retenir peut être que les bons moments. Ca fait bien longtemps que je ne pleure plus, et comme tu peux le voir je n’ai jamais fleuri cette tombe. Mais j’ai l’impression que je me suis franchement mal débrouillé : j’ai plus mal en essayant d’oublier … Mais au fond, la mort fait partie de la vie, je ne devrais pas tant m'en faire. »
Il se laissa brutalement aller en arrière.
« Ah ! Je suis ridicule. Tu sais que c’est la première fois que je parle autant depuis des semaines, et c’est un quasi inconnu qui en profite ! Il faut croire que tu tombais vraiment au bon moment… »
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| Sujet: Re: Rencontre parmi les morts Mer 9 Juin - 11:55 | |
| L’atmosphère s’était adoucie autour des deux jeunes hommes, à mesure que Kimaru parlait, ils se détendaient, la gêne des premiers instants ayant pratiquement disparue.
La brume commençait à se disperser, comme autant d’apaisement dans le cœur des deux genin. Non seulement ils arboraient le même bandeau sur leur front, mais ce matin là ils avaient trouvé quelqu’un de leur âge qui pourrait vraiment les comprendre.
Kimaru avait déjà partagé de nombreuses fois ces sentiments avec son oncle, mais à présent il ne ressentait en rien les mêmes sentiments. Quelque part, il se sentait éloigné de Kyo, comme s’il n’arriverait jamais à se fier totalement à lui. De par sa condition de Chuunin et d’adulte, il avait bien d’autres choses à faire, et parfois Kimaru avait l’impression qu’il n’osait pas lui dire de se débrouiller seul.
Sensation étrange que de se retrouver assis dans un cimetière à jouer cartes sur tables avec quelqu’un qui ressente au plus profond de lui cette mêlée de sentiments, comme une grande bataille pour la lutte d’un territoire qu’aucun des deux camps ne céderait sans mourir. Les souvenirs attaquaient l’avenir, voilà comment Kimaru concevait son cœur parfois : un immense terrain de lutte perpétuelle. Il faudrait bien choisir à un moment ou à un autre entre continuer à vivre ou rester endormi dans les noires limbes du passé.
*Ou bien utiliser ces souvenirs pour devenir plus fort…*
Kimaru se détendit totalement lorsqu’il vit son interlocuteur lui sourire franchement après sa dernière phrase, lui montrant que sa présence ne le gênait pas. Il pointa la stèle du doigt et annonça, d’une voix sûre :
- Ma mère. Elle est morte il y a un peu plus de trois ans. Elle était malade.
Kimaru hocha lentement la tête en fermant les yeux. Ses pensées se dirigèrent vers l’appartement de sa jeunesse, et il put distinguer pendant quelques secondes sa mère endormie, atteinte d’on ne savait quel mal. Le katana de la tristesse lui découpait chaque jour un peu plus son existence, tentant de trancher sans scrupule les fils de l’espoir qui la retenaient ici, qui lui permettaient encore de sourire certaines fois, parfois pendant plusieurs jours, avant qu’elle ne replonge dans les ténèbres.
- J’espère que tu n’auras pas à connaitre ça… Je m’appelle Hideo, au fait.
Kimaru se tourna vers son camarade et serra chaleureusement la main qu’il lui tendait, content que tout se déroule bien au milieu de ce cimetière lugubre.
Hideo, qui semblait très réservé au départ, prit alors longuement la parole.
- J’espère que tu n’auras pas à connaitre ça… Je m’appelle Hideo, au fait.
Tu ne me déranges pas du tout. Au fond, je crois que parler un peu me ferait le plus grand bien. Parler de quoi, je ne sais pas. J’ai suffisamment passé de temps à ressasser le passé pour comprendre qu’il ne contenait pas vraiment les clés de mon avenir. Je ne sais pas ce que tu en penses, mais je commence à être fatigué de me morfondre sur ce que j’ai perdu… père, mère, futur, …
Et pourtant, tu me trouves ici ! Pourquoi ? Pourquoi est on si attaché au passé lorsqu’il ne peut nous faire que du mal ? Tu as déjà pensé à ça ? Ce cimetière en est un grand symptôme. Pourquoi enterre-t-on les morts ? Pourquoi tous ensembles ? Pourquoi fleurit-on leurs tombes, grave-t-on leurs noms dans la pierre et pleure-t-on à leur mémoire ? Ce serait tellement plus facile si on parvenait simplement à les laisser partir, se couper de ces chaînes, ne retenir peut être que les bons moments. Ca fait bien longtemps que je ne pleure plus, et comme tu peux le voir je n’ai jamais fleuri cette tombe. Mais j’ai l’impression que je me suis franchement mal débrouillé : j’ai plus mal en essayant d’oublier … Mais au fond, la mort fait partie de la vie, je ne devrais pas tant m'en faire. »
Ah ! Je suis ridicule. Tu sais que c’est la première fois que je parle autant depuis des semaines, et c’est un quasi inconnu qui en profite ! Il faut croire que tu tombais vraiment au bon moment…
Kimaru resta sans voix pendant quelques instants.
- Quel choc…tu soulèves tant de questions. Tant de questions que moi-même je me pose à chaque fois sans pouvoir trouver la paix. Moi aussi, j’ai compris que se rappeler sans cesse ces moments ne nous aideraient pas à avancer, qu’ils nous rendaient malheureux, mais pourtant nous voilà, effectivement.
Je pense sincèrement que c’est juste. Enterrer nos morts, les pleurer, déposer des fleurs sur leur tombe. Tout ça témoigne du profond respect que nous voulons leur montrer, même lorsqu’ils sont en route pour l’autre monde. Tu ne crois pas que lorsque nous mourrons, notre désir serait de disparaître à jamais des mémoires ? N’avoir laissé aucune trace bénéfique, je trouverai ça frustrant. Les morts souhaitent plus que tout que l’on se souvienne d’eux.
Mais alors on retombe sans cesse sur le même problème, à savoir que se souvenir d’eux nous fait du mal. Et tu dois avoir encore plus de mal que moi, puisque tu as connu ta mère. Mais ce matin, en te voyant, en t’entendant parler, j’ai compris quelque chose. Une idée qui me tendait la main depuis longtemps, mais que je n’ai pas voulu retenir car alors je me croyais ailleurs, je refusais d’être un shinobi.
Tu dis que tu en as assez de te morfondre sur ce que tu as perdu, en ajoutant « futur ». Je ne suis pas d’accord. Notre futur n’est pas perdu. Et l’idée que j’ai rejetée va dans ce sens : ne pas briser les liens qui nous unissent, mais les utiliser pour avancer, pour se donner les moyens de faire ce que nous avons choisi de faire : avancer sur la voie du shinobi, trouver son propre nindô, sa propre philosophie des combats qui nous opposeront un jour aux plus grands de ce monde. Ne pas condamner les souvenirs qui nous ont fait du mal, mais les conditionner pour en tirer une force que nulle autre ne saurait remplacer.
Kimaru inspira profondément, surpris d’avoir parlé autant, mais débordant de joie de voir de l’intérêt et de la compréhension dans le regard d’Hideo, contrairement à des yeux emplis de tristesse que Miya avait pu poser sur lui auparavant, le prenant pour un fou, certainement.
- Tu sais, Hideo, on m’a toujours dit que l’eau dort. C’est ce que mon père m’a laissé comme philosophie, à travers ses écrits, et que ma mère a pu me transmettre.
L’eau est comme ton âme : elle va et vient au rythme des épreuves qui s’imposent à elle. Elle dort. Elle encaisse sans cesse. Mais chaque chose qui dort est vouée à s’éveiller, à s’éveiller un jour, et pour nous ce sera le souvenir douloureux du deuil de nos ancêtres que nous portons depuis toujours sur nos épaules.
Mais d’ici là, il faut relever la tête. Revenir ici, mais sourire. Se souvenir mais s’unir.
Kimaru se laissa également aller en arrière, en appréciant les doux rayons du soleil qui caressaient son visage.
- Je crois que l’important est de continuer à avancer, avec nos souvenirs, et comme tu l’as dit, cela ne sert plus à rien de ressasser le passé à s’en faire exploser l’esprit.
Souviens toi que nous avons réussi à survivre, que nous sommes arrivés jusqu’ici car quelque part, nous sommes parvenus à accepter l’idée de la mort. Tu as encore raison : la mort fait partie de la vie après tout.
Après une courte pause, Kimaru sourit à Hideo et frappa légèrement du poing sur son épaule, comme un geste d’encouragement et de soutien.
- Et puis, si cela ne te gêne pas trop, j’aimerais savoir ce qui t’as motivé pour arriver jusque là ? Comment as-tu vécu jusqu’ici ?
Kimaru se sentait plus proche encore de son camarade genin, à mesure que le temps s’écoulait. Il se rendit compte que sa tristesse s’était apaisée largement. Rassuré, il attendit que son camarade reprit la parole, alors que sa pupille n’arborait plus cette petite tache grise. |
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| Sujet: Re: Rencontre parmi les morts Mer 9 Juin - 15:02 | |
| Le respect pour les morts. Bien entendu, Hideo y avait pensé. Il n’était pas surpris que Kimaru fasse mention de cette raison pour justifier l’existence de ce cimetière. Mais ce n’était pas vraiment de cela qu’il voulait parler. Evidemment, il respectait ses anciens. Et d’une certaine manière, cela lui faisait chaud au cœur de voir sa mère en si bonne compagnie. Mais lui-même n’avait aucun désir de perdurer dans les mémoires après sa disparition. Si l’oubli pouvait épargner cette douleur à ses successeurs, il ne trouvait pas que le prix était si cher payé… Et non, les morts ne souhaitent rien. Ils sont morts. Juste morts. Mais il se garda de contredire le jeune homme, qui avait manifestement beaucoup à dire.
Hideo soupira discrètement lorsqu’il entendit Kimaru lui donner la recette du bien être. Considérer les liens qui l’unissait à ses parents disparus pour avancer, il y avait réfléchi. Mais il n’y avait plus de lien, du moins, il n’en sentait plus. Peut être était-ce la raison pour laquelle il était venu au cimetière retrouver la tombe de sa mère, d’ailleurs. D’une certaine façon, il souhaitait un tel lien. Pourtant, malgré tout ce qu’il pouvait souhaiter, il était un peu tard pour le recréer.
« - Et puis, si cela ne te gêne pas trop, j’aimerais savoir ce qui t’as motivé pour arriver jusque là ? Comment as-tu vécu jusqu’ici ? »
« Oh. Longue histoire. »
Hideo inspira, et réfléchit un court instant à ce qu’il pouvait dire à son camarade. Il réalisa rapidement que sa vie pouvait être résumée en quelques grandes étapes qui n’avaient rien de bien motivant. De quoi lui remettre le moral dans les chaussettes…
« Non, bien courte en réalité. Il y a encore trois ans de cela, je n’aurais pas imaginé une seconde que je finirais par me morfondre dans un cimetière à cause d’insomnies chroniques, commençant à songer doucement au suicide… »
Il réalisa instantanément la gravité de ce qu’il venait de dire, et s’empressa d’essayer d’en atténuer l’effet. En effet, il n’avait pas utilisé ce mot sincèrement, il ne s’agissait guère que d’une exagération.
« Ah ! Pas de panique, ce n’était qu’une faiblesse passagère. Ce n’est vraiment pas mon genre. » « Ma mère était malade, depuis assez longtemps déjà, mais elle était sur sa fin. Quand j’y repense, c’était une véritable atrocité. La douleur la rendait folle, vraiment invivable, mais mon père m’en a protégé tout le long. Curieusement, je prenais ça assez bien. J’étais encore très jeune, et même si bien sûr je comprenais ce qui était en train de se passer, au fond, je ne me sentais pas si concerné. La séparation avec ma mère s’est faite en douceur, parce que mon père faisait tout pour que je la cotoie de moins en moins. Du coup, quand elle est morte, j’ai presque pris ça comme un soulagement. »
Il s’interrompit, le regard perdu dans le vague. Il avait souvent pensé ces choses là, mais rarement dire. Se retrouver confronté aux mots lui laissait une impression bizarre, désagréable. D’une certaine façon, il se retrouvait en face de lui-même, et se jugeait.
« Plus je m’entends parler, plus je trouve ça horrible. Ce n’est peut être pas ce genre de chose que tu voulais entendre… »
Il adressa un sourire sans vie à Kimaru.
« Voilà, ma mère était partie, et rien n’avait vraiment changé pour moi. Je continuais à suivre mes cours. J’étais doué, paraît il. Seulement pour le genjutsu, en fait, parce que je ne me sens pas capable d’apprendre quoi que ce soit d’autre. Je n’ai pas le corps pour ça. La vie continuait, comme tu dis. Je ne me rendais pas compte à l’époque que mon père changeait, lui aussi. Ca m’a pris plusieurs mois pour le réaliser. Maintenant, je me dis que c’était pourtant flagrant. Il me parlait moins, semblait moins se préoccuper de mes progrès. J’étais trop égoïste pour le voir. Il négligeait aussi ses passions… » « C’était un bon musicien, un artisan aussi. Un poète quelques fois, même si ce n’était pas un domaine dans lequel il excellait, si tu veux mon avis. J’ai beaucoup appris de lui, à propos de la musique surtout. J’ai l’impression que c’est quelque chose qui me différencie beaucoup des autres genins… »
Le genin s’interrompit à nouveau. Il arrivait en terrain malaisé. Il avait bien compris qu’il n’était pas judicieux de parler de la désertion de son père, surtout à un membre de l’unité militaire du village. Kimaru semblait pourtant sincèrement inoffensif, et il dut refreiner une envie de se confier honnêtement. Il choisit finalement de ne pas en dire trop, trop vite.
« Et puis lui aussi a fini par partir. C’est à partir de ce moment que j’ai vraiment perdu pied, je pense. Ensuite, il y a eu ceci. »
Il montra son œil. La tâche blanche laiteuse qui masquait quasiment tout le globe ne laissait aucun doute sur ce qu’il pouvait voir de cette œil.
« C’était à peu près il y a un an. Et depuis, je n’ai plus bougé. Tu me parles de nindô, de philosophie. Je n’ai rien de tout ça, c’est quelque chose qui me manque. Je sais que c’est une des raisons pour lesquelles je me sens bloqué. Je ne veux pas abandonner ma formation de shinobi, mais je n’ai aucune raison de la continuer… »
« Héhé, je me mets à parler autant que toi. Tu as un effet néfaste sur moi. »
C’était un rire qui sonnait presque sincère. Parler lui faisait du bien, il le sentait.
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| Sujet: Re: Rencontre parmi les morts Ven 11 Juin - 0:10 | |
| Kimaru ne voyait pas le temps passer, et à vrai dire son humeur avait radicalement changée, par rapport au moment où il était entré dans le cimetière pour se retrouver face à la tombe de son père.
Discuter, partager avec un genin qui pouvait comprendre permettait d’oublier un tant soit peu son malheur, même s’il se trouvait être le centre de la discussion. Il pouvait sentir chez Hideo un certain malaise persistant, qu’il associa à du découragement, un état que Kimaru avait longtemps ressenti.
« Oh. Longue histoire. »
« Non, bien courte en réalité. Il y a encore trois ans de cela, je n’aurais pas imaginé une seconde que je finirais par me morfondre dans un cimetière à cause d’insomnies chroniques, commençant à songer doucement au suicide… »
Kimaru frissonna un instant lorsqu’Hideo prononça ce mot, mais celui-ci reprit bien vite :
« Ah ! Pas de panique, ce n’était qu’une faiblesse passagère. Ce n’est vraiment pas mon genre. »
« Ma mère était malade, depuis assez longtemps déjà, mais elle était sur sa fin. Quand j’y repense, c’était une véritable atrocité. La douleur la rendait folle, vraiment invivable, mais mon père m’en a protégé tout le long. Curieusement, je prenais ça assez bien. J’étais encore très jeune, et même si bien sûr je comprenais ce qui était en train de se passer, au fond, je ne me sentais pas si concerné. La séparation avec ma mère s’est faite en douceur, parce que mon père faisait tout pour que je la cotoie de moins en moins. Du coup, quand elle est morte, j’ai presque pris ça comme un soulagement. »
La maladie transformait les gens, les amenant jusqu’à un point de non retour, où il devient inéluctable que la fin est proche. Kimaru frissonna à nouveau, éspérant de tout coeur qu’il ne laisserait pas entrer ce genre de sentiments dans son coeur. Il ne pouvait prédire l’avenir d’aucune façon, mais il fermait son esprit à l’éventualité que sa mère puisse s’en aller bientôt.
Le jeune genin écouta attentivement son camarade, jusqu’au bout, observant à quel point la présence d’un autre pouvait aider, pouvait conduire au soulagement une fois que l’on s’était confié.
Kimaru déplaca une mèche de cheveux qui lui était tombée devant les yeux , le regard un peu perdu dans le vide à l’évocation du triste passé d’Hideo.
Il reprit finalement :
- Je peux te comprendre, je vois sur ton visage comme c’est difficile. On se demande depuis toujours « pourquoi moi ?», mais l’enseignement que je tire de notre rencontre, c’est avant tout qu’il faut arrêter de se croire seul au monde. Nous sommes peut être désarmés pour le moment, mais rien n’est défini à l’avance, tu ne crois pas ?
Il soupira.
- Et puis, je t’entends parler de musique...il se trouve que ma mère m’a appris à jouer de la flûte. Elle aimait en jouer aux côtés de mon père, à leur rencontre il y a des années. Et c’est un des meilleurs moyens pour se sentir mieux. Ca me fait mal qu’elle en soit là aujourd’hui. Mon père la faisait souffrir, il était très souvent absent, puis un jour on ne le revit plus. Peut être est-ce pareil pour toi ? Faisait il parti des forces spéciales ? J’ai appris dans le journal de mon père qu’il était plus haut placé que ce qu’il disait à ma famille. On ne sait jamais ce que les gens nous réservent malheureusement.
Kimaru laissa son imagination s’envoler au vent. Pendant quelques instants, la fenêtre de son esprit lui fit entrevoir des fragments d’images diffuses, se succédant à grande vitesse. Hayate, son père, arborait son plus beau sourire, sa compagne dans les bras.
Puis ce fut le noir, suivi immédiatement d’autres flash. Cette fois, il marchait sur un sentier boueux, au plus profond d’une forêt qui avait perdu sa lumière depuis longtemps. Ses traits étaient tirés, témoignant de la difficulté d’une éxistence qu’il regrettait déjà.
Le genin vit enfin une cascade, et secoua immédiatement la tête.
- Nos pères sont partis. Mais je ne pense pas qu’il faut leur en vouloir. Leurs raisons devaient être suffisamment importantes pour devoir abandonner sa famille.
Kimaru passait sa main dans l’herbe environnante, comme un moyen de se rassurer et de garder prise au sein du monde réel. Hideo lui ressemblait, au fond, et il appréciait sa compagnie. Il le sentait las de continuer une éxistence de shinobi, mais Kimaru savait qu’il suffisait de trouver sa propre voie pour reprendre courage.
- Tu as dit que tu ne possédais rien, aucune philosphie. Peut être faut-il que tu en trouve une pour avancer, ou peut être pas. Tu as l’avantage d’être doué, et même si ton oeil est touché par un certain mal, tes adversaires pris dans tes jutsus d’illusion verront encore moins bien que toi, c’est une certitude. Entraîne toi pour devenir fort, pour parcourir le monde, je ne sais pas. Le mieux est de se dire que nous faisons partie d’un grand ensemble, une grande famille, en somme. Ici, à Kiri, jamais nous ne serons en danger. Et si nous avons choisi d’être shinobi, c’est bien pour montrer que nous sommes fiers, que nous sommes ce que nous sommes, que nous défendons ceux qui nous ont fait vivre.
Kimaru n’indiqua pas sa vraie motivation, cependant. Il avait encore du mal à croire qu’un jour il devrait y faire face. Il fronça les sourcils un court instant, puis tenta de sourire franchement.
- Bah...je parle trop, avec mes phrases philosophiques qui ne valent pas grand chose de toute façon. L’important est de croire en toi, je pense. Je dis ça en ayant une confiance limitée en moi même, mais ce serait un bon objectif pour nous deux.
Kimaru éspérait avoir touché un minimum son camarade, en qui il voyait un futur compagnon, au sein d’une équipe de grande classe.
- En tout cas, je suis très heureux d’avoir pu partager ces choses là. C’est tellement difficile avec les autres, ceux qui ne savent pas.
Il marqua une pause avant d’envoyer une claque amicale sur l’épaule d’Hideo.
- Et de surcroît, j’ai trouvé quelqu’un de doué pour les arts de l’illusion. Voilà qui est interessant, étant donné que mon oncle m’a dit que j’étais certainement doué pour cela. J’éspère que tu pourras m’apprendre, et que tu acceptes de venir t’entrainer avec moi un de ces jours. Ca ne sert à rien d’abandonner la voie du shinobi, elle a beaucoup à nous offrir j’ai l’impression.
Il lui tendit la main, accompagnée d’un sourire franc. Un sourire depuis bien longtemps resté enfoui sous des couches d’incertitudes. Il ressortait ce matin là, enfin, alors que peut être dans la vie de Kimaru le vent du changement s’était levé, balayant des émotions néfastes. Une libération des énergies négatives... |
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| Sujet: Re: Rencontre parmi les morts Ven 11 Juin - 18:25 | |
| Kimaru lui avoua alors savoir jouer de la flûte, et Hideo eut alors une inexplicable envie d’aller réparer l’instrument qui trainait sur son bureau pour en jouer. Il était encore moins doué pour les flûtes que pour les instruments à corde, mais aujourd’hui, il s’y serait volontiers remis. C’était assez surprenant, cette façon dont les deux garçons découvraient qu’ils n’étaient pas si différents. « Peut être est-ce pareil pour toi ? Faisait il parti des forces spéciales ? J’ai appris dans le journal de mon père qu’il était plus haut placé que ce qu’il disait à ma famille. On ne sait jamais ce que les gens nous réservent malheureusement. » C’est vrai, on ne savait jamais. A aucun moment il n’avait pu prévoir que son père le laisserait, et encore aujourd’hui, il n’avait aucune idée de ce qui avait pu lui traverser la tête. Il n’était pas haut gradé, Hideo pensait en être certain. Il ne croyait pas que son père lui ait jamais menti. Il lui avait caché des choses, beaucoup de choses, à n’en pas douter, mais pas menti. Mais encore une fois, comment savoir ? Il n’était plus possible de lui demander, à présent. Ce qui signifiait qu’il ne fallait plus regarder en arrière, il n’y avait plus de réponse. Hideo fit simplement non de la tête et laissa son camarade continuer. Il n’était pas encore prêt à partager cette histoire de désertion et d’exécution, même s’il sentait qu’il avait confiance en le jeune homme. Hideo écoutait avec attention les douces paroles de Kimaru. Ce dernier avait raison sur un point, pensa t’il, amusé, ses phrases philosophiques ne valaient pas grand-chose. Il se garda bien de le lui dire. Ces phrases, il les avait entendues et lues des dizaines de fois. Elles ne lui avaient cependant jamais été adressées, et il avait toujours, et surtout aujourd’hui, eu du mal à leur donner un sens. Noriaki lui-même lui avait dit de croire… en lui-même, en Kiri, peu lui importait. Kimaru semblait, à sa façon, plus infividualiste : il conseillait à Hideo de croire en soi. Tout ça sonnait encore tellement creux. Et pourtant, il y avait beaucoup de vrai dans ce qu’il avait entendu. Rien n’était défini, comme il disait. Il n’avait qu’un peu plus de quatorze ans, ce qui lui laissait bien assez de temps pour le changement. C’était facile à dire … Il accepta volontiers la main offerte par Kimaru, et la serra chaleureusement un instant, avant de la lâcher. Il se dit que c’était un geste symbolique fort, et il appréciait la compassion que l’autre genin semblait lui offrir. Il savait qu’il aurait dû lui retourner cette compassion, car il avait bien saisi qu’il n’était pas le seul à traverser une période sombre. Il le ferait, sans faute, lorsque l’occasion s’en présenterait. Mais aujourd’hui, pour la première fois depuis longtemps, il se sentait moins seul, et il allait en profiter autant qu’il le pouvait. Hideo se releva péniblement. Ces jambes étaient ankylosées par l’inactivité et sa position. Il se passa la main sur les vêtements pour en enlever l’eau et l’herbe qui s’y était collée. « Tu as raison sur un point. Je ne crois pas que je pourrais abandonner la voie du shinobi à présent. Ça ne veut pas dire que j’y trouve un sens, mais je sais au moins qu’un abandon maintenant n’en aurait pas. »Il tendit la main et aida Kimaru à se relever à son tour. « Je dois te remercier, ta compagnie m’a beaucoup aidé aujourd’hui. J’accepte bien sûr ta proposition de nous entraîner ensemble, mais je te préviens : je ne suis peut être pas aussi doué que tu veux bien le croire. »Il repensa un instant à sa douloureuse entrevue avec Noriaki… « J’espère que tu ne te trompes pas, à propos de la voie dans laquelle nous nous lançons. J’ai l’impression qu’il n’est pas facile de faire marche arrière dans ce monde là… » [dernier post pour moi. Kimaru peut en rajouter un s'il le veut, mais je ne lui ai pas donné beaucoup de jeu ^^. Kim : tu me dis quand tu veux démarrer la session suivante ] |
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| Sujet: Re: Rencontre parmi les morts Mar 20 Juil - 21:58 | |
| Hideo : + 27 XP Kimaru : + 29 XP |
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| Sujet: Re: Rencontre parmi les morts | |
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