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 [SR] - Le Feu sous la Cendre

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Misa Deïta

Misa Deïta


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MessageSujet: [SR] - Le Feu sous la Cendre   [SR] - Le Feu sous la Cendre EmptyMar 23 Fév - 21:05

[Shin] - Puutain… Ça c’est de la montagne.

[Misa] - C’est un volcan.

Ils se tenaient au pied du Senjagosan, en plein cœur du Pays du Feu. Aucun signe d’activité alentour, mais ils ne s’y trompaient pas. C’était la montagne légendaire du clan Senjago, un clan allié au village de Konoha. De grands manipulateurs du feu, à ce qu’on disait, bien que Misa n’en ai jamais rencontré personnellement. Cela ne lui manquait pas. Elle avait toujours trouvé l’efficacité du feu très surfaite. Il paraissait également qu’ils avaient un caractère épouvantable.

Misa en était sûre : soit Shin avait lui aussi du sang Senjago dans les veines sans le savoir, soit il allait vraiment adorer ce petit voyage.

[Shin] - Arrête de contredire putain. C’est de la pierre, c’est grand, c’est une montagne.

[Misa] - Cinquante fois.

Shin lui adressa un signe de tête d’incompréhension. Il était bien plus grand qu’elle et il y avait chez lui quelque chose de naturellement menaçant, pour ainsi dire, qui rendait ses sourires sournois, son rire sinistre et ses gestes violents. Mais elle l’aimait bien.

[Misa] - On est partis hier, et ça fait cinquante fois depuis que j’ai commencé à compter que tu prononces le mot putain. On va jouer à un jeu : si d’ici la fin de la mission, tu n’atteins pas la centaine, je te promets que tu te rappelleras toute ta vie du goût de mes lèvres.

[Shin] - Putain, pari tenu, poupée.

[Misa] - Je suis confiante.

***

Kikuria était assis sur une dalle surélevée quand ils entrèrent. Il s’entretenait avec Urasa, qui faisait semblant de se tenir voûté. Il devait s’imaginer que cela lui donnait un air encore plus malsain. Mais il n’avait pas à forcer le trait, c’était quelque chose d’inné chez lui. Misa et Shin se plantèrent à une dizaine de mètres, dans l’indifférence la plus totale. Kikuria n’avait jamais pris le temps d’expliciter les moindres règles de rapport, si bien qu’ils ne le saluaient jamais comme on saluerait un chef. Il n’avait probablement pas besoin de cela pour savoir où il allait.

[Urasa] - … en excellente voie. Je devrais pouvoir fournir un échantillon dans les mois à venir. Il me faudra toutefois plus d’argent pour finaliser dans les proportions indiquées.

[Kikuria] - Combien ?

[Urasa] - Environ cent mille.

[Kikuria] - Bien. C’est très bien.

[Urasa] - Il y a un petit problème toutefois.

Misa détestait cette voix traînante, qui grinçait de façon cynique et froide. Misa détestait Urasa, pour aller à l’essentiel. Elle l’avait connu à Kumo, brièvement. C’était déjà un fils de pute. Cela n’avait rien à voir avec l’âge ou l’expérience. Urasa Yumito était né fils de pute et mourrait de la même manière. En emportant, s’il le pouvait, le plus de monde avec lui. Et, Misa devait bien le reconnaître, il le pouvait.

Kikuria de son côté demeurait imperturbable, répondant d’un ton égal.

[Kikuria] - Les Immortels, oui. En effet.

[Urasa] - Ils se rapprochent… ce sont de bons chasseurs. Haita me connait bien. Il sait où chercher.

[Kikuria] - Il sait où chercher, mais il ne sait pas ce qu’il va trouver.

Kikuria se leva et quitta le vieil homme du regard. Il dévisagea Misa un bref instant puis se détourna, pour revenir sur le vieillard.

[Kikuria] - Le problème des légendes, c’est qu’on finit par y croire. Haita n’est pas plus immortel que vous et moi. Prouvez-le.

Misa ne voyait Urasa que de profil, mais il était impossible de manquer le sourire sinistre qui barrait son visage.

[Urasa] - Hé, eh... Ceci est très excitant. Un différentiel. Oui… oui… il était bon dans cette discipline… oui… il était bon partout… mais…

Le vieil homme s’en allait en marmonnant, Misa ne prit plus la peine de prêter attention à ses paroles. Kikuria l’observait disparaître dans l’un des couloirs de la caverne, et demeura ainsi silencieux pendant plusieurs secondes. Il finit par leur jeter un coup d’œil et Misa crut un instant voir un reflet rougeoyant. Sans doute un effet de son imagination ; Kikuria n’avait aucun intérêt à user de son don ici.

[Kikuria] - Je vous envoie en mission dans le Pays du Feu. Vous n’y êtes pas particulièrement recherchés, cela devrait réduire les difficultés. J’ai besoin que vous vous introduisiez dans le Senjagosan et que vous libériez l’un de leur prisonnier, Kishiko Senjago. Ramenez-le ici.

[Misa] - Entendu.

[Shin] - Et s’il ne veut pas ?

[Kikuria] - Ne vous préoccupez pas de ses désirs. Ramenez-le.

[Misa] - C’est par rapport à Noya ?

L’expression de Kikuria ne changea pas, mais Misa eut toutefois l’impression qu’il la fusillait du regard.

[Kikuria] - Mon… maître… me disait que c’était lorsqu’un subordonné commençait à demander des justifications que son pouvoir était menacé. J’espère, pour vous, que ce temps n’est pas encore arrivé. Cela s’était révélé vrai pour lui.

Misa hocha sèchement la tête.

[Misa] - Excusez-moi.

Il se désintéressa complètement de ses excuses et disparut à son tour. Là aussi, Kikuria n’était pas exactement le genre de chef que s’était imaginée Misa. Il ne cherchait pas à appuyer son avantage, à rabaisser ses subordonnés, comme il disait. Il n’en avait tout simplement pas besoin. Misa soupira et Shin secoua la tête.

[Shin] - T’es dingue de demander ça. Retiens ta langue devant le samouraï, il serait capable de te niquer une de tes jolies jambes.

[Misa] - Il est pas là, le samouraï, de toute façon.

Shin haussa ses larges épaules.

[Shin] - Putain, mais on s’en branle du samouraï. De l’autre aussi.

Ils revinrent sur leurs pas, sans se hâter. En temps normal, pour les missions se déroulant dans le Pays du Feu, Kikuria demandait toujours à son général de les exécuter. Même s’il y était activement recherché et facilement reconnaissable, il n’éprouvait jamais la moindre difficulté. S’il n’attendait pas son retour, et comme la mission ne semblait pas particulièrement pressée - si le type était enfermé dans le volcan, une semaine de plus ou de moins ne le transformerait pas - c’était qu’il n’attendait pas de retour.

Misa secoua la tête pour chasser ces pensées. Noya était le genre de gars qu’elle n’imaginait pas mourir facilement. Il était si implacable qu’elle n’aurait pas souhaité se retrouver face à lui.

[Shin] - C’est loin le Pays du Feu.

[Misa] - Plutôt...

[Shin] - On aura beaucoup de temps à perdre.

Misa lui jeta un coup d’œil en coin.

[Misa] - On est des shinobi, Shin… Pas des pèlerins. On va se téléporter sur place.

[Shin] - Le chakra a carrément nuit au rapprochement humain, putain.
Shin Itokasu

Shin Itokasu


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MessageSujet: Re: [SR] - Le Feu sous la Cendre   [SR] - Le Feu sous la Cendre EmptyJeu 25 Fév - 21:41

Misa n’avait jamais été très douée pour les opérations d’infiltration. Cela s’expliquait, du moins elle le pensait, par le fait qu’elle n’ait rejoint que tardivement l’éducation shinobi. Elle n’était pas née comme telle, avec tout ce concept de furtivité qui, à son sens, avait quand même tendance à s’estomper quand on sortait les gros bras. Au final, Kumo utilisa principalement son potentiel offensif sans chercher particulièrement à aller contre sa nature, si bien que Misa ne s’était jamais perfectionnée dans cet art. Cela ne lui avait jamais véritablement manqué car elle faisait partie des personnes qui gagnaient à être vues et elle savait les rudiments pour survivre en situation délicate.

C’était une situation délicate, mais surtout particulière.

Infiltrer un volcan rempli de personnes qui, pour la plupart, avaient reçu un enseignement shinobi se rapprochait du suicide. Une métamorphose, même à son niveau, n’aurait aucune chance de tromper durablement les Senjago. Et c’était un caractère qui ne s’imitait pas, les clans étaient gonflés de traditions, de coutumes, que Misa ignorait. Ce ne serait pas crédible dix secondes. Ils n’avaient pas même de plan général du volcan, pour savoir où se situait l’homme qu’il devait libérer et s’y téléporter.

[Misa] - Soit on cherche une solution intelligente, soit on se téléporte sauvagement en direction du bas du volcan.

[Shin] - Ouais, comme ça on s’encastre dans une pierre, génial putain.

Misa eut une moue de mépris.

[Misa] - Trouve la solution intelligente alors.

Il n’y avait de fait pas énormément de possibilités qui s’offraient à eux. Au moins une toutefois.

[Misa] - Depuis quand ce pays n’a pas connu de vraie tempête, Shin ?

[Shin] - Depuis que ces enculés ont construit un volcan et qu’ils se foutent bien de savoir qu’il pleut dehors.

Misa se frotta l’arête du nez.

[Misa] - Une tempête j’ai dit, je ne parle pas de toi pissant contre les pierres. On va défoncer le haut du volcan.

Shin la dévisageait, le plus sérieusement du monde.

[Shin] - D’accord. Donc tu ne plaisantais pas quand tu disais que tu n’avais aucune notion d’infiltration.

Les mains jointes et le regard tourné vers le ciel, Misa l’observait se noircir lentement. Son partenaire, lui, secouait la tête.

[Shin] - Bon, on fait sauter le haut du volcan. Mais après ? Ils ne vont pas monter voir qui fait du bruit en haut, ils vont s’enfoncer dans le volcan.

[Misa] - Précisément. Je ne pense pas que ces hommes et ces femmes paniqueront facilement. Mais ils s’abriteront. Il est facile d’imiter quelqu’un qui fuit pour s’abriter. Ils seront moins vigilants sur les erreurs d’interprétation que nous ferons et personne ne viendra nous parler alors qu’on retourne chez nous.

[Shin] - Je sais même pas à quoi ça ressemble un putain de Senjago.

[Misa] - On imitera les premiers qu’on rencontre...

Shin leva ses bras en signe d’impuissance. Il ferma joignit ses paumes et Misa sentit le flux de son chakra croître à très grande vitesse. De petites bourrasques s’infiltraient dans ses vêtements et faisaient voler son long manteau. La jeune femme se rapprocha de lui. D’expérience, elle avait appris que les vents étaient beaucoup moins forts à proximité de leur source qu’éloigné, même de quelques pas. Une main cramponnée à son chapeau, elle passa son bras libre autour de sa taille et Shin ne prit même pas la peine de manifester son excitation par un quelconque moyen grossier.

Rapidement, les feuilles des arbres commencèrent à se décoller et à s’envoler dans un tourbillon coloré. Puis la tempête naissante grandit et s’étendit jusqu’à lécher le volcan. Shin rouvrit les yeux et hurla.

[Shin] - C’est à toi poupée, prends pas de retard !

Misa leva une main en l’air, le regard fixé sur le ciel qui s’obscurcit par couche successive. De gros nuages menaçants étaient traînés par les vents et stationnaient au dessus du volcan, prêts à éclater. Misa ne les fit pas attendre davantage. La pluie ne tarda pas à les atteindre, sous les jurons de Shin qui rabattit sa capuche sur sa tête. Il attrapa Misa par la taille et la serra contre lui avec, peut-être, les mains un peu trop hautes mais la jeune femme ne prit pas la peine de relever. Elle joignit à son tour les mains, tandis que le tonnerre roulait, de plus en plus présent.

Quand elle abattit sa main, une énorme concentration d’éclairs foudroya le sommet du volcan. De gros amas rocheux roulèrent le long de ses flancs pour venir s’écraser à l’orée de la forêt. Une partie du sommet avait été soufflée par le Kirin dévastateur. S’ils avaient eu le temps, Misa aurait laissé le tonnerre gronder quelques heures avant de passer réellement à l’attaque, histoire que les Senjago s’attendent d’une façon ou d’une autre à ce que la foudre tombe. D’après le peu d’informations qu’elle avait sur eux, ils avaient un tempérament guerrier et ils ne seraient pas sans ignorer qu’une telle démonstration de puissance n’était pas très naturelle. Mais fondamentalement, cela importait peu du moment qu’ils ne perçaient pas à jour la maigre supercherie. Misa aurait adoré se reposer sur une base plus solide et avoir eu plus de temps pour préparer son opération, mais Asahi était une organisation pressée qui, quand elle voulait quelque chose, l’obtenait dans les jours qui suivaient. Cette conception qui consistait à s’imaginer que, du moment qu’on avait les plus gros moyens, ça pouvait passer, lui paraissait très masculine malgré tout. Et cela risquait de leur jouer des tours un jour, mais il n’était plus l’heure de penser à celle.

Shin la relâcha et ils s’élancèrent d’un même mouvement en direction du volcan. De fréquents éclairs tombaient dans les environs, sans faire davantage de dégâts. Une fois l’entrée en vue, ils s’y téléportèrent. Misa entraperçut un homme et prit les traits de son visage, en imaginant la carrure qui allait avec. Shin eut besoin d’un peu plus de temps, mais il se métamorphosa à son tour en un homme, plus petit que lui mais avec le même air mauvais sur le visage.

Ils ne savaient pas où se diriger précisément mais prirent un parti simple : dès qu’ils voyaient des escaliers, ils les dévalaient quatre à quatre. Des regards vaguement intrigués se tournaient vers eux et Misa se mordit la langue en se disant qu’ils devaient tout de même avoir l’air très suspects, à courir comme des âmes en peine, tandis que le reste des Senjago réagissait plutôt calmement à la tempête. La pluie ne tombait même pas là où ils se trouvaient.

Après peut-être cinq minutes de course, ils débouchèrent dans une vaste salle circulaire, vide. Trois ouvertures étaient visibles.

[Shin] - On se sépare ?

[Misa] - Inutile, on est pas très pressés...

[Shin] - Donc on courait pour se maintenir en forme ?

[Misa] - Je sais pas moi, je me suis dit qu’il fallait courir.

Ils se dirigèrent - dans le calme - vers l’ouverture la plus proche.

[Shin] - C’est très troublant de t’entendre parler avec ce corps-là.

[Misa] - Je suis heureuse d’avoir trouvé un moyen de doucher tes hormones.

La salle dans laquelle ils arrivèrent ne présentait pas le moindre intérêt. Il n’y avait aucun prisonnier, seulement un mobilier sommaire et de la vaisselle sur la table. La deuxième pièce, toutefois, leur réserva une surprise qu’ils apprécièrent modérément. Pas moins de six Senjago se tournèrent comme une seule personne pour les dévisager, les sourcils froncés. Misa chercha quelque chose à dire, mais rien ne lui venait. L’un des Senjago s’approcha d’un pas et fit un petit signe de tête.

[Senjago] - Qu’est-ce qu’il se passe là-haut ?

Shin répondit spontanément, avec la plus grande sincérité du monde.

[Shin] - Un putain d’éclair sorti de nulle part qui a explosé le sommet.

Misa ferma les yeux et se passa une main dans les cheveux. Elle attrapa Shin par le bras et déchargea une brusque montée de chakra pour les téléporter plus loin, tandis que des voix diffuses et des mouvements flous leur parvenaient. Dans tous les cas, les Senjago n’ignoraient plus qu’ils avaient des intrus en leur sein.

Ils arrivèrent derrière la troisième ouverture. Misa chancela sous l’effort, mais Shin la rattrapa et ils coururent ensemble le long de tortueux couloirs mal éclairés.

[Shin] - D’accord, j’avais oublié cette putain de voix. Mais on pouvait pas non plus « hmmm hmmmer » à chacune de leurs putains de questions. Bâtards.

Misa ne répondit pas. Elle avait encore des réserves de chakra, mais elle préférait autant éviter les affrontements à l’avenir. Surtout contre autant d’adversaires, cela se révélerait très déplaisant. Ils pouvaient toujours se téléporter hors du volcan pour retenter autrement plus tard, Kikuria ne serait pas satisfait mais cela valait peu face à leur survie. Les Senjago ne savaient pas encore ce qu’ils cherchaient, ils ne mettraient par conséquent pas leur prisonnier à l’abri ; et maintenant, Misa et Shin connaissaient le chemin. Ils avaient toutefois eu la malchance de tomber sur une salle qui contenait certainement des secrets du clan, pour être aussi bien gardée. Ces salopards n’émettaient vraiment pas beaucoup de chakra, ou bien la chaleur émoussait ses sens.

Le couloir s’ouvrit sur une pièce aux proportions beaucoup plus larges que tout ce qu’ils avaient vu jusqu’à présent. Misa estimait qu’ils se situaient approximativement au niveau le plus bas et le plus chaud du Senjagosan. Elle épongea son front de la sueur qui y ruisseler et reprit sa forme réelle. Elle avait l’impression, désagréable, d’avoir les jambes cotonneuses. Pour la première fois, ils voyaient de la vraie lave en contrebas, au-dessus de laquelle s’élevaient de hauts piliers naturels qui s’en allaient toucher le plafond. Ils descendirent les escaliers ridiculement étroits qui permettaient de rejoindre la surface principale. La salle ne semblait pas gardée, mais Misa ressentait très nettement la présence d’une personne. Une personne qui lui électrisait la peau et dont le chakra lui oppressait la poitrine. Shin aussi semblait gêné.

[Shin] - C’est la chaleur, ou le mec qu’on vient chercher ?

[Misa] - Si Kikuria veut ce type, j’ai peur que cela vienne de lui.

[Shin] - Putain… c’est quoi ce bœuf ?

Il était bien là, seul, les poings attachés par-dessus sa tête à de gigantesques anneaux d’un matériau qui, à première vue, n’était pas d’une conception anodine. La chaleur était réellement insupportable à cette distance, si bien que le binôme d’Asahi dû s’arrêter à plus de trente mètres de leur cible. Shin retira son large manteau, s’essuya le corps avec et le jeta dans une petite crevasse.

L’homme emprisonné n’était pas aussi impressionnant que ne le laissait présager son chakra. Il était difficile de bien discerner sa morphologie à cette distance et dans la position où il se trouvait, la tête et le haut du corps baissés. Il était nu, toutefois, et complètement sec. Son corps était malgré tout noirci par endroit et marqué par endroit.

[ ? ] - Mes tourmenteurs, hein… vous devriez partir, fils de pute. Approchez-vous un peu, juste un peu, et vous comprendrez un peu qui est Suzaku Ryoshu.

[Shin] - On vient te libérer connard.

Lentement, l’homme releva la tête. Il avait le contour des yeux noircis mais son regard noir et haineux fit frissonner Misa. Shin se contentait de soutenir son regard froidement. Les traits de l’homme étaient abîmés, et cela s’accentua quand il sourit.

[Suzaku] - Alors éloignez-vous un peu. Montez sur les piliers, parce que vous allez avoir très, très chaud dans quelques secondes.

Misa et Shin échangèrent un regard mais obéirent aussitôt. Ils ne risquaient pas grand-chose se faisant, hormis de tomber dans quelque piège mortel mais cela leur sembla peu probable, sur le moment. C’était davantage la question du temps qui les gênait. Combien encore avant que les Senjago ne viennent vérifier cette salle ? Ce Suzaku Ryosho était le seul pensionnaire de ces lieux, peut-être l’unique prisonnier de tout ce volcan. Il devait représenter quelque chose pour le clan, et quelque chose d’important.

Cependant, Misa écarquilla les yeux devant le spectacle qui se déroulait autour de cet homme. Le niveau de la lave montait très rapidement, se répandant dans tout le contour du cercle et s’immisçant entre les piliers. Shin jeta un œil par-dessus celui sur lequel ils se trouvaient et là aussi, la lave montait.

[Shin] - C’est quoi… cette merde ?

Suzaku partit d’un rire sonore et fou.

[Suzaku] - Un formidable jeu. Un jeu dans lequel il n’y a pas de vie ni de mort. Juste… l’esprit du jeu.

La lave s’attaquait au petit promontoire sur lequel l’homme était attaché. Elle ne tarda pas à se répandre à ses pieds. Misa se leva d’un bond, prête à intervenir, mais Shin l’arrêta. Il observait la scène très calmement.

[Shin] - Cet homme ne voit pas cela pour la première fois. Il n’a pas besoin de ton aide. Regarde.

Au moment où la lave atteignit les orteils de l’homme, il se mit à hurler d’un cri terrible. Celui-ci ne mourut pas, tandis que la lave montait toujours et atteignait ses genoux. Une intense odeur de chair cramée vint leur agresser les narines, et Misa se demanda un instant si elle n’allait pas tout simplement vomir. Mais Shin l’attrapa fermement et l’amena à lui. Elle se laissa faire, complètement déstabilisée par ce qu’elle voyait et abrutie par la chaleur. La lave s’arrêta au niveau du torse de l’homme, dont le hurlement ininterrompu resterait probablement à jamais gravé en eux. Puis elle baissa de volume et se replia sur elle-même, lentement, comme une tortue apeurée.

Et le corps de l’homme, qui aurait dû être cent fois détruit, était pourtant reconstitué comme s’il ne s’était jamais rien passé. Suzaku, néanmoins, hurlait de plus bel. Plusieurs secondes après que la lave se soit définitivement retirée, il s’arrêta brusquement, haletant à en mourir. Il tremblait de la tête aux pieds et conservait les yeux grands ouverts, fixés droit devant lui. Misa chercha le regard de Shin, trop absorbé par ce spectacle sinistre. Ils auraient dû se renseigner sur ce clan de fous avant de partir en mission.

Une fois la lave presque disparue, ils descendirent du pilier qui leur avait sauvé la vie et se déplacèrent jusqu’à Suzaku, malgré leur corps qui les poussait à s’éloigner de cette chaleur insupportable. L’homme hoqueta et se redressa fièrement, le torse bombé et l’œil fou.

[Suzaku] - Je suis Suzaku Ryosho ! La lave m’a tué et mis au monde tant de fois que je ne me souviens plus de ma pute de mère et de mon traître de père.

Shin posa ses gigantesques mains sur les chaînes et laissa le vent s’y infiltrer. Il lui fallut cependant plus d’une minute complète pour que celles-ci daignent s’ouvrir. Suzaku s’avança de trois pas et tomba à genoux, alors qu’il regardait partout autour de lui comme s’il voyait ces murs pour la première fois.

[Suzaku] - Libre… Je suis libre…

L’homme se redressa avec difficulté et leva un poing rageur en l’air.

[Suzaku] - L’heure de la vengeance, enfin ! Après toutes ces années, je la vois ! Bande d’enculés, je vais vous fumer si fort…

[Misa] - Ah non, mais là ce n’est pas possible.

Elle posa ses doigts sur son dos et, avant que l’homme ne se retourne totalement vers elle - sans doute pour la tuer, estima-t-elle a priori - elle le téléporta au loin. Misa se retourna vers Shin et le dévisagea avec colère.

[Misa] - Je te préviens tout de suite : je ne supporterai deux types comme vous sur le retour. Déjà que l’abruti va nous abreuver d’insultes pour lui avoir volé son heure de vengeance, ça va bien…
Kikuria

Kikuria


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MessageSujet: Re: [SR] - Le Feu sous la Cendre   [SR] - Le Feu sous la Cendre EmptyVen 26 Fév - 22:40

Kikuria passa une main au-dessus de l’énorme corps de Toguro, sans le toucher. Il était pareil aux autres jours, aussi salement amoché et couvert de bandages. Il dormait, mais il n’était plus inconscient depuis quelques semaines.

Tout cela s’était passé lors de l’attaque sur Konoha. Le seul raté, si on pouvait l’évoquer ainsi, qu’ils avaient subi. Toguro et Noya étaient tombés sur… la légende de Konoha… ou quelque chose de cet ordre. Pendant le combat, Toguro avait été pris dans une formidable explosion qui aurait dû les souffler. Surtout lui, qui y était directement exposé. Mais le colosse avait beaucoup de ressources et, cette fois-ci encore, ses capacités l’avaient sauvé.

[Kikuria] - Comment va-t-il à présent ?

Urasa jeta un coup d’œil par-dessus son épaule.

[Urasa] - Il survivra. Il va même mieux. Bientôt... il sera reparti en mission comme si de rien n'était. Son métabolisme est exceptionnel.

Je sais. Il faut bien cela pour contrebalancer son incroyable et irrécupérable stupidité.

***

Misa se réceptionna en catastrophe, une main par terre. Elle essaya de se redresser mais fut projetée sur toute la longueur de la salle par un formidable coup de pied. Sa tête heurta un meuble de bois qui se fracassa lorsque son corps s’y écrasa à son tour. Elle se passa une main sur le visage, sentit un liquide moite bien reconnaissable et secoua la tête dans l’espoir de reprendre ses esprits. Son chakra palpitait faiblement en elle.

D’une manière diffuse, elle entendait Shin tonner derrière elle. La jeune femme se remit debout et mobilisa ses forces pour discerner clairement la situation. Shin se tenait à cinq mètres d’elle, les bras tendus, plus grand que dans son souvenir. Face à lui, ce salopard de Suzaku qui avait manqué la tuer deux fois. Il était en feu. Littéralement en feu. Mais Shin ne reculait pas et elle comprit une seconde avant qu’il allait attaquer. Une terrible bourrasque souffla Suzaku qui, dans un tourbillon orange de flammes, se projeta en avant. Misa hoqueta presque ; il était beaucoup trop rapide. Il dépassa Shin avant que ce dernier ne puisse faire quoi que ce soit, s’éleva dans les airs un poing chargé prêt à s’abattre sur sa cible. La jeune femme joignit les mains pour créer une protection, mais c’était un réflexe vain, elle savait qu’elle n’aurait pas le temps de la créer et se prépara à recevoir le coup.

Une ombre noire la domina totalement, il y eut un bruit très sec puis celui d'un corps qui roulait à terre.

Kikuria se redressa de toute sa taille, à quelques centimètres d’elle, et elle ressentit toute la puissance de son chakra lui courir sur la peau. Six mètres plus loin, Suzaku se relevait, un bras inerte le long du corps. Celui qui aurait dû s’écraser sur elle. Kikuria s’exprima d’une voix sereine et fraîche, comme s’il s’enquérait du temps qu’il ferait demain.

[Kikuria] - Imbécile. Les années d’emprisonnement ont affecté votre esprit pour que vous imaginiez pouvoir attaquer mes hommes sous mon toit.

[Suzaku] - Je ne te dois rien, connard. Cette pute m’a téléporté alors que j’allais pouvoir faire payer aux salopards qui m’ont emprisonné et torturé toutes ces années.

[Kikuria] - Vous devez votre liberté à cette femme. Elle vous a libéré sur mes ordres, et vous a fait venir ici sur mes ordres.

[Suzaku] - Je vais la...

[Kikuria] - Je... ne me suis pas fait comprendre.

Suzaku s’élança en avant, mais Kikuria le devança. Une colonne noire se referma sur lui. Le chef d’Asahi s’écarta d’un pas et posa les yeux sur Misa. Il n’y avait pas de mépris dans leur éclat rougeoyant. D’un signe de la tête, il lui ordonna de s’éloigner. La jeune femme obéit, serra les dents pour ne pas traîner sa jambe blessée et rejoignit Shin.

Derrière Kikuria, le cercueil noir explosait et Suzaku criait.

[Kikuria] - Vous me devez votre liberté.

Le Senjago avait les deux mains à terre, couvert de sang de la tête au pied. Mais ses plaies se refermaient rapidement.

[Suzaku] - Je ne dois rien aux faibles.

Kikuria ne répondit pas.

Suzaku était attaché à une croix et des centaines de Kikuria l’entouraient. Ce monde était noir et blanc et rien ne dépassait. Une étendue dévastée et sinistre. Kikuria s’avança patiemment, son regard rouge fixé sur les yeux incandescents du Senjago.

[Kikuria] - Vous voilà revenu à votre pathétique point de départ. Attaché à un poteau, comme un morceau de viande. Quel pitoyable combattant vous faites.

[Suzaku] - Enculé ! Je n’ai pas peur de toi, tu m’entends ?

Kikuria eut un petit mouvement de tête.

[Kikuria] - Peur ? Je n’inspire pas la peur, Suzaku. Je suis un homme de terreur et tu me craindras assez pour baisser les yeux quand tu me verras, pour obéir à ce que je dirais en ruminant ta faiblesse sans cesse.

Sa voix retentit beaucoup plus forte, bien qu’il ne l’éleva pas. Elle venait de toute cette dimension à la fois, comme si les cent Kikuria s’exprimaient ensemble.

[Kikuria] - Où est ta vengeance ? Où sont tes promesses de sang ? Je ne vois rien ! Je ne vois qu’une médiocrité désespérante, un homme attaché à un morceau de bois et qui attend en vain !

L’impression se dispersa, et un seul Kikuria reprit.

[Kikuria] - Obéis-moi et tu te vengeras de Konoha un jour ou l’autre. Tu n’es rien qu’un homme en colère sans nous. Une colère d’enfant. Est-ce que ta douleur ne mérite pas mieux ? Tu as été torturé des années, chaque jour. N’y a-t-il pas là quelque chose qui appelle à une vengeance plus grande ?

[Kikuria] - Obéis-moi.

***

Suzaku s’effondra à terre, tremblant de tous ses membres.

Sans un mot, Kikuria quitta la pièce. Shin observait le Senjago qui ne bougeait plus, hormis les secousses qui l’agitaient brusquement et qui lui donnait l’apparence d’un serpent.

[Shin] - Il est en train de crever ou quoi ?

Lugubre, Misa marmonna.

[Misa] - J’espère.

Au moment où ils étaient apparus à ses côtés, à plusieurs kilomètres du Senjagosan, Suzaku l’avait immédiatement attaquée. Il lui avait fracassé la jambe avec son poing, puis avait gonflé le torse dans l’idée de recracher une technique de feu. Misa avait eu le temps de réaliser un gigantesque Corridor des Dieux. Suzaku s’était alors protégé les yeux et Shin avait pu le maîtriser. Misa les avait téléporté tous les trois directement dans la salle où ils étaient apparus, au plein cœur de l’un des complexes d’Asahi. C’était très dangereux d’opérer ainsi. Les téléportations laissaient des traces de chakra qu’il était possible de tracer, quand on était doué. Kikuria interdisait formellement ce genre d’opérations, mais sur le moment, elle n’avait pas réfléchi davantage. Cela ne faisait rien, dans quelques heures, après avoir un peu récupéré, ils partiraient les effacer définitivement.

De plus, ils n’auraient pas à supporter cet épouvantable personnage pendant leur petite promenade.

[Shin] - Oh, Senjago, t’es crevé ?

Suzaku tourna lentement la tête vers lui.

[Suzaku] - Ne… m’appelle… jamais ainsi.

Avec quelques efforts, il se mit à genoux. De la sueur couvrait totalement son visage, et l'homme était toujours aussi nu qu’au moment où ils l’avaient récupéré.

[Suzaku] - Je suis Suzaku Ryosho, le Seigneur Phénix. Je n’ai rien à voir avec les fils de pute dont tu parles.

Shin haussa les épaules.

[Shin] - D’accord, je m’en fous.

Le regard de Suzaku tomba sur Misa, qui le dévisageait avec une suprême indifférence.

[Suzaku] - Je t’écraserai un jour, petite conne. Attends-moi.

[Misa] - C’est ça.

Le binôme disparut d’un pas tranquille, tandis que Suzaku se remettait debout et se massait le crâne. L’homme secoua la tête pour en chasser les gouttelettes qui l’aveuglaient. Il ne put réprimer un long frisson lui remonter la colonne vertébrale, puis il se releva, les jambes un peu tremblantes et un sourire sinistre aux lèvres. Ce putain de gars était puissant. Son ordre retentissait toujours dans sa tête, sans qu’il ne parvienne à l’en chasser. Obéis-moi.

Pour l’instant, maître… pour l’instant.
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