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Objectifs RPG : Apprentissage des Techniques :

- Démons Intérieurs (Domaine de la Douleur)
- Incertitudes (Domaine des Souvenirs)

Méthode

Le pas léger mais ferme de Zul se s'arrêta net dans une petite ruelle parallèle à la grande Suigara. Les sens du Nuke-Nin s'étaient envolés de toutes parts, cherchant vers tous les horizons tels des unités d'élite d'un village caché auquel s'apparentait alors son corps. Tout allait très vite, il tournait la tête ci et là, cherchait avec sa peau un changement de température, guettait l'odeur subtile d'un intrus qui voulait lui porter préjudice.

Tout était plongé dans l'obscurité la plus complète autour de lui, hormis une maisonnette, sale en apparence, et éclairée d'une faible bougie, qui offrait un spectacle spectral sur la façade opposée sur laquelle elle projetait sa lueur. Un homme était assis dans cette danse fantomatique d'ombres chinoises, le dos posé sur un mur de sa petite maison. Une de ses jambes était au sol de tout son long et l'autre l'empêchait de glisser lentement par terre en formant un angle négligé. Cette même jambe droite chutait légèrement vers le côté extérieur de son corps, montrant que le garçon n'usait d'aucune force pour maintenir une bonne stature. Ses bras étaient posés sur ses genoux, laissant ses mais nonchalantes tomber vers le sol. L'homme dont les traits peu visibles semblaient malgré tout jeunes arborait un petit rictus et fixait Xenetha droit dans les yeux, presque en signe de défi.

Zul le fixait aussi, maintenant. Les deux hommes ne disaient rien. Le Déserteur avait pour la première fois eu besoin de se servir d'une technique de Barrière Mentale, et il semblait que celui qui le narguait en face était le digne propriétaire de la tentative de pénétration d'esprit. Zul n'exprima toujours aucun mot. Il entreprit de s'avancer lentement vers son opposant. A chaque pas qu'il faisait vers l'entrée de la petite habitation de fortune, il masquait un peu plus la rue dans la noirceur, empêchant la luminosité de la bougie d'éclairer le mur qui longeait la petite impasse. A l'inverse, la lumière enfermée dévoilait un peu plus à chaque marche le personnage qui souriait toujours du coin des lèvres en le regardant avancer.

Celui-ci bougea sa main et pointa aussi vite le Nuke-Nin du doigt.

[Katso] "Toi... Est-ce que tu voudrais me dire un de tes secrets ? dit-il de la voix la plus simple du monde"

Xenetha fut étonné de cette phrase. Cet homme était très étrange, même par rapport à lui-même.

[Katso] "- Tu m'as l'air un peu perdu ici. C'est du moins ce que ton esprit dégage clairement. Je ne te veux aucun mal, je veux juste connaître un secret... Un de tes secrets. Si jamais tu acceptais, je pourrais en retour te proposer mes services et t'enseigner des techniques. Tu as réussi à déclencher une Barrière Mentale, c'est que tu pratiques le Genjutsu...

[Xenetha] - Et quel intérêt pour toi de connaître l'un de mes secrets ? répondit-il d'une voix morte

[Katso] - Car j'aime ça et que je sais instinctivement que toi tu peux assouvir mon désir. Je vis pour connaître ce que les autres dissimulent, vois ça comme ma passion. Comme je ne peux pas entrer en toi, j'aimerais que tu te livres à moi en échange de ma science. Ne me fuis pas, je pense que je peux te comprendre. Tu sais, les pratiquants du Genjutsu, je parle de ceux qui l'exercent pour ce qu'il est et non en complément d'autres techniques, ces personnes là sont à même de se comprendre. L'obsession de l'inaccessible, de l'incompréhensible, de l'inattendu, tout ça moi je peux le contourner. Et ceux qui manipulent l'esprit obtiennent de la jouissance à faire de même.
Si tu es d'accord avec moi, pourquoi ne pas discuter un moment ? Si tu t'en fiches, je ne te retiens pas."

Zul réfléchit un court instant. Ce jeune homme semblait lui porter de l'intérêt, lui proposait de partager un moment d'échange, et cela seulement après l'avoir entrevu psychiquement l'espace de quelques secondes. Peut-être était-il un peu comme lui ? Peut-être le Déserteur pourrait-il enfin trouver âme qui ne le fuie pas ?

[Xenetha] " - Tu viens d'essayer de pénétrer mon esprit. Peut-être même de me tuer qui sait. Et maintenant tu me proposes de me joindre à ta compagnie pour tailler une bavette. Est-ce que tu me prends pour un débutant ? Ou bien en aurais-je l'air ? Donne-moi une raison de ne pas envoyer ta curiosité visiter la conscience de nos morts.

[Katso] - Et bien puisque tu le prends sur ce ton je vais te donner deux raisons. La première est que mon niveau dépasse amplement le tien, selon moi. La seconde est que je n'ai pas tenté de te tuer mais simplement de te piquer un secret, ce que je fais toute la journée à tous les passants. Rien de personnel donc... dit-il un air à la fois gêné et amusé.
Tu es quelqu'un de méfiant et c'est à la fois bon et normal. Aussi je ne pourrai te convaincre de ma bonne foi qu'après t'avoir entretenu de quelques sujets qui pourraient nous divertir..."

Le jeune homme montra d'un signe de main poli le lit où il devait sans doute dormir, et invita Zul à s'y asseoir.

[Katso] " - Je t'en prie installe-toi si tu le souhaites, tu es le bienvenu ici..."

Zul suivit la proposition de son interlocuteur mais ne le quittait pas des yeux, prêt à tenter une attaque mentale s'il s'avérait être fourbe.

[Katso] " - Je m'appelle Katso... Je suis originaire du Pays du Feu et je pratique le Genjutsu, tu l'as bien remarqué. Je suis un habitué du Marché Noir, et si tu ne me connais pas d'une façon ou d'une autre c'est que tu es un nouveau toi. Ici je dispense des cours occasionnels à des passants qui acceptent de m'échanger mon savoir contre un de leurs secrets. Tu comprendras aisément que pour moi, posséder un secret d'un pratiquant du Genjutsu est la cerise sur le gâteau puisqu'en général aucun de ceux que j'ai rencontré n'a voulu m'en donner un seul...

[Xenetha] - Attends là..."

Le Nuke-Nin coupa Katso dans sa phrase

[Xenetha] " - Qu'est-ce qui te fait croire que je serai de ceux qui t'en offriront contre tes services ? Qu'est-ce qui te fait croire que j'ai besoin de toi alors que la seule idée qui me tire vers toi depuis cinq minutes est celle de t'éviscérer ?

[Katso] - Hum... A vrai dire je n'en sais rien. Simplement je propose. Je me suis présenté, si tu veux le faire vas-y. Sinon je te propose de discuter un peu de ta conception de l'esprit humain... Si rien de tout cela ne t'intéresse, tu peux aussi t'en aller. Il est clair que je ne force à rien. Seulement il me semble qu'il peut être passionnant pour deux artistes du Genjutsu d'échanger leurs idées...

[Xenetha] - Ma conception de l'esprit humain ? dit-il d'un air absent

[Katso] - Oui. Comment imagines-tu l'esprit de tes adversaires, comment mets-tu en forme l'idée de la conscience ? Quelle apparence aurait pour toi le psychisme ?"

Bien qu'il fut sur ses gardes, le Déserteur était réellement intéressé par cette question. Il entama un rapprochement...

[Xenetha] " - Commence. Donne-moi ton idée.

[Katso] - Hum... Pour moi, l'esprit est un tout circulaire, protégé d'un fin linceul opaque et nuageux. Le conscient comme l'inconscient gravitent au sein de la sphère, eux-mêmes étant des boules vides dans lesquelles fourmillent des milliards de secrets, plus ou moins imposants, tous interconnectés par un lien presque éthéré qui s'étire au gré des mouvements.
Lorsque je pénètre l'esprit, je me faufile avec une extrême délicatesse pour que le nuage qui le protège ne se durcisse pas pour devenir muraille. C'est dans la douceur que j'entre et que je vais cueillir les secrets en les attrapant dans les sphères des consciences. De la même façon que je suis entré, je ressors avec mes découvertes.
Selon moi la seule façon d'intégrer le psychisme est de ne pas le brusquer, sans quoi il prend peur et se met sur ses gardes. Les secrets tourbillonnent de façon plus rapide, ce qui les rend plus difficiles à attraper. Entrer avec fracas dans la conscience revient à briser sa protection brumeuse qui s'est compactée pour devenir des plus résistantes, et cela ne fait que rendre plus instable la cueillette des secrets, qui paniquent dans leur monde bouleversé. L'esprit, est tellement subtil, tellement contradictoire... Il peut être tantôt bienveillant, tantôt cruel, tantôt pacifique et tantôt belliqueux. Le tout dans un seul homme. Sans que celui-ci le sache ni qu'il puisse s'en rendre compte sur le fait... J'aime le goût du psyché, l'exaltation que je tire lorsque j'en extrais l'interdit. Je vis pour l'amour que je porte aux consciences, au dépend parfois de la mienne que je rassasie des secrets des autres. Mais on apprend beaucoup d'un secret. Une simple idée peut aisément justifier un caractère, une pensée isolée peut expliquer une attitude complexe. J'ai appris cela, l'aisance de la forme engendre la difficulté du fond dans les méandres des consciences. Et plus ce que tu tireras paraitras banal, plus ce que celui qui le pense s'y base pour construire sa personnalité. Ce qu'il garde en lui de façon complexe n'est que le fruit de ce qu'il n'a encore pu cerner de lui-même...
A ton tour maintenant... dit-il d'un ton curieux."

Un silence à la fois court et pensant se fit sentir après sa longue explication. Le Nuke-Nin observait fixement la flamme de la bougie se débattre autour de la mèche, comme tentant de s'extirper de façon compulsive des chaînes de sa condition, qui la maintenaient enfermée au sommet de la tour de cire.

[Xenetha] " - Le psychisme s'apparente pour moi à un château fort, à l'intérieur duquel on trouve trois éléments en y pénétrant. De mon point de vue on n'entre pas dans l'esprit dans le calme, mais bien dans la violence. J'explose les portes du château et surmonte pont-levis et gardes lorsque j'envahis une forteresse. Le premier élément que j'y trouve est un trésor, celui de l'expérience, celui qui me permet de connaître un peu plus mes capacités à chaque fois que j'entreprends le massacre d'un esprit. Le second élément est une princesse. Elle correspond à la jouissance que j'obtiens lorsque j'entre une conscience qui ne me voulait pas, au plaisir que je tire de ma conquête, à l'extase que je ressens après le viol de la partie douce et affective de ce château. Le dernier élément est la protection. Lors d'un combat, je me sens en sécurité au sein même de mon ennemi lorsque j'ai défoncé ses murs de pierre. Il peut bien agir et faire ce qu'il veut, j'ai accès à quelque chose de bien plus fragile que des muscles ou des os.
A l'intérieur de ce château-fort, se trouve une grande tour, toujours présente dans chaque conscience. Elle s'élève à une hauteur immense. De tout son long, elle contient le réseaux d'idées et de pensées de ma cible. Y entrer, monter les escaliers pour y troubler petit à petit, et plus ou moins, sa volonté me permet de le tuer. C'est d'ici que j'agis pour exécuter mon désir, le meurtre. Connaissant parfaitement les zones mortelles de son psychisme, je détruis les idées maîtresses, qui anéantissent comme une réaction en chaîne toutes les pensées qui dépendent d'elles.
Celui qui est passé maître dans l'art de manipuler l'esprit a consolidé sa défense telle qu'elle ne peut être franchie, et a constitué des barrières magiques au sein de ses propres idées. C'est pourquoi, selon moi, celui qui exerce cette art du Genjutsu est condamné à la souffrance car il paye à chaque fois plus de sa propre conscience pour accéder à celles des autres avec plus d'aisance et d'efficacité. Le Genjutsu, c'est un sacrifice à notre conscience-Déesse, qui prend nos dons pour accroître notre puissance, tout cela dans le but de nuire. Car dans le fond, personne ne peut revendiquer qu'il joue avec les idées pour se défendre. Celui qui est animé par ce désir est déjà perverti à la base, gangrené par le plaisir malsain du contrôle d'autrui...

Katso se gratta le menton. Il esquissa un large sourire, dévoilant son charme certain. C'était sans nul doute un jeune homme apprécié de la gente féminine. Il avait tout pour plaire physiquement. Le curieux amant des secrets fixa Xenetha avec un tel amusement et une telle joie que celui-ci put comprendre aisément qu'une idée lui trottait derrière la tête.

[Xenetha] " - Qu'est-ce qui te fait rire ? dit-il sèchement

[Katso] - Hehe. Tu sais, je vis au Marché Noir le plus clair de mon temps, et tu es la première personne qui réponde au second schéma de l'esprit dont je me sers pour mon art. De façon générale, les pratiquants du Genjutsu le voient seulement comme un moyen de renverser le château fort, et non de le capturer. Ils omettent alors souvent la défense mentale, qui est pourtant si importante... Hahaha... Tu m'intrigues... Est-ce que tu aimes, est-ce que tu ressens du plaisir à détraquer la conscience ?

[Xenetha] - Vraiment... Disons que je ne vis que pour cela.

[Katso] - Cruel personnage ! Hehe... Bon venons-en au fait. Je veux plus que toute chose posséder l'un de tes secrets, tu le sais. Tu attises ma curiosité d'une façon telle que j'offrirais beaucoup pour cela. Me dirais-tu quelle est la technique que tu utilises le plus pour faire plier la conscience de tes ennemis ?

[Xenetha] - Et bien, la plupart du temps le Kajino Reikon sous le Fukujuu Nekkyouteki suffit. Lorsque ce n'est pas le cas, le Sagai termine très bien le travail... dit-il un peu plus en confiance.

[Katso] - Je vois. Des attaques de choc donc. Tu es mal préparé sur la durée, hors tu risques un jour de devoir affronter des Ninjas qui jouent sur la résistance... Laisse-moi te dire deux ou trois choses avant que nous poursuivions. Je ne me délecte des secrets que pour ce qu'ils représentent. Connaître l'un des tiens m'offrirait un avantage sur toi bien entendu, mais ça n'est pas mon but. Je ne suis pas non plus un leurre visant à t'assassiner puisque je souhaite que nous nous revoyions régulièrement pour échanger nos connaissances, et pour que je puisse t'enseigner de nouvelles techniques. Pour tout t'avouer, je suis à l'heure qu'il est en ton esprit, et j'ai accès aux techniques que tu possèdes. Tu es la personne qui possède le psychisme le plus horrifiant que je connaisse, et si tu veux parvenir à tes fins tu devras progresser. Avant que tu ne te braques, j'aimerais te dire que je ne peux pas seul accéder à tes secrets, car quelque chose les garde sans que je puisse les atteindre. C'est la raison pour laquelle je te propose de troquer une partie cachée de toi-même ou de ce que tu sais contre mon savoir en Genjutsu. Le marché est équitable, et tu verrais que tu y trouverais largement ton compte au final...terminait-il avec un air bien plus sérieux... "

Xenetha réfléchît un moment.

[Xenetha] " - Que proposes-tu de m'apprendre ?

[Katso] - Dans l'immédiat, tes connaissances suivent le chemin qui te permettraient de suivre l'enseignement de deux attaques de deux Domaines différents. En premier lieu, pour poursuivre sur ce que tu aimes le plus, la Douleur, je serais à même de t'apprendre comment développer le Yomauchi au cœur de la forteresse mentale de ton ennemi, ce qui lui infligerait des souffrances sur la durée. En parallèle, je peux t'expliquer comment semer le doute dans sa conscience, en troublant ses notions de dosage de Chakra, on appelle cela la technique Fukakuteisei. De telles connaissances t'offriraient la possibilité d'étendre ton panel sur un combat plus long, en l'affectant continuellement et en l'empêchant d'utiliser les bonnes quantités d'énergie pour ses techniques... Qu'en dis-tu ?

[Xenetha] - Il se pourrait que je sois intéressé. Mais qu'est-ce qui me dit que tu ne me tueras pas ?

[Katso] - Si j'avais dû te tuer, je l'aurais déjà fait. Et puis rien ne t'assurera de l'honnêteté d'un homme en ce monde. Je ne peux que te donner ma parole que, hormis ce que tu dissimules dans ta cachette à secrets, je ne recherche rien. Quoi que je pourrais dire de toute façon, tu serais en droit de te poser la même question sur ma sincérité, admets-le.

[Xenetha] - C'est vrai.

[Katso] - Le dilemme est entre tes mains maintenant... Mais si tu veux bien me donner deux secrets, je t'offre l'enseignement de deux nouvelles connaissances indispensables pour tout Ninja pratiquant du Genjutsu qui se respecte.

Un court moment se posa calmement dans l'atmosphère jusqu'alors tendue de la petite maisonnette de l'illusionniste. La chaleur de la bougie réchauffait timidement les courants d'air frais et offensifs qui venaient se loger dans les moindres recoins à l'abri sous les vêtements. Xenetha observait toujours la valse lugubre de la flamme, belle métaphore de sa vie.

Cette bougie, posée sur une table de mauvaise facture, alignée avec l'entrée de la maison, qui projetait sa lumière, par la porte grande ouverte, contre le mur qui longeait la petite ruelle où il s'était aventuré quelques minutes plus tôt. Les ombres de sa lueur, qui dansaient contre la paroi de pierre, semblaient, avec horreur, vouloir s'échapper de l'emprise de la mèche, qui malgré elles les retenait inexorablement enchaînées dans la cire fondant sous leur colère...

Il était ce spectacle d'une mèche, qui comme son esprit, ne le laisserait jamais en paix, et dont la volonté, telle cette flamme, souhaitait s'en extirper sans cesse vers une fuite introuvable, heurtée contre le mur de sentiments qu'elle ne connaissait pas et attachée aux geôles de ses pulsions meurtrières...

[Xenetha] " Je suis Déserteur du Village Caché de Kiri. Enfin c'est le nom que l'on me donna. Je n'ai été à l'Académie que le temps nécessaire qu'il sembla falloir pour que l'on m'offre ce titre. Avant de m'enfuir de là-bas, j'ai... massacré et torturé deux jeunes Genins. Ils furent retrouvés morts par les autorités Kiréennes, mais par chance mon visage tellement inconnu ne leur permis pas de pouvoir me chasser. Je hais ce village. Et... J'estime que cela correspond à un secret d'importance, même si te dire que je suis Déserteur n'a rien d'inhabituel pour toi je suppose. Tu sais cependant aussi pourquoi ma tête sera vite mise-à-prix, si ce n'est pas déjà le cas dans le Pays de l'Eau."

Katso ria. Il remit ses cheveux en places, se délecta de quelques gestes effémines et se rapprocha tout près du jeune Nuke-Nin.

[Katso] " Il est vrai que tu n'es ni le premier, ni le dernier Nuke Nin que je croiserais. En effet tu m'as donné là quelque chose de... très mielleux. Un secret à la fois léger mais sucré à mon esprit, qui pourrait me rapporter gros si je te balançais à Kiri... Haha ! Pas de panique, ça n'est pas au goût du jour, ni même de l'année. Tu t'es dévoilé, à mon tour de t'offrir la connaissance, et de ce fait de mettre à nu pour toi mon système d'apprentissage mental !"

Katso et Xenetha se retrouvèrent dans une sale de classe, avec devant chacun d'eux la schématisation d'un esprit selon la théorie de Katso. Katso semblait avoir établit un Jeu d'Esprit pour favoriser les leçons qu'il donnait régulièrement. Lui était l'image d'un professeur stéréotypé, et Xenetha transformé en un étudiant minable. La scène avait par elle-même une drôle d'allure.

[Katso] "- Bien. La première chose que je souhaite t'enseigner est la technique des Démons Intérieurs, un moyen efficace et habile de saper l'esprit adverse en lui faisant ressentir la douleur de façon plus exacerbée quand tu lui détraqueras l'esprit. Je vais t'expliquer dans les grandes lignes...
Avec les Démons Intérieurs, tu dois faire en sorte que le point d'ancrage adverse de tes Genjutsu, le cœur de la tour ou bien le centre de ma bulle, soient affectés par la technique. Il faut que tu imagines cela comme une réaction en chaîne. Lorsque tu attaqueras un esprit, les Démons Intérieurs réagirons à ton attaque et l'affaiblirons un peu plus en venant détruire de l'intérieur le cœur même de la structure psychique. Pour faire bref, lorsque tu auras quelqu'un sous ton emprise, cette technique te permettra d'accroître un peu plus la dévastation de son esprit. Jusque là ça te plait ?

[Xenetha] "- Oui, dit-il froidement.

[Katso] - Ok ! J'ai mis en place un système de Genjutsu assez intéressant et qui a déjà fait ses preuves. Nos esprits sont connectés de telle sorte que tu ressentes les variations de Chakra qui me permettent d'effectuer les capacités que je t'enseigne. Ta cible sera donc le cœur du schéma d'esprit devant toi, atteins-le et simule une attaque comme si tu souhaitais vraiment en faire une après. Une Morsure de l'Âme devrait parfaitement faire exemple."

Zul s'exécuta, atteignant rapidement et précisément la cible grâce aux explications de son étrange professeur. L'avantage majeur des pratiquants du Genjutsu, d'ailleurs et insoupçonnable tant qu'on ne l'a pas vécu par soi-même, est cette capacité à expliquer les choses sans la parole, de communiquer par l'esprit, comme si deux consciences se liaient et discutaient ensemble d'un problème, en s'échangeant leurs connaissances nécessaires à sa résolution grâce à un langage inconnu. C'était une sensation unique et un moyen extrêmement pratique de mettre en valeur le travail de maître à élève. Katso avait su le guider mentalement avec brio, et Xenetha avait pu intégrer en lui les malaxages de chakra entraînant la technique.

Exhortant Katso par une barrière mentale à écarter son emprise pourtant bienveillante, il se réessaya avec succès à l'exercice, sans son aide cette fois si.
Il venait de placer son quartier général de dévastation mentale au sein même de l'esprit adverse. C'est de l'intérieur qu'il affectait sa victime, et à chaque fois un peu plus que celle-ci pouvait s'y attendre. Il pouvait comprendre tout le sens des Démons Intérieurs.

[Katso] " Hehehe... Est-ce que tu sens la douce sublimation des sens, l'incroyable sentiment de surpuissance que tu peux éprouver après avoir touché de ton doigt au point le plus sensible d'un esprit ? Aurais-tu déjà vécu toutes les exaltations charnelles que tu les trouverais dérisoires au regard de tout ce que tu pourras faire par la suite en te focalisant sur ce point précis. Jadis, tes techniques pénétraient violemment ton opposant et se déchainaient en son sein. Aujourd'hui tu peux commencer à entrevoir ce qui fait que les grands illusionnistes de ce monde sont des armes chirurgicales, des artistes du trépas. Aujourd'hui tu peux entrapercevoir que ce même point central visé de la façon la plus puissante qu'il soit te permettra de tuer sur le champ. Je viens de t'enseigner les Démons Intérieurs."

Le jeune homme aux allures fines et aux gestes amples fit une petite pause.

[Katso] " Il y a un bémol. Il 'agit bel et bien d'une illusion. Ton ennemi croira s'affaiblir à chaque coup de fouet des Démons Intérieurs mais en vérité cela n'est pas réel, cela l'est potentiellement. Si tu souhaites en terminer avec ta cible, tu devras transférer cette illusion en dommages irréversibles en utilisant une arcane ou tout simplement en l'atteignant au corps à corps. Exerce-toi donc à cumuler les Démons Intérieurs pour que son activation et son déploiement soit ravageurs."

Il ne faisait plus aucun doute que ce jeune homme aux airs à la fois féminins et sournois, teintés d'une ironie dérangeante, était presque prédisposé à l'enseignement, non pas qu'il fut un altruiste de premier rang mais bien que son vice de secrets semblait lui avoir insufflé une méthode pédagogique fondée sur le ressenti et l'image, quoi qu'il était probable que celle dont Xenetha avait fait l'exercice ne fut qu'une facette de ses illusions d'apprentissages, et que l'échelon des importances des secrets en question seraient toujours récompensés par une technique à la mesure de l'aveu.

S'il était jusqu'alors impensable pour Xenetha de délivrer ce qu'il avait toujours pris soin de dissimuler, la volonté inébranlable de toujours apprendre plus, volonté qui d'ailleurs l'animait depuis son plus jeune âge, restait omniprésente et à vrai dire le seul lien qu'il pouvait entretenir en commun avec certains individus au psychisme moins détraqué. D'autant que Katso lui inspirait une forme de confiance, peut-être plutôt un respect emprunt d'une assurance qu'un tel homme ne vendrait pas un seul de ses secret quand bien même il en saurait des centaines. Peut-être se trompait-il.

Mais qu'est-ce que la vie si ce n'est un enchaînement de risques perpétuels ? qui peut prétendre exister en étant dans le cocon indestructible de la quiétude morne ? Dans le monde des Ninja, celui qui ne vend pas un peu de sa propre personne, que ce soit d'une façon ou d'une autre, en perdant un bras ou une idée cachée, est celui qui refuse d'avancer, l'inexpérimenté. Et Xenetha n'était pas de cette trempe. Sa démence n'était pas vide, elle était animée d'un but.

Réflexions faites et refaites, il ne tarda pas à entamer le chemin de l'apprentissage d'une seconde technique, dévoilant une autre partie de lui-même de façon presque incontrôlée. Une facette de sa personnalité haïssait d'ailleurs ce choix, provoquant en lui un dualisme sur le sujet de Katso. Quelqu'un hurlait dans son psychisme de renfoncer une fois de plus un coup de poignard dans la barrière qu'il s'était jusqu'alors construite, et qu'il acceptait d'ébranler en partie pour une leçon.

[Xenetha] "- Je suis à la recherche d'un homme, je ne suis pas né du ventre d'une femme mais des mains cruelles d'un créateur. Je le tuerai.

[Katso] - Je vois... humhumhum. Secret accepté ! Tu dois être complètement fou... Ou bien bête... pour avouer à quelqu'un des choses pareilles ! Je veux dire, tu viens de me retracer ce que tu es et ce que tu vas faire, et ce sans savoir si je ne travaille pas pour le compte de Kiri no Sato. Hehe. La glace qui fige tes traits renferme, je le vois, de la bonté cachée. Je n'ai pas peur de dire que tu es un être que la part d'ombre a submergé, peut-être de façon indélébile. Ne t'attends pas à ce qu'un jour tu puisses aspirer à la normalité au sens commun, mais sache juste que ce qu'elle représente à leurs yeux est dissimulé au tréfonds de ton âme, et rejeté de ton psychisme parce que ce que tu veux entreprendre, dans l'horreur de la vie que tu as décidée de mener, suppose l'oubli du sentiment. Tu as choisi la mort comme guide. Elle t'apportera un bonheur passager mais récurrent. Le choix de la vie t'aurait apporté l'illusion moins fugace d'une existence heureuse. Mais l'est-on un jour...

[Xenetha] - Je voudrais t'arrêter un instant dans ton délire. Si je livre mes secrets c'est pour apprendre des techniques et non t'entendre psychanalyser sur mon cas. J'ai renoncé à autrui, et je demande à autrui d'en faire de même. Je vis bien seul, sans que personne ne se mêle du sentier que je me trace. Si un jour j'intègre quelqu'un dans mes plans ce sera dans un seul but pragmatique, je n'ai nul besoin de demander à d'autres ce que je peux faire moi-même, l'effort solitaire soit-il plus intense. Les gens dévient de leurs idées premières. La preuve ci-présente, tu es censé m'enseigner ton savoir en échange d'un de mes secrets, et j'attends encore à l'heure où l'on parle que l'on commence le schéma mental. Je ne te demande rien d'autre en échange, et j'exige même que tu respectes le contrat de la façon la plus scrupuleuse qu'il soit. Le travail ne se nourrit que de travail, et je suis un perfectionniste qui plus est peu patient. Donne-donc à ma soif de Genjutsu son pain, et laisse ma personnalité là où elle est. Tu es un bon professeur, je ne cherchais pas un bon thérapeute.

Les deux jeunes hommes se fixèrent quelques secondes, peut-être quelques minutes. Mais qu'importe le rapport à la notion commune du temps, le duel vide de parole semblait durer une éternité. Chacun tentait de dominer l'autre, non pas par une illusion ou un Choc psychique quelconque, mais par une forme de communication mêlée de beaucoup de force de caractère. Xenetha restait de marbre, le visage pâle et froid, les yeux nonchalants mais toujours animés de la même cruauté. Katso arborait ce sourire continu qui ne le quittait pas, et regardait le Nuke-Nin d'un air amusé et avide, presque provoquant.

[Katso] " - Tu es aussi fermé au dialogue que dangereux. Nous sommes cependant fait l'un pour l'autre. Tu aimes la connaissance et moi j'aime l'inconnu. Voilà qui devrait nous satisfaire pleinement, et je n'empièterai pas plus sur la psychologie... Hihi. Parfois le navire se renverse et déverse sa cargaison dans l'océan, et que reste-t-il de toute sa contenance si ce n'est rien ? Cette métaphore s'appliquera dans ton cas. Tu t'instruiras jusqu'à ce que tu deviennes fou à lier, et ce jour là personne ne comprendra le flots d'idées que tu brasses qui pourtant ont bien plus de sens que celles que je te transmets. Ta folie en elle-même n'est pas une menace. C'est alliée à tes capacités d'illusionniste qu'elle le devient. Et puis... Tu me rappelles quelque chose... Qu'importe. Allons-y, courrons à ta perte. Envisageons donc maintenant la croissance d'une terreur en puissance. Déchainons... le Genjutsu !"

De la même façon que précédemment, les deux illusionnistes mirent en pratique leurs talents. Il fallut un peu moins de temps à Xenetha pour assimiler la techniques des Incertitudes car il s'était fait à la méthode d'enseignement de Katso. Il avait rapidement su trouver le point d'ancrage approprié pour que la technique fasse son effet de la façon la plus efficace qu'il soit. Le résultat ravit Zul intérieurement, qui comprit que par le biais de cette capacité il pourrait dorénavant faire passer des techniques d'un répertoire adverse dans le domaine de l'oubli.

Une sorte d'Alchimie unissait les deux hommes en exercice, et tous deux semblaient jouir du même plaisir de la pratique du Genjutsu. Chacun de leurs faciès étaient marqués par l'expression qui chez eux caractérisaient le mieux leur plaisir respectif. L'exercice prit un moment, et lorsqu'il fut fini Katso reprit la parole.

[Katso] " - Souhaites-tu me livrer un autre de tes secrets en échange d'une autre technique ?

- Non. Je reviendrai lorsque la proportion de secrets que je te livre par rapport à ceux que je possède sera plus faible. A l'heure actuelle cela serait trop dangereux, et je suis méfiant. Mais je souhaite que nous puissions nous revoir... Ou puis-je te rencontrer la prochaine fois ?

- Tu me trouveras ici-même. Je ne bouge que très peu, et si je n'y suis pas c'est que je serai de retour dans peu de temps. C'est ici que je gagne mon pain hehehe.

- Alors je vais te laisser. A bientôt.

- Au revoir."

Les deux hommes se quittèrent de la façon la plus banale et la plus froide qui soit, alors même qu'ils avaient passé plusieurs heures à lier leurs esprits. Xenetha gardait bien en mémoire ce Katso, un homme étrange, comme lui. Il s'en alla vers le Marché Noir, et vit une pancarte. Il y était écrit que le Pays du Feu était un endroit intéressant pour vivre, dans l'illégalité fallait-il sous-entendre. Il s'empressa de trouver une carte, et se mit en route.