Akogare jouait négligemment avec le fin collier. C’était un bijou en argent très simple, étonnamment, les mailles minuscules et orné d’une petite pierre pourpre. Il ne savait pas encore à qui il comptait l’offrir, ou s’il allait effectivement l’offrir. En passant dans une petite ville du Pays de la Foudre il s’était laissé tenter. Une mission en solitaire accomplie, relativement simple, personne ne l’attendait trop rapidement puisqu’il avait pris un peu d’avance. Alors il était resté flâner, sans penser à rien, ne serait-ce que pour se détendre l’esprit et le corps. Puis il était entré dans cette boutique, le vieil homme lui avait semblé sympathique et il avait vu ce collier.

Alors, sans exactement savoir comment, il avait repensé à San et à la fois où, pour son anniversaire, il lui avait acheté un collier aussi. C’était également une pièce sans prétention, quelque chose de doux et de beau, un petit plaisir qu’on pouvait s’accrocher autour du cou. Il avait repensé, en quelques secondes, aux yeux couleur ambre de San, au goût de ses lèvres, le renflement de ses seins, la texture de sa peau. Il avait peut-être soupiré à cet instant, non parce qu’il était encore lié à un amour de jeunesse, mais parce que cette époque lui rappelait de bons souvenirs et apparaissait comme un petit havre.

Il était plus faible, à ce moment. Pour certains, ce serait quelque chose de forcément moins bien. Pas pour Akogare Hyuuga. Il chérissait sa fragilité d’alors et il aspirait à la retrouver, parfois, mais quand il observait son attitude il s’apercevait de l’épaisse coque qui s’était fixée à lui. Il n’y pouvait rien. Il n’était que ce que les gens voulaient voir en lui ; quelqu’un d’inaccessible. Même avec ses proches, Akogare installait une distance. Il voulait garder Sayuri en tant que plaisir éphémère d’une nuit, puis de plusieurs nuits, puis d’une saison entière, mais sans jamais clarifier la situation. Il était dur avec elle et il avait conscience de la traiter mal et parfois, il avait un peu honte de lui quand il se repassait les scènes dans sa tête. Sayuri n’était pas exactement une vierge effrayée, elle avait des crocs et de temps à autre, elle le mordait méchamment. Mais ses attaques n’étaient pas encore à la mesure de la distance que lui imposait son amant. Cela l’agaçait, il le sentait, et probablement qu’un jour elle en aurait assez de lui. Ce qui devait arriver arrivera.

Mais il entrevoyait la nécessité de se battre pour conserver cet acquis, bien que ce dernier n’ait pas été particulièrement difficile à obtenir. Peut-être qu’il pouvait effectivement tomber amoureux de Sayuri Uchiha, et c’était une perspective intéressante. On lui avait déjà parlé des rumeurs sur sa relation avec elle. Les Hyuuga observaient cela selon leur habitude, avec un désintérêt feint. Les Uchiha… il n’en savait rien. Certains d’entre eux n’aimaient pas les Hyuuga. De vieilles histoires inintéressantes pour le coup. Sayuri, elle, s’en moquait. Il serait ridicule de dire qu’elle prenait des risques à s’afficher avec lui, mais tout de même, ce n’était pas quelque chose de neutre. Akogare fronça les sourcils et le geste qu’il répétait jusqu’à alors s’immobilisa. Sayuri était-elle amoureuse de lui ? Peut-être. Il fallait bien être amoureux pour ne pas être déjà lassé de lui. Sayuri amoureuse… Une pensée amusante tout de même.

Akogare regarda autour de lui. Il était revenu à Konoha la veille, il en avait profité pour présenter son rapport et se soustraire à toutes les nécessités administratives. Puis il était rentré se coucher comme une masse. Ce n’était pas très héroïque, cela. Il avait caressé l’idée d’aller faire l’amour à Sayuri, mais elle avait une vie et il n’avait pas envie de s’immiscer davantage. Puis ce matin… il s’était habillé sans savoir pourquoi et était parti se promener. Encore maintenant, il ne savait pas pourquoi il avait amené son petit présent avec lui, s’il comptait venir taper à la porte de Sayuri avant qu’elle ne parte à l’Académie pour exciter ses élèves. Mais il n’aurait probablement pas envie de le faire. Si Ten était là, elle lui dirait qu’il n’avait pas le courage de le faire. Mais si Ten était là… ce serait plus compliqué.

Il secoua la tête et s’arrêta à nouveau, s’asseyant sur un banc disposé devant une petite maison. Des passants de plus en plus nombreux passaient dans la rue, des shinobi et des civils le saluaient parfois. Il leur répondait d’un signe de tête et d’un sourire mécanique, parfois, l’esprit tourné sur tout autre chose. Il n’arrivait pas à profiter de ces moments de complicité avec les autres. Sans doute parce qu’il devait d’abord régler ses problèmes. Bien, bien. Au final c’était rassurant de savoir que même aujourd’hui, il avait toujours des problèmes à régler. Il faut avouer que beaucoup d’hommes considèreraient l’opportunité de coucher avec Sayuri comme tout sauf un problème, mais c’était plus compliqué que cela ; un peu.

Akogare s’étira de tout son long sur son banc et, sans cesser de jouer avec la chaîne, observait les passants passer.

Maintenant qu’il y pensait, son geste presque inconscient d’acheter ce collier était en partie lié à sa volonté d’en terminer avec cette situation. Il ne l’évitait pas réellement, mais ne s’en approchait pas. C’était puéril. Un cadeau ne l’aiderait pas.

Ou peut-être que si.

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Ducunt volentem fata, nolentem trahunt…

Le destin. Seul ce qui n’y croit pas pense ne pas le subir. On né, on meurt, seul ou accompagné cela ne change rien. Mais dès notre naissance on subit l’afflux d’une force supérieur. Beaucoup diront le contraire mais certaines reliques de nos expressions montrent bel et bien que tout est lié à la destiné. Les héros, les génies naissent avec des capacités dépassant celle des individus ne leur étant pas liés. On aurait beau dire que nous sommes tous égaux, mais ce n’est qu’une illusion. La vie est faite d’homme dont l’avènement est prévu depuis la nuit des temps. Ne pas croire en sa destiné, lui tourner le dos, équivaux à refuser l’évidence d’une vérité absolue. N’oublions pas qui nous sommes.

Uchiha. Hyûuga. Deux clans, deux familles. Les plus puissantes de Konoha, les plus respectés et les plus représentés. Un conflit éternel existe entre eux et pourtant ces deux clans sont si semblables. Eux deux sont les pères fondateurs de grand héros, les facultés de leurs descendants ne sont plus à prouver, car c’est la loi de la nature. L’offre d’une génération amplement supérieure.

Kenji croit dur comme fer en la supériorité de son clan. Ses yeux son liés à ceux des dieux il le sait, il les a vu. Il ne remettra jamais en doute cette pensée car cela serait un affront fait au clan, à ses membres. On l’utilise comme une marionnette, il le sait, mais il n’en a que faire. Du moment qu’il n’est pas seul, plus seul.

Les hommes passent et trépassent dans l’obscurité de l’anonymat, seuls les plus forts perdurent à travers les mémoires…

La journée qui s’annonçait était banal pour une journée Konoharienne. Le soleil s’élevait vers les cieux avec une étonnante facilité tout en inondant de sa lumière les ruelles du village. La chaleur était dur mais tout à fait supportable pour des habitants du pays du feu habitués à cette atmosphère. Aucun nuage dans le ciel voulait ne serait-ce qu’essayer de répondre à la boule de lumière.

Kenji avançait avec douceur à travers les rues du centre-ville. Vêtu de ces habits sombres il ne pouvait se confondre à travers les commerçants aux couleurs chatoyantes. Mais il était comme ça, sobre mais efficace. Jamais le geste de trop, rien d’inutile, tout était calculé avec soin. Il n’était plus ce gamin trop fier, trop orgueilleux. Même s’il cette fierté Uchiha faisait toujours parti de son esprit il l’affichait beaucoup et savait la tourner à son avantage. Il voulait que le clan rayonne et ferait de nombreuses choses pour. Mais il était aussi un habitant de Konoha et se devait d’aider le village à prospérer.

Mais ce n’était pas en restant genin qu’il y parviendrait le mieux. Il avait maintenant dix-sept ans et rêvait de mission à la hauteur de ses ambitions. Qu’attendaient les dirigeants du village ? Il était jeune, en pleine force de l’âge et devait faire ses armes. Sa force n’était plus à prouver maintenant, il ne savait plus quoi faire.

Il souffla doucement et se passa une main dans sa chevelure sombre. Ses yeux noirs froids avaient l’air sans vie. Il fallait faire avec, tout venait à qui savait attendre et un jour il éblouirait tout le monde.

Il passait devant les commerces sans vraiment y prêter attention. Il comptait se rendre dans la forêt interne pour s’entrainer, pour se changer les idées. Car il avait principalement en tête Taka. Cela faisait un petit moment qu’il ne l’avait pas vu et cela le dérangeait. Ses entrailles se resserraient à chaque fois qu’il pensait à elle. Une étrange sensation qui n’était pas forcément désagréable. Tel un vagabond sans idée il cheminait. L’image de Taka à l’esprit.

Une ombre, une silhouette se dessinait peu à peu devant lui. Il la reconnu comme s’il l’avait toujours vu. On lui avait raconté tant de chose sur cet individu, ce héros. Il avait accomplit de nombreuses missions pour le village et chez lui la notion de destin prenait tout son sens pour Kenji.

Et pourtant…

Et pourtant il possédait des yeux blancs. Un Hyûuga… Cette pensée empoigna le cœur du jeune garçon. Lui, l’Uchiha à qui on avait apprit à ne pas faire confiance en ce clan si noble. Ses dernières rencontres avec eux c’étaient souvent mal passé. Nara Hyûuga, il l’avait écrasé dans un combat exténuant. Et maintenant, Akiharu Hyûuga un gamin prétentieux qui s’esclaffait à faire quelques prouesses avec ses poings…

Kenji allait en rencontrer un nouveau. Peut être que cette fois-ci cela se passerait bien et qui sait, peut être que ce dernier serait source de révélation.

Son nom, Akogare Hyûuga.

Takeshi en avait parlé avec Kenji un jour. Au début le jeune garçon n’avait pas comprit pourquoi l’engouement autour d’un individu si loin des Uchiha était arrivé jusqu’aux oreilles du patriarche. Mais une fois ses faits d’armes connues il comprit et admit qu’un certain respect devait émaner du personnage. Le rencontrer serait surement une belle expérience.

Kenji s’approcha d’un pas normal avec un petit air décontracté. Un regard qui cachait de nombreuses pensées traversé ses pupilles sombres. Il remarqua que le Hyûuga semblait songeur et ne semblait pas avoir remarqué son arrivé. Il fit alors le premier pas.

[Kenji] – Le héros de Konoha est perdu dans ses songes ?

Kenji attendit alors quelques instants que ses paroles percutent l’esprit de son interlocuteur avant de continuer, toujours sur le même ton.

[Kenji] – Je suis Kenji Uchiha.

Il se demanda s’il devait lui tendre une main. Mais c’était un geste amical et Kenji n’avait pas d’ami. Qui plus est il ne connaissait pas assez Akogare pour se permettre un tel mouvement. Il préféra patienter le temps que ce dernier choisisse de lui répondre ou de l’ignorer.

Si le cerveau d’Akogare avait enregistré l’approche du jeune homme, il n’avait pas jugé l’information suffisamment importante pour interrompre ses pensées. Il n’était qu’un passant parmi les autres. Le fait qu’il lui adresse la parole les arrêta toutefois, car il dû tendre son esprit pour saisir les mots. Il les écouta sans bouger sa tête, puis la tourna pour détailler la personne. Il ne la connaissait pas, c’était la première information qu’il surprit, et de cela il en était sûr. C’était un Uchiha, deuxième information absolument certaine, à moins que quelqu’un ne trouve leurs vêtements si confortables qu’il les ait volés.

Sa mâchoire se serra imperceptiblement lorsque le jeune homme employa le terme de héros de Konoha. C’était absurde de rattacher son nom à son village. Il était un individu avant d’être un shinobi, et si cela lui avait valu de dures années plus tôt, maintenant les autorités l’acceptaient – jusqu’à ce qu’elles décident, un jour, qu’il était devenu inutile et ne l’élimine, ce qui ne quittait jamais tout à fait son esprit. Il sourit intérieurement en se disant qu’un jour, ce serait un jeune de quinze ou seize ans qui le tuerait, comme ça, sans qu’il ne puisse rien faire ou encore après un combat acharné. On n’était jamais à l’abri de rien, sans doute.

Mais il avait appris à ne plus faire de réflexion désobligeante à ce sujet. Ten lui répétait que Konoha avait besoin de ses héros. Elle était aussi l’une de ces légendes de Konoha, et elle en était moins désolée que lui. Pour plaisanter, elle disait qu’il suffisait qu’ils mettent leurs masques et ils disparaissaient, ils redevenaient Akogare et Ten. C’était facile à dire…

[Akogare] – Bonjour Kenji.

A croire que les Uchiha le pourchassaient, que ce soit dans ses pensées ou en vrai. Il ne parvint pas à saisir les motivations de Kenji pour venir lui parlait, alors il supposa que ce n’était que pour faire la conversation. Il le détailla rapidement du regard puis détourna les yeux ; il ressemblait simplement à un Uchiha. C’était quelque chose qu’il portait sur lui et sans doute en était-il assez fier. Akogare se souvenait de la détresse qu’il ressentait, enfant, quand les passants le dévisageaient en tant que Hyuuga et non en temps qu’adolescent, ou être humain. Il y en a qui apprécient d’être dissociés de la masse mais peut-être qu’un jour, après avoir glané un peu de sagesse, ils se surprendront à apprécier les moments anonymes, sans identité stéréotypée.

Il ne s’était jamais intéressé aux Uchiha. C’était un clan parmi les autres. Mais il n’aimait pas Takeshi. C’était un homme fort, un battant, et c’était là des aspects qu’Akogare n’appréciait pas à leurs justes valeurs. Pour lui, la manipulation était une faiblesse, la direction de clan une tare. Il était bien placé pour en parler ; il avait grandi à l’intérieur de ces pièges à loups. Néanmoins, il se faisait un devoir de ne pas juger a priori. Sayuri en était un exemple, Sabi en avait été un autre. La première… évitait vraiment de parler de son clan avec lui. Elle savait qu’il lui dirait ce qu’il en pensait et elle ne voulait pas l’entendre. Il respectait ce choix. Le second lui ressemblait, quand il était jeune.

[Akogare] – Je ne pense pas qu’on puisse déterminer quelqu’un comme étant un héros. On est un héros dans une circonstance donnée. J’ai été un héros pour avoir survécu et pour avoir sauvé quelques uns de mes équipiers. Mais là, aujourd’hui, je suis juste un shinobi qui n’a pas d’assignation, qui pense à sa copine et qui profite du soleil.

Un sourire ambigu étira ses lèvres.

[Akogare] – Par contre quand je serai mort, là je dis pas.

Il aimait plaisanter sur sa mort, même si Ten détestait cela. Elle se renfermait à chaque fois, avec une mine très sévère et sérieuse et elle ne répondait presque jamais – hormis pour marmonner à quel point il était crétin. Cela le faisait rien de se dire qu’un jour, malgré le temps passé à s’entraîner et à travailler, il finirait dans une mare de sang et ne se réveillerait pas. Et chaque mission exécutée rendait ce constat d’autant plus certain. Tout n’était qu’une question de temps dans le monde des shinobi, qu’on vive vieux ou non.

•!¦[•( Delicta juventutis meæ )•]¦!•

Memento mori…

Kenji se tenait devant son interlocuteur sans bouger. Il avait tout de même en face de lui une légende du village caché de la feuille. Mais son esprit était tiraillé entre ce qu’il savait et ce que le clan voulait qu’il voit. En face de lui plus qu’un héros, c’était un Hyûuga qui était assit, inoffensif, sur un banc, bronzant en laissant son esprit vagabonder dans les futilités d’une routine quotidienne. Pourquoi cette haine ? Une faussé générationnel né d’un conflit si vieux qu’il est tombé avec la terre recouvrant les tombes de leurs protagonistes. Aujourd’hui il est possible de tout reconstruire, d’établir des liens.

Peut être, devenir ami.

Mais non. Non, Kenji n’était pas ce genre de personne. Il n’avait pas d’ami en dehors du clan et à l’intérieur de celui-ci hormis Taka, il ne tenait à personne. Rien n’émanait de lui, de son visage ou de ses gestes, cela ne facilitait pas la socialisation avec d’autre individu. Et pourtant, il venait de faire le premier pas vers une personne qui devait en impressionner plus d’une. La situation était confuse et surement motivée par la curiosité. Un être si puissant peut-il vivre normalement comme les habitants du pays du feu le font ? Tout cela à l’air si irréel. Une autre sphère devrait se créer autour d’un individu dont les moindres gestes étaient suivis de tous. Pourquoi alors ?

Akogare prit la peine de saluer Kenji. Il ne refusait donc pas le dialogue et laissait naître ce que certain appelaient le début d’une rencontre. Mais il ne fallait pas s’aventurer trop loin dans le futur et laisser libre cours au événement de la vie pour savoir ce qu’elle nous réservait vraiment.

Le Hyûuga ne devait pas faire la distinction que faisait Kenji entre leur clan respectif. Il lui parlait comme s’ils étaient simplement deux individus qui venaient de se croiser sur un banc du centre-ville. Mais ce n’était pas possible, il y avait des normes, des valeurs à respecter. On ne pouvait faire ce qui nous plaisait. Takeshi accepterait surement cette rencontre car Kenji apprendrait d’un homme comme Akogare mais il n’apprécierait pas que cela se reproduise trop souvent.

[Akogare] – Je ne pense pas qu’on puisse déterminer quelqu’un comme étant un héros. On est un héros dans une circonstance donnée. J’ai été un héros pour avoir survécu et pour avoir sauvé quelques uns de mes équipiers. Mais là, aujourd’hui, je suis juste un shinobi qui n’a pas d’assignation, qui pense à sa copine et qui profite du soleil.

Juste un shinobi… Cette phrase résonna dans la tête du jeune Uchiha comme un ensemble de nœud indissociable. C’était une illusion, on ne pouvait pas être « juste » un ninja. La reconnaissance était la récompense ultime celle que la plus part des gens recherchaient. On ne pouvait pas prétendre à « juste » se prélasser au soleil pour penser à des choses aussi futiles qu’une copine. Le soleil se lève de jour en jour et ne changera pas pour autant, il faut avancer dans la vie, ne jamais rien lâcher.

Un petit sourire crispé naquit sur son visage mais il le dissimula rapidement pour ne laisser place qu’à l’assurance naturelle des Uchiha. Sa main vint caresser ses cheveux comme dans un geste de culpabilité mais ses pupilles sombres reflétaient plutôt une intense réflexion.

[Akogare] – Par contre quand je serai mort, là je dis pas.

Kenji observa que cette réflexion sur la mort fit sourire son interlocuteur. Le jeune garçon trouvait ce geste déplacé. Tant d’individu mourrait tous les jours en souhaitant vivre. Il ne fallait pas jouer avec ces notions qui étaient importantes. D’ailleurs l’Uchiha qu’il était n’avait encore jamais tué un humain.

Kenji n’était pas un assassin et pourtant on le formait tout comme. Durant de longues heures Takeshi lui avait expliqué que les milles oiseaux lui serviraient à tuer, que c’étaient une arme de destruction. Et pourtant, il n’avait fait qu’envoyer dans le royaume d’Hadès un cochon. Un vulgaire animal sans défense. Un jour viendrait où ses mains seront couvertes de sang humain et peut être que ses yeux s’ouvriraient sur un nouveau monde. Peut être qu’il comprendrait ce qu’insinuait le Hyûuga en cette journée ensoleillée.

Kenji leva les yeux vers le soleil. Il cligna plusieurs fois avant de se rendre compte qu’il était inutile de tenter une telle approche. Sa voix traversa alors ses lèvres d’un son mélancolique mais avec un peu de retenue.

[Kenji] – Il est étrange de se dire que l’immortalité des héros se trouve dans leurs morts.

Il baissa alors son regard noir vers le Hyûuga aux yeux blanc. Un contraste saisissant qui montrait aussi leur différence de caractère. Akogare semblait bien plus ouvert que son opposant. La solitude de l’Uchiha était certaine mais il ne la rechignait pas car il ne trouvait aucun réconfort avec d’autres individus.

[Kenji] – Tes paroles seraient presque celle d’un sage. Mais le résultat est là, je suis sûr que la plus part des gens ici t’acclameraient si tu aidais un dame âgée à porter ses courses.

Sa voix prit un ton plus doux et réfléchit.

[Kenji] – Je pense… Que nos actions passées on une conséquence sur notre présent, même en faisant tout pour ne pas y prêter attention... On n’échappe pas à notre destin comme on n’échappe pas aux fantômes de notre passé.

Il fit un grand geste avec le bras pour désigner la foule du centre-ville. Les commerçants devant leur étalage, les mères ramenant leur enfant chez elle. Des personnes âgées bavardant à la terrasse d’une échoppe.

[Kenji] – Puis le cœur de tous ces gens s’emplit de joie de savoir qu’ils ont « leur » héros.

Kenji eu un petit sourire qui était très forcé. Il n’avait pas l’habitude que ses lèvres s’étirent pour exercer un effet de joie sur son visage. Les émotions ne devaient normalement pas trahir ses pensées, il se reprit alors rapidement pour reprendre des traits fermes et faire face au Hyûuga.

Akogare ferma les yeux et secoua doucement la tête. C’était bien un Uchiha. Aussi ennuyeux et creux que la majorité de ceux de son clan. Partout le même problème, à chaque clan, chaque satanée secte, le même esprit limité et vain. Kenji se trahissait par des gestes subtils, des sourires qui n’osaient pas naître, des mouvements limitées. Rien que son langage corporel témoignait du caractère paradoxal des clans. Toujours regarder le monde à travers une lorgnette imposée, plutôt que d’ouvrir la porte et de s’y tenir là, dressé.

Tous des foutus lâches. C’était si facile de se cacher derrière son village, derrière son clan, derrière des valeurs stupides. L’homme tenait là l’unique chose que lui avait apportée la puissance : la paix. Plus personne ne venait argumenter avec lui sur son mode de vie. Parce qu’il était simplement meilleur et que les ninja ne la ramènent pas devant quelqu’un de meilleur. Tout au plus murmurent-ils entre eux, comme les ombres indécises qu’ils sont.

[Akogare] – Je laisse les courses des vieilles à ceux qui ne peuvent pas être utilisés autrement. Je passe suffisamment de temps à aider Konoha pour profiter intelligemment de mes heures de repos.

Il jeta un coup d’œil à son collier et plus il y pensait, plus il trouvait cette impulsion puérile. Qu’elle drôle d’idée il avait eu. C’était en partie la nostalgie. San ne lui manquait pas, d’autant qu’il la revoyait raisonnablement souvent. L’époque lui manquait. Braver les interdits, aimer réellement quelqu’un, se sentir attaché à elle et y puiser de la force. Une belle sensation. Un jour, Akogare avait écouté quelqu’un prêché pour que les shinobi ne s’impliquent dans aucune relation. Il disait que cela permettrait aux gens de ne pas pleurer les morts. Il s’agissait bien d’un point de vue ridicule. Au contraire, il fallait profiter avant de mourir. Et après… la vie continuerait pour les autres. Il avait pu le voir avec Sabi. Sayuri avait été triste, et lui aussi quelque part bien que ce ne soit pas tout à fait de la tristesse, puis elle avait repris le dessus. C’est ça, être en vie.

[Akogare] – On échappe à notre passé...

Akogare avait murmuré cette dernière phrase, comme s’il n’y pensait plus. Il y avait des personnes qui ne pouvaient faire autrement, par manque de force d’esprit ou de volonté, que de subir leur passé. Mais il y en avait d’autres, forts ou faibles, qui s’élevaient contre lui et qui le refusait catégoriquement. Là, ils se découvraient de nouvelles forces, des qualités qui n’étaient pas appréciées par les temps qui couraient, surtout dans un foutu village ninja. Mais il s’agissait de qualités essentielles à la construction de l’homme et Akogare savait que l’avenir des ninja se jouerait sur leur capacité à s’émanciper de schémas de pensées simplistes qui les aliénaient sans jamais élever leur misérable condition.

Mais cela n’était pas un discours qu’il traiterait avec quelqu’un à qui il ne faisait pas une absolue confiance.

[Akogare] – Il suffit d’en avoir la volonté et la nécessité. J’ai refusé ce passé et je l’ai plié dans le sens où je voulais le voir. Autrement, je serai le chef des Hyuuga aujourd’hui. Mais ce n’était pas mon désir.

Ou plus encore. Il sourit intérieurement. Son clan avait renoué les liens qui l’unissaient à Akogare à mesure qu’il gagnait en force. Des hypocrites. Akogare ne leur en voulait pas pour ce qu’ils avaient fait. Cela ne signifiait pas qu’il les considérait comme des proches à lui. Il n’assistait pas aux réunions familiales et travaillait rarement avec des membres de son clan. Keira savait que ce n’était pas judicieux. Il avait renoncé à tout cela il y a bien longtemps et pas une fois il regretta son geste. Les Hyuuga survivraient sans lui, parce qu’ils étaient forts naturellement.

[Akogare] – Est-ce que tu te situes quelque part sur l’échelle de puissance de ton clan ?

Akogare s’était efforcé de s’exprimer sans mépris. Les gens, a fortiori ceux qui étaient déjà dans un clan autre que le sien, croyaient toujours qu’il était dédaigneux lorsqu’il posait une question apparentée, comme s’il essayait de les rabaisser. C’est pourquoi parler avec des gens comme ça était fatigant. Ils avaient peu d’imagination, ils raisonnaient souvent pareil et ils ne pouvaient s’empêcher de le voir comme un ennemi alors qu’il se cassait le cul à sauver leurs petites gueules d’anges.

Quelle ingratitude…

Akogare se leva brusquement, hocha la tête à l'attention de Kenji.

[Akogare] – Je dois y aller. Nous en reparlerons plus tard. Bonne journée.

Il remonta en vitesse la rue et rangea le collier dans sa poche.

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Rebus sic stantibus…

Il avait ce petit air que Kenji détestait. Il ne voulait pas se prendre pour un héros, cette idée était si lointaine selon lui et pourtant. Akogare semblait juger le jeune Uchiha sans rien connaître de lui c’était si inacceptable. On se veut grand il faut agir en tant que grand. La maturité ne se gagne pas forcément au fils de longues missions. On ne peut pas non plus jugeait quelqu’un avant d’avoir passé un moment tout de même assez long avec lui.

Kenji venait en plus de le prouver. Il n’avait pas fait cas que cela soit un Hyûuga, il avait fait le premier. Aucun préjugeait n’était venu interférer durant cette rencontre et pour tant dieu sait que le jeune genin en avait de nombreux en tête. Son esprit se pliait comme un élastique à longueur de temps en voyant l’esprit étriqué d’un Hyûuga. Mais dans un acte de bonté suprême il s’était dit que le héros Konoharien serait différent.

Tout n’était qu’illusion.

Ses paroles semblaient si certaines. Des vérités absolues que l’on devait croire sans prescription. Kenji détestait cela et se disait que finalement que tous les membres de ce clan se ressemblait. Nara avec son envie de puissance, Akiharu avec ses gamineries… Il ne restait qu’Akogare pour relever le niveau mais au lieu de cela il semblait plus enclin à boire ses propres paroles.

[Akogare] – Il suffit d’en avoir la volonté et la nécessité. J’ai refusé ce passé et je l’ai plié dans le sens où je voulais le voir. Autrement, je serai le chef des Hyuuga aujourd’hui. Mais ce n’était pas mon désir.

Encore une preuve.

Comme s’il souhaitait donner raison au jeune garçon. L’Hyûuga se ventait des mérites d’avoir pu être le chef de son clan. C’était un comportement si détestable. N’aurait-il pas pu se retenir d’exprimer sa supériorité surtout face à un Uchiha qui faisait tant d’effort.

La vie était injuste.

Kenji se passa une main dans les cheveux écoutant les paroles qui se voulaient saine du protagoniste se trouvant face à lui. Ce banc était trop petit pour eux deux et le jeune garçon commençait à le comprendre. Il n’appréciait pas trop la star Konoharienne et se disait qu’il était temps d’écouter la rencontre pour se préparer à des choses biens plus sérieuses. Mais les dernières paroles du maître Hyûuga attisèrent la réflexion de Kenji.

[Akogare] – Est-ce que tu te situes quelque part sur l’échelle de puissance de ton clan ?

La situation de Kenji dans la hiérarchie des Uchiha ? Question bien difficile et complexe. Elle venait à la suite d’une longue réflexion sur la vie de l’enfant prodige. C’était dur mais il fallait bien connaître sa place pour pouvoir avancer. Son maître était le grand, le puissant, le magnifique Takeshi Uchiha. Il était alors qu’un élève, mais il disposait d’une relation privilégiée avec le chef du clan. Alors n’était-il pas quelqu’un d’estimé ?

Non. Non, ce n’était pas comme ça que cela fonctionnait. Il n’était qu’un pion mais un pion privilégié. Une marionnette, mais le jouet préféré de Takeshi. C’était ça ! Il avait l’honneur d’être celui à qui le patriarche donnait des ordres car il croyait en lui. Enfin tout du moins c’était ce qu’il pensait.

Mais par-dessus tout ce que Kenji souhaitait le plus, c’était la grandeur du clan. Un jour par ses actes, par son caractère il prendrait la place du maître Uchiha et serait la vitrine du clan. Mais pour le moment il devait vivre sa jeunesse et montrer sa splendeur à travers diverses missions que Konoha lui affecterait.

Choisissant avec soin ses mots il allait répondre à Akogare et plus que cela il allait lui faire part de ses sensations. C’était quelque chose d’important. Mais ce dernier fit s’écrouler la magnifique alchimie.

[Akogare] – Je dois y aller. Nous en reparlerons plus tard. Bonne journée.

Le Hyûuga Konoharien se leva rapidement et partit sans demander son reste. Kenji resta debout quelques instants face à un banc maintenant vide. Le jeune garçon si ascia quelques instants les idées quelques peu chamboulées.

Il restait sur un sentiment d’insatisfaction. Si tout ne c’était pas déroulé comme il le fallait et qu’il manquait ce petit quelque chose pour que le feu prenne. Que la flamme de l’amitié naisse entre eux et grandisse. Au final, tout était resté très neutre et ils ne pouvaient se forger une opinion l’un de l’autre.

Une main traversa sa chevelure avec souplesse.

*C’était bien la peine de faire tant d’effort…*

Kenji : +18 XP
Akogare : +26 XP