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| Un coup dans un bouge douteux... | |
| | Sujet: Un coup dans un bouge douteux... Ven 14 Nov - 22:52 | |
| Il était vraiment bizzare, lui. Un concentré de... Enfin... D'être bizzare, quoi. Un rien déjanté sur les bords, probablement. A l'évocation d'aller boire un coup, ses yeux s'étaient éclairés. Mais ils étaient un peu comme une bonne bouteille: la lumière les traversait... Un expert en bonnes boissons probablement. Intéressant. A noter quelque part. Un candidat de plus au grand banquet. Il serait noté sur le registre des bons vivants. C'est si rare de nos jours. Des bons vivants. Mais moi même, je n'étais pas si bon vivant que ça. Je ne dis pas que je refuserais une bonne bouteille, quand elle passait à proximité, mais les soirées de beuverie générale, j'étais généralement le seul à les éviter. Peut-être trop propre sur moi même? Question stupide.Toutefois, que peut faire une éponge, plongée dans un bocal d'eau? A méditer, décidément.
Chiyoko m'entraîna dans une partie de Kiri que je ne connaissais presque pas. Enfin, plus précisément, je n'y avais mis les pieds que récemment. Il faudrait que j'erre un peu plus la nuit. Il y a tellement de choses à voir. Enfin bon, je n'étais pas poête, ni suicidaire. Mais l'atmosphère qui se dégageait de ces ruelles était tout de même fort agréable. Un mélange étrange de classes s'y opérait. Les fonctionnaires y cotoyaient les ninjas et les ouvriers, les gamins y courtisaient leur premiere copine... Un petit quelque chose de chez moi, tout compte fait. Ou tout du moins, un peu du chez moi avant la guerre. La poignée du katana, qui reposait, attaché à l'horizontale dans mon dos, vint frapper mon poignet, et me fit sursauter. Le chuunin m'avait distancé. Je marmonnai dans ma barbe -enfin, dans mon absence de barbe- :
« Ca m'apprendra à être paumé. »
Je me pressai, afin de rejoindre Chiyoko. Il me fit entrer dans un bar, en écartant un lourd rideau. L'intérieur ne ressemblait à rien que j'aie déjà connu. Un petit coin sympa, en fait. Avec un groupe. Une jolie chanteuse, des musiciens bizzarement stéréotypés. Genre hauts de deux mètres et trente huit centimètres, grosse moustache, et chapka. Enfin, je crois. Ciyoko ne put s'empêcher de commenter l'endroit, qu'il glorifia. Après avoir fait une remarque qui avait laissé un blanc. Un pédophile??? Non, ça ne devait pas être ça. Il devait juste être un peu frustré. Oui. Une explication plausible, ainsi que celle de la plaisanterie. Bref. Sur ce, il fallait que je réfléchisse. Il m'avait bien proposé de prendre ce que je voulais? Il avait bien mis en évidence le fait qu'il payait?
« Si t'y tiens, je vais te laisser m'inviter! Et pour te prouver ma reconnaissance, je vais commander... »
Je fis une pose, et jetai un oeil à la carte. Une liste impressionnante de boissons au noms tous plus extravagants que j'aie jamais vu s'étalait sous mes yeux. J'étais particulièrement impressionné par celle appelée « Mixture hallucinogène et hautement toxique concoctée par un magicien totalement allumé et fou ». Mais au vu du client d'à côté, qui l'avait commandée, je préférai m'abstenir. Un truc qui faisait autant de fumée et de bulles dans un seul petit verre, ça ne faisait pas bon ménage.
« Bon, eh bien je vais commencer en douceur. Une bière pour moi, s'il vous plaît. »
Chiyoko passa sa commande, puis nous attendîmes en silence. Enfin, presque. La chanteuse nous ressortait tout le patrimoine culturel de Kiri en matière de chansons. Assez pauvre à vrai dire. Rien de bien spirituel, en tout cas. Etonnant, dans un bouge comme ça. Enfin bon, il ne fallait pas s'arrêter aux apparences. J'ôtai ma lourde veste. Il commençait à faire chaud ici. Les livres que j'avais emprunté pesaient lourd. Puis le serveur arriva enfin, cassant le silence en posant les boissons sur la table. Je saisis mon verre avec les deux mains, comme pour me réchauffer. Mais le verre restait déséspérément froid. Froid comme la pierre. Et comme le vent dans ce village. Et comme la neige qui prenait un malin plaisir à s'insinuer au creux des soirées d'hiver que nous passions ici. Une envie stupide me prit alors.
« Bon, ben santé alors! »
Je levai mon verre, puis bus une longue gorgée. Quand je posai à nouveau le verre sur la table, je me sentais mieux. |
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| Sujet: Re: Un coup dans un bouge douteux... Sam 15 Nov - 19:53 | |
| Quand tout va bien, tout va bien. Dicton bien de chez moi. J’en ai un autre : quand tout va mal, tout va bien quand même. C’est pas que je sois totalement serein comme mec, mais me prendre la tête, c’est vraiment pas le genre de chose que j’apprécie. Je préfère disserter sur les grenouilles, et simplement regarder les jolies nanas qui passent devant moi sans même s’en rendre compte. Technique de filtration. J’adore. Voir sans être vu, entendre sans être entendu. Quoi que ça m’arrive plus souvent. Régulièrement les gens font semblant de ne pas m’écouter. Ils croient que je le vois pas, leur manège ! Eh oh attention ! Moi je sais pourquoi ils me traitent ainsi. De la pure et simple jalousie. Mon esprit un peu plus surélevé par rapport au leur ne peut que confectionner des stratégies dantesques.
Je saisis la carte que l’autre nabot avec son manche à pelle dans le cul voulut bien me donner. Il se baissa bizarrement, comme s’il l’avait cassé, son manche à pelle. Casser en deux, complètement déconnecté de la réalité le mec. Il avait maintenant deux manches à pelle, et au milieu, son cul, un peu trop plat pour être vraiment un homme, soit disant. Sur le coup, je me serais bien moqué de ce sombre idiot, mais je me suis dit que ça devait pas faire du bien d’avoir un manche cassé en travers du corps, comme ça, pour tenir son dos.
C’était quoi son problème ? D’après moi il avait le dos mou…
Chiyoko – Ba euh… Moi j’vais prendre un Egout Vaginal s’il vous plait.
Le barman acquiesça, et se plongea dans les bas sombres et glauques de son bar. Je me retournais vers Shuo, qui venait d’être servi d’une ridicule et misérable bière, cet alcool infect qui rend l’estomac plus troué que du gruyère sous deux tribus de souris en rut. Son regard un peu étrange me retourna – je n’avais pourtant pas encore bu. Quoi ? Qu’est-ce que j’ai encore fait ? Jusque là, rien de bien spécial… Et puis je compris. Je me retournais assez violemment pour bousculé la table.
Chiyoko – Sans la moutarde par contre… Ca me fait vomir à chaque fois. Merci chef.
Je jetai un coup d’œil rapide à Shuo, les vêtements trempés par l’alcool. Et son verre, vide. Je souris. Ouais, j’étais fier. Qu’est-ce que ça peut te foutre connard de serveur ? Grâce à mes soins je vais devoir payer encore un peu plus alors enlève ton regard de prêcheur stérile de mon collet ou j’vais te faire bouffer tes longs bras de menthe religieuse jusqu’à ce qu’elles te sortent par le cul !
Raaa, pas chiant le mec.
Chiyoko – Et une autre bière pour mon ami…
Le chef haussa les sourcils, et me regarda avec un sourire dantesque. Ouais, il me connaissait bien le bougre, pour le nombre de fois où je lui avais le coup de l’Egout Vaginal sans moutarde, il avait l’habitude de me refiler la deuxième bière. Souvent gratos même… Souvent, mais pas toujours, à mon grand désarroi.
Chiyoko – Excuse-moi… La moutarde, mélangé au Saké-arôme cassis, ça passe pas bien, la plupart du temps. Enfin tu vois ce que je veux dire quoi…
Un autre serveur arriva, un plateau, deux boissons. Il avait déjà plus la classe, le mec. Je ne sais pas s’il a aussi un manche à balai coincé entre les fesses, mais son sourire apportait déjà un peu plus de chaleur. L’alcool ne pouvait en être que meilleur. Et puis, avec le temps qu’il faisait, la température calmant les ardeurs, il était toujours bon de voir un peu de bonheur sur les tronches des gens qu’on croise. Tout le monde est toujours en train de faire la gueule toute la journée. Contrairement à moi. Qui dort.
Je pris les deux verres. Le mien était un peu différent, un espèce de grand V avec deux trompes qui sortaient de par et d’autre des pointes du V, et un petit réceptacle à chaque bout. Dans le premier, un liquide rouge sang – oui, c’est très réaliste comme reconstitution – au cassis, dans l’autre une louche de Saké, le tout relié par des tuyaux de plomberie par le vase principale ou une boisson gazeuse faisait office de base clitoridienne. Bref, un spectacle biologique. Ma boisson préférée. J’avais juste à appuyer sur les deux trompes pour doser la concentration des liquides, et j’en faisais ce que j’en voulais. Shuo prit sa bière et nous levâmes nos deux acteurs de bien-être haut dans le ciel.
Chiyoko – Ouais, santé vieux !
Les verres, ils dégringolèrent. Notre estomac se remplit peu à peu, et devint presque ballotant. Le Chef souriait, de temps en temps, lorsqu’il osait jeter un coup d’œil vers nous. Il m’aimait bien ce rustre, je payais toujours. Et puis j’étais de bonne compagnie. Ici j’étais un autre homme que ce que d’autres patrons de boites ou de pub pourraient le décrire. Il ne m’était jamais rien arrivé, et la confiance dans le métier, ça se paye pas, ça se boit !
Chiyoko – Chef, envoie une autre tournée. Et mets-moi une Platine Orangée s’il te plait !
Je ne savais pas bien si Shuo connaissait tous ces noms sérieux, donnés par un très grand écrivain qui s’était saoulé un jour dans ce bar.
Chiyoko – Ruiné, le mec n’avait pas pu payer ses dettes. Alors il a bossé pour rembourser ; C’est lui qui est à l’origine de tous les noms et de la mise en page. C’est aussi ça qui fait le… hup ! Charme de ce lieu.
Je souris. D’ailleurs, j’avais toujours eu le sourire facile, même si je me plaignais beaucoup. Dans mon boulot, j’étais souvent sérieux. Pas toujours bien net, mais les grands rendez-vous ne manquaient jamais dans mon CV. Bien sûr, on se foutait un peu de moi, et de mes idées. D’ailleurs, je n’avais jamais demandé à ce qu’on s’intéresse à moi. Dans les grands évènements j’étais là, et je faisais mon travail. Rapidement, efficacement. Et je pouvais alors profiter de la vie, après. En fait, j’étais une valeur sûre. D’ailleurs pour ça que chuunin était un bon grade pour moi.
Chiyoko – Tu sais pourquoi ni moi ni eux veulent me voir Juunin ? Je pourrais hein, mais… Des responsabilités, c’est pas vraiment mon truc. On me demande de tuer, je tue. Et je ne me sens pas moins bien dans ma tête. J’suis une arme utile en fait. Juunin, il faudrait que je m’occupe de trucs inutiles à longueur de journée. Et moi la journée…
Je dors.
Une nouvelle fois, je me rendis compte que je ne parlais que de moi. Je pensais à voix haute, si bien que lorsque je haussais la voix, croyant ouvrir la bouche, Shuo n’était pas du tout décontenancé. Oui, tous mes petits problèmes, mes états d’âme et tout le tralala. Je m’enfonça un peu plus dans mon siège, pris ma boisson sur le plateau que le serveur venait d’apporter, et finit de compter le nombre de verre que nous collectionnons tous deux sur la table. J’en étais à douze, ou treize peut-être. Enfin bref, un gros chiffre, pas encore assez dodu pour que l’on puisse décréter que la journée commence.
Chiyoko – Bon et toi, tu fais quoi de… hup ! Beau dans ta petite vie ? C’est pas cool d’être shinobi ? Raconte moi tout, je m’ennuie de toujours voir les mêmes personnes, les mêmes histoires… |
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| Sujet: Re: Un coup dans un bouge douteux... Mer 19 Nov - 18:22 | |
| Tout illustre inconnu qu'était Chiyoko -enfin, qu'avait été Chiyoko, l'alcool aidant, j'allais bientôt connaître sa vie par cœur- il avait réussi à m'impressionner fortement.
Tout d'abord, il connaissait des adresses formidables. En effet, plus le temps passait, plus je trouvai ce bouge sympathique. Une aura chaleureuse, quoi. Mais ce n'était pas le plus important. Il avait réussi à m'impressionner, car il disposait d'une descente hors du commun. Personnellement, je préférais rester à la bière, c'était plus sûr. Lui, n'avait pas eu peur des noms effrayants inscrits dans la carte du bar. Il devait bien les connaître. Il agrémentait ses nouvelles boissons aux noms étranges de petites anecdotes, comme celle sur la platine orangée. Je pris quelques minutes pour penser aux générations qui s'étaient blindées dans ce bar, et une larme de reconnaissance et de compassion à ces squelettes putrides, qui se marraient certainement plus que nous là ou ils étaient, me monta aux yeux. Plus tard, je prétextais la boisson, un peu trop forte. Argument bidon, puisqu'il ne s'agissait que d'une bière.
Puis vint la question fatidique. Aidée par la boisson d'ailleurs. Je ne savais pas du tout s'il aurait posé cette question, sobre comme un garde kiréen. Bref. L'habituelle question de ce que tu fais dans ta vie et tralala?
-Euh, ben pas grand chose à vrai dire... Le train train quotidien du ninja. Etudes, entraînement, miam, et dodo.
Décidément , j'avais du mal à être constructif. Les mots se mêlaient dans ma bouche, et j'avais beau les exhorter à sortir, ils ne rendaient qu'un son monocorde. Un déformement d'eux même. Un peu comme un piano désaccordé. Pas très agréable pour ma tête. Et je commençais à avoir mal aux cheveux. La situation devenait désespérée. Je n'avais plus qu'une solution: attraper une bouée de secours.
-Patron... Un. Ou deux, même. Voir même deux verres. D'eau, s'iouplait.
En plus, je commençais à couper les mots. Le serveur, un sourire moqueur sur le visage, vint me servir un grand verre d'eau. Pas deux, un seul. Je le saisis , et l'avalai d'une traite. Ça n'allait pas être d'un grand secours, mais ça pouvait toujours aider.
-Bref. Ou j'en étais, camarade? Ah oui. Si tu veux pas entendre une histoire qui sort pas de l'ordinaire, ben c'est raté. Ou presque. Enfin, de peu. Parce que je tombe aussi dans le banal. Plus de parents, quoi.
Chiyoko me regarda, apparemment désespéré. Il devait sûrement commencer de fatiguer. Il devait saturer, au niveau des histoires un brin malheureuses. Je l'entendais déjà rire en disant quelque chose de bien senti, du genre « Sortez les mouchoirs! ». Mais bon. L'homme est riche en proverbes. En l'occurrence, celui qui allait me servir est un des plus beaux jamais inventés, à mon avis: qui ne tente rien, n'a rien. Je m'apprêtai à parler, rassemblant mes forces de poivrot du dimanche, d'alcoolique des bacs à sable. La machine se mit en route, en même temps que mon vis-à-vis passait de nouvelles commandes. J'avais reposé mon estomac, je pouvais repartir. La quatorzième et quelque bibine fut commandée. Nous épanchâmes notre soif infinie, puis je pris la parole:
-Le seul truc qui diffère, c'est que je suis né dans une famille...
J'hésitai un moment avant de prononcer le mot qui manquait. Celui dont je me faisais une fièreté, et qui désormais me brûlait la langue. Plus qu'un verre de saké.
-Patron! Saké!... Bref. Une famille noble... Tu peux aisément deviner comment ça a fini. En cacahuète. La famille d'à côté lorgnait sur nos terres. Puis en profitant de la vieillesse de mon père, ils ont attaqué. Donc voilà ma petite histoire. Plus de proches, ou presque. Tu vois. Rien de bien formidable.
Je marquai une pose, histoire de vider un fond de verre. Une pose rhétorique. Les plus grands des beaux parleurs savent tous l'utiliser. Il fallait bien que je tente. Puis, dans une phrase, c'était joli, et tout le monde en profitait. On respirait un peu.
-Mais en fin de compte, c'est pas si mal. Ça permet de se sentir pas mal. Isolé. Personne ne me connaît, je peux recommencer quoi.
Je souris au chuunin, laissant passer un temps.
-Et toi? J'aime pas trop parler de moi... |
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| Sujet: Re: Un coup dans un bouge douteux... Sam 27 Déc - 23:31 | |
| Shuo : +10 XP Chiyoko : +8 XP |
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| Sujet: Re: Un coup dans un bouge douteux... | |
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