|
|
| [Mission D] Un temps de chien | |
| | Sujet: [Mission D] Un temps de chien Lun 26 Oct - 20:59 | |
| [Shinoda] – A table ! Cinq chaises pour cinq personnes. Il était treize heures passé et ces derniers temps, à cette heure là, il était rare de voir autant de Yoshiki réuni pour partager le déjeuner. Il faut dire que Yuki faisait le service du soir et Tenrou, lui, et bien, il en avait profité pour rattraper quelques heures de sommeil. Un repos bien mérité aux vues des événements récents et surtout à venir. L’odeur était enivrante et l’ambiance autour de la table avait quelque chose de simple mais tellement agréable. Un plaisir franc et naïf. Tenrou se sentait presque idiot. Les sourires s’étiraient sur tous les visages laissant apparaître de belle rangée de dent. Même Mitsui se laissait aller à l’euphorie ambiante. Il ne manquait plus que le pot de pâte à tartiner au milieu du buffet pour compléter le tableau. [Yuki] – Et là il dit : Je crois que tu me portes la poisse, connasse. Oups. Shinoda regarda sa fille avec un air légèrement véhément. Il y avait tout de même des enfants à table. Ce n’est pas le genre de vocabulaire à employer face à deux petits melons pas encore mur. Elle ne resta cependant pas longtemps sérieuse. Tout comme Tenrou, elle se retint un instant avant de lâcher un rire tout aussi contenu. Mitsui et Nina échangèrent un regard plein d’interrogations et finirent par piquer chacun avec leur trident une boulette de viande. Délicieux. Les deux plus jeunes à la tablée se fichaient bien de ne pas avoir tout compris. Ils dégustaient insouciant qu’ils étaient et ne calculaient pas grand-chose autour. [Shinoda] – Je me demande lequel des deux est le plus à plaindre. La réponse n’était pas franchement évidente mais pour la connaître fallait il encore en savoir plus sur cette histoire. Yuki travaillait dans un bar/restaurant jusque là rien de nouveau. Des clients, elle en voyait tous les jours par dizaine et il n’était pas rare que l’un d’eux s’arrête pour lui faire part d’une expérience, pour lui raconter une tranche de vie. Cet homme là, elle le connaissait. Pas pour lui-même mais pour être l’ami d’un autre beaucoup plus célèbre -à l’échelle du bar- et surtout beaucoup moins chanceux. Dernièrement, il était sorti d’un long coma après avoir essayé de se suicider. Tentative ratée. Il avait atterri plus bas sur un piéton qui l’avait amorti mais surtout qu’il avait tué. L’ami de cet homme racontait donc à la jeune femme comme l’épouse de celui-ci avait été fidèle et dévoué envers son mari. Durant sa convalescence, elle était restée à ses côtés jours et nuits. Lorsqu’il avait été licencié, elle avait également été là pour lui. Lorsque son entreprise avait fait faillite, elle l’avait soutenu. Quand leur maison fut hypothéquée, ils étaient resté soudés. Et encore aujourd’hui, elle était là, près de lui. La mauvaise fortune, la poisse comme il l’avait appelée, elle lui collait à la peau. C’est ainsi qui l’en était venu à déclarer à sa femme émue de tout son être de le voir encore en vie envers et contre tout qu’elle était peut être la source de tout ses malheurs. C’était d’ailleurs un peu gonflé, peut être aussi vrai mais tellement singulier. [Tenrou] – Et c’est reparti ! Nina et Mitsui avaient enclenché la première phase du plan je-vais-te-faire-tellement-de-grimace-que-tu-vas-finir-par-rire. Les règles du jeu étaient simples, il fallait être le plus hideux possible pour susciter une réaction en face. Et pour cela, tous les moyens étaient bon : cuillères, fourchette, serviette et même la nourriture. Comme souvent, c’était Mitsui qui gagnait et comme souvent, il débordait d’imagination. Aujourd’hui, il avait fait forte impression avec une figure bien maîtrisée : le rat-taupe. Forte, oui, car il avait même réussi à arracher un sourire à Tenrou, son entraîneur personnel mais aussi son juge le plus sévère. La petite fille aux cheveux roses changea vite d’attitude. Les bras croisés, elle avait pris un air boudeur. Peu à peu s’installait en elle un sentiment d’injustice. Elle ne disposait pas des mêmes armes que son partenaire de joute, c’était flagrant. [Nina] – C’est pas du jeu ! Elle fronça les sourcils. C’est qu’elle était fâchée la petite. Tenrou l’imita. Il la dévisagea pendant quelques secondes avant de croiser les bras à son tour sous le regard bienveillant de leur mère. Il était prêt à placer son finish, la patte de l’ours comme il l’avait surnommée. Une main bien en évidence et le regard porté vers l’horizon. Tout était en place jusqu’à la forme bien particulière de sa bouche. Résistera ? Résistera pas ? La bouche de la petite fille commençait à trembler. Elle allait craquer incessamment. Un dernier petit détail peut être. Tenrou pivota la tête de droite à gauche machinalement et réalisa une association tonitruante avec le hululement du hibou. Yuki et Shinoda échangèrent un regard complice l’air de dire « il est bête ton fils/frère. ». Mitsui hochait la tête avec ses petits yeux malicieux tandis que Tenrou le regardait satisfait du coin de l’œil. Apprends donc les leçons de tes aînés, petit coquelicot. Le plus important restait tout de même Nina et la petite fille était conquise. Mais comment ne pas l’être. Tenrou tenait là, la paire gagnante. L’ours et le hibou réuni sous une nouvelle forme : le hibours. [Shinoda] – Ne t’en fais, il y a quand même une justice. Par ces quelques mots, elle s’adressait à la petite dernière de la tribu. Un sourire chaleureux puis beaucoup plus calculateur. Elle tourna la tête. Son regard se posa successivement sur les deux adolescents à table. [Shinoda] – N’est ce pas ? Ils poussèrent un léger soupir, un soupir résigné. Nina et Mitsui quittèrent la table tout sourire tandis que Shinoda prolongeait son bail. Un verre d’eau à la main, c’était l’heure des médicaments ; à nouveau. Yuki multipliait les allers et retours assiettes à la main alors que Tenrou s’était immobilisé à mi chemin. Les comprimés, les gélules, les pastilles effervescentes…elle n’en finirait donc jamais. La jeune fille avait remarqué la léthargie de son frère. Elle le comprenait et n’y était pas insensible mais ne pouvait pas vraiment y faire grand-chose. Elle tapa sur son crâne comme on toque à une porte. Doux et efficace. Sûrement pas comme ces médicaments. Elle les prenait depuis trop longtemps et depuis trop longtemps, elle était dans le même état. Faible. Physiquement, bien sûr. Oui, parce que mentalement, elle n’avait jamais flanché. Tout était à présent en ordre. La matriarche s’était installée au fond d’un fauteuil, des aiguilles et du fil à tricoter à la main. Crocheter, filer, tisser. Elle avait largement de quoi faire. Tenrou savait lui aussi comment s’occuper. Il était à présent temps d’aller affronter l’autre face du monde. Beaucoup plus rude et moins joviale. Il s’empara de sa polaire sous l’œil de sa petite sœur. Il ne faisait jamais bien chaud à Kiri. Nina tira deux coups sec sur la manche de Tenrou. Elle ne voulait pas qu’il s’en aille. Le garçon l’a serra fort avant d’imiter grossièrement son mouvement effectué à table plus tôt. [Tenrou] – Je reviens vite, d’accord ? Et puis Yuki est là. Et si tu es sage, peut être que je te ramènerai un petit quelque chose en rentrant. Il lui caressa le bout du nez avec son index. Une attention pour chacun et une plus discrète pour Mitsui. Il était à présent temps pour lui de partir. ** L’académie. Elle était là, devant lui, égale à elle-même. Tranquille. Aujourd’hui, le tout nouveau genin avait résolument décidé de montrer son engagement au sein du village. On lui avait récemment fait remarquer que son implication laissait à désirer. Un constat loin de la vérité puisque pour être totalement juste, sa participation était inexistante. Il devait donc y remédier. Parce qu’il avait à cœur dans une certaine mesure de renvoyer une image positive mais avant tout pour prouver qu’on avait eût raison de le promouvoir, lui qui était un étudiant complètement anonyme et sûrement plus médiocre que certains ninja de sa promotion. Mais genin ou étudiant, il comptait bien et surtout continuait à apprendre. Un détour par sa boîte aux lettres. Pas de courrier. Bien, il n’attendait pas de notification de toute manière. Il s’avança lentement vers le guichet chargé de dispatcher les ordres de missions. Il était tenu par un homme entre dix huit et vingt ans pas plus. Des cheveux bruns en bataille, une barbe de quelques jours, fine qui laissait transparaître le teint mat du jeune homme. Un type plutôt négligé et négligeant. Tenrou tâta la poche droite de sa veste. Une première fois puis deux autres tout en fouillant à l’intérieur de celle-ci. Rien. Le stress commençait à monter doucement. Il fouilla ainsi toutes ses poches en vain. Il n’avait pas pu l’oublier. Impossible ! Son bandeau, ou était il ? Il espérait à cet instant ne pas l’avoir posé négligemment dans le domicile familiale. Stupide. Il l’était, étourdi aussi. Si quelqu’un tombait dessus, il pourrait dire adieu à sa couverture. Un instant, il se demanda si ce ne serait pas justement mieux. Un instant seulement. Il n’était tout simplement pas prêt. Tenrou fit rapidement demi tour. Il s’apprêtait à quitter l’académie lorsque avec un soupçon d’espoir il posa sa main au niveau de son cœur. Il était là, dans la poche intérieur de sa veste. Plus de peur que de mal. L’instant d’après, le genin revenait sur ses pas. Il n’avait pas l’habitude de ce bandeau et se refuser à le porter. Question de discrétion. Il le laissait le plus souvent dans sa poche et espérait que ça ne posait pas de problème. Beaucoup aimait afficher cet insigne sur leur front. Plus gênant qu’autre chose et plutôt laid. Mais hormis ce bandeau, les shinobi avaient la chance de ne pas avoir de tenu réglementée. Pas de toque sur la tête ni de tablier autour de la taille. A présent, des bousculades. Les étudiants sortaient massivement et avec énergie. Ils étaient bruyant et se chahuter. Une partie pris la direction de la sortie sans un regard ni une attention pour le Yoshiki. Il était invisible. Il ne connaissait aucun d’entre eux et personne ne le connaissait. Un autre conglomérat d’étudiant fondait déjà sur le bureau d’assignement des missions. Une intervention propre et rapide. Chacun reparti avec un bout de papier, l’ordre de mission à la main. Tenrou comprit qu’il devait peut être se dépêcher. Il avala précipitamment la distance qui le séparait du comptoir mais il était déjà seul. Les enfants avaient tous déjà déguerpi. [Chunin] – Tiens, voila pour toi. C’était le gars négligé. Il tendait au jeune garçon un petit imprimé qu’il s’empressa de saisir. Le genin le remercia poliment et signa un petit registre. Les sourcils levés, son interlocuteur hocha la tête de manière nonchalante. Blasé ? Finalement, Tenrou avait obtenu un ordre de mission. Passé la frayeur du raz de marée qui avait frappé juste avant, il était rassuré. [Tenrou] – Heu…Je crois que ça va pas être possible. Tenrou avait déplié le bout de papier et en avait parcouru les quelques lignes. Durant cet exercice, il n’avait pas manqué de froncer les sourcils et d’agiter sa tête horizontalement. Le jeune garçon tendait à présent l’ordre de mission à son homologue. [Tenrou] - Excusez moi mais je pourrais pas avoir quelque chose de plus tranquille…Livrer un colis, tondre la pelouse, m’occuper d’une personne âgé…Un truc tranquille quoi. L’homme en face l’avait écouté sans un murmure. Il appuyait sa tête sur sa main droite. Trop lourde, elle allait peut être tomber. Il tapotait en même temps avec l’index de son autre main sur le registre en face de lui. [Chunin] – Pas possible. T’as déjà signé et puis t’as ouvert l’enveloppe, faudrait que je la referme. Le chunin prit une mine faussement contrariée et haussa son épaule dégagée. Tenrou resta un moment sans voix. Il ne pouvait pas être sérieux. Le garçon l’apostropha alors agitant la lettre dans sa main. C’était ridicule lui faisait-il comprendre. Mais l’homme l’arrêta bien vite. [Chunin] – Wow wow wow…Y’a des cours à côté. Doucement. Qu’est ce qu’il pouvait être agaçant. Alors même qu’il était en faute, il trouvait le moyen de faire Tenrou se sentir désolé. Le chunin se redressa, une larmichette au coin de l’œil et un sourire provocateur sur le visage. Non, c’était du défi. [Chunin] – Ce n’est pas toi qui avais quelque chose à prouver ? |
| |
| Sujet: Re: [Mission D] Un temps de chien Mar 27 Oct - 21:56 | |
| Assis au fond d’un fauteuil en résine tressée, le garçon feuilletait quelques pages. Devant lui, une table en bois vernis et un autre livre posé sur celle-ci. Corné, usé. Un incontournable sûrement même un classique pour tous les apprentis qui avaient du le précéder. A l’inverse, le livre qu’il tenait dans les mains était impeccable. Neuf ou presque. A croire que la faune et la flore de Kiri n’intéressaient pas grand monde. Il fallait les comprendre. Des livres, il y en a des centaines ici. Certains qui nous racontent comment les gens dansent pour faire tomber la pluie. Amusant. D’autres qui nous apprennent à la faire tomber. Intéressant. Et puis d’autres qui parlent des reliefs et des animaux qui peuplent Kiri et ses alentours. Instructif. Une réserve de connaissance façonnée par l’homme au fil de ses découvertes. Et elles étaient nombreuses aux vues de tous ces livres. Variées également. Peut être un peu trop. C’est sans doute pour ça qu’on demandait à chaque ninja en début de cycle de se spécialiser. Le trop plein d’information aurait donné des rendements moins qualitatif. Parce qu’un médecin scalpel à la main qui lance des dragons d’eaux et qui en plus peut discuter de l’écosystème du village, c’est quand même alléchant.
Si Tenrou était depuis un petit moment à la bibliothèque ce n’était pas sans avoir hésité longuement. La mission ne devait commencer qu’à la nuit tombée. Il avait donc du temps devant lui. L’idée de rentrer chez lui et de profiter un peu plus longtemps de sa famille l’enchantait. Car il savait qu’une fois le seuil de sa porte franchi, il serait inondé de bonheur. Un bonheur total. La rivière d’où il tirait sa source ne semblait jamais tarir ou très rarement. En tenue de plage, les Yoshiki se baignaient même dans cette rivière. Les quatre plus jeunes enfants qu’étaient Nina, Mitsui, Tenrou et Yuki y faisaient souvent quelques brasses voir quelques autres nages aux allures papillonesque pour les plus aguerri. Shinoda, la mère, elle gardait son corps sec. Seul ses pieds barbotaient dans l’eau de la rivière. Un œil sur sa progéniture, elle avait passé l’âge et plus la santé pour s’immiscer dans leurs concours d’apnée. Plus loin, plus tranquille. Un sceau rempli d’eau et de quelques poissons à leurs pieds. Le père et le fils. L’homme de la maison et son second. Yuji et Norou. Ils avaient délaissé les plaisirs ludiques des jeux dans l’eau pour la pêche. Même pas un petit orteil dans l’eau. Seulement leurs canes à pêche qui barbotaient à la surface comme lien entre la rivière et deux hommes. Deux hommes qui pouvaient se ravir d’avoir là de quoi nourrir toutes les bouches.
L’horizon prenait cette couleur si singulière tandis que le ciel se couvrait. La nuit commençait à tomber. Da sa place, par une petite lucarne, Tenrou pouvait s’enquérir de la situation. Avec la plus grande douceur, il refermait les deux livres qu’il avait empruntés plus tôt. Les remettre à leur place et partir. Un programme simple qu’il faisait pourtant traîner. Dix minutes plus tard, il laissait la bibliothèque derrière lui et s’engouffrait dans les rues de Kiri. Il faisait bon de marcher à cette heure ci. Le grand astre tirait sa révérence laissant place à d’autres lumières plus modestes ; néons et autres étoiles qui guidaient les pas du tout nouveau genin. Il avait rendez-vous à la périphérie de la ville. Il y était d’ailleurs sans s’en rendre compte déjà arrivé. D’un regard, il percevait à quelques centaines de mètres de là les paysages glacés et inhabités du village. Des lieux qui pour certains respiraient la tranquillité tandis que d’autres coins servaient d’aires d’entraînements.
Quelques flaques d’eau ici et là. Sûrement le reste de jours de pluie précédent. Adossée à un lampadaire une fille patientait calmement. Les bras croisés sous sa poitrine, elle portait le bandeau des ninjas du village. Un coup d’œil aux alentours suffit à Tenrou pour comprendre que cela ne pouvait être que sa coéquipière pour cette mission. En effet, les rues étaient plutôt déserte par ici. Pas de grand commerce pour animer le quartier qui se voulait surtout résidentielle. Tenrou s’avança vers le lampadaire ou plutôt vers la fille qui ne semblait pas l’avoir remarqué. La tête baissée, elle semblait regarder ses pieds.
[Tenrou] -Hey ! lança-t-il, la main en direction de la fille.
Elle ne réagit pas immédiatement, le regard toujours fixement accroché à ses pieds. Tenrou la relança alors et après quelques secondes cette dernière leva finalement la tête en s’écartant du lampadaire un peu surprise.
[Fille] – Désolé…Quand je me met à réfléchir, je m’oubli parfois.
Un léger sourire naquit sur les lèvres des deux protagonistes. La jeune fille s’introduisit. Elle aussi avait bien compris que le jeune garçon qui lui faisait face ne pouvait être que son coéquipier pour cette mission. Elle se prénommait Taki et devait avoir sensiblement le même âge que son interlocuteur. Genin elle aussi même si ce n’était pas vraiment utile de le préciser. Des yeux noirs et des cheveux tout aussi sombres lui couvrait la nuque. Elle avait l’air plutôt sympathique même si elle paraissait un peu étourdie.
[Tenrou] – Moi c’est Tenrou. Enchanté. J’espère que tout se passera bien.
[Taki] – Y’a pas de raison que ça se passe mal.
Tenrou hocha la tête en signe d’approbation. Après tout, elle avait sûrement raison. Une mission de rang D n’a jamais été bien compliquée. Même s’il n’en avait jamais fait c’est ce qu’il se disait. C’est juste qu’il n’avait pas apprécié la manière dont elle lui avait été imposé. Un sale type ce gars au bureau des missions. Les deux protagonistes commencèrent lentement à marcher. Il n’allait nulle part en particulier et semblait se contenter d’attendre échangeant de temps à autres quelques mots. Tout était ici bien calme et trop silencieux.
[Taki] – Au faite, où est ton bandeau ?
[Tenrou] – Heu…Dans ma poche.
Alors que Tenrou relevait la doublure de sa veste pour lui montrer de quoi il retournait, Taki posa sa main sur la sienne pour l’arrêter Elle lui sourit et lui signifia que c’était une simple question, juste de la curiosité. Et comme pour la satisfaire un peu plus, le jeune garçon surenchérit.
[Tenrou] – Esthétiquement, c’est pas vraiment ça. Mais c’est surtout que ça se voit trop.
[Taki] – C’est fait pour. Et puis…
La jeune fille s’arrêta net lorsque le cri d’un loup vint percer le calme de la nuit naissante. Les deux genin tournèrent immédiatement la tête en direction du bruit.
[Taki] – Ca a commencé.
Ils restèrent un moment statique avant de se remettre en mouvement. Le hurlement du loup avait cessé pour laisser place au calme, plus dérangeant cette fois ci. Taki semblait peu à peu prendre les choses en mains. L’inexpérimenté Tenrou ne pouvait qu’acquiescer. Il savait à peu près ce qu’il avait à faire mais il était toujours mieux d’avoir quelqu’un pour plus ou moins coordonner les choses. Un leader en quelque sorte. Et la jeune fille semblait apparemment disposée à prendre cette responsabilité. Tenrou courait à présent dans les rues aux abords des frontières habitées du village. Taki, elle, avait pris la voie des airs. Elle allait d’un pas souple d’un toit à un autre scrutant attentivement les alentours. De la haut, elle traçait également un itinéraire pour Tenrou. Elle l’orientait, là ou il était le plus probable de trouver ce qu’ils cherchaient. Dans ces zones qu’on leurs avaient justement entourées sur leur ordre de mission. Le calme ambiant facilitait les choses d’une certaine manière. Il donnait cependant l’impression que rien ne se passait ici et que rien ne pourrait s’y passer. Les volets des fenêtres étaient fermés. Il n’était pourtant pas tard. La nuit donnait peut être cette impression.
Des gémissements…Pas très loin. Mais pas assez près pour que Taki en détermine la cause de là ou elle était. Le brouillard naissant ne l’aidait pas non plus. Tenrou les avaient également entendu. Aussi avait il immédiatement fait route dans leurs direction. A droite puis à gauche et puis un peu plus loin encore à gauche. Légèrement essoufflé mais pas pour autant fatigué, Tenrou était arrivé au dudit lieu. Taki était déjà là accroupi, elle regardait son coéquipier impuissante.
[Taki] – Il n’y avait que lui quand je suis arrivée. Seul au milieu de cette rue…
[Tenrou] – Encore un…
Le tout jeune genin s’avança lentement vers Taki. Il reprenait dans le même temps son souffle. Il n’y avait plus rien à faire. C’est ce que semblait exprimer le visage de Taki. Et c’est aussi ce que pensait Tenrou en regardant au pied de la jeune fille.
[Taki] – Il respirait encore tu sais…mais je n’ai rien pu faire, c’est au delà de mes compétences.
C’est au dessus des miennes également aurait-il voulu lui répondre. Mais Tenrou n’en fit rien. Il n’était pas arrivé le premier comme elle. Il avait choisi d’emprunter les rues. En faite non, ils avaient choisis qu’il emprunterait les rues. Il n’était pas vraiment rapide et il le savait. Mais peu importe. Le plus dur dans tout ça est sans doute de savoir que même si il l’avait été, cela n’aurait rien changé. Taki le savait médecin mais elle ne le blâmait pas non plus. Il n’était pas arrivé à temps sans pour autant que ce soit la faute de quelqu’un. Ce qu’elle ne savait pas par contre, c’est qu’il n’aurait rien pu faire pour cette bête encore vivante ou à moitié morte. Cette idée, l’irritait passablement alors qu’il fixait la carcasse sans vie en secouant la tête.
Médecin, hein ?
[Taki] – Tu as remarqué toi aussi ?
La jeune fille porta successivement son regard sur la bête et son coéquipier. Tenrou n’avait pas vraiment pris le temps d’examiner la funeste découverte qu’ils avaient fait. Ca sautait pourtant aux yeux. Il accentua son regard comme pour donner du crédit à son observation puis fini par ouvrir grand les yeux.
[Tenrou] – Ce n’était pas mentionné…
Taki hocha la tête. Réelle volonté ou simple omission. La question s’imposait mais la réponse pas encore. Très bientôt sûrement. La genin pointa de ses petits doigts fins quelques marques parmi les nombreuses qui recouvraient le corps de la dépouille. Il avait été martelé de coup. De trop nombreuse fois et tout récemment qui plus est. Avec un bâton sans doute. Mais alors plutôt dense ou peut être une barre de fer car les marques étaient assez nettes.
[Taki] – Il a reçu de violent coup et est apparemment venu se laisser mourir ici.
Elle signifia du menton le chemin qu’il avait semble-t-il pris pour arriver jusqu’ici. Plus au fond, la rue se terminait et donnait sur la flore de Kiri. C’était assurément par là qu’il avait effectué sa propre marche funèbre. Il était cependant difficile d’en être certain avec le brouillard qui s’accentuait un peu plus à chaque instant. Une certitude en revanche, c’était que ce chien ou ce loup -c’était en fait un croisement des deux- ne s’était pas infligé ces blessures tout seul.
[Tenrou] – Je doute qu’il soit venu ici volontairement pour rendre son dernier souffle. Ces animaux bien qu’il soit très sociable sont plus à l’aise dans leur milieu. On l’y a poussé, c’est évident. Toutes ces marques sur son corps en sont la preuve.
Oui, il avait bien appris sa leçon.
[Taki] – Sans doute, oui. Mais qu’elle serait alors la motivation ?
La jeune fille accroupie jusqu’alors se releva le plus tranquillement et lentement possible. Le silence s’installa entre les deux protagonistes. Elle fixa un instant Tenrou avant de faire une rotation sur elle-même. Elle profita de ce moment pour observer ce que lui permettait le brouillard. Tenrou intrigué plus que perturbé par l’attitude de sa coéquipière resta immobile. Il semblait pris dans un processus de réflexion des plus complexe.
[Taki] – Résumons. Il a été rapporté la découverte de plusieurs de ces animaux morts dans la zone résidentielle ou nous nous trouvons. La note parlait de trois d’entre eux aux cours de ces dernières nuits. Ca fait donc le quatrième. Par contre, rien n’était précisé en ce qui concerne les causes de leurs décès.
Tenrou écouta sans l’interrompre la jeune fille et sans savoir non plus si elle en avait fini. Cela faisait un moment qu’il observait l’activité autour de lui. Le constat était sans appel : il n’y avait rien à constater. Quelqu’un meurt devant chez vous et il n’y a personne pour tirer le rideau. Etrange tout de même. De plus la mission avait été forcément mandatée par les habitants de ce quartier. Même si Tenrou ne savait pas grand-chose, il savait au moins ça. Le genin leva alors machinalement sa main et pointa du doigt au hasard l’une des maisons.
[Tenrou] – Eux, ils doivent savoir quelque chose.
Son expression devint tout à coup plus naïve. Il jeta un regard vers Taki. Un regard d’enfant. Celui d’un enfant qui demandait la permission à sa mère pour aller jouer avec ses copains. Taki lui rendit un sourire sincère. Le tout nouveau genin s’avança alors vers la porte qu’il avait pointé du doigt et toqua à plusieurs reprises patientant entre chaque tentative. Et n’oubliant pas de jeter un œil à Taki qui l’avait bientôt imité. Il haussa finalement les épaules de dépit. Personne. En tout cas c’est ce qu’ils voulaient laisser croire. La jeune fille arrêta à son tour le porte à porte. Mais Tenrou ne comptait pas en rester là. Il se replaça au milieu de la rue et mis une main de chaque côté de sa bouche afin que sa voix porte un peu plus. Il lança à l’attention des fantômes plus que des habitants quelques « Hé Ho » ou encore d’autres « Youhouu » pour attirer leur attention. En même temps qu’il criait dans le vide -car il n’était pas dupe, personne n’allait lui répondre- il tournait sur lui-même. Alors qu’il lançait un ultime « Y’a quelqu’un » des bruits de pas cadencés se firent entendre. De là même où le loup quelques minutes plus tôt avait du venir pour finalement s’éteindre. Tenrou refréna un léger sursaut et plissa les yeux. Taki impassible restait quand à elle attentive à la situation. Peu à peu, une ombre commençait à se dessiner. Elle serait bientôt là mais le brouillard ne laissait entrevoir pour l’instant que sa silhouette. Une silhouette aux formes humaines. |
| |
| Sujet: Re: [Mission D] Un temps de chien Mer 28 Oct - 23:24 | |
| Les deux genins campaient sur leurs positions tandis que la brume apportait un nouveau visiteur. Taki restait en alerte, au cas où. Il faut dire qu’il ne fallait pas trop compter sur Tenrou si quelque chose devait mal se passer. Son attitude le trahissait d’ailleurs quelque peu. Plus curieux qu’attentif, il s’amusait presque à essayer de deviner ce qui allait sortir de cette épaisse fumée. Curiosité que les résidents ne semblaient pas partager. Toujours cloîtré à l’intérieur de leurs maisons, portes et volets clos. C’est qu’ils savaient déjà peut être à quoi s’attendre.
La silhouette se précisait à présent d’avantage. Et quelque chose d’étrange retint l’attention de Tenrou. Son bras droit…il était plus grand que l’autre. Bizarre tout de même. Il se demanda un instant si des gens naissaient avec des membres plus longs les uns par rapport aux autres. La réponse était clairement oui. Le corps était imparfait et surtout, pas parfaitement symétrique. Il n’était cependant pas des différences aussi flagrantes pensait en tout cas Tenrou. Des différences qui vont vous faire acheter deux paires de sandales par exemple. Une du quarante deux et l’autre du quarante cinq. Non, c’était trop énorme.
[Taki] – Reste concentré, il a un bâton dans les mains.
Le jeune garçon acquiesça sans broncher à sa partenaire. Il était cette fois ci un peu plus attentif à ce qui se passait et avait surtout définitivement écarté la thèse de l’anomalie du bras. Parce que c’était loufoque, très peu probable et surtout que c’était un bâton. A mesure que l’inconnu se rapprochait, il se rendait d’ailleurs compte de sa bêtise. Et puis Taki aussi s’était trompé, ce n’était pas un bâton mais une barre de fer. Elle avait quoi qu’il en soit visé plus juste que son homologue masculin.
Presque comme sorti de nulle part, un loup fit son apparition. Il sortait du brouillard comme l’inconnu qu’on commençait à mieux discerner à présent. La bête semblait marcher sur trois pattes, elle boitait terriblement. Nul doute que cela avait un rapport avec la silhouette qui la suivait de près. Le fantôme prenait étrangement son temps tel un chasseur qui aurait déjà capturer sa proie. L’inconnu qui se dévoilait à présent entièrement était animé d’une démarche macabre. Lente et sûr d’elle. C’était un homme, non, un garçon. Jeune. Probablement plus jeune que Tenrou ou en tout cas pas plus grand. Il avait le visage pâle marqué par des conditions de vie sans doute très rude. Ses habits témoignaient également de sa situation précaire. Troués pour ne pas dire complètement déchirés. Ses yeux, ils avaient retenu l’attention du jeune Yoshiki. Ils étaient vides, sans éclats, plein de fatalisme et de désespoir à la fois. Ce regard, Tenrou ne l’aimait pas. Le loup quand à lui continuait son chemin. Lentement, il se rapprochait de Tenrou. Sa patte le faisait souffrir mais il continuait malgré tout d’avancer. Trop certain peut être du destin qui l’attendait derrière lui.
[Tenrou] – Hey, garçon qu’est ce qui se passe, répond moi. Hey ! Dit quelque chose !
Il essayait en vain d’atteindre le garçon, de susciter une réaction chez lui mais sans succès. Il restait impassible, imperméable aux appels de Tenrou. Il semblait transporter dans une autre réalité beaucoup plus personnelle ou ce loup qui venait à présent de dépasser Tenrou constituait tout. Focalisé, hypnotisé, il n’y avait rien autour de lui. Rien à quoi il puisse accorder plus d’attention qu’à ce loup. Taki était en retrait, juste derrière la carcasse retrouvée un peu plus tôt. Elle observait silencieusement les tentatives de son coéquipier pour engager le dialogue. Elle comprenait pourtant qu’il n’aurait pas de retour. Ce garçon sortit du brouillard était déterminé. Et il ne devait pas être étranger au sort subi par le canidé sans vie qui reposait au milieu de la rue. Le second loup, vivant celui-ci, arriva bientôt à hauteur de la bête morte. Il renifla à plusieurs reprises la dépouille avant de délicatement passé son museau sous sa tête. Il poussa ainsi plusieurs fois sa tête sans réponse. Il semblait chercher un signe de la part de celui-ci, sans aucun doute un signe de vie. Ils devaient être de la même meute, peut être même plus proche. Le canidé de sa petite langue rose se mit à lécher le visage du second loup inanimé. Aucune réaction. Le silence puis un hurlement qui vint transpercer le calme préfabriqué de cet endroit. Le second cette nuit là. Le loup criait sa détresse.
[Tenrou] – Qu’est qu’on fait ?!
[Taki] – Arrête déjà le zombie devant toi !
Oui, pourquoi pas. Mais il ne voulait rien écouter ce garçon. Enfin, il n’entendait rien plutôt. Ca voulait dire quoi ça alors ? Que Tenrou devait l’arrêter par la force ?! Il n’avait jamais frappé quelqu’un par le passé. En fouillant rapidement dans sa mémoire, il se demandait même si il avait déjà seulement insulté quelqu’un. Et même si c’était moins important, il devait quand même tenir compter du fait que son opposant disposait d’une barre de fer. Il fallait donc rester prudent. Pour l’instant, le jeune genin se contentait d’imaginer, de spéculer sur l’avenir. Il avait déjà vu des gens se battre et ce n’était pas très enclin à le motiver. Il essaya alors une ultime fois de faire réagir l’inconnu qui avançait en lui signalant de bien vouloir s’arrêter très poliment bien sûr. Mais le garçon continua sans broncher passant devant Tenrou. Le Yoshiki l’attrapa alors par l’épaule alors qu’il essayait de le dépasser. Cependant même cela n’eût pas réussi à le faire s’arrêter. Le garçon continua tout droit alors que la main de Tenrou glissait sans aucune raison de l’épaule du jeune homme pour finalement lâcher prise.
[Taki] – Qu’est ce que tu fous ?!!
Le genin avait eût un léger moment d’égarement. Il observait sa main droite, cette main qui l’avait trahie. Il ne se l’expliquait pas. Il le tenait pourtant. Le garçon s’était tourné à ce moment là pour le regarder. Et il l’avait lâché. Le mystérieux personnage se trouvait à présent à quelques mètres de Tenrou, face à Taki et surtout face à ce loup qu’il avait semble-t-il pourchassé jusque là. Le canidé avait l’air résigné acceptant son sort quelqu’il puisse être. Il était dos à son supposé agresseur et observait avec une certaine tristesse son compagnon d’infortune qui gisait au sol. Le temps semblait figé, personne ni de Tenrou ni de Taki ne comprenait ce qu’il se passait et ne savait quoi faire. Le garçon trancha, levant au ciel sa barre de fer. L’expression de Tenrou se transforma. Qu’il était naïf. A quoi pouvait-il bien s’attendre d’un garçon avec un bâton poursuivant un animal blessé. Rien d’autre que ce à quoi il était en train d’assister. Il ne perdit cependant pas de temps et commença immédiatement à courir. La barre redescendait brutalement, il n’arriverait pas à temps assurément. Il ne ralenti pas pour autant. Une main en avant, il lançait un cri de désespoir à travers cette nuit paisible. La barre était dangereusement proche, Tenrou plongea plein de détresse les deux bras en avant sur sa cible. Suspendu dans le temps et dans l’espace, au même moment la barre de fer arrêtait sa course. Un fin filet d’eau mais bien assez dense né de flaques d’eaux alentours était en opposition. Taki avait encore les mains jointes et fixait le garçon qui lui faisait face. Ses yeux retrouvèrent leurs éclats comme pris par une piqûre de conscience. Il avait les yeux bleus et bientôt Tenrou sur le dos. Le genin suspendu pendant ce cours instant dans les airs avait fini son plongeon dans les lombaires du garçon. Dans leurs élans, les deux jeunes hommes improvisèrent quelques roulades au sol avant de se cogner contre un mur.
Tenrou se releva promptement. Il respirait avec force et à un rythme plus rapide qu’à l’accoutumée. Il était énervé. Le garçon qui restait adossé contre le mur tête basse préférait quand à lui conserver son immobilité. Le jeune genin ne comprenait pas l’attitude de celui ci. Il était prêt à tuer cet animal sans aucun état d’âme. Heureusement Taki avait réagi à temps. Il y en avait cependant un qui n’avait pas eût la même chance comme d’autres comme lui d’ailleurs.
[Tenrou] – Tu es complètement fou ! Pourquoi tu fais ça ?!
Il ne répondit pas et resta comme il était. Immobile. Il semblait totalement ignorer Tenrou ce qui avait le don de l’agacer un peu plus. Le genin marchait de long en large face à son interlocuteur. Les poings serrés, il essayait de se contrôler. Il n’avait plus la même logique que plus tôt. Même s’il ne s’était jamais servi de son poing, il était ici près à le faire sans beaucoup plus de réflexion de sa part. Le Yoshiki se rapprocha rapidement du garçon et l’agrippa violemment par le col.
[Tenrou] - Répond ! Pourquoi tu tues ces pauvres bêtes ?!
Le garçon réprima un petit rire. Tenrou resserra sa prise et le cogna contre le mur. Le choc n’était pas vraiment violent. Il soulignait surtout la frustration du genin. Le tueur de loup leva finalement la tête croisant le regard de Tenrou plein de violence. Le sien restait cependant neutre même après ce qu’il avait fait. Pas de tristesse ni de culpabilité, juste un peu de lassitude.
[Garçon] – Pauvres bêtes, hein… ?
Sur ces quelques paroles, l’étranger baissa à nouveau la tête pour se réfugier encore une fois dans son mutisme. Tenrou devrait se contenter de cela. Il ne lui dirait plus rien. Le genin comprenait dans les paroles du garçon que ces loups n’étaient peut être pas étranger à leurs sorts. Cela restait tout de même cruel. Battu à mort, ils avaient quittés le monde en agonisant. Alors que Tenrou gardait son étreinte sur l’inconnu, une main vint délicatement se poser sur son épaule. C’était Taki. Elle lui signifia gentiment de la laisser prendre en charge la suite. Le Yoshiki ne se fit pas prier et c’est même avec soulagement qu’il passa le relais à sa coéquipière. Tout ceci ne lui ressemblait pas. D’ordinaire calme et enjoué, il n’avait jamais eût à affronter de telles situations. Il n’aimait pas cela et son instinct lui faisait dire que ce n’était sûrement que le début. Ce n’est pas pour rien qu’on les appelait les guerriers de l’ombre. L’obscurité faisait parti de leur vie même si Tenrou préférait s’en dissuader, la réalité le rattraperait tôt ou tard.
[Taki] – Dis moi tout de suite si tu comptes rester muet pour qu’on passe à la suite immédiatement.
Contrairement à Tenrou, Taki parlait très calmement à l’inconnu. Aucun excès d’émotion dans sa voix. Elle avait une parfaite maîtrise d’elle-même. Son homologue n’était pas ninja, elle le savait et comptait peut être jouer la dessus. Elle resta un long moment silencieuse fixant sans écart le crâne qui lui offrait l’inconnu. Tenrou profitant de ce moment avait peu à peu retrouvé son calme. Penché sur le loup, il examinait sa patte blessée. La bête ne montrait aucun signe d’agressivité et c’était tant mieux. Elle avait l’os de sa patte arrière droite fracturé. Le genin n’y connaissait pas grand-chose concernant l’anatomie de ces animaux mais il fallait se dire que ce n’était pas bien différent des Hommes. Il regarda un instant autour de lui afin de trouver les outils nécessaire à son intervention. En effet, il n’avait rien sur lui et devait faire en sorte de maintenir droite la patte concernée. C’était la base apparemment. Il l’avait lu plus tôt, c’est pourquoi c’était aussi frais dans sa tête. Il ne perdit pas de temps et entama sa recherche. Il devait faire les poubelles. Ca ne le dérangeait pas vraiment mais c’était surtout qu’il n’avait pas le choix.
[Taki] – Bien.
Tenrou ne pu s’empêcher de tourner la tête vers Taki. L’inconnu n’avait pas dit un mot depuis tout à l’heure et était resté comme il l’avait laissé, les yeux rivés sur le sol. Mais bizarrement en cet instant, il se sentait obligé de lever la tête vers la genin. Une sensation de mal à l’aise le parcourait. Taki quand à elle avait déjà effectué une série de signe et c’est sur ses mains jointe que l’inconnu s’attarda. Il n’était peut être pas ninja mais il n’était pas totalement idiot. Il n’eût cependant pas le temps de prolonger son mouvement plus haut vers le visage de Taki que de l’eau s’activait autour de lui. Elles happèrent son visage, le recouvrant entièrement du front jusqu’au menton tel un masque.
[Tenrou] – Qu’est ce que tu fais ?!
Taki se retourna lentement vers son coéquipier. Son visage n’exprimait rien de sadique, pas de plaisir malsain à agir de la sorte. Non, rien de tout cela. Son expression était d’une étrange normalité.
[Taki] – C’était inévitable. Mais ne t’en fais pas, tu sais, il ne va pas mourir.
Elle refit face aussitôt à l’étranger à qui c’était maintenant le tour d’agoniser. Son visage marquait le coup. Il essayait désespérément de retirer le masque translucide mais ses mains glissaient à la surface de celui-ci sans pouvoir y faire quoi que ce soit. Tenrou voyait son visage crier de douleur à travers le masque. Il ferma les yeux un instant et avança vers la bête blessée. Il n’était pas lâche. Il voulait juste faire confiance à sa coéquipière. Mais qu’elle soit bien sûr qu’il n’approuvait pas sa méthode. Il le lui signifierait plus tard. Pour l’instant, il devait s’occuper de cet animal. Il avait trouvé de quoi la soigner ou en tout cas de l’aider à guérir. Tenrou souleva d’abord la patte de la bête pour y placer dessous une petite pièce en bois. Elle avait beau gémir, elle faisait preuve de beaucoup de courage. Le jeune garçon plaça une seconde pièce en bois face à la première, de l’autre côté de sa patte. C’était très rudimentaire mais c’était tout ce qu’il avait trouvé et c’était surtout la première fois qu’il s’essayait à quelque chose de la sorte. Sa tâche n’était d’ailleurs pas tout à fait finie. Il passa le tissu qu’il avait récupéré sous la première pièce en bois avant de l’enrouler autour de sa patte. Il fallait désormais fixer le tout. Il appréhender tout de même de devoir nouer le tissu de peur de faire trop mal à l’animal blessé. Il n’avait pourtant pas le choix. Il devait boucler la boucle. Le loup gémissait de douleur tandis que Tenrou grimaçait en entendant ses plaintes alors qu’il serrait avec force le nœud. Voila, c’était fixé.
[Taki] – En route, les dernières réponses se trouvent là-bas.
Elle regardait Tenrou et pointait du doigt le bout de la rue. C’était par là qu’ils étaient venus, l’inconnu et son bâton. Le genin avait beau ne pas être d’accord avec les méthodes employées par sa coéquipière, elles n’en restaient pas moins efficaces. La fin justifie les moyens diraient certains. Le garçon s’était relevé et avait immédiatement pris sur son épaule le loup mort au milieu de la rue. Une directive de Taki sans aucun doute. Il ouvrait la marche tandis que les deux genins le suivaient de près. Tenrou ne savait plus trop quoi penser et se contentait à présent d’avancer. Taki jeta un regard sur ce dernier, elle sentait bien le malaise de celui-ci.
[Taki] – Tu cherches trop le bon ou le mauvais. Parfois, il n’est question d’aucun des deux. On cherche seulement à apporter des solutions, voila tout.
Elle espérait ainsi le décoincer de ses états d’âmes, lui faire ouvrir les yeux sur la normalité de leurs actions. Même si ces paroles le faisaient réfléchir, il lui en fallait plus pour être convaincu. Tenrou la regarda un court instant avant de pousser un soupir de résignation. Tout ça, c’était trop nouveau pour lui. Il avait juste envie de rentrer chez lui maintenant. Il jeta un coup d’œil en arrière. Sa maison était loin. Beaucoup plus bas sur la ligne d’horizon, le loup jusque là immobile se relevait lentement et semblait les suivre boitant toujours de la même manière. Voila peut être la seule chose qui le réconfortait en ce moment. |
| |
| Sujet: Re: [Mission D] Un temps de chien Sam 31 Oct - 21:35 | |
| Ils avaient marché une dizaine de minutes à une allure mesurée. Les paysages ici étaient vierge de toute trace ou presque. A quelques mètres, légèrement sur leurs droites était établi un camp de fortune. Dans la noirceur de la nuit, on y voyait quelques flammes émerger. Les abris étaient très rudimentaires. De la tôle ondulée aux agencement plus que douteux pour certains et quelques rare tentes pour les plus « chanceux ». Loin du confort de la ville, c’est la que vivait leur jeune inconnu. La tension qui régnait quelques instants plus tôt avait eût le temps de redescendre. Tenrou restait cependant toujours plein de doutes et d’interrogation. Pas concernant la situation actuelle, non. Bien qu’elle demandait à être éclairci mais vis-à-vis de l’attitude à adopter face à toute ces choses qui arrivaient avec sa nouvelle vie.
[Taki] – C’est donc ici que vous vivez ? C’est ici que tout a commencé ?
Le jeune garçon hocha faiblement la tête. Et posa délicatement le loup retrouvé mort plus tôt près d’une des habitations. Tenrou le suivait du regard sans un mot. Les habitants du campement ne semblaient pas leur porter une attention particulière. Tant mieux, ils seraient tranquilles. L’état des habitants n’était pas bien meilleurs que celui du jeune garçon. La vie était rude ici. Le froid, le manque de confort, la faim…La faim. Tenrou remarqua pas très loin deux ou trois carcasses de loup, il ne savait pas très bien. Encore, pensa-t-il. Et au milieu du camp, un feu plus nourri que tous les autres. Il prit un instant pour réfléchir avant de questionner son interlocuteur.
[Tenrou] – Vous les mangez ?
De nouveau, l’inconnu hocha la tête. Tenrou ne broncha pas. D’ordinaire, il se serait laissé submerger par des émotions qui n’avaient peut être pas leurs places. La révolte, l’indignement, la colère,…Il n’y avait rien d’ordinaire ici. Et plutôt que d’être contrarié, la réponse du garçon réussissait presque à satisfaire Tenrou. Au moins, ils servaient à quelque chose. Et leurs morts bien qu’inexcusable ne devenaient pas inutile. Elle prenait même un sens. C’était dur mais il fallait s’en convaincre.
[Garçon] – Ce n’est pas pour cette raison qu’ils sont morts. Si on les a tués c’est avant tout pour se défendre.
Le garçon porta sa main à sa cheville gauche et releva son pantalon. Pantalon taché et sali par la vie qu’il menait ici. Mais ce n’était pas le plus important. Il révéla sur son mollet une blessure. Celle d’un loup, assurément. Les crocs avaient du s’enfoncer profondément vu l’état de sa jambe. Ca ne prouvait cependant rien. Si, peut être juste qu’il l’avait bien cherché. Et c’était ce qu’il confirma quelques instants plus tard en d’autres termes. La blessure avait été faite après l’ouverture de la « chasse ». D’un geste de la main, il signifia alors à quelqu’un de les rejoindre. Il était petit, six ou sept ans. Les joues rosées par le froid et des habits en contraste avec celui de l’inconnu. Correct qu’on se l’entende bien. Pas plus.
[Garçon] – Relève ta manche.
L’enfant s’exécuta. Il révéla cette fois ci une trace plus diffuse comme si les crocs s’étaient plantés dans son bras et qu’on avait essayé de le traîner. Il avait également quelques égratignures sur le visage sur lesquels les deux genins ne s’arrêtèrent pas. Les conditions de vie difficile les expliquaient en partie. L’enfant repartit aussitôt comme il était venu. Le garçon porta alors son attention sur les deux ninjas. Il semblait les prendre à témoin. Il leur avait apporté ses preuves et ils étaient bien forcés de le croire. Tenrou restait cependant perplexe. Il ressassait les souvenirs de la classe de lecture qu’il avait faite plus tôt et ne retrouvait pas le caractère chaleureux de ces animaux qui y était évoqué. Il aurait sans doute le temps d’y revenir.
Le garçon pointa du doigt des reliefs au loin. C’est là que tout avait commencé disait-il. Ce jour là, il était à la recherche de l’enfant qu’il avait présenté plus tôt. Ce n’était apparemment pas la première fois qu’il disparaissait du camp. Il était cependant dangereux de s’aventurer en dehors de celui-ci. Le grand méchant loup n’est jamais loin. Après une petite marche, il l’avait retrouvé au pied d’une zone surélevée. Trois mètre de haut montrait-t-il avec ses doigts. Au sommet de celle-ci, un loup jetait un œil pervers sur la situation. Le museau tacheté de sang et un bout des vêtements de l’enfant coincé entre les dents. Le garçon lui jeta ce qu’il avait sous la main pour le mettre en fuite et surtout pour le blesser. L’enfant marmonnait des choses incompréhensibles. Le garçon le rassurait. Plein de colère, il lui disait que ça ne se reproduirait plus. Que lui et ceux du camp feraient en sorte de stopper cette cohabitation entre l’homme et le loup. L’enfant ne se calmait pas. Il était souffrant et ses yeux se fermaient doucement. C’était il y a trois jours.
[Taki] – Et pourquoi en a-t-on retrouvé mort dans ce quartier résidentiel ?
[Garçon] – Ce n’était pas voulu.
[Tenrou] – Et pourquoi ne pas avoir demandé l’aide des autorités ?
[Garçon] – L’argent, tout est question d’argent. Et puis qui se soucie de nous ? Personne.
L’inconnu porta son attention plus spécialement sur Tenrou.
[Garçon] - Ne te méprend pas, tu n’es pas ici de bon cœur. Tu es ici juste parce que ça ne plaisait pas à quelques pauvres types que des loups viennent salir leurs rues. Nous, tout le monde s’en fou ! Mais la réalité, elle est là !
Le garçon jeta un coup d’œil par-dessus son épaule et jeta sa main en arrière pour montrer le camp.
[Garçon] - On est là ! Et ça dérange !
Sa langue s’était déliée peu à peu. Il se laissait aller sur un sujet qui lui tenait à cœur. Normal. Le genin l’écoutait. Il ne se sentait pas agressé même si ces paroles semblaient plutôt dirigées vers lui. Le garçon avait raison sans doute. Leurs présences ici dérangeaient Tenrou. Ils méritaient un toit et des murs. Mais la vie n’offrait apparemment pas les mêmes chances à tout le monde.
Le Yoshiki signifia d’un geste de la tête à sa partenaire qu’il allait jeter un coup d’œil aux alentours. Taki le gratifia d’un léger sourire. Elle n’allait pas le suivre. Elle avait encore des choses à demander au garçon. Tenrou ne perdit pas plus de temps et se mit en marche. Il y avait peu d’habitants ici mais c’était déjà bien trop. Pourquoi restaient-il ici ? Non, il n’allait pas leur demander. C’était une question stupide. Ils n’avaient pas le choix. Personne ne faisait attention à lui. Son bandeau rangé dans sa poche y était peut être pour quelque chose. Ils avaient mieux à faire que de regarder un homme marcher de toute manière. Quelque fois, le genin remarquait posé à même le sol un bâton taché de sang ; traces encore visible de la volonté de vivre de certains ou peut être bien de leurs propres cruautés. Un peu plus loin, face à lui, l’enfant rencontré très brièvement plus tôt jouait avec quelques cailloux. Tenrou avala la distance entre eux sans aucune forme de précipitation. Accroupi, à la hauteur de l’enfant, il s’introduisit un franc sourire aux lèvres.
[Tenrou] – Salut petit. Dis moi, à quoi tu joues ?
L’enfant malgré les événements récents était jovial. Il réunissait un amas de caillou aux formes plus différentes les une que les autres à ses pieds. Face à face avec le genin, une pierre dans la main, il prit la parole sans appréhension aucune.
[Enfant] – J’essaye d’empiler le plus de caillou possible. C’est plus dur que c’qu’on croit.
Tenrou acquiesça naïvement. Cet enfant réussissait presque à lui faire oublier où il se trouvait. Des plaisirs simples comme ceux la, le genin en partageait beaucoup avec Nina sa petite sœur. Avec des outils peut être un peu moins rudimentaire cependant. Mais l’idée était là. Dans la continuité, Tenrou proposa à l’enfant de se joindre à lui. Proposition qu’il accepta aussitôt avec beaucoup d’entrain. En revanche, cette fois ci, il ne s’agirait pas de faire la plus grande colonne de caillou. Chacun leur tour, il poserait une pierre. L’une après l’autre jusqu'à ce que l’un d’eux face finalement tomber l’édifice.
[Enfant] – Je commence ! s’exclama le garçon, un sourire espiègle aux lèvres.
Il n’avait pas pris beaucoup de risque en s’avançant de la sorte. La première pierre, la plus simple. L’enfant pris tout de même le soin de la choisir pour la placer entre les deux protagonistes. Tenrou regarda un instant l’amas de caillou et en piocha un à son tour. Il jaugea rapidement la situation avant de déposer le morceau de roche sur le premier. Rien de bien compliqué pour l’instant. Mais c’était peut être maintenant que tout allait devenir plus difficile.
[Tenrou] – Dis moi, tu peux me raconter comment ça s’est passé là-bas. Il y a trois jours.
Le genin avait la voix et le visage bienveillant. Il avait noté la légère crispation dans la main de l’enfant au moment ou il avait prononcé ces paroles. Tenrou ne lui arracherait pas les mots. Il voulait juste savoir. Même si à ce stade ça ne changerait de toute manière plus grand-chose. L’enfant baissa les yeux et posa une nouvelle pierre sur l’édifice en formation.
[Tenrou] – Si tu n’en as pas envie, ne te force pas. C’est bon. L’essentiel est que tu te remettes.
Le Yoshiki posa délicatement sa main sur la tête encore baissée de l’enfant. Il devait accepter son silence. Il avait tout de même vécu une expérience traumatisante pour un garçon de son âge. Le genin le gratifia d’un large sourire et porta toute son attention sur le tas de caillou. Il devait bien choisir. Et alors qu’il déposait la pierre au sommet des autres, le petit garçon commençait à relâcher quelques sons inaudibles.
[Enfant] – J’ai essayé de leur dire, je le jure ! Mais il était trop tard !
Il était sorti aussi soudainement que de manière inattendu de son silence. Il était agité par ce qu’il disait. Tenrou reporta son attention sur l’enfant et posa chacune de ses mains sur l’une de ses épaules. Calme toi, calme toi lui répétait-il.
[Enfant] – J’ai essayé…Il était trop tard…
Et c’est naturellement que l’enfant commença à conter l’histoire de ce jour là. Il ne pleurait pas, non. Il était perturbé, oui mais de moins en moins. Tenrou lorsqu’il l’avait senti avait justement retiré ses mains des épaules du garçon. Il voulait lui laisser cette liberté, qu’il ne se sente pas entravé. C’était donc il y a trois jours. A l’endroit même qu’avait décrit l’inconnu plus tôt. L’enfant n’était cette fois ci pas encore au sol mais au sommet de cette zone surélevée. Il y avait accédé par un petit chemin pas très loin. Il était là haut comme à son habitude depuis un moment, il jouait, il s’amusait. Il jouait avec…des loups (mi chien mi loup en faite). Il s’était pris d’affection pour un louveteau. Réciproquement d’ailleurs. Sous l’œil d’un autre canidé -sans doute sa mère-, ils couraient et se roulaient par terre par d’autres moments. Puis, l’enfant ne se l’expliquait pas, il s’était retrouvé au bord de cette zone au dessus du niveau du sol. Et là,…
[Enfant] – C’est à toi.
Tenrou répondit par l’affirmatif. L’enfant avait fini son tour et la colonne ne s’était toujours pas effondrée. Le genin pris une nouvelle fois son temps pour choisir une forme qui n’irait pas perturber l’équilibre de l’édifice ou en tout cas le moins possible. L’enfant avait retrouvé son calme mais pas encore son esprit enjoué. Il y avait tout de même de quoi être rassuré.
[Enfant] – A ce moment là, j’ai glissé et puis le loup qui était derrière a essayé de me rattraper…par le bras…Il n’a pas réussi et m’a blessé mais à quand même ralenti ma chute…Je lui en veux pas bien sur…Après ça, j’me suis cogné et j’ai glissé plus bas. Eiki est arrivé juste après. J’ai essayé de lui dire mais j’avais plus de force...Et quand je me suis réveillé…Ca avait déjà commencé…
Ce Eiki devait sûrement être l’inconnu avec lequel les deux genins avaient partagés leurs temps plus tôt. Tenrou pouvait finalement mettre un nom sur le visage de ce garçon. A la fois bourreau et victime de tout ce désordre. Coupable ou innocent ? Le jeune Yoshiki était partagé. Il préférait réserver son jugement. Tenrou restait souriant devant l’enfant. Il avait vécu un moment difficile et n’avait trouvé personne avec qui partager son « secret ». La vérité c’est qu’il avait trop peur qu’on lui reproche tout ce qui s’était passé sur le camp. Mais Tenrou ne faisait pas parti du camp. Le petit homme se sentait soulagé. Il avait franchi le pas pour finalement raconter son histoire, l’histoire de ce jour là. Cependant, il n’était pas encore prêt à affronter ceux qui partageaient sa vie ici. Il préférait que le genin garde ça pour lui.
[Tenrou] – Ne t’en fais pas, je n’irais pas leur dire. En attendant c’est à toi et mon petit doigt me dit que tu vas perdre.
L’enfant ouvrit les yeux de surprise sur l’édifice qui était en train de tanguer. Plein de candeur, son visage n’exprimait plus l’anxiété d’auparavant. Il se laissait envahir à présent par le plaisir simple du jeu. Une joute qui apparaissait plus complexe à chaque nouvelle pierre ajoutée. L’enfant ne se laissait pas abattre pour autant. Il pris un caillou et le déposa le plus consciencieusement possible au sommet de la tour. Lorsqu’il eût retirer sa main, un léger doute subsista avant que le tout ne se stabilise finalement. L’enfant affichait un sourire radieux. Il était fier de son coup et persuadé que son homologue ne pourrait faire mieux. Tenrou tordait la bouche livré à son sort, c’était mal engagé. L’enfant le narguait agitant son petit doigt face à lui. C’était à son tour d’avoir une intuition. Le genin s’empara d’un caillou sans grande conviction et l’amena délicatement au dessus de la dernière pierre. Et a peine l’eût-il touchée que l’édifice s’effondra.
[Tenrou] – Bien joué petit.
Le gamin relâcha un petit cri de joie tandis que son sourire s’étirait d’avantage. Tenrou n’était pas mécontent de lui et puis comme l’avais si bien dit l’enfant « c’est plus difficile que c’qu’on croit ». Mais il était avant tout content de ce petit interlude plus que de sa prestation. Cela lui avait permis de mieux comprendre les tenants et les aboutissant de toute cette histoire. Il avait ainsi pu confirmer que ces bêtes n’étaient pas violentes contrairement à ceux qui les avaient massacré par exemple. Mais aussi agréable qu’avait été ce moment, il devait partir. Le genin posa la main sur le crâne de l’enfant avant de l’agiter dans ses cheveux sombre. Le gamin restait tout sourire tandis que Tenrou s’éloignait. Il devait encore aller quelque part avant de s’en aller définitivement. |
| |
| Sujet: Re: [Mission D] Un temps de chien Dim 1 Nov - 22:27 | |
| Il était là, debout à quelques centaines de mètres du campement. Le regard figé, il réfléchissait à tout ce qu’il s’était passé. C’était ici que l’enfant avait été retrouvé. C’était ici qu’il avait trébuché. C’était aussi ici que tout avait commencé et que tout allait bientôt prendre fin. Le genin s’imaginait comment la vie de plusieurs personnes avait basculé parce qu’un enfant avait glissé. Sur un malentendu, tant de destin bouleversé. Pourtant même ainsi, personne n’avait tord. Alors qui avait raison ? Personne non plus. Le garçon devait accepter aujourd’hui qu’il n’y ait ni gentil ni méchant. Et même comme cela, il continuait de se questionner. Il voyait clairement la scène. Là haut -sur le relief- des rires, la joie. Puis, il se rapprochait du bord dangereusement pour finir par glisser. Le loup maladroit tentait de le rattraper sans succès. L’enfant faisait alors un déboulé jusqu’au sol. Il y avait encore du sang pour en témoigner. L’autre garçon arrivait au même moment pour finalement mettre en fuite la bête. La « chasse » était ouverte. Quel gâchis. La pluie s’invitait à présent dans ce paysage. Tenrou restait immobile pas vraiment gêné par les gouttes qui s’abattaient sur lui. Elle arrivait à point nommé pour laver l’horizon. Elle chassait peu à peu les traces de sang dernières preuves de ce qu’il s’était passé ici. Et elle chassait bientôt le genin qui se sentait lui aussi plus « propre ». Tout ce qu’il avait pu vivre au cours de cette journée s’en allait en même temps que l’eau ruisselait sur son corps. Il ne s’était rien passé ici. Il ne s’était rien passé aujourd’hui. Il avait pris son temps pour refaire le chemin qui l’avait amené jusque là. De retour au camp, il retrouva Taki en compagnie de Eiki, l’inconnu qui avait tant fait parler de lui. Ils s’étaient abrités comme ils avaient pu. [Taki] – Je pense qu’il est temps de partir. La genin restait égal à elle-même. Pas le moins du monde perturbée par les événements récents. Ah mais c’est vrai, il ne s’était rien passé aujourd’hui. Tenrou acquiesça à sa coéquipière. Plus vite, ils partiraient et plus vite le Yoshiki pourrait retrouver les siens. Il chercha tout de même avant de s’en aller l’enfant avec qui il avait partagé un moment un peu plus tôt. Il ne le trouva cependant pas. Dommage, il aurait voulu lui dire au revoir. Plus rien ne le retenait donc ici. Les deux genins sans aucune forme de politesse à l’égard de leurs hôtes s’avancèrent pour faire face à la pluie. Après quelques mètres, Tenrou surpris Taki en s’arrêtant sans prévenir. Elle avait continuée quelques pas devant lui avant de finir par s’arrêter elle aussi. Elle jeta un regard interrogateur à son coéquipier qui semblait statique. La vérité, c’est que Tenrou était à ce moment là partagé, hésitant. Il voulait dire quelque chose mais ne savait pas si cela serait bienvenu. Il s’était posé beaucoup de questions aujourd’hui en n’en laissant la plupart sans réponse. Mais il y avait une réponse qui s’était à cet instant imposé à lui. Il devait arrêter de trop réfléchir et être lui-même. Avec cette vérité en main, Tenrou se retourna vers Eiki. Sous la pluie qui s’intensifiait, il l’interpella. [Tenrou] – Si tu veux pouvoir protéger les tiens et gagner de l’argent, tu peux t’inscrire à l’académie. Devenir ninja. Eiki l’apostropha à son tour. Il haussa le ton sensiblement envers son interlocuteur. C’était peut être à cause de la pluie. Non, c’était faux. C’était juste à cause de Tenrou. [Eiki] – Au lieu de tuer des animaux, je tuerai des Hommes comme ça ! Le sarcasme était évident mais Tenrou n’avait plus le temps. Il était las. Ce débat, il l’avait déjà eût. La mort, la vie, l’amour,… [Tenrou] – On a toujours le choix. Le genin ne s’attarda pas plus longtemps et fit volte face à son interlocuteur. Ce dernier lâcha un soupir plein de mépris. Le genin rejoignit vite Taki auprès de laquelle il s’excusa de l’avoir fait patienter sous la pluie. Elle ne le blâma pas. Elle se contenta juste de sourire et c’était bien assez. [Taki] – J’ai discuté avec ce garçon, Eiki, et je peux te dire que ça ne se reproduira plus. D’une parce que la meute a posé ses valises plus loin à l’ouest et de deux parce que je sais être persuasive. Son sourire se fit plus large lorsqu’elle eût fini sa phrase. C’était très léger mais Tenrou lui aussi avait souri. Il comprenait à présent aussi pourquoi il n’avait pas revu l’animal qu’il avait « soigné ». Il était pourtant sur leurs traces lorsqu’ils sortaient encore de la zone résidentielle. Et il était donc parti vers l’ouest retrouver les siens. Tenrou lui fit partager à son tour ce qu’il avait appris. L’enfant et les loups, la chute, le malentendu. Elle fut à peine surprise et ne rebondit même pas sur l’information. Ce n’est pas tellement qu’elle s’y attendait mais surtout que cela ne changeait pas grand-chose. Les abords du quartier qu’ils avaient quittés plus tôt étaient justes devant eux. Le brouillard s’était dissipé depuis un moment chassé par la pluie. Tout était resté inchangé ici. Les rues vides, les portes fermées, les rideaux tirés, les habitants lâche et muet. Ils s’arrêtèrent finalement à l’endroit même ou ils avaient retrouvé la carcasse de l’animal. Tenrou fixa un instant le sol essayant de matérialiser la bête dans son esprit. Mais il n’y avait rien. La pluie avait également chassée cette vision. [Taki] – Si tu veux venir avec moi, je vais prendre par les toits. Le jeune garçon fit non de la tête. Ce n’était bien sur pas Taki qu’il remettait en cause mais les toits. A cet instant, il préférait marcher même sous la grêle. La genin ne manqua pas de relever le visage quelque peu pensif de son partenaire. [Taki] – Je m’occupe du rapport ne t’en fais pas. Alors tu peux t’aérer l’esprit ! [Tenrou] – Merci beaucoup…Sincèrement…La fille aux cheveux noirs lança un dernier sourire plein de franchise avant de s’éclipser par les toits. Tenrou lui était reconnaissant. Elle avait fait des efforts et avait été vraiment conciliante avec lui. Après tout ce n’était qu’une petite mission pour elle. A la base, cela devait l’être en tout cas pour lui aussi. Il devait juste enquêter et trouver l’origine de ces morts suspectes. Il n’était pas question d’une quelconque forme d’opposition. Il aurait préféré s’occuper d’arroser les plantes d’un particulier. Ca aurait été tellement plus reposant. La seule question aurait été : quelle quantité d’eau il devait verser. Et là, une seule réponse. Il aurait même pu se permettre quelques approximations. Tenrou en même temps qu’il se demandait qu’elle aurait été la plus grande difficulté rencontrée s’il avait été jardinier continuait d’avancer. Il se rappelait son hésitation au moment de vouloir arrêter Eiki. A ce moment là, il avait croisé son regard. Un regard assassin. Le genin s’était figé à cet instant là sondant toute la détresse et la haine du garçon dans ses yeux. Tenrou avait flanché. Heureusement que Taki avait été là pour rattraper ses errances. Ca lui faisait rappeler qu’il avait oublié de lui toucher quelques mots sur ses méthodes. Ca aurait sans doute était inutile de toute manière. Elle lui aurait simplement répondu que c’était « normal ». La normalité…Une notion bien étrange. La pluie tombait toujours avec force et bientôt Tenrou se retrouvait devant l’académie. Il n’allait pas s’y arrêter, non. Il devait juste passer par là pour rentrer chez lui. Il jeta un œil machinalement vers la bâtisse. Juste avant l’entrée abrité sous un toit ouvert sur les côtés se trouvait deux personnes. Elles se faisaient face et semblaient discuter gaiement. Le genin reconnu le chunin -le type négligé et négligeant qui lui avait donné sa mission- qui l’aperçu à son tour lui aussi. Face à ce dernier se trouvait une femme. Des cheveux châtains dans lesquelles venaient s’immiscer une petite barrette à la couleur plus foncée. Tenrou leva ses deux sourcils d’étonnement. C’était sa sœur Yuki. Qu’est qu’elle pouvait bien faire là avec ce type et devant l’académie en plus ?! Le jeune Yoshiki n’eût pas le temps de réfléchir sur la question longtemps que le chunin leva une main vers lui comme pour le saluer. Tenrou accéléra le pas pour disparaître plus loin. Yuki allait forcément se retourner en le voyant agiter son bras comme cela. Le genin devait éviter d’être vu ici et qu’elle puisse croire qu’il connaisse le chunin même si ce n’était pas le cas. C’était juste mais elle ne l’avait pas vu c’était certain. Cependant il ne s’expliquait toujours pas la présence de sa sœur ici. [Yuki] – C’était qui ? La jeune femme s’était finalement retournée mais l’ombre avait déjà disparu. Elle s’adressait au chunin et semblait plutôt bien le connaître. [Chunin] – Ton petit frère. Yuki resta un moment dans le vague à observer les grosses gouttes éclater sur le sol. Son visage s’illumina finalement et elle finit par sourire. ** Tenrou était devant chez lui. Sur le chemin il avait eût beau retourner la question dans tous les sens, il n’en ressortait rien de pertinent. La présence de Yuki à l’académie était une énigme. Le type négligé avait peut être parlé de lui à sa sœur. Mais pourquoi ? Il n’y avait pas de raison. Le genin l’avait vu pour la première fois aujourd’hui. Quelle casse tête. Tampis. Il irait parler à Yuki c’est tout. Subtilement bien sûr. Mais est-ce qu’il en était capable ? La porte s’était ouverte, Tenrou avait à présent pénétré son antre du bonheur. Il était trempé mais déjà plus heureux. Nina l’accueilli comme à son habitude avec plein d’entrain. Sa mère n’avait pas bougé. Elle avait en revanche bien avancé sur son projet. Elle tenait entre ses mains une écharpe en laine d’un blanc presque trop pur au bout de laquelle pendouillaient quelques fils habilement tressés. [Nina] – J’ai été très sage tu sais ! Elle regardait son frère pleine d’innocence. Shinoda le regardait également corroborant les dires de sa petite fille. Tenrou plissa les yeux, il avait complètement oublié Nina. Il lui avait promis de lui ramener quelque chose et finalement il n’avait rien. Ca ne lui ressemblait vraiment pas ce genre d’omission. Mais qu’est qu’il pouvait bien lui dire. Il n’avait pas d’excuse. Cette mission n’en était pas une. Tenrou plein de remords prit finalement Nina par la main et lui enfila rapidement un manteau. Sa mère n’eût pas le temps d’intervenir qu’ils étaient déjà sortis lui et sa petite sœur. La pauvre ne comprenait pas grand-chose. L’averse ne s’était pas encore arrêtée et Tenrou la traînait dehors. Elle avait beau le questionner, ce dernier ne répondait pas. Il se contentait juste de sourire et continuait d’avancer. Nina avec ses petites jambes était obligé de courir pour pouvoir suivre la cadence imposée par son grand frère. Ils traversèrent la ville prenant soin de ne pas passer par l’académie et arrivèrent dans la zone résidentielle dans laquelle Tenrou et Taki s’était attardés plus tôt. Ils la franchirent sans traîner pour finalement prendre à l’ouest au sortir de celle-ci. Tenrou ralenti finalement et agrippa la main de sa petite sœur. Ils continuèrent tous les deux encore un peu alors que la pluie commençait à se faire moins intense. Ils étaient bien là comme l’avait dit Eiki. Les chiens-loups avaient finalement trouvé refuge ici. Les deux Yoshiki s’approchaient à chaque instant un peu plus. Nina serrait fort la main de son grand frère. Elle était partagée entre crainte et émerveillement. Tenrou lui était déjà conquis. Il balaya la zone du regard. Il cherchait l’animal à la patte cassée. Il était bien là finalement lui aussi, un peu plus loin sur sa droite. A ses côtés, un canidé de quelques mois. Un instant, Tenrou se demanda si ce n’était pas de lui dont le petit garçon du campement parlait. Doucement le petit animal se rapprochait du frère et de sa sœur sous l’œil attentif de sa mère blessée. Passé l’appréhension, Nina desserra lentement son étreinte sur la main du genin pour finalement s’avancer et caresser la bête qui appréciait plus que mesure les douces mains de la petite fille. Tenrou leva les yeux au ciel. Les dernières gouttent d’eau vinrent fouetter son visage. Après la pluie, le beau temps ? [Fin] |
| |
| Sujet: Re: [Mission D] Un temps de chien Lun 2 Nov - 22:58 | |
| Mission de rang D - Un temps de chien : AccomplieTenrou : + 76 XP (bonus genin et mission inclus) + 25 £Excellent RP. J'ai adoré =) Ps : Après délibération du staff, le + 25 £ a été remis pour les missions de rang D. |
| |
| Sujet: Re: [Mission D] Un temps de chien | |
| |
| |
|
Sujets similaires | |
|
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |
|