J’utilisais une technique ancestrale qui consistait à ramper au sol pour diminuer sa prise au vent. Sans doute avait-elle été développée par un glorieux explorateur qui s’était retrouvé à mainte reprise confronté à des anachronismes comme des ventilateurs géants. Ou alors c’était quelqu’un qui n’aimait pas marcher et préférait traîner par terre, en se hissant à l’aide des bras et en poussant avec ses pieds.
Certaines mauvaises langues diraient que ça me donnait l’air d’un cafard. Aussi j’intitulais cette technique : Le cafard qui rampe face aux anachronismes faiseur de vent, et ajoutait l’effet sonore qui allait bien.
Bien qu’elle décoiffait, ce n’était pas l’épreuve la plus pénible à passer. Maintenant, il ne me restait plus qu’à découvrir ce que me réservait la suite de ce parcours. J’avançais à pas redoublé de prudence. Des dards empoisonnées à éviter ? Un gros rocher de la mort qui allait me tomber derrière et que j’allais devoir distancer pour survivre ? Un groupe de chant a cappella nous faisant un remix de chanson que je n’avais pas entendu parce que je n’avais pas réussi à me retrouver dans le groupe de Takki à la dernière épreuve ? J’étais prêt à tout. Sauf à une seule possibilité.
Fort heureusement, trouver Chikara, ce traître, endormis et à ma merci était l’une des sept-cent-treize-mille-huit-cent-quatre-vingts-douze possibilités que j’avais envisagé. A en juger par les cailloux qui se trouvait près de lui, il devait avoir prévu de copier Hikari lors de son premier cours, et voulait nous bombarder. Non seulement c’était un homme sans honneur, mais en plus il manquait totalement d’originalité. Il avait sans doute dû s’endormir, comme le font les sales types qui ont une mission pourtant simple, consistant à attendre. S’il ne brisait le cœur de personne, il devait sans doute avoir toute les peines du monde à rester éveiller !
Alors que je savourais déjà ma vengeance prochaine à son encontre, cette infâme ordure qui avait osé briser une amitié virile vieille de plusieurs décennies dans le futur, je me rendais compte qu’il me manquait l’équipement approprié pour opérer. Où pouvait-on trouver une seringue quand on en avait besoin ? Et une grosse qui piquait bien de préférence ! Une grosse écharde fonctionnerait pareil ? Non… Trop commun. Il fallait que je marque le coup. Avoir un individu de la sorte qui dormait du sommeil du bien heureux, sans savoir ce qui allait lui tomber dessus. Il fallait impérativement marquer l’événement. Je décidais donc de ne pas aller sur de l’original, mais au contraire d’user d’un grand classique. J’allais lui latter les couilles !
Seulement, ça ne se passait pas comme prévu. Alors que je prenais un peu d’élan pour avoir le meilleur ratio entre la puissance, la vitesse et l’angle de frappe, quelque chose me saisissait par la cheville et me tirait de force dans les abysses. Aucune accroche ne se présentait à moi, et je me retrouvais tête en bas, tenu par Hikari, le professeur à la sexualité douteuse.
Quoi ?
[Hikari] – Oh! C'est ballot que tu aie glissé comme ça. Faudra retenter ta chance bonhomme. Allez, je dois m'occuper de l'élève suivant. L'échelle est par là, sur ta droite, pour remonter.
Quoi ?
Et il s’enfuyait à toute jambe.
KKKKOOOOOOOOOOOOOOOOOUUUUUUUUUUUUUUUAAAAAAAAAAAAAAAAAAH ?!
Il me l’avait volé, arraché, spolié ! MA VENGEANCE ! Sombre résidu de blondinet surfeur ! Il avait osé, et il s’enfuyait maintenant ! Je n’allais pas admettre ça ! Du tout ! C’était mon Chikara ! Mon acte de vengeance divine et totalement justifié ! Comment pouvait-on se montrer aussi cruel envers un enfant de neuf ans ! (supposément). J’allais lui faire bouffer ses parents ! Lui tondre les cheveux ! Lui faire avaler ses dents ! L’étouffer dans le haut de bikini à Madoka ! LUI LATTER LES COUILLES !
Je m’élançais à sa poursuite ! Il avait beau être rapide, je n’avais qu’à suivre le bruit des élèves qui évoluait dans le parcours. Il ne faisait aucun doute qu’il voudrait être là pour se moquer de leur échec ! Il allait payer ! Il avait choisi de protéger la mauvaise personne !
[Moi] – HIKARIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII !
(dans le doute, je lance un dès)