Encore un discours édifiant de la part de notre directrice. Plein de menaces d’explosions en cas d’échec à un examen bizarre sur des énergies étranges. J’avouais ne pas avoir tout suivis. D’une part parce que j’avais du mal à entendre par-dessus le son agaçant d’un claquement de dent, d’autre part parce que la pièce tournait un peu trop pour me permettre de fixer les jolies schémas que nous avait préparé notre adorable directrice. (enfin « jolies », je le supposais, vu que je n’arrivais pas à fixer mon regard dessus. Que quelqu’un clous correctement cette salle au sol !)
Bref, tant bien que mal, j’appris que pour ce cours exceptionnel je serais avec miss Takki. Chouette, elle me manquait déjà. Et penser à sa personne me procurait cette agréable et si familière sensation. Cette envie de dormir !... Attendez, ce n’était pas normal ça !
Alors que je me levais, je sentais mes jambes faire de la résistance. Depuis quand mes extrémités avaient-elles décidés qu’elles avaient leurs mots à dire sur la décision de la tour de contrôle. C’est-à-dire moi ! Si je n’étais pas trop occupé à claquer des dents, je leur dirais ma façon de penser !
Actuellement, elle était bancale et pas très droite, mais tout de même.
Bougez-vous ! Activez-vous ! Lève-toi et marche vers deux confortables oreillers !
[Oh regardez, une ellipse.]
L’arrivé au jardin me pris plus de temps que prévu. D’une part parce que la configuration des lieux changeait. Ainsi que la gravité. Tout comme la vitesse de rotations terrestres. Plein de facteur qui firent que mon trajet ressemblait à celui d’une bille dans un flipper.
Au moins l’air chaud au dehors me ferait du bien. Une bonne bouffé d’oxygène et voilà. Maintenant je n’avais plus qu’à cracher mes poumons. Harg ! Je claquais des dents, je suais à grosse goutte alors que j’étais frigorifié et j’avais mal partout. Je ne pouvais pas être malade. C’est impossible.
La maladie c’est un truc de vieux, de mort ou de rat. Et je pouvais certifier catégoriquement que je n’appartenais pas aux deux premières catégories ! (j’avais cru comprendre qu’on m’appelait « sale rat » dans l’intimité).
Bordel, c’était juste un coup de fatigue passager. J’avais juste à m’asseoir tranquillement, m’amuser des efforts inutiles de certains des autres participants, par exemple des copains de Super Victime que je voyais au loin, et c’était reparti. En un clignement d’yeux.
Un… Seul… Clignement…
OK. Donc la réalité est une boule. Une boule dont la taille renvoie le mot gigantisme aux oubliettes des adjectifs trop pauvre en signification pour aider à comprendre combien une boule de réalité peut être gigantesque. C’était donc une boule, d’apparence sphérique avec une forte tendance à être courbe, qu’il fallait tenir à bout de bras pour espérer la comprendre dans son ensemble, et dans laquelle il fallait aussi se trouver si on voulait pouvoir interagir avec cette réalité.
En définitive, c’était une planète. Une planète que l’on avait à l’intérieur de nous bien évidement, sinon ça n’aurait aucun intérêt. C’était une bûche qui ronflait un poisson dans du bois ! C’était une telle évidence !
Et j’ouvrais les yeux. Bizarrement, j’avais le sol dans le dos et le ciel de face. J’aurais pourtant juré ne m’être assis que quelques secondes. Et combien de temps avait passé depuis mon clignement d’yeux ? J’essayais de me redresser tant bien que mal. Et à vrai dire, c’était plus douloureux que bien fait. Il faisait chaud dehors. Quelqu’un pouvait ouvrir une fenêtre ? Attendez, on était déjà dehors ? Bon bah, fermé une fenêtre alors, vous faites sortir tout votre chauffage.
Hahaha…ha…ha…ha…
Dans cette boule il suffisait d’un mouvement pour provoquer une réaction. Cette réaction était d’une puissance égale à l’énergie fournie. On pouvait peut être l’expliquer avec une étrange formule mathématique, mais dire qu’une pichenette créait une pichenette était plus clair pour les cerveaux les plus embrumés. Ce qui était le cas du miens. Ainsi je pouvais contrôler tout ce qui se trouvait dans cette boule de réalité en déplaçant mon corps à l’intérieur. Mais l’immensité de ce que je pouvais affecter ne faisait qu’accentuer la petitesse de mon corps et sa fragilité apparente. Si un enfant s’y produisait, il ne pourrait qu’y imprimer un effet égal à lui-même. Que pouvez peser un enfant face à une réalité ? Pas grand-chose.
Alors il fallait imaginer des possibilités. Des millions et des milliards. Des millions de milliards de combinaison, d’action et réaction différentes. Et il fallait les tester. Toutes.
Et une éternité plus tard j’ouvrais à nouveau les yeux. Toujours allongé au sol. Le soleil toujours aussi haut dans le ciel. Combien de temps avait passé ? J’aurais juré avoir rêvé des années. Dormis des mois. Pourtant tout dans le mon champ de vision me criait le contraire. J’entendais les même bruits que depuis mon arrivé. Le soleil se situait toujours dans un angle similaire. Et la terre tournait autant. Qu’est-ce que m’arrivais ? J’en avais marre ! Je ne voulais pas fermer les yeux. Pas encore.
Pour ceux qui me regardaient, pour ceux qui lisent, ça avait l’air facile hein ! Allonger à se la couler douce. Tout mon corps était glacé et ma tête me brûlait. La sueur imprégnait tellement mes vêtements qu’ils se collaient à ma peau et devait avoir triplé de poids au bas mot. Et ces drôles de rêves ! Ils duraient une éternité, me remplissaient le crâne d’informations incohérentes et qui me donnaient des mots de tête et tout ça à propos de quoi…
Une… Grosse… Balle… Rouge…
Comme une pelote de laine. La réalité se déroule dans un sens au fur et à mesure de la vie qu’on y mène. Il n’y a qu’un fil apparent auquel on s’accroche afin de d’avancer dans un monde cohérent qui nous mènera alors jusqu’à l’entrée d’un labyrinthe. Celui de notre vie, avec tous ses embranchements possibles correspondant à autant de choix qui fera que l’on sautera quelques fils de notre réalité pour aboutir sur d’autre qui nous mèneront de toute façon vers un même et unique point. Une fin.
Chaque choix et chaque action faites en extérieur de cette réalité n’avait alors aucune influence. Peu importait si on l’ignorait alors, ou si on l’évitait. Chaque fil auquel on se raccrochait n’était au final que la continuité de celui que l’on parcourrait précédemment et que l’on souhaitait éviter. Chaque chose qui existait était dotée d’une nature lui étant propre. Chaque entité, chaque événement avait quelque chose de particulier pour la définir. A est A. Et peu importe la réalité à laquelle nous aspirions à appartenir, notre passé était un fait. Ma famille morte était morte. Le déni ne les ramènerait pas.
Mais si emprunter un chemin différent ou agir en surface n’avait aucun effet sur la réalité à quoi bon tenir une telle charge entre ses bras. Il suffisait alors de laisser tomber notre réalité et la regarder se dérouler ? Non. Impossible. Pas pour moi. Le destin est une connerie irréelle à laquelle je refuse de croire ! Je contrôle ce que je suis et qui je suis ! Je contrôle ma propre réalité ! Et pour ça il me suffit bien évidement d’y aller comme je l’ai toujours fais. Peu importe les risques. Peu importe l’enjeu. Y aller à fond pour prouver que je suis vivant et forger ce que je suis.
La réalité ne me convient pas, il suffit de la déchiffrer. De la déchirer ! Elle est immense et rien de ce qu’on y fait ne semble avoir un impact ! Je n’ai qu’à y grandir et y faire de vrai vague. La réalité n’est qu’une pute ! Ses jambes ont des varices ! Et elles a des seins tombants et moches ! Je la tranche, la coupe, tue et la reconstruit.
Il ne s’agit que de fil ! Il suffit de savoir faire des nœuds, de retirer les morceaux qui ne nous intéressent pas, de nouer le début et la fin. On obtient alors une réalité infinie. Et minuscule. A l’intérieur de laquelle on est un géant capable de renverser le monde. C’était une réponse si simple à comprendre ! Comme une loutre qui jobardise un papier peint dans une bouteille !
JE SUIS TOUT PUISSANT !
Et les mains que je levais pour finir mon œuvre furent accueillies par la douceur divine. J’avais compris comment devenir Dieu !
[Pendant ce temps, dans le monde de la réalité véritable]
[Wakiyaku] –
Euh… Professeur, si il est vraiment malade on ferait pas mieux de le balayer jusqu’à l’infirmerie. Histoire qu’il ne cause pas d’épidermie ? Takki, penchée au-dessus du garnement aux cheveux blancs (rime riche) allait encourager amicalement l’aspirant et ses riches idées à aller s’entrainer à la combustion spontanée, mais elle doutait qu’il comprenne la moitié de ses mots, et de l’autre, une sensation au niveau de sa généreuse poitrine lui indiqua qu’il y avait de l’activité en dessous d’elle.
Moi de mon côté j’émergeais encore de mon drôle de rêve. Visiblement, il faisait plus sombre. Le temps avait finalement passé ? La nuit était même tombée, vu que je tenais deux grosses pleines lunes entre les mains. D’ailleurs, je ne me doutais pas que les lunes étaient si douces et ferme. Je les pressais deux trois fois être sûr. Puis il y eut un raclement de gorge, et mes yeux rencontrèrent deux étoiles. C’est beau la nuit.
Puis une idée me vint à l’esprit. Et si deux lunes c’était trop ? Et si j’avais toujours des bras trop court pour les atteindre ? Et si l’ensemble, en prenant du recul ressemblait à Takki ? Et si un arbre mange des pirates que deviennent les écureuils ? Attendez ? Quoi ? Ta gueule la fièvre !
Bref, j’étais en face de Takki en train d’achever un de mes rêves depuis mes débuts à l’académies. Trouves quelque chose d’intelligent à dire !
J’ai appris le Kung-fu ! Non, déjà dis et il faudrait qu’elle soit chauve ET noire !
[Moi] –
Alors. On l’apprends quand le chakra ?C’était ça ma voix quand j’étais malade ? Bordel.